Eau et reconstruction en Afrique : Un agenda pour la transformation
Les révélations sur les ressources hydriques en Afrique démentent une des thèses employées pour la domination impériale occidentale. Leur unification est une base primordiale pour l’unité africaine, avec un système de canaux reliés à des fleuves et des lacs ; une infrastructure du genre qui permet à tous l’accès à l’eau.
"En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit, et il dit: Je Te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que Tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je Te loue de ce que Tu l'as voulu ainsi" (Luc : 10.21)
L’islam attribue les qualités les plus sacrées à l’eau source de vie, nourrissante et purifiante.
"Et c'est Lui qui de l'eau a créé une espèce humaine qu'Il unit par les liens de la parenté et de l'alliance. Et ton Seigneur demeure Omnipotent". (Coran 25 :54)
Le Coran met l’accent sur sa centralité "…Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante" (Coran : 21.30).
L’eau a été l’élément qui existait avant le ciel et la terre.
"Et c'est Lui qui a créé les cieux et la terre en six jours, - alors que Son Trône était sur l'eau, -…" (Coran : 11.7)
REVELATION : D’IMMENSES RESSOURCES EN EAU DECOUVERTES EN AFRIQUE
J’ai cité le Coran et la Bible parce que lorsqu’on aborde la question de l’eau on touche aux fondements même de la vie. Dans toutes les grandes religions et toutes les formes de démarches spirituelles, l’eau joue un rôle central. Que ce soit dans la religion africaine ancestrale ou dans des religions plus récentes comme le christianisme et l’islam, l’eau est présente, en réalité ou symboliquement. L’eau, symbole de vie ou comme moyen de purification, revêt une importance particulière dans les traditions africaines. Dans presque toutes les sociétés africaines l’esprit de l’eau est l’un des plus positifs et des plus puissants dans la communauté. C’est en raison de son énergie spirituelle que les exploitants extérieurs ont toujours cherché à contrôler cette ressource, autant au niveau spirituel que matériel. Les lacs et les ressources en eau ont servi d’espace rituel et spirituel pour les populations dans la mesure où l’importance de l’eau était comprise en terme spirituel comme source de vie.
Ceux qui croyaient en l’esprit "mami wata" étaient accusés de sorcellerie et souvent expulsés de leur communauté. Ceux qui se souviennent du partage impérial de l’Afrique se souviendront, de ce moment historique, de la course pour atteindre les sources du Nil. La conquête des peuples de la vallée du Nil a toujours été centrale dans les visées impériales en Afrique. Après avoir usé de l’eau dans les mines, l’agriculture et l’industrie au détriment de la vaste majorité des peuples, le seigneur colonial a laissé des écoles d’ingénieurs et d’hydrologie qui répétaient le discours sur "la crise globale de l’eau".
C’est en Afrique du Sud que la situation était la plus obscène. Les colons ont consommé d’énormes quantités d’eau pour l’irrigation, pour arroser d’élégants jardins et pour leur piscine, pendant que la majorité souffrait de pénurie d’eau. Des systèmes d’irrigation ont été mis en place afin d’approvisionner les fermes en eau et le pouvoir économique et politique des colons s’est inscrit dans la construction des barrages de Cabora Bassa et de Kariba. Pendant la période de l’Apartheid, le gouvernement minoritaire, avec l’aide de la Banque Mondiale, a investi dans le Lesotho High Water Dam afin de déposséder la population du Lesotho pour le bénéfice des industries et des grandes multinationales en Afrique du Sud. Dans toute l’Afrique, à l’instar de l’Afrique du Sud, ces systèmes ont profité aux riches cependant que des livres s’écrivaient sur "la crise globale de l’eau en Afrique". Les experts en relations internationales ont ensuite produit des monceaux de documents prédisant les futures guerres pour l’eau.
