Prochaine étape : Pambazuka.org

Si les Occidentaux ont des centres de réflexions pour les débats importants, les Africains ont Pambazuka News. Un site qui, pour Alemayelu G. Mariam, continue d’être une source riche et intarissable en termes d’analyses informées sur les affaires africaines courantes.

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Wikimedia

On peut vainement parcourir l’espace cybernétique en quête de forum public dédié à la cause de la démocratie, des droits humains et de la justice sociale en Afrique. On ne croule pas sous le nombre ! Je parierais même qu’il n’y a en qu’un seul : Pambazuka News. Tout au long de la dernière décennie, Pambazuka News a mis à disposition son site Web afin qu’il serve de tribune ouverte pour tous les types de réflexions critiques et les débats touchant à l’Afrique, en anglais, en portugais et en français. Il a un lectorat, principalement en Afrique, de plus d’un demi million de personnes.

J’ai été un lecteur avide de Pambazuka News depuis trois ans et j’ai contribué régulièrement au cours de l’année écoulée. J’ai décidé de passer du rôle de lecteur à celui de contributeur pour de nombreuses raisons.

J’ai estimé que Pambazuka News était véritablement dévoué, non pas tellement au discours abstrait sur les nombreux maux qui affligent le continent, mais qu’il a clairement démontré la valeur et les actions qui pourraient apporter un changement positif pour l’Afrique et sa population.

J’ai aimé le fait que Pambazuka News n’est pas juste un forum "pour geindre et gémir" sur les problèmes africains mais bien un espace virtuel où les Africains concernés peuvent s’assembler afin de discuter sobrement du problème, chercher des solutions et échanger des idées qui pourraient être utiles.

J’ai eu le loisir de rencontrer des intellectuels africains sortis de leur tour d’ivoire sur les pages Web de Pambazuka News et j’ai appris le rôle vital que les institutions de la société civile peuvent jouer dans la transition de l’Afrique de la dictature à la démocratie.

Lorsque j’ai commencé à contribuer régulièrement, j’ai pensé que je pourrais partager avec d’autres intellectuels africains et le vaste lectorat de Pambazuka News, quelques-unes des mes propres idées et préoccupations concernant les violations des droits humains, les élections truquées et de la corruption, particulièrement en Ethiopie. C’était une expérience lumineuse. J’ai " rencontré" des Africains de provenances diverses sur les pages Web de Pambazuka News. Malgré leur diversité, ils ont tous un lien qui les unit et qui concerne le destin de l’Afrique. Ils sont soucieux de faire leur part pour aider le continent ou leur petit coin du continent. Je suppose que c’est là un des aspects uniques du magazine.

Tous ceux qui souhaitent partager leurs idées et rapporter des actions qu’ils ont entreprises pour améliorer la situation des droits humains, économiques et politiques et d’autres problèmes qui affligent le continent, sont bienvenus. Ceci renforce mon opinion fondamentale que le continent est le mieux compris et servi, non seulement par l’avant-garde les intellectuels africains, mais aussi par les institutions de la société civile qui impliquent des Africains ordinaires de la base dans une démocratie participative, ce sont eux qui sont les plus à même d’apporter des solutions aux problèmes

Surtout, j’apprécie Pambazuka News en tant qu’institution concentrée sur tous les thèmes que je considère importants pour l’avenir de Afrique. Je suis très préoccupé par les violations des droits humains en Afrique et le renforcement des dictatures cependant que la démocratie suffoque.

Préoccupation partagée par Pambazuka News. Je suis préoccupé par ces élections truquées en Ethiopie, au Zimbabwe, au Kenya, au Soudan et dans de nombreux autres pays africains. Je suis navré de voir des institutions de la société civile étouffées par des dictateurs africains, enchanté lorsque je vois des particuliers et des organisations mettre sur pied des ateliers pour former les avocats de la base et des négociateurs. Je suis consterné par la pauvreté africaine, l’analphabétisme et les services de santé lamentables. Je suis désolé par le statut subordonné des femmes africaines, par les mauvais traitements et la violence qu’elles subissent. J’ai le cœur chaviré en voyant les conditions exécrables dans lesquelles vivent les réfugiés et les déplacées internes en Afrique. Je suis scandalisé par les "diamants du sang" qui ont apporté la mort et la destruction dans leur sillage en plusieurs endroits du continent, outrés du fait de l’existence d’enfants soldats, du viol et du pillage en RD Congo, en Somalie et au Soudan. Je suis très méfiant à l’égard des Chinois en Afrique qui larguent leurs produits bon marché en échange de contrat à long terme pour les ressoruces et d’aide militaire aux dictateurs africains.

