Une autre place sociale est possible pour les femmes

Dans une des tentes du FSM pas comme les autres, des dames sont alignées. Derrière la table officielle flotte une banderole sur laquelle s’affiche : «les femmes africaines face aux enjeux de la globalisation et aux défis de la gouvernance mondiale : quelle réponse après 50 ans d’indépendance. Le thème est celui de l’avant-dernière journée de l’assemblée des femmes. Leur objectif est de «réunir le maximum d’idées pour faire une déclaration à l’occasion de la clôture du forum, le 11 février. Déclaration dans laquelle toutes les opinions des unes et des autres seront prises en compte.»

Dans une des tentes du FSM pas comme les autres, des dames sont alignées. Derrière la table officielle flotte une banderole sur laquelle s’affiche : «les femmes africaines face aux enjeux de la globalisation et aux défis de la gouvernance mondiale : quelle réponse après 50 ans d’indépendance. Le thème est celui de l’avant-dernière journée de l’assemblée des femmes. Leur objectif est de «réunir le maximum d’idées pour faire une déclaration à l’occasion de la clôture du forum, le 11 février. Déclaration dans laquelle toutes les opinions des unes et des autres seront prises en compte.»

Elles sont des centaines de femmes à s’être donné rendez-vous dans ces lieux. Mais si elles occupent ici les devants, elles ne se cachent pas la réalité qui fait leur quotidien. Dans toutes les sociétés du monde, elles ne sont pas à la place qui devrait être la leur. D’oû une panoplie de reproches contre les hommes et le système qui gouverne le monde. «Non accès à la terre. Des violences répétées. Pratiques traditionnelles nuisibles. Absence dans les instances de décision…», la liste est longue. Mais il y a surtout les violences qui détruisent physiquement, psychologiquement, moralement. Comme en République Démocratique du Congo.

La guerre civile en RDC a donné lieu à toutes sortes de violations. A Bukavu, dans une des régions les plus riche en minerais au monde, des femmes se sont vu mutilées. Certaines d’entre elles, en état de grossesse, ont été éventrées. Il en est qui ont été jetées dans des fosses et enterrées vivantes. Venues de partout, les femmes ont rappelé le devoir qu’elles ont de lutter pour la liberté et l’intégrité physique de leurs sœurs du monde entier, même si le degré et la nature des violences diffèrent d’une zone à une autre.
La Malienne Aicha, militante de la Marche mondiale, regrette que l’avis des femmes soit doublement ignoré dans la définition des axes de la politique mondiale. «Nous, femmes africaines, sommes exclues par nos hommes qui, à leur tour, sont exclus par les grands groupes capitalistes. Depuis le nord, ils pensent tout pour le continent noir, et en son absence.» Convaincues qu’il ne peut y avoir de transformation sociale, ni d’un monde juste sans les femmes, elles se disent plus que jamais prêtes à aller jusqu’au bout pour éliminer les inégalités. Un idéal qui n’est réalisable que si «nous sommes décidées à bouter le capitalisme dehors de l’Afrique», tranche-t-elle.

C’est seulement à ce moment, pense Odyl de AFAR, un regroupement de chercheurs et d’activistes, qu’on pourra revenir à une agriculture paysanne, afin d’assurer la sécurité alimentaire. Cette agriculture demande moins de terre que pour les firmes internationales qui font de l’agriculture industrielle. Par conséquent, elle permet aux femmes d’avoir plus accès à la terre.

Babacar WILLANE

Souveraineté alimentaire = La femme est la gardienne de la semence

La quête d’une souveraineté alimentaire est devenue une exigence dans laquelle les femmes entendent jouer un rôle déterminant. « A un moment où les semences que nous ont laissés nos parents disparaissent et qu’on perd en diversité, il nous appartient de sauvegarder cet héritage indispensable à l’agriculture familale», confie la responsable d’un groupement des femmes dans le sud du Sénégal.

Cette revendication pour conserver et préserver les semences locales, dans un contexte où les OGM (organismes génétiquement modifiés) menacent la production paysanne, a été fort présente dans différentes activités du FSM. Les femmes rurales pensent avoir un rôle important à jouer dans ce ses, mais soutiennent que leur volonté n’y suffit pas. Le contexte socioéconomique doit aussi évoluer dans ce sens« Nous sommes confrontées, en tant que femmes, à un problème d’accès à la terre. De sorte que, pour notre groupement, nous sommes obligés d’emprunter des portions de terre à mettre en valeur », regrette Francesca Diouf.

