Assassinat de défenseurs de Droits de l’homme au Kenya
Ce soir (Ndlr : 5 mars), deux défenseurs des droits humains, M. Oscar Kamau King'ara et M. Jean-Paul Oulu (également connu sous le nom de GPO), tous les deux membres de la Fondation, ont été exécutés de sang-froid par un groupe d'hommes qui étaient dans deux véhicules. Ils étaient en route pour rencontrer M. Kamanda Mucheke, membre de la Commission Nationale Kenyane des Droits de l'Homme à son bureau.
Des témoins oculaires ont déclaré que les assassins étaient des policiers. En fait, le conducteur du minibus portait un uniforme de la police. Un témoin sur les lieux, également blessé à la jambe, a été ensuite évacué de la scène par des policiers. Nous demandons à la police de révéler l'endroit où se trouverait cet homme, dans la mesure où il pourrait être le seul qui puisse identifier les assassins et leurs véhicules. Par conséquent, nous craignons pour sa vie.
Oscar était un avocat et un défenseur des Droits de l'Homme, directeur de la Fondation Oscar. Il était membre de la Law Society of Kenya. M. GPO Oulu est un ancien leader du mouvement étudiant, et un éducateur qui a travaillé pour de nombreuses organisations des Droits de l'Homme, y compris le Youth Agenda. Il a récemment quitté, Youth Agenda pour rejoindre la Fondation Oscar où il était chargé de la Communication et des activités de plaidoyer.
La Fondation Oscar est un organisme de bienfaisance régulièrement enregistré, qui offre des services juridiques gratuits pour les pauvres. Certains de ses grands projets porte notamment sur l'organisation de caravanes pour offrir une aide juridique gratuite aux pauvres à travers le pays. La Fondation a une longue expérience en matière de recherches sur la corruption dans les forces de police, dans les prisons et sur les brutalités policières contre les populations urbaines pauvres. La dernière activité qu’elle a menée a été la recherche et la documentation des cas de disparitions forcées et d'exécutions extrajudiciaires.
La Fondation Oscar a été une source majeure d'information pour Parlement sur la lecture des atrocités commises contre les pauvres dans le pays. Le 18 février, 2009, avant que le Parlement ne débatte de la motion sur les exécutions extrajudiciaires, les conclusions de la Fondation Oscar sur les exécutions extrajudiciaires en cours avaient été présentées à l'honorable Peter Mwathi, porteur de la motion.
Leur dernier engagement avec le Parlement a été, il y a quelques jours, une présentation faite à la commission d'enquête Kioni qui fait des investigations sur les bandes organisées. Nous croyons qu'ils ont été tués à cause de la sensibilité des informations qu'ils ont partagé avec le professeur Philip Alston, rapporteur spécial des Nations Unies sur les Droits de l'homme, et avec les députés.
Là où nous en sommes aujourd'hui au Kenya, est pareil à la situation dans laquelle se trouvaient les Juifs étaient dans l'Allemagne nazie, peu avant l'Holocauste. Les nazis avaient mené une campagne de dénigrement pour pousser les populations à nourrir une haine des Juifs et permettre leur extermination. Au cours de l'état d’urgence sous le gouvernement colonial, des collaborateurs étaient recrutés pour commettre des atrocités dont les responsabilités étaient rejetées sur les Mau Mau pour les diaboliser et pouvoir les exterminer.
Nous tenons le porte-parole du gouvernement, Alfred Mutua, pour complice dans les deux meurtres sauvages, suite aux allégations qu’il a faites, selon lesquelles la Fondation Oscar était un front de la société civile pour Mungiki et qu'ils allaient y faire face.
Que sait-il de l'assassinat ? Est-ce ce qu'il voulait dire en parlant de la Fondation Oscar ? En présentant nos condoléances aux familles des défunts, nous leur assurons, ainsi qu’à la nation, que leur mort ne sera pas vaine.
* Signé par la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya et d'autres organisations de la société civile
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