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From 20 to 24 December 2004, a group of 11 journalists from various Kinshasa-based, privately-owned newspapers carried out a mission to Goma, capital of North-Kivu province, to report on the armed conflict that rages in the eastern Democratic Republic of Congo (DRC). The group also requested and was granted interviews with Rwandan authorities, including Foreign Minister Charles Morigande and President Paul Kagame. On their return to Kinshasa, however, the journalists, along with their editors, were summoned by the media regulation authority (Haute autorité des médias, HAM). (Report available in French and English)

The English version follows. La version anglaise suit.

IFEX - Nouvelles de la communauté internationale de défense de la liberté
d'expression
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COMMUNIQUÉ DE PRESSE/ALERTE - RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Le 31 décembre 2004

JED dénonce la tentative de vouloir enfermer la presse dans un "goulag" à la
congolaise

SOURCE: Journaliste en danger (JED), Kinshasa

(JED/IFEX) - Ci-dessous, un communiqué de presse de JED daté du 28 décembre
2004 :

JED dénonce la tentative de vouloir enfermer la presse dans un "goulag" à la
congolaise

Un groupe de 11 journalistes de la presse privée de Kinshasa a effectué, du
20 au 24 décembre 2004, une mission sur terrain à Goma, chef-lieu de la
province du Nord-Kivu, en vue de réaliser des reportages sur le conflit armé
qui sévit une fois encore dans cette partie de la République démocratique du
Congo (RDC). En marge de cette mission, les journalistes congolais ont
sollicité des rendez-vous et réussi à réaliser à Kigali des interviews avec
des autorités rwandaises, notamment avec M. Charles Morigande, Ministre des
Affaires étrangères et M. Paul Kagame, président du Rwanda.

Selon les témoignages de ces journalistes faits à JED, chacun d'eux a pu
"poser toutes les questions possibles" sur la situation de guerre qui sévit
et les relations entre la RDC et le Rwanda, aux autorités rwandaises autant
qu'ils l'ont fait avec les autorités provinciales du Nord-Kivu.

Dès leur retour à Kinshasa, les journalistes concernés, accompagnés de leurs
directeurs, ont été convoqués à la Haute autorité des médias (HAM) et
certains responsables des médias concernés ont été entendus à l'Agence
nationale des renseignements (ANR).

Dans un communiqué de presse déposé, dimanche 26 décembre 2004, à l'Agence
France Presse (AFP) à la suite de la rencontre, le 24 décembre à Kigali
(capitale du Rwanda), entre un groupe de journalistes congolais de Kinshasa
et le président Rwandais, M. Paul Kagame, le Ministre de la Presse et
information, M. Henri Mova Sakanyi s'est dit profondément indigné "suite à
l'humiliation que vient de subir une certaine presse congolaise,
instrumentalisée à outrance par le régime de Kigali". Prenant l'opinion
publique nationale et internationale à témoin, le Ministre a affirmé que "ce
déplacement des journalistes congolais d'une certaine presse vers le Rwanda
s'est opéré en toute illégalité par rapport aux règles régissant l'entrée et
la sortie des congolais (particulièrement les journalistes) du territoire
national".

Le Ministre poursuit en trouvant "(. . .) inadmissible et regrettable que la
presse congolaise serve de marchepied et de diffuseur de la propagande
rwandaise au moment où les troupes rwandaises occupent une partie du
territoire congolais et sèment la mort et la désolation au sein de nos
compatriotes de l'est (. . .) L'instrumentalisation d'une certaine presse
congolaise par le président rwandais est un acte perfide de haut volé et un
coup de relations publiques qui est une première dans les annales de la
guerre médiatique". Pour le ministre Mova, la démarche des journalistes
relève d'une "manipulation" visant à participer "à une stratégie savamment
orchestrée par le président rwandais avec la complicité de certains fils
égarés de la RDC dont certains font même partie des institutions de la
République rwandaise (. . .)".

Pour terminer, le Ministre a invité la presse congolaise à "faire preuve de
lucidité et de patriotisme et à se joindre aux efforts que déploient le
gouvernement et le peuple congolais pour la restauration de l'intégrité du
territoire national et le retour de la paix (. . .)".

