Décès de Tajudeen : Un géant du panafricanisme est tombé

En hommage à Tajudeen Abdul Raheem qui vient de décéder, Pambazuka News dédie ce numéro à ce géant du panafricanisme dont la vie et les travaux en ont inspiré plus d’un. Suite à son décès tragique dans un accident de voiture le 25 mai, Pambazuka a reçu un déluge de courrier provenant de tous ceux qui veulent lui rendre hommage et saluer une dernière fois ce colosse de la libération africaine. En sa mémoire, le rédacteur en chef de Pambazuka, Firoze Manji, reproduit ici les innombrables messages qu’il a reçus suite au décès de Tajudeen.

Ce qui suit est un extrait des réactions de centaines de personnes à Tajudeen Abdul Raheem depuis la tragédie de sa mort accidentelle.

Tajudeen a été tué dans un accident de voiture à Nairobi, le 25 mai 2009, le jour où l’on commémore la libération de l’Afrique. Il se rendait à l’aéroport pour prendre l’avion à destination du Rwanda où il devait s’entretenir avec le président, pour discuter des campagnes concernant la mortalité maternelle. Il laisse derrière lui une famille, Munira et ses deux filles Aida et Aicha. Leur épreuve, et peut-être aussi leur réconfort, est qu’elles doivent partager leur perte avec des milliers d’autres qui considéraient Taju comme un membre de leur famille.

Comme l’écrivait Emmanuel Akwwetey dans son hommage :’’ La marque de Taju est gigantesque et il a choisi de non seulement nous marquer nous, mais de laisser son empreinte sur toute l’Afrique’’. ‘’L’Afrique a perdu un de ses plus grands géants impliqué dans la lutte pour les Droits de l’Homme, la justice et la démocratie sur tout le continent. Vous avez mené le bon combat et vous avez laissé une empreinte considérable’’, a déclaré Omano Edigheji du Human Sciences Research Council. ‘’ Il a été un géant quelque soit l’aune à laquelle on le mesure. Il a été véritablement engagé dans la libération de notre continent. Peut-être et après tout, ce n’est pas une coïncidence qu’il soit mort le jour commémorant la libération de l’Afrique’’, a dit Demba Moussa Dembélé.

‘’Tajudeen a maintenu la torche universelle du panafricanisme allumée’’ écrit Issa G. Shivji. ‘’Si je dis universel, c’est parce que pour Tajudeen le panafricanisme ne concernait pas seulement l’Afrique subsaharienne ou l’Afrique noir, ou musulmane ou chrétienne ou Yoruba ou Ogoni. Il était véritablement panafricaniste. Il ne voulait pas se soumettre au culturalisme ou à ce que Nyerere a décrit comme ‘’ ces divisions territoriales causées par les vautours impérialistes’’, poursuit-il.

Pour nous tous, il est difficile de croire à sa mort et nous errons dans un brouillard d’incrédulité.

‘’ J’ai eu beaucoup de mal à trouver les mots pour exprimer mon chagrin et le sentiment de perte que j’éprouve depuis que mon plus cher ami Tajudeen a quitté ce monde’’, confie Patricia Daley.

‘’ Je ne peux juste pas croire cela… Juste je ne peux pas. Je ne peux pas accepter qu’il nous ait quitté quand il reste tant à faire, tant de situations où son regard particulier et sa sagesse toujours inspirée par son orientation et sa volonté de voir l’Afrique reconquérir sa dignité, étaient essentiels. Sa voix ne doit pas quitter l’Afrique parce qu’elle n’a pas de substitut. Difficile de trouver un autre Tajudeen parmi nous. Mon frère, mon frère, mon frère… Tragique nouvelle insupportable et notre perte à nous tous, pas seulement à sa famille, mais à toute l’Afrique’’, écrit Mammo Muchie

Pauline Wynter et Jacques Depelchin : ‘’Trop douloureuse pour être décrite sera votre absence… Trop de choses vont nous manquer. Votre usage magique des mots à des moments comme celui-ci, lorsqu’il faut se battre pour des idées immortelles.’’

Onyekachi Wambu : ‘’Je ne peux toujours pas croire que quelqu’un d’une telle vitalité et si vivant soit parti’’.

