Africom : Le nouveau commandement militaire américain pour l'Afrique

Le 6 février 2007, le président Bush annonçait que les Etats-Unis allaient créer un nouveau commandement militaire pour l'Afrique, sous le nom de "Africa Command" ou "Africom". Pour Daniel Volman, l'administration Bush cherche ainsi à élargir de façon significative son programme d'assistance aux régimes africains désireux d'agir comme des marionnettes, indique. Il reflète également les cris d'alarme croissant face aux efforts de la Chine pour accroître ses fournitures d'énergie en Afrique en vue d'élargir son Influence politique sur le continent.

Le 6 février 2007, le président Bush annonçait que les Etats-Unis allaient créer un nouveau commandement militaire pour l'Afrique, sous le nom de "Africa Command" ou "Africom". Au cours de la Guerre froide et pendant plus d'une décennie, les Etats Unis n’ont pas établi de commandement militaire pour l'Afrique; les activités militaires américaines sur le continent africain étaient menées à trois niveaux : le Commandement Européen, qui était chargé de la majeure partie du continent ; le Commandement Central, qui supervisait l'Egypte et la région de la Corne de l' Afrique en même temps que le Moyen-Orient et l'Asie Centrale ; et le Commandement du Pacifique, qui assurait l'administration des liens militaires avec le Madagascar et les autres îles de l'Océan Indien.

Jusqu'à la création d'Africom, ces trois commandements se préoccupaient principalement des autres régions du monde qui représentaient un plus grand intérêt pour les Etats-Unis, et ne disposaient que d'un nombre limité de cadres moyens dans leur personnel consacré à l'Afrique. Ceci reflétait le fait que l'Afrique était essentiellement perçue comme un terrain régional dans la Guerre froide, ou en tant que zone annexe aux relations Etats Unis-Europe. Dans la période qui a suivi directement la Guerre froid, la situation ne changera pas trop. Mais à partir du moment où l'administration Bush a déclaré que l'accès aux fournitures de pétrole de l'Afrique serait dorénavant défini comme un "intérêt national stratégique" et proclamé que l'Amérique était engagée dans une guerre mondiale contre le terrorisme, suite aux attaques sur le "World Trade Center" et sur le Pentagone le 11 septembre 2001, le statut de l'Afrique dans la politique nationale américaine en matière de sécurité et dans les affaires militaires de ce pays a changé de façon dramatique.

Selon Theresa Whelan, l'adjointe du vice-secrétaire à la Défense pour les Affaires africaines — la plus haute autorité du Département de la Défense chargé principalement de l'Afrique au Pentagone, qui a assuré la supervision de la politique militaire américaine envers l'Afrique pour l'administration Bush — Africom a atteint le statut de commandement sous-unifié sous le Commandement Européen le 1 octobre 2007. Il était alors prévu qu'il sera totalement opérationnel en tant que commandement unifié distinct pas plus tard que le 1 octobre 2008

Africom n'aura pas le visage des commandements unifiés conventionnels. En particulier, Il n'y a aucune intention, du moins pour le moment, d'attribuer au nouveau commandement le contrôle de grandes unités militaires. Ceci cadre bien avec les efforts qui sont en cours pour réduire la présence élevée de troupes américaines à l'étranger en vue de consolider ou d'éliminer les bases qui coûtent cher et ramener autant de troupes que possible aux Etats-Unis où elles seront disposées à être déployées n'importe où dans le monde, suivant les destinations souhaitées par Washington.

Puisqu'il n'y a pas moyen d'anticiper les endroits où les troupes seront envoyées et que le Pentagone est appelé à déployer des forces assez Importantes à de longues distances en une très courte période, Washington compte garder autant de troupes que possible aux Etats-Unis et ne les envoyer à l'étranger que quand ils le jugent nécessaire. Cette politique était déjà arrêtée lorsque les administrations Clinton et Reagan ont créé le Commandement Central et l'ont basé à Tampa, en Floride ; aujourd’hui, le Commandement Central est en train de gérer deux guerres majeures au sud-ouest de l'Asie à partir de son quartier général au Qatar.

Africom sera également composé de personnel militaire et civil, dont des officiers du Département d'Etat et de l'Agence américaine pour le développement international, et le commandant du nouveau commandement aura tant un adjoint militaire qu'un adjoint civil. Le 10 juillet 2007, le secrétaire à la Défense Robert Gates a annoncé que le Président avait nommé le général à quatre étoiles William E. "Kip" Ward pour qu'il soit le commandant d'Africom.

