Après les USA, la Chine fait ses courses en Europe
L’illusion est encore maintenue par des leaders désemparés, mais l’Europe n’est plus cette puissance qui pouvait regarder le monde de haut. Le dernier sommet de Bruxelles lui a montré, encore une fois, ce que voulait dire «lorsque la Chine s’éveillera…». Et Jean Poulaga de se réjouir, pour les Africains, de voir «qu'après 500 ans, il y a finalement un prédateur sur la scène internationale pour tenir sous contrôle nos prédateurs traditionnels.»
Depuis ce matin du 27 octobre 2011, la Chine vient d'acheter 17 pays européens. On avance le chiffre de 1 000 milliards d'euros. Lors de la chute du mur de Berlin en novembre 1989, on avait annoncé la victoire du capitalisme sur le communisme. Vingt-deux ans après, c'est au plenum du Parti Communiste Chinois de s'offrir le plaisir de surveiller les budgets de 17 pays européens. C'est la pire des humiliations que les Européens aient essuyée à ce jour. Mais qu'importe ! Tous annoncent le succès du sommet nocturne de Bruxelles, programmé la nuit justement pour avoir le temps de recevoir la décision de Pékin.
Doit-on dire la vérité au peuple européen qu'il n'est pas aussi nanti qu'on le lui a fait croire ? Chut ! On est en démocratie, et en démocratie avancée on doit raconter au peuple ce qu'il aime entendre, car c'est ce qui motive son vote. Et c'est reparti avec la propagande habituelle pour continuer de mentir et d’abreuver ce peuple de termes comme "pays riches", ‘’pays développés", "pays démocratiques". Tous les dirigeants, après le sommet de Bruxelles racontent, de retour, à leur peuple, qu'ils sont les meilleurs. En attendant, dans 6 mois, ils se rendront compte que tout cela ne suffit toujours pas, que même tout le cash chinois de 3.200 milliards de dollars ne sera jamais suffisant pour les sauver du gouffre financier dans lequel ils sont.
Ce que l'Europe n'a toujours pas compris, parce que trop occupée à tirer les ficelles en Afrique, c'est que comme dans la forêt africaine, chaque insecte, chaque animal, aussi grand soit-il, a son propre prédateur. Elle a oublié pendant trop longtemps cette règle simple de la survie animalière et cela lui tombe sur la tête aujourd'hui et par conséquent, elle n'a malheureusement développé aucun anticorps pour freiner le fauve qui a frappé à sa porte. Les successifs rafistolages sur la Grèce, les discours génériques pleins de bonne volonté des politiciens sans aucune vision de l'avenir sont là pour prouver que rien ne leur passe dans la tête pour venir à bout de la désertification industrielle en cours, que leur tout nouveau prédateur, la Chine, leur a imposée.
La bonne nouvelle pour l'Afrique, c'est qu'après 500 ans, il y a finalement un prédateur sur la scène internationale pour tenir sous contrôle nos prédateurs traditionnels. Pour la première fois de son histoire moderne, l'Afrique commence à souffler. L'Afrique commence à voir en positif son avenir. Et ce ne sera pas l'assassinat programmé de tous les dirigeants africains qui ont refusé de s'incliner qui sauvera l'Europe des griffes chinoises, puisqu'elle n'est plus maîtresse de son propre destin.
L'Afrique ne peut que profiter de cette nouvelle donne pour frayer son passage vers le vrai développement humain. C'est ce qui est en train de se passer dans plusieurs pays africains comme l'Angola qui, devenant le tout premier partenaire chinois sur le continent africain, avec 20 milliards de dollars d'échange en 2010, est passé en 5 ans de pays exportateur de coton à pays importateur du même coton pour alimenter ses nombreuses industries naissantes d'habillement.
* Jean-Paul Pougala est un écrivain d’origine camerounaise, directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégiques et professeur de sociologie à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse.
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