Aujourd’hui, on nous dit la vérité concernant l’abondance des ressources en eau de l’Afrique. En réalité, la publication faite par les Britanniques sur les grands aquifères n’est une nouvelle que pour ceux qui, en Occident, ont mis en place toute une industrie de consultants sur les pénuries d’eau en Afrique. Les peuples d’Afrique ont toujours eu connaissance de cette énorme richesse, mais nous nous baserons sur la publication de la British Geological Survey et de la University College London (UCL) afin de réfléchir à la tâche qui consiste à élaborer un système de canaux et hydrologique pour l’unification, la santé et le bien-être des peuples d’Afrique.
Comme il est rapporté sur les pages web de la BBC (http://www.bbc.co.uk/news/science-environment-17775211) , "d’immenses ressources en eau existent dans le sous-sol africain… Les scientifiques disent que ce continent notoirement sec repose sur de vastes aquifères. Ils avancent que le volume total des nappes phréatiques est 100 fois supérieur au volume d’eau trouvé en surface. L’équipe a produit la carte la plus détaillée établie à ce jour sur l’importance et le potentiel de cette ressource cachée."
Ce rapport a été tiré de cartes quantitatives d’eau souterraine en Afrique afin d’expliquer au monde qu’il n’y a pas de pénurie d’eau en Afrique. Les cartes et les informations détaillent aussi le fait que " Les plus grandes réserves d’eau souterraine sont dans le nord de l’Afrique, dans de larges bassins sédimentaires en Libye, en Algérie et au Tchad. Les réserves contenues dans ces bassins équivalent à une épaisseur de 75 mètres d’eau réparties dans toute la région, ce qui représente une quantité phénoménale. En raison des changements climatiques qui ont transformé le Sahara en désert au cours des siècles, de nombreux aquifères n’ont pas été alimentés depuis plus de 5000 ans"
Les scientifiques ont récolté leurs informations à partir de cartes hydrogéologiques existantes auprès de gouvernements, ainsi que de l’étude de 283 aquifères. Les scientifiques disent que leurs nouvelles cartes indiquent que de nombreux pays jusque-là désignés comme "pauvres en eau ont des réserves souterraines considérables". (http://iopscience.iop.org/1748-9326/7/2/024009/pdf/1748-9326_7_2_024009…)
Les mêmes données quantitatives sur les ressources en eau ont révélé qu’il y a de l’eau en abondance dans des régions comme le Tchad et le Soudan occidental ainsi qu’en Afrique australe. Que l’eau soit sur terre avec les ressources massives de nombreux lacs et fleuves et rivières ou dans des aquifères souterrain, le défi de la reconstruction consiste à planifier pour satisfaire aux besoins de la population.
CETTE INFORMATION N’EST PAS NOUVELLE POUR L’AFRIQUE
Ces chercheurs britanniques ont tiré leurs informations de gouvernements nationaux. C’est le genre de travaux qui auraient dû être entrepris par la Commission économique pour l’Afrique et les commissions de l’Union africaine. De nouvelles recherches et un leadership politique doivent se mobiliser afin de rompre avec ce nouvel asservissement aux priorités de recherches européennes et doivent lier l’eau à la paix et à la sécurité des peuples africains. Le fait que la Libye avait le plus grand aquifère en Afrique était connu du peuple libyen et des populations d’Afrique du Nord. C’est la raison pour laquelle le gouvernement libyen s’était embarqué dans ce grand projet de transfert d’eau qui devait permettre l’exploitation des ressources du Nubian Sanstone Aquifer.
L’Etat libyen avait investi 25 milliards de dollars dans le grand projet de rivière faite par l’homme, un complexe de 4000km d’aqueduc enfoui dans le sable du désert capable d’acheminer 2 millions de mètres cube d’eau par jour. L’objectif de ce plus grand projet de construction hydrologique en Afrique était (jusqu’à 2011) de transformer la Libye, à 95% désertique, en une oasis de terre arable permettant une autosuffisance alimentaire. Les cartes quantitatives en ressources aquifères en Afrique ont fait savoir au monde que "l’eau souterraine est inégalement distribuée : les aquifères les plus important se trouvent dans d’immenses nappes phréatiques sédimentaires dans le nord de l’Afrique, en Libye, en Algérie, en Egypte et au Soudan". De ces pays africains, la Libye possède le plus grand aquifère qui est de 99 500km cube, suivi de l’Algérie avec 91 900 km cube, du Soudan avec 63 000 km cube et l’Egypte avec 55 200 km cube.