Le général Ward, un Africain-Américain qui fut commissionné dans l'infanterie en 1971, était adjoint du commandant du Commandement européen. Auparavant, il avait servi comme commandant de la 2e Brigade de la 10e Infanterie "Mountain" (Infanterie Légère) à Mogadiscio, en Somalie, pendant l'Opération dite "Restore Hope" de 1992 à 1994. Il a aussi été commandant de la Force de stabilisation dirigée par l'OTAN en Bosnie pendant l'opération dite "Joint Force" de 2002 à 2003, et chef du Bureau américain de la Coopération militaire à l'ambassade des Etats Unis au Caire.

La nouvelle structure du nouveau commandement reflète le fait qu'Africom sera chargé de superviser tant les activités militaires traditionnelles que les programmes qui sont financés à travers le budget du Département d'Etat (voir ci-dessous les détails sur lesdits programmes).

L'administration Bush a mis l'accent sur le caractère unique de cette structure hybride civile et militaire, preuve que le nouveau commandement n'a que des objectifs bienveillants et que, selon les termes de Theresa Whelan, s"il y a des craintes qu'Africom ne représente une militarisation de la politique étrangère américaine en Afrique, qu’elle deviendra le relais du gouvernement américain avec l'Afrique, cette crainte n'a aucun fondement." Devant l’hostilité qu’il y a eu, l'administration Bush défend que l'objectif d'Africom est mal compris.

Un examen minutieux permet toutefois de se rendre compte la différence alléguée entre Africom et les autres commandements n’est pas aussi réelle que les autorités de l'administration Bush veulent le croire. Il est évident que Washington a d'autres intérêts en Afrique. En plus de la guerre contre le terrorisme, l'accès à des fournitures d'énergie et aux autres matières premières stratégiques, il y a aussi la compétition avec la Chine et les autres puissances économiques en émergence pour le contrôle des ressources du continent. Mais ces intérêts sont cachés derrière les promesses de lutte contre l'épidémie du VIH/SIDA et contre les autres maladies émergentes, l’appui aux efforts de maintien de paix et de résolution de conflit et l’intervention dans les catastrophes humanitaires. Mais l'accomplissement de ces trois objectifs n'est pas la raison principale pour laquelle Washington déploie un si grand effort et une si grande attention au continent.

Les Etats Unis préférerait que les régimes amis en Afrique prennent une part active dans la réalisation de ces objectifs, afin que les Etats-Unis puissent éviter une implication militaire directe en Afrique, en particulier au moment où ses soldats sont si profondément engagés dans des guerres en Irak et en Afghanistan et se préparent à des attaques éventuelles contre l'Iran. L'espoir que le Pentagone peut trouver des supplétifs africains qui peuvent agir au nom des Etats-Unis est précisément la raison pour laquelle Washington est en train d'accorder une si grande assistance en matière de sécurité à ces régimes et la raison pour laquelle il aimerait en fournir même davantage dans l'avenir.

Pourquoi Africom a été créé en ce moment précis ? La réponse à cette question va se développer en deux parties.

Premièrement, l'administration Bush voulait élargir de manière significative son programme d'assistance en matière de sécurité aux régimes désireux d'agir comme des supplétifs, pour des régimes favorables —particulièrement dans les pays ayant une abondante réserve de pétrole et de gaz naturel— et pour élargir ses options en vue d'une implication militaire directe dans l'avenir. Mais il lui a été difficile d'arriver à obtenir du Congrès américain et du Pentagone le financement nécessaire ou à les amener à réserver l'attention et l'énergie nécessaires à l'accomplissement de ces tâches. La création d'Africom devait permettre à l'administration d'aller au Congrès américain et argumenter sur l'importance de l'Afrique pour la sécurité nationale des Etats Unis et l'engagement de l'administration à accorder au continent l'attention qu'il mérite.

Si l'Afrique est si importante et si les actions de l'administration montrent qu'elle désire intervenir positivement sur le continent l'Afrique, cela pourrait donner des arguments pour bénéficier de crédits plus élevés pour financer les opérations du nouveau commandement. Et au sein du Pentagone, la création d'Africom en tant que commandement unifié sous l'autorité d'un officier de haut rang, avec accès direct au secrétaire à la Défense, va mettre le nouveau commandement dans une position plus forte pour entrer en compétition avec les autres pour les ressources, les personnels, et l'influence sur le choix de politiques.