David Johnson : ‘’ Du Cap au Caire, de Mombasa à Dakar, de Port of Spain à Londres et au-delà, notre douleur dit la magnitude de sa contribution’’

Mais au travers du rideau de nos larmes, nous commençons à reconnaître la dimension de l’homme que nous avons perdu. Une de mes anecdotes préférées concernant Tajudeen a trait à sa candidature de doctorant à l’université d’Oxford, dans le cadre des programmes de Rhodes Scholarship. Défiant sans faiblir le protocole universitaire, Tajudeen a insisté pour se présenter aux entretiens et aux examens en habit traditionnel et a défié ceux du comité de sélection de trouver quelque chose à redire à ses vêtements arguant qu’il n’avait pas être associé à une impérialiste aussi notoire que Cecil Rhodes !

Baba Aye du Socialists Workers Mouvement : ‘’La chute d’un tel colosse équivaut à la perte de milliers de généraux’’.

Gavin Williams : ‘’ Je suis choqué et attristé par la perte soudaine d’un ami et d’une homme intègre et engagé comme Taju l’a démontré dans sa pratique politique’’.

Godwin Murunga : ‘’ Un défenseur de l’Afrique dont la passion était empreinte d’humanité, un dirigeant dont la nationalité n’avait aucune importance, qui ne revendiquait que la nationalité panafricaine’’.

Walter Turner, Host, Africa Today, KPFA Radio : ‘’C’est un champion endurant de la libération africaine’’.

Ezra Mbogori, fondation Akiba Uhaki : ‘’ C’était une communicateur hors pair, un conteur, et là où le besoin se faisait sentir, un agitateur, le sympathisant et en dernier recours, l’Africain qui connaissait la solution à tous les problèmes. Il nous exhortait à ne pas nous tourmenter mais à nous organiser… Et comme nous le savons tous, il a organisé tout, jusqu’au terme de sa vie’’.

Mama Koité Doumbia (FEMNET) : « Je lui rend un hommage particulier pour son engagement et sa vison pour l'Afrique . Nous avons travaillé ensemble pour organiser le Forum de la Socéité Civile Africaine en 2007 à Addis Abeba. J'ai été impressionnée pour ces critiques mais aussi son ambition pour l'Afrique . C’est avec les larmes aux yeux que j'écris ce message. Il était un ami et un camarade de lutte surtout dans la promotion des OMD, engagés ensemble dans cette Campagne de lutte contre la pauvreté ».

Michael O. West : ‘’ Il avait le don d’ubiquité pour sa quête de la libération de l’Afrique. Son extraordinaire énergie, sa grâce sans faille, son optimisme contagieux vont nous manquer grandement. Beaucoup ont tenu des théories à propose du panafricanisme, et la théorie c’est bien mais sans actions, c’est inutile. Or la théorie et la pratique du panafricanisme a trouvé une synthèse parfaite en Tajudeen’’.

Yusuf Hassan : ‘’ Tajudeen était un personnage complexe ; un camarade, un père aimant, un unificateur et un intellectuel brillant et, par-dessus tout un panafricaniste engagé. Il a apporté de la vigueur et insufflé un sens de l’urgence dans toutes les causes progressistes qu’il a épousées. Un personnage hors norme et charismatique, il avait une présence forte et imposante, usant d’esprit décisif et de sa voix puissante pour formuler les droits des dépossédés et des miséreux en Afrique et dans la diaspora. Tajudeen était un optimiste né, un messager d’espoir. Il n’a jamais perdu sa foi en la capacité des peuples africains de transformer leur vie et contrôler leur destinée. Il était sur la ligne de front dans la quête africaine pour le changement politique, économique et social et a combattu sans peur pour une Afrique libre et unie’’.

Fatma Alloo : ‘’ Sa vivacité, sa joie, la clarté de ses pensée dans les circonstances les plus difficiles, son esprit de justice et sa volonté de combattre l’injustice’’.

Tajudeen a été un critique acerbe et sans peur de l’hypocrisie, quelque chose que beaucoup ont mentionné :

Ambassadeur Ahmed Haggag, secrétaire général de l’Union africaine : ‘’ Il a réussi à nous secouer, nous autres diplomates et politiciens pour nous extraire de la mentalité des salles de conférence lorsque discutons de questions africaines’’.

Nii Akuetteh : ‘’ L’homme a reçu en partage des dons prodigieux : une intelligence formidable, l’éloquence, la clairvoyance, une audace énergique, la confiance, le sens de l’humour et talents d’acteurs non négligeables. Sans omettre ses compétences en matière d’écriture et beaucoup d’autres choses’’.

David Johnson : ‘’ Il remplissait la pièce avec son énergie, son intelligence aiguisée et la plus redoutable des armes dans une lutte, l’humour’’.