Sans entrer dans des considérations politiciennes du ministre Mova sur le
degré de "patriotisme" des uns et "l'instrumentalisation" des autres, JED
exprime ses vives inquiétudes face à l'agitation provoquée par cette mission
des journalistes et aux menaces à peine voilées qui s'en suivent.

De ce qui précède, JED fait les observations suivantes à la suite du
communiqué de presse du Ministre de la presse et de l'information, tel que
rendu par les quelques médias qui l'ont reçu :

1. JED est heureuse de constater que le Ministre confirme ce qu'elle a
toujours dit et que les services d'immigration ont toujours nié, à savoir,
que les journalistes congolais sont dans une sorte de goulag à la congolaise
et que, pour en sortir, en mission ou en privé, ils doivent montrer "pattes
blanches" en exhibant un ordre de mission ;

2. Contrairement à ce que dit le Ministre, JED dispose des documents
attestant que le groupe de journalistes parti à Goma et à Kigali n'a violé
aucune règle régissant l'entrée et la sortie, particulièrement des
journalistes, du territoire congolais. Les journalistes sont passés par la
multitude des services de contrôle à l'aéroport international de N'Djili,
car ils ont voyagé par un régulier de la compagnie Hewa Bora à l'aller comme
au retour. Pour se rendre à Kigali, ils ont obtenu un laissez-passer
collectif N° DSR/DPNK/052/2004, signé le 21 décembre 2004, par le Directeur
provincial de la Sécurité et des renseignements, M. Albert Semana, et que
c'est le même M. Semana qui délivre les laissez-passer à tous ceux qui
quittent le territoire national à partir de Goma ;

3. Sur le plan strictement professionnel, JED estime que les journalistes
qui se sont rendus à Goma puis à Kigali n'ont commis aucune faute.
Contrairement aux "annales de la guerre médiatique" consultées par le
Ministre, rien n'interdit à un journaliste d'un pays en guerre contre un
autre, d'aller dans le pays "ennemi" pour collecter de l'information. Et
l'histoire récente des guerres et conflits entre Etats l'a abondamment
montré: le célèbre Larry King de la chaîne américaine CNN qui tend son micro
au "diable" Saddam Hussein au moment où les bombardements américains
touchent déjà les faubourgs de Bagdad ; El Jazira qui arrache des interviews
exclusives avec George W. Bush, Condoleezza Rice et Colin Powell alors que
le monde arabe gronde contre l'invasion américaine et sa politique au Moyen
Orient ; des journalistes palestiniens qui obtiennent des interviews avec
Ariel Sharon, Premier ministre israélien ;

4. La RDC, ayant ratifié tous les instruments internationaux relatifs à la
liberté de la presse, du reste garantie dans la Constitution de la
Transition, au nom de quel principe démocratique voudrait-on dénier à M.
Kagame le droit de s'adresser au public congolais au travers des médias
congolais ? Au nom de quelle loi veut-on jeter l'anathème sur des
journalistes qui ont rencontré et interviewé celui par qui, semble-t-il,
tous les malheurs arrivent aux congolais ? N'est-ce pas cette vision
étriquée de la communication et de l'information qui a fait que, pendant
longtemps, la cause congolaise n'a pas été entendue là où elle devait l'être
? Serait-ce un mal que le président congolais Joseph Kabila s'adresse au
public rwandais au travers des médias rwandais ? Pourquoi veut-on faire
croire au public que les politiques congolais ont le droit de rencontrer les
autorités rwandaises, en public et en privé, et non les journalistes ?;

5. Pour terminer, JED considère que les armes ayant montré leurs limites
dans la résolution du conflit entre la RDC et le Rwanda, seul le dialogue
pourra y arriver et que la presse, congolaise et rwandaise, a un rôle majeur
à y jouer qui ne s'accommoderait pas des dictats et autres stéréotypes d'un
autre âge.