Ainsi donc voici révélée la vérité à ceux qui ignoraient que les compagnies d’eau françaises et occidentales ont, pendant des décennies, convoité ces immenses ressources en eau en Afrique du Nord, calculant comment nier aux Africains l’accès à ces ressources. Ce rapport peut aider à comprendre, à ceux qui nageraient dans la confusion, les raisons réelles de l’invasion de la Libye. Non seulement les travaux se sont arrêtés mais près de 150 milliards de dollars appartenant au peuple libyen sont détenus par des institutions financières et des gouvernements.
Avant ce rapport sur l’abondance de l’eau souterraine en Afrique, les politiciens africains et les planificateurs patriotes savaient que l’Afrique est abondamment pourvue en eau douce grâce à ces fleuves et ces lacs, comme les bassins du Congo, du Nil, du Zambèze et du lac Victoria, la deuxième plus importante réserve d’eau douce du monde. Toutefois, il y a de grandes disparités dans la disponibilité de cette eau à l’intérieur aussi bien qu’entre les pays africains en raison de la distribution inégale des aquifères. Cette distribution inégale a encore été exacerbée par des années de manipulations coloniales et par les ingénieurs de l’Apartheid dans la conceptualisation de barrages et de systèmes de distribution d’eau. La région du Congo revêt une importance particulière en raison du volume d’eau dans cette région.
RARETE DE L’EAU ET PENURIE D’EAU EN AFRIQUE
Pendant des décennies, les capitalistes ont été à l’œuvre pour inspirer des organisations internationales en vue de raconter une autre histoire, celle de la rareté et de pénurie de l’eau en Afrique. Que ce fût avec le projet de la Banque Mondiale de vendre l’idée de la "pénurie d’eau" afin de promouvoir le marketing de l’eau en Afrique ou avec celui du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), qui a produit l’atlas de l’eau en Afrique, la fiction de la pénurie d’eau a permis des affaires en multi millions. Ce qui n’a jamais été révélé c’est la réalité que l’accès à l’eau est un point majeur de la démocratie en Afrique et plus les sociétés sont démocratiques et plus la population a accès à l’eau et à l’assainissement.
La fabrication de la pénurie d’eau en Afrique a réussi au point qu’est née l’idée que pour fournir de l’eau potable à toute l’Afrique il est nécessaire d’avoir recours à l’aide. Les "donateurs internationaux" étaient bien conscients de la richesse de l’Afrique en eau, mais répéter l’histoire de la pénurie alimentaire liée à celle de l’eau fournissait un bon fondement pour une industrie de l’aide qui était en place afin d’accélérer la fuite des capitaux. La sécurité hydrique et alimentaire est devenue imbriquée avec la recolonisation de l’Afrique par les ONG, laquelle a échoué. Ce récit a si bien réussi que des sociétés non occidentales du Japon, de la Corée et d’autres "tigres" en devenir sont venues en Afrique avec l’idée qu’il y a un déficit hydrique sur ce continent.
Des huit Objectifs de développement pour le millénaire (OMD) exprimés par les Nations Unies en l’an 2000, l’objectif numéro 7 est "de garantir un environnement durable". Cet objectif de la durabilité de l’environnement contient l’objectif 7C et son but : « D’ici à 2015, la population qui n’a pas accès à de l’eau potable et à des services d’assainissement doit être réduite de moitié » (pour plus d’information voir le point concernant l’approvisionnement en eau). Dans les circonstances actuelles de l’économie politique, les perspectives pour atteindre les OMD n’ont jamais été réalistes. Pendant qu’un secteur des Nations Unies faisait leur promotion, des chercheurs du PNUD publiaient des résultats plus sobres qui montraient que l’Afrique, dans le cadre de l’ordre économique international actuel, n’atteindrait pas ces objectifs avant 2165.