Segun Adeyi : ‘’ Digne de confiance, responsable, audacieux et sans peur, le champion des opprimés et des humiliés, amical, humain, hautement intelligent, chaleureux et honnête dans ses opinions’’

Wangui wa Goro : ‘’ Un personnage hors norme, riant et parlant bruyamment en tous lieux’’.

Kumi Naidoo : ‘’ Il a déploré la ‘’ solidarité rémunérée’’ du Nord et la culture ‘’ des protestations au per diem’’ qui prenaient racine en Afrique et ailleurs dans le Sud’’.

Dani Wadada Nabudere : ‘’…Sa croisade en faveur du panafricanisme et de l’unité des peuples africains’’.

Ebrima Ceesay : ‘’ Chaleureux, éloquent, des talents oratoires, de l’intelligence, de l’énergie, du bon sens, de l’humour’’.

‘’ Nous avions invité Taju à prononcer un discours au centre de Basic Research’’, écrit Mahmood Mamdani titulaire de la chaire de Herbert Lehman en Gouvernance, à la Columbia University de New York. ’’ Il a ouvert les feux en lançant des accusations amères à l’encontre des dirigeants africains post indépendance.’’ ‘’Si un bateau américain abordait dans le port de Lagos aujourd’hui, avec une grande bannière annonçant que ceci est un bateau d’esclaves pour l’Amérique, il y aurait des queues sur les quais, formées par des millions de Nigérians qui voudraient prendre ce bateau’’, lança-t-il. Ceci était Taju tout craché : pas de temps pour les formalités ou les plaisanteries, le temps imparti est bref…

Mon souvenir le plus fort de Taju est son éternel optimisme, la détermination que c’est possible d’avancer quelque soit les obstacles et que la preuve du génie réside dans sa capacité de construire avec les matériaux à disposition, de passer de la théorie à la vie réelle. Il a rompu définitivement avec ‘’ la théorie d’abord’’ de ses vieux camarades. Taju ne respectait aucune règle, aucun commandement, aucune limite exceptés ceux dictés par le terrain. Il savait travailler avec tout le monde, que ce soit un gouvernement, les Nations Unies ou les ONG. La valeur de sa relation à l’autre ne reposait pas sur son identité mais bien plutôt de la réponse à la question ‘ Qui tire les ficelles ?’. Il est bon de se souvenir de tous ses discours qui finissaient avec ‘’ Ne vous tourmentez pas, organisez !’’

Nombreux sont les hommages qui témoignent de l’extraordinaire combinaison du personnel et du politique :

Roselynn Musa : ‘’Taju était toujours serviable, joyeux, et, juste il était bon. On pouvait dépendre de lui en tout temps. Nous nous souviendrons toujours de lui : audacieux, une personne heureuse qui nous a toujours faire réfléchir, rire et agir’’.

Sylvie Aboa-Bradwell, Centre for Democracy and Development : ‘’ Nous sommes fièrement perchés sur un rare baobab africain. Charisme, vivacité et intégrité jaillissent de lui comme l’eau de Mosi-oa Tunya. Sa présence inoubliable, sa sagesse et sa brillance sont nos guide pour toute la vie’’.

Georges Nzongola- Ntalaja : ‘’ J’en suis à avoir le plus grand respect pour lui, pour son intégrité intellectuelle, ses analyses brillantes de la situation fâcheuse de l’Afrique et de son engagement sans faille pour la cause du panafricanisme. Sa vie et son travail exemplaires doivent rester un phare pour les générations présentes et futures pour tous les Africains engagés à mettre les richesses naturelles de notre continent au service des aspirations les plus profondes de nos peuples’’.

Deborah Bryceson : ‘’Ses analyses incisives et son esprit aiguisé manqueront gravement au lecteur de Pambazuka. Taju était un de ces personnages qui illuminait toue les manifestations auxquelles il participait’’.

Alastair Roderick : ‘’Nombre de personnes ont cité son appel bien connu ‘’ Ne vous tourmentez pas !!! Organisez !!! (La ponctuation est délibérée). Même cette passion émerveillée, sa droiture et son refus d’accepter les épreuves de l’Afrique -ou les siennes propres- comme irrémédiables se résume pour moi dans une autre de ses phrases ‘ Rien pour moi sans moi’’.

