Diaspora africaine : Pour une organisation unitaire, démocratique et indépendante de la 6e région
http://www.pambazuka.org/images/articles/47fr/46801flag.jpgRépondre à la main tendue de l’Union Africaine sur une base indépendante et avec des propositions claires centrées sur nos préoccupations
La situation préoccupante concernant les détenus politiques dont certains ont disparu au Tchad, le cours politique au Kenya qui est au bord du chaos malgré les accords ay sommet, les plans de développement économique « sous-développant », l’inique et cynique dette extérieure sur fond d’une politique de « françafrique» continue, le casse-tête des négro-africains mauritaniens, les questions de migration et de discrimination auxquelles s’ajoutent celles du Darfour, du Congo, du Cameroun entre autres, procèdent de la même dynamique pour mieux s’organiser afin de répondre en temps réel et ensemble aux urgences démocratiques et aux besoins sociaux et économiques immédiats des populations, ici et là-bas.
En effet, s’il est clair que des efforts prolongés ont été consentis par nos Etats, dont la plupart sont aujourd’hui issus de régime démocratique, il reste aussi notable que les relations inégalitaires entre l’Afrique et l’Europe, combinées à une politique ostentatoire et prédatrice des différents gouvernants africains, annihilent les efforts de développement et laissent les populations dans une situation de paupérisation avancée, dont la plupart n’ont d’autres choix que les « cayocos ».
A partir de cette donnée, il importe de se poser au moins ces questions : quel doit être l’apport de la Diaspora qui pèse un milliard de francs CFA au moins par jour et par pays et dont la contribution est plus importante que l’Aide Publique internationale au Développement ? Quel type de relations entretenir avec les Etats, sans se compromettre dans des combinaisons politiciennes et quels liens tisser pour participer au renforcement organique de la « société civile » et au-delà ? Comment étoffer et développer une passerelle viable entre ici et là-bas ?
L’Union Africaine a semblé faire avancer les choses, suite à l’intégration, en février 2003, d’un nouvel article dans son acte constitutif valorisant la Diaspora. Désormais, elle : « invitera et encouragera la pleine participation de la diaspora, en tant que partie prenante de notre continent, à la construction de l’Union africaine ».
Pour resserrer les liens et donner corps à la 6ème région, mandat sera donné à l’Afrique du Sud pour cinq conférences consultatives.
Malheureusement pour la France, le choix d’avance de la plupart de ceux qui ont été ou sont aux commandes du projet, directement ou indirectement, a été plus de s’inquiéter de leur devenir que de partager les informations avec les autres organisations et les citoyens. Cela a pesé sur les mobilisations, a créé le doute et a, dans tous les cas, ralenti le nécessaire élan de la Diaspora dans sa diversité, à s’approprier en toute indépendance du projet pour une participation effective.
Mais dans un souci d’avancer ensemble et tenant compte de l’identité et de la complexité de la diaspora, qui est loin de se limiter aux seules associations ni aux seuls Africains, il serait judicieux, même si le maximum de beaucoup a souvent été notre minimum, de jeter les bases d’un compromis apte à faire émerger et consolider un socle de convergence qui permette de préserver l’unité du mouvement d’ensemble. C’est pourquoi, afin de participer enfin à la naissance d’une structure unitaire et démocratique de la 6ème région, dont les contours sont à dessiner en partant de la réalité, il n’est pas question de fonctionner par exclusion ou en s’ignorant. Il s’agit plutôt de participer aux différentes initiatives et actions qui garantissent et nourrissent les débats afin d’avancer ensemble tout en veillant aux identités des uns et des autres.
Un pas de géant sera franchi pour résoudre la difficile question organisationnelle si, quelles que soient nos ambitions, nous restions concentrés sur les préoccupations des citoyennes et citoyens de la Diaspora.
Perspectives immédiates
La Diaspora n’a pas besoin de s'émietter mais plutôt de préserver son indépendance de pensée et d'actions pour que les citoyennes et les citoyens se sentent concernés. Cela passe par gagner la bataille de l’information au-delà des associations, des syndicats et des Institutions, tous pouvant jouer un rôle de premier plan. Cela signifie, entre autres:
- participer à la réussite de toutes les réunions d’information pour la création du mouvement d’une organisation démocratique de la 6ème région, à vocation panafricaine ;
- s’impliquer dans les dynamiques de mobilisation pour assurer une plus grande visibilité de nos actions à travers des acteurs démocratiquement mandatés, qui rendent compte de leurs missions et impulsent des plans et programmes d’actions en rapport avec nos craintes et espoirs, ici et là-bas...
L’urgence ne doit pas faire céder à la précipitation. Sans nier nos différences d’opinions, restons vigilants pour ne pas être divisés afin que d’autres règnent à notre place et nous imposent ce qui est bien ou mal pour nous…
Sékou Diabaté est président de Initiatives et Actions Citoyennes pour la Démocratie et le Développement
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