Il s’en suit que lorsque nous lisons les écrits de la bureaucratie des OMD qui disent que " des proportions de populations ayant accès à une meilleure qualité d’eau, urbaines et rurales, et des proportion de la population urbaine ayant accès un meilleur assainissement", nous saurons que ces termes veulent endormir les Africains afin qu’ils mendient plutôt qu’ils ne s’organisent pour revendiquer leurs ressources pour une planification et une transformation indépendantes.
Avec le credo de la bienveillance de l’Occident, les OMD ainsi que les projets du Fonds Monétaire International (FMI) ne peuvent être réalisés que par davantage de libéralisation et en rendant accessible les ressources de l’Afrique au capital international. Dans le cas de l’accès à l’eau, la Banque Mondiale continue de financer de grands projets de gestion des ressources aquatiques. La Banque Mondiale résume son approche de la gestion des ressources hydriques À
- (a) aider les pauvres directement,
- (b) améliorer les équilibres macroéconomiques et fiscaux,
- (c) la promotion de la bonne gouvernance et développement du secteur privé et
- (d) la protection de l’environnement.
La clé de ce programme est la privatisation des ressources hydriques. Au cours des 50 dernières années, la Banque Mondiale a soutenu les projets d’eau gigantesques qui ont servi à déposséder les travailleurs des zones urbaines et rurales. Les projets de la Banque Mondiale ont été particulièrement néfastes pour les moyens de subsistances des femmes africaines opprimées. Ces femmes consacrent des heures chaque jour pour se pourvoir en eau potable. La Banque Mondiale et sa myriade de sous-contractants ont été à l’avant-garde de la lutte concernant l’idée de savoir si l’eau devait rester un bien public, partagé par tous les humains partout dans le monde ou une marchandise à vendre et à acheter sur le marché ouvert. Cette lutte s’est intensifiée sur tous les autres continents et en Amérique latine les luttes des Boliviens sont maintenant légendaires. Vandana Shiva a longuement écrit sur ce sujet et son livre "Water wars : privatisation, pollution and profit" est particulièrement recommandé. C’est dans le contexte de l’avenir du monde qu’il y a une grave dispute sur les ressources en eau comme source de vie et bien commun en opposition avec l’eau un bien économique, une matière qui peut être achetée et vendue au plus offrant.
CAPITALISME CANNIBALE
L’idée de l’eau et de la vie végétale comme objets vendables est guidée par l’éthique et les valeurs des Lumières. La période des Lumières a introduit une ère de hiérarchisation humaine et certains de ses principaux agents ont soutenu la traite transatlantique des esclaves et l’idée de la suprématie de la "race" blanche. Ce sont là les idées qui émanent du point de vue que les humains sont comme des atomes et que le monde matériel et celui de l’esprit sont séparés. C’est une des variantes du dualisme qui sépare l’esprit du corps, le séculaire du sacré et l’esprit de la matière. Les points de vue de Newton et de Descartes (cartésien) d’un univers développé selon une compréhension mécanique de la planète d’avant les physiciens qui ont interrogés le mouvement brownien en relation avec les molécules d’eau.
Albert Einstein a étudié les propriétés physiques de l’eau et d’autres qualités inconnues qui ont un rapport avec l’énergie et sa qualité de source de vie. Dans l’enrichissement de la thermodynamique et de la physique quantique, Einstein a réussi à développer une nouvelle compréhension du monde en explorant comment les scientifiques pouvaient calculer les molécules dans l’atome. Les recherches scientifiques d’Einstein ont battu en brèche les anciennes conventions de la mécanique et ont permis une meilleure compréhension des lois de la nature et de l’univers. Einstein a rompu d’avec les hiérarchies et les divisions et ce n’est pas un hasard s’il a soutenu la planification socialiste et la paix parmi les humains partout dans le monde.