Plusieurs personnes ont commenté son engagement pour la lutte des droits des femmes :

Solome Nakaweesi Kimbugwe, pour Akina Mama wa Afrika : ‘’ Son combat sans relâche et sa contribution pour la justice en Afrique et pour les femmes africaines dans un effort global de lutte contre la pauvreté et l’injustice mérite des louanges. On se souviendra particulièrement du Dr Tajudeen Abdul Raheem, de son franc parler et de son leadership affirmé lors des campagnes en faveur de la justice globale, de la bonne gouvernance et pour ce que nous représentons à Akina Mama wa Africa. Les femmes africaines se souviendront toujours de celui qui les encouragées et soutenues dans leur lutte pour leurs droits lorsqu’elles cheminaient sur la voie de l’éradication des inégalités et les tenants du patriarcat sous toutes formes’’.

Stella Mukasa, Ouganda : ‘’ Taju avait compris qu’il ne pouvait y avoir de libération de l’Afrique sans libération des femmes. Il quitte la scène à un moment où nous avons besoin de plus de gens comme lui… et ils sont si difficiles à trouver’’.

Fatoumata Touré : ‘’ Merci Taju d’avoir pris la défense des femmes africaines. ‘’ Oui Jjaja’’ avait-il dit’’ les femmes ne devraient pas perdre la vie en donnant la vie’’ Même dans mes rêves les plus fous je n’aurais pu imaginer que notre conversation finale porterait sur la vie et les droits. Ô Taju que vous puissiez perdre votre vie en luttant pour le droit des femmes à la santé, rendre votre souffle dernier le jour qui commémore la libération de l’Afrique’’.

Doreen Lwanga : ‘’Il a été l’inspiration de la lutte pour la libération de l’Afrique et l’unité africaine et ma vie professionnelle’’.

Fatoumata Touré : ‘’ Il pensait toujours à une alternative lorsque la majorité nous avait poussé dans une impasse. Ne s’avouant jamais vaincu, il avait l’habitude de citer Amilcar Cabral : ‘’ ne revendiquez pas des victoires faciles, ne mentez pas’’.

Même ceux qui n’avaient jamais eu la bonne fortune de rencontrer Tajudeen en personne, parlaient de ce géant en terme élogieux :

Henning Melber : ‘’ Bien que je n’aie pas eu le privilège de le rencontrer personnellement, il a été une étoile fixe dans mon firmament personnel’’

Sokari Ekine : ‘’Un grand homme a disparu, mais il nous laisse des milliers de mots avec lesquels réfléchir sur notre Mère Afrique : AGIR, FAIRE et PARLER. C’est ce que Tajudeen faisait et nous devrions suivre le chemin qu’il a tracé, maintenant plus que jamais. »

Tumusiime Kabwende Deo : ‘’ Je ne connais pas Tajudeen personnellement, mais je suis un admirateur silencieux du charisme qui lui permettait de garder un doigt sur la clavier pour informer, éduquer et distraire les lecteurs ougandais en particulier et d’Afrique et dans le reste du monde en général’’.

Comment honorer sa mémoire ?

‘’ Que pouvons-nous faire en mémoire de ce grand patriote de notre Afrique ? Nous allons le pleurer pendant longtemps. Mais quand nos larmes auront séché, pourrions-nous entreprendre quelque chose en son nom ?’’, demande Akwasi Aidoo de TrustAfrica.

L’ambassadeur Ahmed Haggag, Secrétaire général de l’Union africaine : ‘’…Puis-je humblement proposeer de créer un prix annuel africain ‘’ Tajudeen’’ qui pourrait être décerné à une personne dont un comité estimerait qu’elle a rendu de grands services à la cause du panafricanisme’’.

Baba Aye, Socialist Workers' Movement : ‘’ … l’immortaliser en rassemblant tous ses écrits afin de les rendre largement accessibles pour la génération montante des socialistes et des militants panafricains. »
‘’Sun re o, egbon Taju…sun re.'’

Nii Akuetteh : ‘’ Que chaque ONG recrute de nouveaux militants (au moins un ou autant que la capacité le permet) qui serait les Tajudeen Fellows. Les enseigner et les former afin qu’ils deviennent des militants brillants. Au cours de leur formation, il est essentiel que chacun découvre un des défis majeurs de l’Afrique globale. Toutefois, ayant découvert problèmes et défis, ils ne doivent pas se tourmenter mais organiser’’.

Nana Busia : ‘’…commencer à réfléchir à une stratégie afin qu’au sommet de l’UA et d’ECOWAS, Taju soit déclaré un héros africain de notre temps’’.

