Chávez, le socialisme et l’urgente nécessité de résister
Ce numéro de Pambazuka News fait à nouveau place à la mémore de Hugo Chávez, feu le dirigeant révolutionnaire socialiste du Venezuela, que, sans aucun doute, l’Occident capitaliste et ses acolytes voudraient oublier au plus vite. Mais cela n’arrivera pas. Chávez est un héros aux yeux de beaucoup de monde. Ne serait-ce que parce qu’il pouvait nommer le diable quand il le voyait…
Dans un monde saturé de propagande étatique, Chávez se distinguait parce qu’il rappelait avec constance et vigueur, aux voleurs et aux oppresseurs qui se présentent comme des hommes d’Etat dans le monde, qui ont perfectionné l’art diabolique d’alimenter leurs citoyens d’espoirs fumeux, qu’il est possible de gérer autrement les affaires publiques pour le bien du peuple.
Chávez a montré que le socialisme fonctionne au 21ème siècle. Il est une inspiration pour les peuples et les mouvements progressistes partout où il y a des gens qui luttent pour arracher le pouvoir aux classes hégémonistes et pour restaurer la dignité humaine.
Ecrire sur Chavez, bien plus qu’une expression sentimentale de gratitude pour son courage et sa vision, est une réflexion pour faire progresser la lutte socialiste anti-impérialiste. Cela devrait induire une réflexion approfondie et renforcer la détermination de ceux engagés dans la création d’un monde meilleur.
Aujourd’hui, le discours dominant concernant la politique dans le sud global tourne toujours autour de "la bonne gouvernance". Les prêtres en chef de cette doctrine prêchent que tout ce qui est requis pour que la population bénéficie d’une vraie liberté, de l’égalité et d’une vie meilleure, c’est l’application d’une série de "réformes" démocratiques, même quand la preuve est faite que ces "réformes" n’ont pas porté de fruits significatifs dans les pays considérés comme des démocraties prospères.
Les travaux de Chávez durant ses quatorze ans au pouvoir au Venezuela ont mis à mal le mythe de la "bonne gouvernance". C’est un appel pour que partout les gens s’organisent et combattent en vue d’aller vers des changements fondamentaux dans les rapports de pouvoir.
Mais que diraient les critiques du socialisme d’Etat, en particulier les anarchistes, de Chávez ? Il y a des limites à ce qui peut être fait pour et avec le peuple- et il y a toujours le grand risque d’une dérive vers le despotisme- comme en témoignent les anciens Etats socialistes en Afrique et ailleurs dans le monde. Chávez aurait-il pu faire plus au cours de ces 14 années sans les contraintes de l’Etat ? Avons-nous toujours besoin de ce monstre hiérarchique et autoritaire, dont les prémisses sont la soi-disant démocratie représentative (fondamentalement un cycle d’élections souvent truquées) et qui a son propre agenda, non par volonté populaire, mais par des lois, des Cours de justice, des prisons, la police et d’autres instruments de coercition qui visent les pauvres.
Nous avons publié d’autres articles sur ce sujet qui ne concernaient pas Chávez. Toutefois, ils explorent le même thème du pouvoir du peuple.
Par exemple, Philip Rizk, qui de toute évidence a observé avec désespoir les nouveaux "pharaons" d’Egypte consolider leur pouvoir et piétiner les aspirations de la révolution contre Moubarak, suggère avec aplomb que le temps est probablement venu de déchaîner la violence révolutionnaire afin d’amener les changement durables et désirés.
Si vous êtes surpris par cet appel haut et clair à un engagement plus radical contre les forces au pouvoir, alors vous ne devez pas manquer l’article de Carlos Martinez marquant le 20ème anniversaire de l’assassinat de Chris Hani, le chef de la lutte armée populaire contre l’Apartheid en Afrique du Sud. Sa compréhension de la violence révolutionnaire est substantielle.
Le destin a voulu que l’assassinat de Hani et celui du révéré Martin Luther King, icône des droits civiques des Noirs, ont eu lieu dans ce même mois d’avril à 25 ans d’écart. Lors de commémorations du meurtre du Dr King, Ajamu Baraka soulignait qu’au fil des années le gouvernement américain s’est efforcé de dissocier King du mouvement noir pour la justice sociale - dont il est issu - pour transformer son opposition en un rêve tiède, libéral et intégrationniste.
Il n’est pas surprenant que ce projet diabolique a eu cours dans de nombreuses parties de l’Afrique pendant des décennies. Les versions officielles concernant les héros panafricanistes et les dirigeants nationalistes sont souvent tellement diluées que leurs pensées radicales sont presque inconnues du grand public. Ceci pour éviter que ces récits inspirent de nouvelles résistances à l’oppression et au confort obscène des classes privilégiées.
Ce projet semble avoir beaucoup trop bien réussi en Afrique et dans le sud global, parce que trop de gens ne voient pas la dimension politique de la pauvreté et de l’oppression autour d’eux. La population semble avoir conclu que sa misérable place en bout de table, en dessous de l’élite prédatrice qui s’empiffre des richesses du pays, est la volonté de Dieu.
Non, ce n’est pas la volonté de Dieu. Ceci est la preuve criante du grand pillage et de l’exclusion par ceux au pouvoir.
L’esprit de résistance contre ce déplorable état des choses doit être réveillé parmi les opprimés, et attisé là où il existe déjà. De plus en plus de gens, en particulier la jeunesse, doivent être radicalisés. Construire et renforcer les mouvements populaires pour casser l’emprise du 1% est urgent.
Tel est le legs de Hugo Chávez aux peuples du Sud. Tout est là dans sa lettre de février 2013 à l’Afrique qui montre la lucidité de sa pensée et son adhésion passionnée à ses convictions malgré la douleur de sa maladie terminale.
Citant Simon Bolivar, le héros révolutionnaire, Chávez disait :"Nous ne pouvons rien attendre que de nous-même". Là ! Osez résister à l’oppression aujourd’hui !
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** Henry Makori est rédacteur à Pambazuka News – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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