Cette nouvelle information concernant les immenses ressources en eau peut être vue par les progressistes africains comme faisant partie du rassemblement des outils et des ressources en vue du grand réveil africain en cours. Un des éléments de ce réveil consiste à embrasser l’audace, à être intrépide et à rompre avec les concepts linéaires de développement. La reconstruction de l’Afrique s’éloigne maintenant de l’éthique cannibale des vautours de la prédation occidentale pour l’esprit de partage et de coopération. L’élévation de ce partage au niveau national et à la planification internationale attend maintenant le réveil complet des Africains, quand les forces répressives et coercitives seront balayées.
Ceci assurera la mobilisation des ressources scientifiques et technologiques afin de libérer la base pour des changements significatifs sur le chemin de la reconstruction.
L’UNITE AFRICAINE ET LA RUPTURE AVEC LE DUALISME CARTESIEN : AU-DELA DES CONCEPTIONS DE FRONTIERES EN AFRIQUE
Dans cette nouvelle période, lorsque l’Afrique se mettra en rupture avec les idées des Lumières, leurs hiérarchies et leur "développement", il deviendra clair que la reconstruction et la transformation de l’Afrique doivent commencer avec les principales ressources de l’Afrique. Dans ce cas la ressource fondamentale est la ressource humaine de l’Afrique, armée d’un esprit d’optimisme pour l’avenir et la certitude de ressources naturelles en abondance. La vérité a maintenant été révélée aux petits enfants et aux nourrissons : il y a abondance de ressources fondamentales : les ressources hydriques.
Adigun Ade Abiodun a, pendant des décennies, écrit et poussé pour que les scientifiques africains développent un concept d’unité qui fassent la promotion de l’utilisation des connaissances scientifiques les plus avancées afin d’ouvrir de nouvelles perspectives. Ces opportunités sont formées de sorte à insuffler une nouvelle vie dans la productivité agricole, pour donner des informations adéquates et opportunes sur l’environnement physique de l’Afrique et ses ressources naturelles et poser les jalons pour réparer le continent des ravages du réchauffement global.
En sa qualité de scientifique, Abioudun a compris que les conceptions linéaires de développement promues par l’Occident servent à étouffer tout le potentiel africain. Provenant du Nigeria où l’individualisme et l’égoïsme amènent des personnes à posséder leur propre générateur et leur propre réservoir d’eau, Abioudun a travaillé pendant une courte période pour l’Etat du Nigeria et s’est investi dans les infrastructures pour les transformations scientifiques. Un jour, l’histoire sera contée de la manière dont le Nigeria, dominé par les vautours, a frustré tous les efforts de développement des talents autochtones et des ressources destinées à faire évoluer la société et l’économie nigérianes. La destruction de la zone humide du delta du Niger ainsi que le pillage des ressources pétrolières sont autant d’aspect des formes de relations du capitalisme avec la production et la destruction en évidence dans toute l’Afrique. Lorsque des militants africains du delta du Niger demandent que le pétrole reste sous terre, cette demande résulte d’une compréhension pleine et entière de la forme actuelle du capitalisme cannibale auquel il doit être mis un terme si l’on veut une transformation de la qualité de vie de la population.
A l’instar de Samir Amin, Abioudun a appelé les Africains à être intrépides et audacieux dans l’élaboration de véritables mécanismes pour l’unité L’unification des ressources en eau de l’Afrique sont un élément fondamental pour l’unité africaine, avec un système de canaux reliant les rivières et les lacs en une sorte de planification d’infrastructures qui garantissent de l’eau à tous. C’est la planification socialiste au niveau panafricain qui peut faire de l’eau une réalité.