Deuxièmement, les membres clés de l'administration Bush (un groupe restreint mais grandissant de législateurs qui fait de plus en plus entendre sa voix) et des groupes d'experts influents sont devenus de plus en plus alarmés par les efforts croissants de la Chine pour élargir son accès aux sources d'énergie et autres ressources de l'Afrique, afin d'accroître son influence politique et économique à travers le continent. Ces "alarmistes" pointent le doigt sur les moyens considérables que la Chine est en train de consacrer à la réalisation de ces objectifs et à l'engagement des autorités chinoises au plus haut niveau —y compris le président Hu Jintao et le Premier Ministre Wen Jiabao qui ont tous deux effectué des tournées sur le continent et tenu des réunions de haut niveau à Beijing avec des chefs d'Etats — y voyant la preuve d'une "grande stratégie" de Pékin, qui menace les intérêts américains dans le domaine de la sécurité et qui vise, en fin de compte, à usurper la position de l'Occident sur le continent.

Par conséquent, la création d'Africom devrait être vue comme un élément d'une entreprise plus vaste de développer une "grande stratégie" du côté des Etats-Unis en vue de contrer et défaire les efforts de la Chine. Elle devrait également être interprétée comme une mesure ayant pour but de démontrer à Pékin que Washington va rivaliser avec la Chine, un avertissement aux dirigeants chinois pour leur imposer des limites ou faire face aux conséquences probables sur leurs rapports avec l'Amérique ou même sur leurs intérêts en Afrique.

Mais va faire Africom lorsqu'il deviendra totalement opérationnel ? Fondamentalement, il va prendre la relève quant à la mise en oeuvre d'un ensemble de tâches liées à la coopération militaire dans le domaine de la sécurité et les programmes financés à travers le Département d'Etat ou le Département de la Défense. Ces tâches sont notamment les programmes de formation et les exercices militaires conjoints bilatéraux et multilatéraux

Les Etats-Unis offrent une formation militaire au personnel militaire africain à travers une large variété de programmes de formation et d'éducation. En plus, ils effectuent des exercices militaires en Afrique conjointement avec les troupes africaines et les troupes de ses alliés européens. Il s’agit là de donner une formation aux autres mais aussi, pour Washington, de former ses propres forces en vue du déploiement éventuel en Afrique dans l'avenir.
Ces exercices sont notamment les suivants:

Flintlock 2005 et 2007

Ce sont des exercices de formation conjointe dite "Joint Combined Exchange Training -JCET) effectués par des unités des Forces spéciales de l'Armée américaine et les membres d'un commando de l'Armée américaine, combinés avec des contingents en provenance d'autres unités. Des effectifs restreints de troupes européennes sont également impliqués dans ces exercices). Flintlock 2005 fut organisé en juin 2005, lorsque plus d'un millier de membres du personnel américain furent envoyés au Nord et à l'Ouest de l'Afrique pour contrecarrer les exercices terroristes en Algérie, au Sénégal, en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Tchad. Il impliquait plus de trois mille hommes de troupes locaux.

En avril 2007, les Forces spéciales de l'Armée américaine se sont rendues au Niger pour la première partie du Flintlock 2007 et en fin août 2007, quelque 350 troupes américaines sont arrivées au Mali pour trois semaines d'exercices avec les forces de l'Algérie, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie, du Maroc, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, de la Tunisie, du Burkina Faso, de la France, des Pays-Bas, et du Royaume-Uni. Les deux exercices du Flintlock furent effectués en tant que partie du programme "Operation Enduring Freedom—Trans-Saharan Counter-Terrorism Partnership" -TSCTP) qui lie actuellement les Etats-Unis avec huit pays africains : le Mali, le Tchad, le Niger, la Mauritanie, le Nigeria, la Tunisie, le Maroc, et l'Algérie.

En 2004, le TSCTP fut créé pour remplacer l'Initiative de contre-terrorisme du pan-Sahel, qui fut initié en 2002. Le TSCTP implique également des exercices de formation plus petits et réguliers, menés par les Forces spéciales de l'Armée américaine à travers la région. Il semble que le TSCTP a reçu quelque 31 millions de dollars pour 2006, à peu près 82 millions de dollars pour 2007, et il est prévu qu'il va recevoir approximativement 100 millions de dollars chaque année à partir de 2008 jusqu'à 2013.

