Écoutons Mandela, ce n’est pas encore trop tard
Ce que représente Mandela ?
Un exemple et un espoir.
Courage de se révolter et de s’engager.
Exemple de fidélité à l’engagement.
Aller jusqu’au bout de son choix.
Nourrir son engagement par l’esprit et ne céder à aucune facilité qui distrait du but.
Cela n’est pas donné à tous.
Pour tous les Africains sans exception, Nelson Mandela incarne une valeur d’humanité et de dignité. Issu d’une famille royale, il tourne pourtant le dos aux vaniteuses prétentions et il défendra toute sa vie la dignité de chaque être humain.
Aujourd’hui, on ne comprend pas aisément qu’un avocat à la carrure d’exception, jeune et promis à un bel avenir, ait été prisonnier politique trois décennies durant, sans que cela ait émoussé sa conviction pour le combat contre l’oppresseur. Avec ce choix délibéré, il savait à quel danger il s’exposait et il nous apparaît comme un miraculé universel, dont toute l’Afrique et le reste du monde fêtent aujourd’hui le grand âge, symbole de grande sagesse et de haute lumière.
Mandela est notre aîné, il incarne le respect et l’espérance pour les jeunes générations en tant que militant engagé, non seulement pour l’indépendance de son pays, l’Afrique du Sud, mais surtout pour l’indépendance, la dignité, la valeur d’humanité de l’homme noir. Il rejoint le cercle des élites du monde noir, dont font partie désormais Senghor, Aimé Césaire et Bernardin Gantin (cardinal béninois, doyen du sacré collège des cardinaux, décédé le 13 mai 2008).
Mandela s’est très tôt inscrit dans une logique rarement partagée par beaucoup de dirigeants africains de nos jours. Il ne s’est pas accroché au pouvoir ….
Ce grand militant n’est pas l’homme des immédiatetés du pouvoir et des honneurs. Ce n’est pas le suffrage populaire sur lequel il pouvait compter à vie, qui aurait pu lui manquer. A 81 ans en juin 1999, Il a décidé de se retirer de la gestion des affaires de l’Etat pour se mettre, autrement, au service de son pays en se consacrant à la lutte contre le sida. Quel bel exemple pour le monde politique africain !
Au plan international, il a su redonner à son pays une nouvelle légitimité fondée sur la réconciliation nationale. Son combat pour la paix et la non violence lui a valu tant de distinctions : Prix Nehru pour la Paix en 1979, Prix Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix en 1991, avec le président Frederik de Klerk à la fin du régime de l'apartheid, et surtout Prix Nobel de la paix en 1993.
Mandela nous laisse un héritage et un message.
L’héritage, c’est le triomphe de l’engagement et de la volonté - c’est l’homme noir rendu à l’universalité et à l’humanisme intégral. C’est le triomphe de l’exigence de mériter ce que l’on veut devenir.
Le message, c’est de sortir de la vanité appauvrissante, c’est de mériter notre progrès et notre développement. C’est de croire en nous-mêmes et d’exiger l’excellence dans nos efforts quotidiens pour faire de l’Afrique un continent majeur, dans un monde majeur.
Ce que représente Mandela ?
Un exemple et un espoir.
Courage de se révolter et de s’engager.
Exemple de fidélité à l’engagement.
Aller jusqu’au bout de son choix.
Nourrir son engagement par l’esprit et ne céder à aucune facilité qui distrait du but.
Cela n’est pas donné à tous.
Mais ceux qui découvrent en eux ces rares qualités d’homme ne sont pas tous en mesure de les magnifier. Mandela y a réussi - C’est sa plus grande victoire.
Chaque Africain, chaque négro africain doit cultiver en lui les possibilités offertes par l’exemple de Nelson Mandela.
Nous ne sommes pas tous appelés à résister à l’apartheid, à subir la prison pendant des années, à devoir diriger un Etat multiracial.
Chacun dans l’espace de vie et d’action qui est le sien est appelé à être un Mandela dans son esprit, sa volonté, son engagement et sa résistance à la facilité. Chaque élève, chaque apprenti, chaque fonctionnaire d’Etat, chaque ingénieur, chaque opérateur économique est un autre Mandela quand il réussit à se surpasser, c'est-à-dire à ne pas seulement suivre le penchant paresseux et vaniteux du plus simple, du plus ordinaire et de l’inertie.
« Si tu veux changer l’avenir il faut d’abord te changer toi-même ». C’est ce que Mandela a accompli merveilleusement. C’est cela son exemple et c’est cela notre espoir.
Au Chef qui ignore l’humilité, il manque l’essentiel.
Mandela, grand, très grand parce qu’ayant souffert de lui-même et des autres.
Mandela grand, parce qu’ayant appris à résister, à se reprendre, à se relever après l’échec, c’est lui le maître et le modèle à suivre par tous ceux que guette la vanité dans l’exercice d’un pouvoir qu’ils voudraient souverain, qu’ils ne savent pas définir comme responsabilité et service, service précaire, révocable et donc exigeant .
L’Afrique a mal à sa gouvernance qui ignore souvent le peuple souffrant, qui privilégie les apparences pompeuses, l’argent confisqué et accumulé au détriment des masses sans éducation et sans soins.
La révolution légitime, le mépris du monde, la colère du ciel, c’est de cela que Mandela nous avertit.
Écoutons-le. Ce n’est pas encore trop tard.
* Albert Tévoedjre est Coordonnateur du Projet «Millénaire pour l’Afrique» qui fonctionne sous l’égide des Nations Unies. De février 2003 à février 2005, il a exercé les fonctions de Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte-d'Ivoire.
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