Cette lutte des femmes en vue d’accéder à la possession foncière est un enjeu pour toute la communauté. «En Afrique, la femme est gardienne des semences pour la famille. Donc celles qui sont en voie de disparition nous les connaissons. Leur préservation dépend en grande partie de nous et des possibilités que nous pouvons avoir de les exploiter et de les pérenniser à travers les exploitations familiales. Il s’agit donc d’un secteur qu’il importe de valoriser et que les autorités publiques doivent doter en matériels. Car, quand un ménage fait une bonne production agricole, c’est la sécurité alimentaire, voire la souveraineté alimentaire qui se trouve garantie dans tous les foyers. »

Oumar KANDE

« Le manger naturel », une œuvre sociale
Faire comprendre que les initiatives endogènes peuvent nourrir un développement moins dépendant des système capitaliste constitue déjà une base de rupture et de libération des mentalités. Beaucoup d’initiatives exposées durant le FSM y contribuent.

Le Forum social mondial n'est donc pas seulement le rejet du « système » en place, c’est aussi un espace de propositions alternatives. Ali Ndiaye, ingénieur agronome et auteur d’un projet dénommé Production agricologique intégrée et soutenable (Pais) s’inscrit dans cette dynamique. Sénégalais installé au Brésil, son objectif est de «faire comprendre qu’il est bien possible de faire de l’agriculture, sans l’électricité et les produits chimiques comme l’engrais.»

Entouré d’un groupe de personnes, il se livre, infatigable, au même cours magistral devant son exposition composée d'une batterie solaire sur une table et de deux panneaux. Derrière l’étal, une case à paille faite de piquets en bois et d'une grille. De l'herbe sèche est saupoudrée sur le plancher. Précision importante de l’ingénieur : «tout ce qui est utilisé ici est un produit naturel.»

La case est entourée d’un jardin de maraîchage avec trois rangés de plantes. Un peu à l’extrême gauche, il y a un réservoir d’eau juché sur une hauteur d’environ deux mètres et relié à un robinet par une conduite. Le robinet alimente deux tuyaux noirs. Ils font le tour du jardin et leurs trous servent à arroser les plantes grâce au système du goutte-à-goutte. «Il s’agit d’un système intégré, totalement indépendant à tout ce qui n’est pas bio », explique Ali Ndiaye.

En milieu rural, la tendance consiste à cumuler l'élevage et le maraîchage. Dans le système que propose Ali Ndiaye, 50% des rejets naturels serviront à la nourriture de la volaille. Grâce à ce système simple et sans coût, le paysan aura une production animale et végétale à 100% naturel. Ce qui l'éloigne de tous les risques liés à la consommation de poulet de chair contenant trop de protéines
On découvre là tous les avantages de l'énergie solaire qui se trouve peu utilisée. La raison, M. Ndiaye la trouve dans le lobby constitué d’entreprises pétrolières comme British Petroleum (BP). «La réussite du système est synonyme de leur disparition», soutient-il. Faire comprendre que les initiatives endogènes peuvent nourrir un développement moins dépendant des système capitaliste constitue déjà une base de rupture et de libération des mentalités. Beaucoup d’initiatives exposées dans ce forum y contribuent.

Par Babacar Willane
Les femmes se mobilisent pour la paix en Casamance

Le forum social mondial est aussi le lieu où les habitants des régions en conflit se mobilisent pour l’instauration de la paix. C’est le cas de la région de Casamance, d’où sont venues des femmes qui luttent pour l’arrêt de la guerre dans cette région du sud du Sénégal.

Membres d’un réseau de radios communautaires, leur mobilisation vise à montrer au monde que les femmes ont leur mot à dire dans le processus de paix en Casamance. Le FSM leur offre aussi l’opportunité d’échanger avec des acteurs venus d’autres pays et d’autres régions du monde, pour mieux capitaliser leurs expériences.

Dans la région de Casamance, l’information est une donnée fondamentale en ces temps de guerre. « Il y a un déficit de communication. Les gens n’ont pas accès aux informations à cause de la guerre », note Mariama Badji, responsable de la radio Fm Awagna de Bignona. Depuis quelques années, World Education Sénégal encadre ces radios qu’animent les femmes dans la région, pour amener ces dernières à mieux s’impliquer dans l’information et la sensibilisation en faveur d’une culture de la paix.

Ce conflit dure depuis 1982, avec des éruptions de violence cycliques qui, en plus des morts et des blessés, poussent les populations à l’exode vers la Gambie ou la Guinée Bissau, en plus des déplacements forcés. Depuis des années qu’elles s’impliquent dans la recherche de la paix en Casamance, les femmes de cette région ont franchi le pas pour l’élaboration d’un plan d’action qui les unit à travers leurs différentes organisations, pour amener l’Etat et les éléments du Mouvement démocratique des forces de Casamance à reprendre le dialogue en impliquant les femmes au cœur des décisions.

Conseillère de la plate forme dira, Mme Seynabou Mar Cissé note que« la crise en Casamance n’est pas une crise propre à la Casamance mais une crise pour le Sénégal», avec des risques de développement plus graves encore. Entre les narcotrafic, l’économie de la guerre et le trafic des armes, les facteurs de guerre et les fauteurs de troubles sont nombreux.

Par Amadou THIAM

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