Programme de Formation et d'Assistance aux Situations Imprévues pour l'Afrique (ACOTA en sigle anglais)

Ce programme, dont les opérations ont commencé en 2002, remplace l'Initiative Réponse aux crises Africaines lancée en 1997 par l'administration Clinton. En 2004, il devint une partie de l'Initiative Opérations pour la paix mondiale. Le programme ACOTA est officiellement conçu pour offrir une formation aux forces militaires africaines afin d'améliorer leur habileté à mener des opérations de maintien de la paix, même si elles doivent avoir lieu dans des environnements hostiles. Mais puisque la formation inclut des opérations militaires tant défensives qu'offensives, il développe également l'habileté des forces qui y participent à s'engager dans des opérations de la police contre des civils non armés, dans des opérations anti-insurgés et même dans des opérations militaires conventionnelles contre les forces militaires des autres pays.
Jusqu'à cette année financière 2007, dix-neuf pays africains prenaient part au programme ACOTA (le Bénin, le Botswana, le Burkina Faso, l'Ethiopie, le Gabon, le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Mali, le Mozambique, la Namibie, le Niger, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda, et la Zambie). La nouvelle méthodologie budgétaire fait qu'il est impossible de savoir les niveaux de financement du programme ACOTA, puisque le financement du programme est un sous-total à l'intérieur du budget réservé à l'Initiative des Opérations pour la paix dans le monde.

Programme d'Education et de Formation Militaires Internationales (IMET en sigle anglais)

Le programme IMET amène des officiers militaires dans des académies militaires et dans les autres institutions éducationnelles militaires des Etats-Unis, pour une formation professionnelle. Presque tous les pays africains participent au programme —y compris la Libye, pour la première fois, en 2008— et pour l'année financière 2006 (la dernière année pour laquelle les chiffres par pays sont disponibles) il a formé 14 731 étudiants en provenance du continent africain (à l'exclusion de l'Egypte) pour un coût d'au moins 14,7 millions de dollars.

Programme de ventes militaires étrangères (FMS en sigle anglais)

Ce programme s’occupe d'équipement militaire américain aux pays africains ; ceci à travers l'Agence de coopération en matière de défense et de sécurité du Département de la Défense. Le gouvernement américain offre des crédits pour financer pratiquement l'achat de tout cet équipement à travers le Programme de financement militaire étranger (FMF en sigle anglais), mais le remboursement de ces prêts par les gouvernements africains est presque toujours exonéré, afin qu'ils aient l'équivalent de subventions gratuites. Au cours de l'année budgétaire 2006, les pays africains du sud du Sahara ont reçu à peu près 14 millions de dollars en financement du FMF et les pays maghrébins (Maroc et Tunisie) ont reçu presque 21 millions de dollars de plus ; pour l'année budgétaire 2007, l'administration Bush a demandé à peu près 15 millions de dollars pour l'Afrique sub-saharienne et 21 millions de dollars pour le Maroc et la Tunisie; et pour 2008 elle a demandé à peu près 8 millions de dollars pour l'Afrique sub-saharienne et près de 6 millions de dollars pour le Maghreb.

Programme de sécurité sur la côte africaine et aux frontières (Programme ACBS en sigle anglais)

Ce programme fournit un équipement spécialisé (tels que les bateaux et véhicules de patrouille, l'équipement de communications, les appareils permettant de voir pendant la nuit, et les appareils et senseurs électroniques de surveillance et de contrôle) aux pays africains, en vue d'améliorer leur habileté à faire des patrouilles et à défendre leurs propres eaux territoriales et leurs frontières contre les opérations terroristes, la contrebande, et les autres activités illicites. Dans certains cas, une formation en surveillance et en collecte de renseignements pourrait également être dispensée. Pour l’année budgétaire 2006, le Programme ACBS a reçu à peu près 4 millions de dollars du FMF, et l'administration Bush a demandé 4 millions de dollars du FMF pour le programme en 2007. Aucun financement n’est demandé pour l'année budgétaire 2008, mais le programme pourrait être ravivé dans l'avenir.

