Afrique : Des défis anciens mais une lutte renouvelée en faveur du changement

La montée du chômage et l’insuffisance des services publics, dans un contexte de crise économique et financière mondiale, poussent les forces sociales à se rebeller un peu partout en Afrique. Pour les travailleurs et les travailleuses, ainsi que les pauvres, il ne saurait être question de se soumettre aux diktats des marchés qui voudraient que ce soient les peuples et les pauvres qui paient le prix du sauvetage des économies, au travers de la réduction des dépenses sociales.

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L’Afrique a récemment été au cœur de l’attention mondiale car les actions citoyennes ont plus que jamais mis en exergue la nécessité du changement et de la justice sociale. C’est particulièrement en Afrique du Nord que les luttes ont été les plus spectaculaires et que l’on a le plus entendu la clameur et perçu les actions des jeunes hommes et femmes qui sont apparus comme des acteurs incontournables du changement. Pour l’essentiel, ils revendiquent les aspects fondamentaux inhérents au droit des peuples à vivre et à travailler dans la dignité et la pleine liberté.

Le problème croissant du chômage sur le continent, auquel s’ajoute l’insuffisance des services publics qui se tarissent, compose une situation exacerbée par la crise économique et financière mondiale qui a encore accru les privations et la souffrance des populations. Les travailleurs et les travailleuses expriment leur désenchantement devant l’ampleur de l’échec des efforts en faveur d’un véritable développement en Afrique, presque exclusivement à cause de gouvernants faibles et hypocrites. Les travailleurs et les travailleuses, ainsi que les pauvres, s’opposent vigoureusement aux diktats des marchés qui voudraient que ce soient les peuples et les pauvres qui paient le prix du sauvetage des économies, au travers de la réduction des dépenses sociales, ce qui ne peut qu’intensifier la pauvreté.

Pendant ce temps, l’on fait confiance à la démocratie comme vecteur de changement susceptible de mettre les communautés et les populations sur la voie du progrès et d’un plus grand bien-être. Cette conviction a été au cœur des luttes renouvelées que l’on a pu observer dans tout le continent. Cependant, ces luttes comportent des défis variés et réveillent la réaction virulente des gouvernements, des employeurs ainsi que d’autres forces qui ont tout intérêt à maintenir le statu quo. Par exemple, la paranoïa exacerbée de certains cercles gouvernementaux en Afrique a déclenché le déploiement des forces chargées d’étouffer les mouvements de protestation légitimes et pacifiques. Ainsi, au Malawi, en Afrique du Sud, au Nigeria, au Burkina Faso ou encore au Sénégal, les forces policières et de sécurité ont tiré sur des manifestants sans défense, dont certains sont morts et d’autres ont été blessés, voire mutilés.

Les syndicats africains et leurs membres, tout comme d’autres défenseurs des droits humains ainsi que des journalistes, ont aussi été victimes d’attaques verbales, physiques et psychologiques d’intensité croissante. Dans certains cas, comme en Éthiopie, en République centrafricaine ou au Rwanda, ces attaques peuvent passer par l’adoption de dispositions juridiques qui interdisent à de nombreux travailleurs et travailleuses de constituer des syndicats de leur choix ou d’y adhérer.

Cette année encore, le droit de négociation reste nié, supprimé et réprimé, comme on l’a vu au Kenya, au Togo et en Guinée. C’est par exemple le cas du secteur hospitalier, des services d’approvisionnement en électricité et en eau et du contrôle du trafic aérien. Les grèves y sont soumises à des restrictions, voire interdites.

Voir le Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI afin d’y inclure des services qui n’ont rien d’essentiel a été l’une des stratégies antisyndicales de prédilection auxquelles doivent faire face les syndicats du Ghana, du Nigeria, du Botswana et de l’Ouganda, pour ne citer que ceux-là.

L’insuffisante reddition de comptes, le déni de justice ou les retards dans le traitement des affaires liées aux violations des droits syndicaux ou d’autres droits humains contribuent au renforcement de l’impunité. Les nombreux meurtres commis par les forces de sécurité durant les différentes actions de protestation n’ont pratiquement donné lieu à aucune enquête, et ceux qui s’en sont rendus coupables ne sont pas poursuivis. La sécurité des journalistes et des employés des médias est un autre sujet de préoccupation grandissant, car leur contribution est vitale pour la survie de la démocratie et la poursuite des aspirations des peuples africains au développement.

En dépit de ces défis, les travailleurs et travailleuses d’Afrique poursuivent inlassablement leur action en vue de défendre, de protéger et de promouvoir leurs droits syndicaux et d’autres droits humains !

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS



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** Kwasi Adu-Amankwah, est secrétaire général de la Confédération syndicale internationale-Afrique

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