Appel : Prix Nobel de la Paix 2010 pour les Femmes africaines

Pour l’année 2010, le Prix Nobel de la Paix devrait revenir aux femmes africaines. C’est le sens de cet appel pour le lancer une campagne internationale, destinée à mettre encore plus en relief et à magnifier leur rôle trop souvent oublié. Piliers de l’équilibre familiale, indispensables dans la régulation sociale, elles sont les premières à souffrir, dans les proportions les plus graves, des drames et des déficit que vit le continent africain. Dans tous les domaines de la vie, notent les initiateurs de l’appel, les femmes africaines constituent l’épine dorsale du continent. Ce qu’il importe de reconnaître officiellement et formellement.

L’Afrique avance grâce aux pas de ses femmes. Habituées depuis toujours à affronter le quotidien de la vie et le défi de la survie, chaque jour des centaines de milliers de femmes africaines sillonnent le continent à la recherche d’une paix durable et d’une vie digne. Beaucoup d’entre elles font, à pieds, jusqu’à dix ou vingt kilomètres pour approvisionner leur famille en eau.

Puis, toujours à pieds, elles vont au marché où, pendant toute la journée elles vendent le peu qu’elles ont pour ramener chez elles le soir ce qu’il faut pour nourrir leurs enfants, reproduisant ainsi tous les jours le miracle de la survie. Les marchés des villes africaines pullulent de femmes, dans un arc-en-ciel de couleurs, où se mêlent les denrées, la joie de vivre et la chaleur du partage.

Souvent, elles portent sur leur dos les enfants qui ne marchent pas encore, ou bien elles sont entourées de petits qui courent et font du bruit autour d’elles, et dont elles seules ont la charge. Parfois même si ce ne sont pas leurs enfants. Parce que dans l’Afrique des guerres et des maladies, les femmes sont capables d’accueillir dans leur propre famille les petits orphelins.

Ce sont souvent les femmes qui travaillent dans les champs, sur une terre qui ne leur appartient presque jamais, simplement parce qu’elles sont des femmes. Ce sont elles qui contrôlent 70% de la production agricole, qui produisent 80% des biens de consommation et qui assurent 90% de leur commercialisation, il leur est presque toujours interdit de posséder un lopin de terre.

Il y a des dizaines de milliers de petites entreprises organisées par les femmes africaines, à travers le micro-crédit, dans tous les secteurs de l’économie : de l’agriculture au commerce et à la petite industrie. Il y a des milliers, peut-être des dizaines de milliers d’organisations de femmes engagées dans la politique, les problèmes sociaux, la santé, la construction de la paix. Et ce sont souvent les femmes qui maintiennent avec cohérence l’espoir du changement et de la démocratie dans une Afrique qui se distingue trop souvent par la mauvaise gouvernance et la corruption.

Ce sont les femmes africaines qui malgré des conditions impossibles à cause du sexisme, de la polygamie, du désintérêt ou de l’absence des hommes, continuent à défendre et à nourrir la vie de leurs enfants, à lutter contre les mutilations génitales, à soigner les faibles et sans défenses. Ce sont les femmes africaines qui sont capables de s’élever contre les abus du pouvoir, pour défendre leurs droits violés.

Dans le drame de la guerre, elles souffrent des peines de leurs pères, de leurs frères, de leurs maris et de leurs fils voués au massacre. Elles se voient arracher leurs enfants, contraints à devenir soldats et à tuer. Si elles sont épargnées par la mort, elles subissent souvent une extrême violence qui leur sauve peut-être la vie, mais qui frappe leur âme.

Les femmes sont l’épine dorsale qui soutient l’Afrique. Dans tous les domaines de la vie : depuis la maison et les enfants, jusqu’à l’économie, en passant par l’art, la politique, la culture, l’engagement pour l’environnement. C’est pour cela qu’en Afrique aucun futur n’est envisageable sans leur participation active et responsable. Sans le quotidien des femmes, il n’y aurait aucun lendemain pour l’Afrique.

Aujourd’hui, les progrès que les femmes africaines ont accompli sont indiscutables dans le domaine politique, économique, à tous les niveaux. Cependant, ce qui est accompli ne représente qu’une goûte d’eau dans l’océan pour la valorisation de leurs capacités et de leurs efforts. C’est pour cela que nous voulons lancer une campagne internationale, pour que leur rôle trop souvent oublié soit reconnu formellement et officiellement.

* CIPSI (Coordination des Initiatives Populaires de Solidarité International) est une coordination nationale - née en 1982 - qui associe actuellement 42 Organisations non gouvernementales et associations qui œuvrent dans le domaine de la solidarité et de la coopération internationale.

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