Pambazuka, un exemple de média libre, alternatif et citoyen

Dans les synergies et les partenariats que tissent Pambazuka News, des passerelles existent avec plusieurs structures dont Ritimo. Pour Erika Campelo, ceci est d’autant plus important que Pambazuka demeure «une référence et un très bon exemple de ce que peut être un média libre, alternatif et citoyen».

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Senai

Aujourd'hui, la place des médias libres est claire ; ils doivent répondre à une demande croissante de la part des citoyens : avoir une information plurielle, critique, diversifiée, loin des intérêts politico-financiers. Les médias libres conçoivent l'information comme une ressource stratégique pour construire un contrepoids à la logique des médias traditionnels. Ce sont eux qui décident de quoi on parle, de la manière dont on en parle et, surtout, de ce dont on ne parle pas.

Le traitement des sujets reste toujours très « consensuel », pour attirer le plus d'audience sans trop déranger l'ordre établi. Les médias mainstream jouissent d'une proximité avec les pouvoirs en place, politique et économique, qui empêche une réelle indépendance. La récente affaire Murdoch au Royaume-Uni en est un bon exemple (1). La concentration médiatique se poursuit : les médias traditionnels appartiennent à de grands groupes industriels comme en France (Bouygues ou Bolloré), à quelques très riches familles comme au Brésil (Marinho, Sarney) ou à des oligarques en Russie. S'ajoute à cela la dépendance à l'égard des ressources publicitaires, des grandes multinationales avec lesquelles il ne faut pas trop se fâcher... Tout cela façonne les grands médias et influencent - de fait - leurs choix éditoriaux. Les médias alternatifs permettent à différents acteurs de la société civile de construire des liens et des propositions d'alternatives dans des espaces indépendants. De cette manière, ils contribuent à une pleine démocratie où les citoyens sont au cœur du processus. L'enjeu actuel est donc mettre à la disposition du public le plus large possible une information pour une citoyenneté active. Cependant, la question de la construction d’un modèle économique, qui permette à ces supports d’information de survivre dans la durée, reste à résoudre.

Un grand nombre de médias alternatifs ont investi le web comme un support de diffusion large, qui permet d’offrir une pluralité de points de vue et d'expériences. Les médias libres ont favorisé les échanges et les alliances entre militants et partenaires de diverses associations, organisations et mouvements sociaux pour approfondir la réflexion et faire partager leurs convictions, dans le cas des révolutions arabes et des révoltes en Afrique.

Les réseaux sociaux (Twitter et Facebook notamment) ont été essentiels dans la diffusion de l'information et le suivi en direct des événements. Cette implication des réseaux sociaux au sein des révoltes incite à réfléchir sur une stratégie renforcée de communication, tout en restant très attentif à ces moyens de communication monopolistiques et de contrôle. Cependant, les facteurs principaux qui ont mené aux révoltes ne datent pas d'hier : ils sont liés à un « ras-le-bol » général des populations face aux difficultés de la vie quotidienne, dûes à la corruption et aux pouvoirs dictatoriaux en place. A Tunis, de la Place Tahrir au Caire, en passant par les indignés de la Puerta del Sol à Madrid, tous ces manifestants revendiquent des changements sociaux, tous réclament la « démocratie réelle », seul antidote, selon eux, contre la corruption, la mauvaise répartition des richesses, les spéculations financières et les mesures d'austérité, le mépris des oligarchies envers les nouvelles générations... La démocratie réelle comme seule manière de faire progresser les droits sociaux. Pour la faire vivre, les médias libres, qu'ils soient animés par des citoyens, des journalistes ou des militants associatifs, ont un rôle crucial à jouer.

L'information est importante pour la prise de conscience. Elle joue un rôle de transformation sociale car une information plurielle et libre a la force de sensibiliser. Un des enjeux de l'information est de rendre visible les alternatives au mode de développement actuel local et aussi partout dans le monde, pour donner plus de forces aux initiatives innovantes, aux revendications pour plus de justice, aux propositions pour le changement social et politique.

Pour Ritimo, l'échange d'informations, à travers des partenariats, est un aspect incontournable de son action pour contribuer à renforcer la démocratie et participer à un mouvement pour un changement global et local. Ritimo suit le travail du site Pambazuka depuis quelques années et depuis un an, nous travaillons en collaboration avec le site. Car Pambazuka joue un rôle essentiel dans l'information libre et de qualité sur l'actualité sociale et politique du continent africain. Le site est une référence et un très bon exemple de ce que peut être un média libre, alternatif et citoyen.

* Erika Campelo est membre de l’équipe de Ritimo, un réseau d'information spécialisé sur la solidarité internationale et le développement durable (www.ritimo.org)

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