Bozizé rattrapé par ses intrigues : A qui le prochain tour ?

Depuis son exil, François Bozizé doit méditer sur son avenir compromis par un passé tumultueux. Le coup d’Etat qui l’a déposé loin d’être digéré, la justice centrafricaine vient de lancer un mandat d’arrêt international contre lui pour crime de guerre et contre l’humanité. De quoi refroidir l’activisme de ses proches et surtout le mettre à l’étroit. Mais Bozizé ''out'', l'on est en droit, d'autres bandits à-col-blanc continuant de courir, de se demander à qui le prochain tour?

L’ancien homme fort de Bangui est en train de broyer du noir. Deux mois seulement après avoir été déposé par la Séléka, il voit la justice centrafricaine s’y mettre, elle aussi. Le 29 mai dernier, le procureur de Bangui, Alain Tolmo, a lancé un mandat d’arrêt international contre lui pour crimes contre l’humanité et incitation au génocide.

Selon les autorités centrafricaines, c’est depuis le 2 mai dernier que la procédure a été enclenchée sur la base ‘’des informations factuelles, détaillées, précises, contenues dans les prescriptions écrites du ministre de la Justice’’, lequel a donné des instructions au parquet général pour ordonner l'ouverture d'une enquête contre M. François Bozizé et ses proches, notamment Yangouvonda.

Le président centrafricain déchu ne pouvait pas se trouver dans une aussi mauvaise posture. Car, toujours selon les autorités de Bangui, les faits qui lui sont reprochés sont très graves et entrent dans le cadre des compétences de la Cpi. Par ailleurs, d’autres mandats d’arrêts sont en cours d’émission et l’hôte de Biya sera également poursuivi pour assassinats, séquestrations et arrestations arbitraires entre autres.

Comme on peut le constater, à moins d’un miracle, la justice centrafricaine vient d’ouvrir grandement la voie de la Cpi à Bozizé. Non seulement, il lui est reproché des faits graves, qui le placent en situation d’être jugé par son pays, mais, en plus, Alain Tolmo l’inculpe pour des crimes relevant du statut de la Cour pénale internationale.

Rattrapé par ses intrigues, on ne peut mieux dire, l’ancien chef de l’Etat centrafricain, qui avait bec et ongles œuvré pour la mise en accusation de Jean Pierre Bemba par la Cpi, doit être à l’étroit. Son asile provisoire au Cameroun risque de ne pas peser lourd et d’être remis en cause avec des poursuites judiciaires aussi graves (Ndlr : Bozizé a quitté le Cameroun pour aller au Kenya). Surtout que les soutiens doivent commencer à se faire rare !

Pour une personne déjà infréquentable alors qu’il était au pouvoir et que seul le Cameroun a accepté d’accueillir, il lui sera difficile d’échapper au rouleau compresseur des autorités centrafricaines déterminés à en découdre avec lui. En plus, l’activisme de son camp, après son éviction, et sa volonté de revenir au pouvoir par les armes ont ému au plus haut point plusieurs capitales d’Afrique centrale, Ndjamena notamment qui avait prié Yaoundé de l’envoyer ailleurs.

A QUI LE TOUR ?

Bozizé en route (?) pour la Cpi, les regards se tournent vers son allié Joseph Kabila. Auteur de nombreux assassinats d’activistes congolais, notamment de Floribert Chebeya, et de journalistes, mais aussi des massacres des populations civiles à l’Est de la Rd Congo, comme à Tingi Tingi, les Congolais ne rêvent que d’une chose : sa mise en accusation par la Cpi.

A l’instar de Joseph Kabila, candidat naturel de la Cpi, Paul Kagamé et Yoweri Museveni, seigneurs de guerre des Grands lacs, devraient normalement suivre si la Cpi veut être logique avec son statut. Joseph Kabila, comme son frère Kagamé et son beau-frère Museveni, ont fait l’objet de nombreux rapports internationaux pour leurs implications dans des crimes, massacres et génocides.

Car, si la Cpi veut se montrer crédible, elle doit mettre un terme à l’image qu’elle traîne de ‘’justice à deux vitesses et surtout à la solde des Occidentaux’’. Lors du dernier somme de l’Ua, elle a été prise à partie pour sa ‘’partialité supposée’’. Fatou Bensouda avait fait réagir son cabinet. Mais, au-delà d’une simple opération de communication, les Africains, victimes d’odieux crimes, souhaitent des actes.

La Cpi, comme elle l’a fait avec le président kenyan Kenyatta, doit s’attaquer aussi à d’autres criminels à col-blanc qui sont au pouvoir et dont les actes au quotidien se traduisent par la barbarie et la négation de la vie de leurs citoyens. Elle ne peut plus se contenter de s’attaquer à certains, considérés comme des maillons faibles, et épargner d’autres. Surtout ceux sur qui pèsent des crimes de génocide. Visez donc !

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** Mohamed Mboyo Ey’ekula est journaliste congolais

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