Ronald Elly Wanda : ‘’ Ses efforts infatigables pour promouvoir la justice sociale et politique en Afrique seraient le mieux honorés en continuant à exposer les injustices existantes et faire appel à tous les Africains pour un renouveau de leur citoyenneté’’.

Salma Maoulidi, Sahiba Sisters Foundation, Tanzania : ‘’Le prof a fait sa part, vivant sa vie intensément et inspirant des multitudes d’Africains. Maintenant la balle est dans notre camp.’’

Patricia Daley : ‘’ Il ne voudrait pas d’un deuil prolongé. Plutôt il voudrait que nous nous souvenions de ses propos lors de chaque commémoration de la libération de l’Afrique-‘’Ne vous tourmentez pas, organisez’’ jusqu`à ce que le continent soit libre’’.

Emira Woods, Institute for Policy Studies : ‘’Vous me manquerez cher ami, mais nous savons bien que comme pour Biko, Nkrumah, Lumumba, Cabral, Rodney, l’esprit ne meure jamais’’.

Michael O. West : ‘’ Tajudeen a conduit, maintenant nous devons suivre ».

Mildred Kiconco Barya : ‘’ J’ai une certitude. Si on avait demandé à Taju en quel jour lointain il voudrait quitter cette terre, je suis sûre qu’il aurait souhaité que ce soit le jour de la commémoration de la libération de l’Afrique. Et aussi longtemps que la libération de l’Afrique sera célébrée, aussi longtemps nous nous souviendrons de lui. Des années durant, Tajudeen s’est engagé pour la libération et aujourd’hui, il est lui libéré de toutes ses responsabilités terrestres et embrasse étroitement la liberté qui ne l’abandonnera jamais. En un geste triste et symbolique, la libération a frappé sa propre effigie en la personne de ce géant qui s’est identifié à elle tout au long de ces années passées. Je me sens un tout petit peu consolée du fait que la mémoire de Tajudeen sera préservée, immortalisée en ce jour significatif qui reviendra chaque année. Et je prie ‘’ Va ton chemin gracieusement Taju et continue de nous éclairer. Amen ‘’.

Hakima Abbas : ‘’ Selon les mots de Thomas Sankara, Tajudeen ‘a osé inventer le futur’. Il avait une vision de l’Afrique comme elle doit être et nous a offert, avec amour, de le rejoindre afin de réaliser sa vision. Puissions-nous poursuivre sa tâche. En avant, toujours !’’

Pambazuka News est fier d’avoir eu la responsabilité d’héberger la page où les hommages à ce grand camarade, ami, combattant et chef ont afflué pour être partagé entre tous. Nous sommes heureux de continuer à recevoir vos hommages, sachant que nombreux sont ceux qui voudront écrire lorsqu’ils auront un peu maîtrisé la douleur que nous ressentons tous.

Je suis dévoré par le chagrin mais aussi par la colère : Tajudeen était célèbre pour s’élever contre l’incurie de l’élite néocoloniale. Peut-être que leur plus grave manquement a été de n’avoir rien entrepris pour juguler l’épidémie croissante des accidents de route qui sont responsables des millions de blessés et de mort en Afrique chaque année. Je ne peux pas me défaire de ce sentiment d’indignation à l’idée que leur négligence a contribué à la mort de ce héros de l’Afrique.

Pour célébrer ses écrits au cours des années, le prochain numéro de Pambazuka va republier une sélection de ses cartes postales panafricaines hebdomadaires et prévoit aussi de publier une collection imprimée en collaboration avec Justice Africa et d’autres. Nous espérons que toutes les institutions voudront bien considérer la réalisation des initiatives, afin que le combat auquel Tajudeen croyait si profondément puisse continuer. J’hésite à user d’une phrase bien connue : ‘’ A luta continua’’.

Lorsque nous nous rencontrions Taju et moi, nous déplorions le fait que nos élites avaient travesti le slogan en ‘’The looting continues’’ (ceci est une jeu de mot pour luta (portugais) qui signifie la lutte et to loot (en anglais) qui signifie piller. Note de la traduction)

Nous sommes tous incrédules, nous nous sentons même trahis, Taju, que tu nous aies quitté. Comme on le dit à propos de Hôtel California, ‘’Vous pouvez régler votre note quand vous voulez, mais vous ne pourrez jamais vous en aller’’.

* Firoze Manji est le rédacteur en chef de Pambazuka News

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