Ouattara, l’homme du FMI à la tête de la CEDEAO

Porté à la tête de la Côte d’Ivoire par la France et ses alliés occidentaux, Alassane Ouattara vient d’être intronisé pour diriger la CEDEAO. L’homme est un produit du système financier international, longtemps fonctionnaire du FMI. Formaté par ce système, il faut s’attendre à ce qu’il le serve davantage qu’il ne le ferait pour la Côte d’Ivoire ou pour l’Afrique.

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CSIS

Alassane Ouattara est l’actuel président de la Côte d’Ivoire, choisi par la France et les Etats-Unis pour le compte de la communauté internationale, avec l’assistance du chef de la mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire, Y. J. Choi. Après l’élection présidentielle ivoirienne en novembre 2010, ils ont déclaré Ouattara vainqueur en 2011. Une bonne partie de la carrière de Ouattara s’est déroulée au Fond Monétaire International (FMI) dont il a aussi été le vice- président entre 1994 et 1999. Il a centré son discours d’acceptation sur les questions de sécurité, ce qui concorde bien avec les priorités de la France, des Etats-Unis et de l’OTAN. Lors de la 40ème session ordinaire des chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja, le président ivoirien a été élu pour un mandat d’une seule année.

Ouattara a déclaré dans son discours d’acceptation que son administration définirait une politique commune et combinerait les ressources afin de lutter contre le terrorisme, la piraterie, le banditisme et la prolifération des petites armes et des armes légères dans la région. Le président a aussi dit qu’il voulait travailler à la modernisation de la CEDEAO afin de faire face au défi de sécurité. Il a remercié son prédécesseur, le Nigérian Jonathan Goodluck pour ses efforts dans la conduite de la CEDEAO pour la résolution de la crise politique ivoirienne et la consolidation de la paix et de la stabilité dans d’autres Etats membres. Le prochain sommet de la CEDEAO se tiendra à Yamussoukrou, la capitale de la Côte d’Ivoire à une date qui sera ultérieurement annoncée par le président.

Sur le site Nairaland, où l’on peut trouver des commentaires intéressants, on verra en particulier le commentaire no 5, celui de Danka7777, qui dit : "Ouattara, une ancien directeur exécutif du FMI, ce type-là a été choisi par les pays occidentaux afin de régner sur la Côte d’Ivoire. Nous sommes finis. Nigérians qui lisez ces lignes, ne me croyez pas sur parole. Allez plutôt mener votre propre enquête sur la raison pour laquelle l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a été pourchassé et destitué. Ce type-là s’est efforcé de défaire les entraves coloniales de la France. En d’autres termes, il a essayé de couper le lien entre la monnaie ivoirienne et la monnaie française.
Ce qui signifie en substance, que l’ancien maître colonial (La France) contrôle encore et toujours la valeur de la monnaie ivoirienne. Gbagbo a été pourchassé parce qu’il a juré de délivrer la Côte d’Ivoire de la mainmise du colonisateur esclavagiste. Ils vous disent dans les médias dominants que Ouattara a gagné ? Mettons cela dans son contexte : comment a-t-il gagné ? Qui décide qui a gagné les élections ? Quel organe constitutionnel a le dernier mot sur les mauvaises pratiques électorales ? Est-ce la Cour Suprême ou le corps électoral ? A mon avis c’est la Cour Suprême et la plupart d’entre vous serez d’accord. Qui a décidé de l’élection de Jonathan Goodluck contre Buhari il y a quelques semaines et lors d’élections précédentes ? Etait-ce la Cour Suprême ou le corps électoral (INEC) ? La Cour Suprême évidemment. Qui a décidé de l’élection de Bush devant Al Gore en 2000 ? A l’inverse lorsque la Cour Suprême a statué que Gbagbo était le vainqueur en Côte d’Ivoire, le monde occidental a dit : non, non, non … Qui ces gens-là croient-ils tromper ? Comme si nous étions des bébés, incapables de penser par nous-mêmes ?"