Programme Articles excessifs en matière de défense (EDA en sigle anglais)

Ce programme est destiné à effectuer des transferts ad hoc de l'excédant de l'équipement militaire des Etats Unis vers les gouvernements étrangers. Les transferts aux destinataires africains ont inclus le transfert d'avions de transport C-130 en Afrique du Sud et au Botswana, de camions en Ouganda, de fusils M-16 au Sénégal et de bateaux de patrouilles côtières au Nigeria.

Equipe de Travail Conjointe Mixte-Corne de l'Afrique (CJTF-HOA en sigle anglais)

En octobre 2002, le Commandement central américain a joué le rôle d'avant-garde dans la création de cette équipe de travail commune qui avait été affectée à des patrouilles maritimes et aériennes dans la Mer Rouge, le Golfe d'Aden et l'est de l'Océan Indien, comme partie d'un effort pour détecter et contrecarrer les activités de groupes terroristes dans la région. Basé à Camp Lemonier à Djibouti, le long du site d'une base militaire française majeure, la CJTF-HOA est composée d'environ 1 400 éléments américains du personnel militaire —surtout des marins, des Marines et des troupes de Forces Spéciales—, qui travaillent avec une force navale multinationale composée de bateaux navals américains, ainsi que de bateaux des marines françaises, italiennes et allemandes et des autres alliés de l'OTAN.

La CJTF-FOA a fourni des renseignements à l'Ethiopie en appui à son invasion de la Somalie en janvier 2007 et elle s'est servie des infrastructures militaires au Djibouti, en Ethiopie et au Kenya, pour lancer ses propres attaques contre les soi-disant membres d'Al-Qaeda impliqués dans le Conseil des tribunaux musulmans en Somalie en janvier et en juin 2007. L'autorité de commandement pour la CJTF-HOA, actuellement sous le Commandement Central des américain, sera transféré à l'Africom au plus en 2008.

Equipe de travail conjointe silence Aztec(JTFAS en sigle anglais)

En décembre 2003, le Commandement américain en Europe a créé cette équipe de travail conjointe, sous le commandant de la Sixième flotte américaine (Europe), pour mener des opérations de contre-terrorisme en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest et pour assurer la coordination des opérations américaines avec celles des pays desdites régions. Spécifiquement, la JTFAS était chargée de mener des opérations de surveillance en se servant des moyens de la Sixième flotte américaine et de partager les informations, de même que les renseignements collectés par les agences américaines de renseignements, avec les forces militaires locales.

Les principaux moyens employés dans cet effort sont un escadron de la Marine américaine P-3 "Orion" basé à Sigonella, en Sicile. En mars 2004, un avion P-3 en provenance de cet escadron et opérant à partir d’une base sud-algérienne à Tamanrasset fut déployé pour assurer la surveillance et rassembler les renseignements sur les mouvements de la guérilla salafiste algérienne qui opère au Tchad, afin d’informes les forces tchadiennes engagées dans le combat contre ces groupes.

Opérations Navales dans le Golfe de Guinée

Bien que les forces navales américaines qui opèrent dans le Golfe de Guinée, riche en pétrole, et dans les autres zones le long des côtes africaines, soient formellement sous le commandement de la Sixième flotte américaine basée dans la Méditerranée, en plus des autres commandements de la Marine américaine, Africom va également aider à coordonner les opérations marines le long de la ligne côtière africaine.

Comme le disait à la presse, à Fort McNair à Washington, l'Amiral Henry G. Ulrich III, commandant des Marines (Europe), en juin 2007, "nous espérons, au moment où ils [Africom"> se mettent en place, incorporer leurs intentions et leurs plans,” et son commandement "va s'adapter, comme il faut" au fur et à mesure que l'Africom devient opérationnelle. Dans un élargissement significatif des opérations de la Marine américaine en Afrique, le bateau d'assaut amphibie américain de Fort McHenry commencera un déploiement de six-mois dans le Golfe de Guinée à partir de novembre 2007. Le bateau va transporter entre 200 et 300 marins et garde-côtes américains et va faire escale dans les ports de onze pays (l'Angola, le Bénin, le Cameroun, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, la Guinée Equatoriale, le Gabon, le Ghana, le Nigeria, le Sao Tomé et Principe, et le Togo). Sa mission sera de servir d’"école flottante" pour former les forces locales en matière de sécurité sur les ports et les plateformes pétrolières, de missions de recherche et de sauvetage et d'assistance médicale et humanitaire. Selon l'Amiral Ulrich, le déploiement correspond parfaitement au travail du nouveau Commandement pour l'Afrique. " Si vous regardez l'orientation que le Commandement pour l'Afrique a reçue et l'objectif d'Africom, vous verrez que la mission (du Golfe de Guinée) est étroitement adaptée," a-t-il déclaré aux reporters.