A l’instar des lecteurs et commentateurs de Pambazuka News. Je suis très heureux d’avoir Pambazuka News comme "archives virtuelles", accessibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour y trouver les commentaires et analyses les plus critiques et les mieux informées sur les affaires africaines actuelles. Mais ces "archives virtuelles" n’auraient jamais été possibles sans le dévouement et l’engagement de tout le personnel de Pambazuka News que je n’ai pas eu le plaisir de rencontrer mais avec qui j’ai été en communication électronique. Ce que le rédacteur et tout le personnel de Pambazuka News ont réussi à faire au cours des années est vraiment tout à fait extraordinaire.

Outre le maintien d’un site Web exquis, plein d’analyses informées, ils ont aussi construit un système d’enseignement à distance sur les droits humains, la justice sociale et font usage des technologies de communication pour promouvoir un dialogue effectif, des discussions et des débats sur des questions pertinentes à l’Afrique. Ils ont utilisé des institutions de la société civile pour la résolution des conflits et la promotion de l’harmonie sociale, en particulier au Kenya dans la foulée des élections controversées de 2007. Ils ont une branche prospère de publication spécialisée sur l’Afrique.

Ces réalisations ne sont pas le résultat du hasard mais bien le fruit qui résulte de l’amour de l’Afrique et de sa population paupérisée. Je voudrais rendre hommage au fondateur de Pambazuka News et son organisation tutélaire, Fahamu, Firoze Manji, pour sa vision, sa ténacité et son dévouement à la cause des droits humains, de la justice sociale et des institutions de la société civile dans tout le continent. Il est un modèle extraordinaire pour tous ceux qui souhaitent promouvoir le changement et voir l’avènement de la justice sociale au travers du dialogue et de la réconciliation. Les autres rédacteurs et tout le personnel méritent aussi des louanges pour avoir maintenu un site Web de si grande qualité et pour les autres services essentiels auxquels ils nous ont accoutumé. Ils ont fait la preuve qu’une poignée d’individus résolus, talentueux et dévoués peuvent faire une grande contribution à l’amélioration des conditions de vie de l’Africain ordinaire. Ils méritent non seulement notre gratitude mais aussi notre soutien au travers de donations, d’abonnement et de cadeaux.

Je voudrais encore dire que là où les pays riches ont des centres de réflexions pour conduire des recherches, s’engager dans la défense et l’analyse politique, le continent pauvre qu’est l’Afrique a Pambazuka News. Pendant que je me déplace dans l’immense espace virtuel en quête d’analyses informées et intelligentes et de solutions à des problèmes africains, je m’arrête régulièrement, chaque semaine, au même "poteau indicateur" Alors que je m’en retourne, c’est comme si le narrateur d’une classique série télévisée "Twilight Zone" me disait :"Vous voyagez dans l’espace cybernétique, un immense vortex d’idées et de savoirs. Un voyage sur la merveilleuse terre d’Afrique dont le potentiel est lié aux impulsions créatrices et à l’imagination de sa population. Il y a là-bas le poteau indicateur. Prochain arrêt, Pambazuka News.org".

Les rédacteurs et tout le personnel de Pambazuka News méritent des lauriers pour une décennie au service de la cause de la démocratie, des droits humains et de la justice sociale en Afrique ! Nous apprécions vivement tout ce que vous faites ! Merci

* Alemayehu Mariam est un avocat et un professeur de sciences politiques à la California State University, à San Bernardino aux Etats Unis – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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