Les politiques du FMI, en particulier sa théologie du marché qui a inspiré les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), sont responsables de la mort et de la souffrance de centaines de milliers de personnes et le démantèlement et la destruction d’institutions gouvernementales vitales dans de nombreux pays en voie de développement dans le monde. Le FMI est l’instrument des banquiers, qui portent un regard de banquiers sur le monde. Actuellement nous pouvons voir à quel point il peut être nocif dans le cas de la Grèce.

Je crois qu’il est important de considérer cette nomination de Ouattara à la lumière d’études récentes et les informations concernant la nature des finances mondiales.

LE RESEAU CAPITALISTE QUI GOUVERNE LE MONDE

Une analyse des relations entre quelque 43 000 multinationales a identifié un groupe relativement petit de compagnies, principalement des banques, avec un pouvoir disproportionné sur l’économie globale. L’hypothèse de l’étude a attiré un certain nombre de critiques, mais les analystes de systèmes complexes approchés par le New Scientist, disent qu’il s’agit là d’un effort unique pour débrouiller le contrôle global de l’économie. Ils affirment que pousser l’analyse plus avant pourrait permettre de rendre le capitalisme global plus stable

Ces travaux, qui seront publiés dans PloS One, révèlent que 1318 compagnies sont interconnectées avec deux autres compagnies, ou plus, la moyenne étant 20. Bien que ces 1318 compagnies apparaissent comme représentant le 20% des revenus globaux, il apparaît aussi que les 1318 possèdent collectivement, au travers d’actionnariat majoritaire, les plus grandes industries de manufacture et de "blue chips" (actions cotées en bourses de grande qualité), l’économie réelle représentant un 60% additionnel des revenus globaux.

Lorsque l’équipe a encore progressé dans son analyse, elle a trouvé que tout remontait à une "super entité" de 147 compagnies encore plus étroitement liées, dont les membres se partagent la possession. Et qui contrôle les 40% de la fortune totale du revenu global du réseau ? "En fait, moins de 1% des compagnies contrôle les 40% de tout le réseau", déclare Glattfelder. La plupart sont des institutions financières. Les 20 premières incluent Barclays Bank, JP Morgan Chase & Co et le groupe de Goldman Sachs.

En identifiant l’architecture de l’économie globale, l’analyse pourrait rendre plus stable ce qui est crucial. En mettant à jour les éléments qui rendent le système vulnérable, les économistes peuvent proposer des mesures afin de prévenir un effondrement qui affecterait le système dans son entier. Selon Glattfelder, nous pourrions avoir besoin de règles anti-trust globales. Lesquelles, actuellement, n’existent qu’au niveau national afin de limiter les interconnexions entre les multinationales. Sugihara estime que l’analyse suggère une solution possible : les compagnies devraient être taxées pour leurs interconnexions excessives afin de limiter le risque.

" Il est peu probable que cette super entité soit le résultat d’une conspiration pour dominer le monde. De telles structures sont courantes dans la nature", souligne Sugihara

Je ne crois pas beaucoup aux théories de conspiration parce les gens finissent toujours par lâcher le secret. Plus il y a de gens impliqués moins il est probable que le secret reste secret. Les intérêts communs sont une autre affaire. Des individus et des groupes peuvent s’organiser et agir puissamment afin de protéger leurs propres intérêts sans devoir pour autant conspirer.

Longtemps fonctionnaire du FMI, Ouattara fait partie des structures financières globales et va probablement travailler pour ces intérêts-là plutôt que ceux de la Côte d’Ivoire, l’Afrique de l’Ouest ou le continent africain. A ce jour, il n’a donné aucun signe que son allégeance va à la Côte d’Ivoire ou à l’Afrique plutôt qu’au FMI, à Sarkozy, la France et les banquiers.

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* Article publié par Cross Crocodiles, traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger


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