Accords sur l'accès des bases pour les lieux coopératifs de sûreté et les sites d'opérations prospectives

Au cours des dernières années, l'administration Bush a négocié des accords sur l'accès des bases avec les gouvernements du Gabon, du Kenya, du Mali, du Maroc, de la Tunisie, de la Namibie, de Sao Tome, du Sénégal, de l'Ouganda, et de la Zambie. A travers les accords en question, les Etats-Unis gagnent un accès aux bases militaires locales et à d'autres infrastructures, afin qu'elles puissent être utilisées par les forces américaines comme bases de transit ou comme premières bases d'opérations de combat et de surveillance, ainsi que d'autres opérations militaires.
Ces infrastructures restent la propriété du gouvernement africain hôte et ne sont pas des bases américaines au sens juridique. De sorte que les autorités gouvernementales américaines peuvent valablement défendre qu’elles ne possèdent pas des bases dans ces pays. Mais jusqu'à date, les Etats-Unis n'ont pas fait grand chose pour améliorer les capacités de ces infrastructures, pour qu'il n'y ait pas des preuves quelconques d'une présence militaire américaine à ces endroits.

Outre ces accords d'accès aux bases publiquement reconnus, le Pentagone a obtenu la permission de baser un avion de surveillance aérienne P-3 "Orion" à Tamanrasset, au sud de l'Algérie, sur la base d’un accord qui aurait été signé lors de la visite à Washington du président algérien Aldelaziz Bouteflika, en juillet 2003. Le "Brown and Root-Condor", une initiative conjointe entre une filiale de la compagnie américaine Halliburton et la compagnie pétrolière contrôlée par l'Etat algérien, Sonatrach, est actuellement sous contrat pour réaliser l'extension des bases militaires aériennes à Tamanrasset et à Bou Saada. En décembre 2006, les forces salafistes se sont servies d'une mine improvisée et d'armes légères pour attaquer un convoi d'employés de Brown and Root-Condor qui rentraient à leur hôtel dans la ville algérienne de Bouchaaoui, tuant un chauffeur algérien et blessant neuf ouvriers, dont quatre Bretons et un Américain.

Au cours des dix-huit mois qui viennent, Il y a une question majeure en rapport avec le nouveau commandement qui reste à résoudre : dire si Africom doit ou ne doit pas établir son quartier général en Afrique et où. Une série de consultations avec les gouvernements d'un certain nombre de pays africains —dont le Maroc, l'Algeria, la Libye, l'Egypte, le Djibouti, le Kenya —, qui ont suivi l'annonce d'Africom, ont trouvé qu'aucun d'entre eux n'est prêt à s'engager à héberger le nouveau commandement. En conséquence, le Pentagone a été forcé de réexaminer ses plans et en juin 2007 Ryan Henry, l'adjoint du sous-Secrétaire à la Défense chargé de la Politique a déclaré aux reporters que l'administration Bush a cette fois-ci l'intention d'établir ce qu'il a appelé "un commandement réparti" qui serait "construit en réseau" dans plusieurs pays dans différentes régions du continent.

En répondant aux questions devant le Sous-Comité Afrique du Sénat, le 1er août 2007, le Secrétaire assistant Whelan a indiqué que le Liberia, le Botswana, le Sénégal, et le Djibouti figuraient parmi les pays qui avaient exprimé un soutien à Africom—bien que seul le Liberia ait publiquement exprimé une volonté d'accorder l'hébergement au personnel d'Africom —ce qui suggère que ces pays sont susceptibles d'accueillir les éléments du personnel du quartier général d'Africom lorsqu'ils créeront finalement une présence sur le continent, quelque part, après octobre 2008.

* Le présent article est une version révisée et abrégée d'un article qui sera publié dans le prochain numéro de la Revue de l'Economie Politique Africaine (The Review of African Political Economy)

* Daniel Volman est le directeur du Projet de recherche sur la sécurité africaine (African Security Research Project) à Washington, DC, et l'auteur de nombreux articles sur la politique américaine en matière de sécurité et sur les questions de sécurité en Afrique. On peut le contacter à l'adresse électronique suivante : dvolman arobas igc point org

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