Fait à Kinshasa, le 28 décembre 2004

Pour tout renseignement complémentaire, veuillez contacter D. M'Baya
Tshimanga, président, Journaliste en danger (JED), B.P. 633 Kinshasa 1,
République démocratique du Congo, tél: +243 814 035821, +243 9898 0760, +243
99 96 353, téléc: +243 88 01 625, courrier électronique:
[email protected], Internet: http://www.jed-afrique.org

JED est responsable de toute information contenue dans ce communiqué de
presse/alerte. En citant cette information, prière de bien vouloir
l'attribuer à JED.
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DIFFUSÉ(E) PAR LE SECRÉTARIAT DU RÉSEAU IFEX,
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PRESS RELEASE/ALERT - DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO

31 December 2004

JED condemns government attempts to confine press to a "Congolese gulag"

SOURCE: Journaliste en danger (JED), Kinshasa

(JED/IFEX) - The following is an excerpt from a 28 December 2004 JED press
release:

JED condemns government attempts to confine press to a "Congolese gulag"

From 20 to 24 December 2004, a group of 11 journalists from various
Kinshasa-based, privately-owned newspapers carried out a mission to Goma,
capital of North-Kivu province, to report on the armed conflict that rages
in the eastern Democratic Republic of Congo (DRC). The group also requested
and was granted interviews with Rwandan authorities, including Foreign
Minister Charles Morigande and President Paul Kagame.

The journalists reported to JED that they were able to ask both the Rwandan
authorities and provincial authorities in North Kivu province "whatever
questions they pleased" on the conflict and relations between the DRC and
Rwanda.

On their return to Kinshasa, however, the journalists, along with their
editors, were summoned by the media regulation authority (Haute autorité des
médias, HAM). Some of managing editors were also summoned by the national
intelligence agency (l'Agence nationale des renseignements, ANR).

In a 26 December press release to Agence France Presse (AFP), Congolese
Information Minister Henri Mova Sakanyi expressed his profound indignation
at "the humiliation suffered by certain journalists, [who have been]
shamelessly manipulated by the Kigali government." The minister further
claimed that the mission was "in violation of the laws governing the entry
and exit of Congolese citizens, particularly journalists, from national
territory."

The minister went on to say that it was "regrettable and unacceptable for
the Congolese press to act as a stepping stone [to Rwandan authorities] by
spreading [their] propaganda, at a time when Rwandan troops are on Congolese
soil sowing misery and death among our fellow citizens in the East (. . .)"

The minister ended his release by calling on the Congolese press to
"demonstrate clear-headedness and patriotism [in its reporting] and to join
the government and their fellow citizens in [their] efforts to restore
sovereignty and peace to the DRC (. . .)."

JED expresses its serious concern over the uproar caused by the journalists'
mission to Rwanda and by the thinly-veiled threats directed at them as a
result. JED further notes the following:

1. That journalists in the DRC are confined to a sort of "Congolese-style
gulag", from which exit, either as private citizens or on a work-related
mission, is only possible with official permission;

2. That, contrary to the minister's claims, JED has documentation which
proves that the journalists who went to Goma and Kigali did not violate any
laws governing Congolese journalists' entry to and exit from national soil;

3. That, on a strictly professional level, the journalists who traveled to
Goma and Kigali did nothing wrong, and that there is nothing to prohibit a
journalist from a country at war with another to enter "enemy" territory to
gather information;

4. That the DRC, which has ratified every international instrument governing
press freedom, in addition to the guarantees by which it is bound under the
Transitional Constitution, cannot justifiably deny Mr. Kagame's right to
address the Congolese public through the national media, any more than
[Congolese] President Joseph Kabila could justifiably be denied access to
the Rwandan public through the Rwandan media, and that journalists who chose
to interview Mr. Kagame should therefore not be denounced for exercising
their right to do so;

5. And finally, that, since arms have failed to resolve the conflict between
the DRC and Rwanda, dialogue must now be allowed to succeed, with the
Congolese and Rwandan media playing a major role this regard.

Issued in Kinshasa, 28 December 2004

For further information, contact D. M'Baya Tshimanga, president, Journaliste
en danger (JED), B.P. 633 Kinshasa 1, Democratic Republic of Congo, tel.
+243 814 035821, +243 9898 0760, +243 99 96 353, fax: +243 88 01 625,
e-mail: [email protected], Internet: http://www.jed-afrique.org

The information contained in this press release/alert is the sole
responsibility of JED. In citing this material for broadcast or publication,
please credit JED.
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