Un des objectifs essentiels de l’Union Africaine consiste à élaborer la Communauté Economique Africaine (CEA) d’ici à 2025. Cette vision est renforcée par celle de l’Africa Water Vision de 2025. Un élément clé de cette vision de l’eau et de la CEA réside dans des communautés économiques régionales. Dès la période de Kwame Nkrumah et de Cheikh Anta Diop, il était entendu que les comités économiques régionaux seraient soit la pierre angulaire soit la pierre d’achoppement de l’unification africaine, dépendant du degré de démocratisation. Le bassin de captation des eaux du Nil n’est qu’un exemple où il est urgent de trouver l’unité politique et économique afin que les peuples d’Egypte, du Soudan, du Sud Soudan, d’Ethiopie, du Kenya, de l’Ouganda, de Tanzanie, du Rwanda, du Burundi et de la République démocratique du Congo puissent formaliser des plans pour l’usage des ressources hydriques au 21ème siècle dans la région. Des traités coloniaux dépassés, comme le traité du Nil, posent les conditions pour des guerres et des batailles si les peuples d’Afrique ne s’unissent pas pour créer une nouvelle économie au-delà de celle héritée des aqueducs néocoloniaux pour le pillage.
Comme pour le bassin du Nil, les sociétés du bassin du Congo, de la Mano River, du Niger, du Zambèze et du fleuve Orange doivent planifier pour un nouveau concept d’intégration et d’unité. Ces fleuves, ces lacs et ces aquifères appartiennent également à tous et il n’y a pas de justifications à maintenir les frontières artificielles établies en 1884.
LE PROJET DE LA GRANDE MURAILLE VERTE
Au 21ème siècle, la reconstruction et la transformation de l’Afrique doivent mobiliser toutes les énergies, compétences et talents de tous les Africains afin que les peuples d’Afrique puissent croire en l’idée d’une unité africaine. Comme le disait Amilcar Cabral, nous ne luttons pas pour de nouveaux slogans mais pour un véritable changement dans la qualité de vie de la population. Afin de pouvoir mouvoir l’Afrique vers une authentique unité, l’intrépidité, qui était manifeste lors de la lutte contre le colonialisme et l’Apartheid, est requise. Cheikh Anta Diop dans sa vision pour une Afrique fédérée la liait à la reforestation et à la repopulation du continent. Diop attirait l’attention sur des plans discutés dans les années ‘50’ déjà pour la reforestation du Sahel. Il écrivait : "La zone du Sahel qui devient plus désertique à mesure que l’on va vers le nord, est idéale pour la reforestation. Dès 1950 nous avions suggéré un plan pour replanter là. Bien qu’approuvé à l’époque par la population du Soudan et pris en considération par l’administration, ce plan est resté dormant depuis lors."
Ce plan de reforestation a toujours été lié à un projet plus grand qui consiste à fournir de l’eau dans les régions qui en sont dépourvue. Wangari Maathai a pris cette vision au sérieux et il y a des millions d’écologistes africains qui considèrent sérieusement la reforestation de l’Afrique. Cette vision de reforestation et de guérison de l’environnement africain peut impliquer des millions de travailleurs, de jeunes et d’ingénieurs dans un nouveau sens des priorités pour l’Afrique. La jeunesse panafricaine doit s’approprier entièrement le projet de la Grande Muraille Verte. L’Union africaine endosse ce plan qui a été proposé par des visionnaires comme Thomas Sankara. La reforestation de l’Afrique est maintenant conçue comme un projet majeur qui , du Sénégal à l’ouest jusqu’en Ethiopie à l’est, en passant par l’Erythrée, le Soudan, le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, soit une longueur de 7000 km sur une largeur de 15 km. Cette Grande Muraille Verte est vue par l’Union africaine comme les sept mille kilomètres d’arbres intégrés dans de nouvelles zones agricoles. Un tel projet met le concept d’unité à un niveau où il touche directement la vie des gens. Des avancées dans les technologies solaires, l’exploitation des ressources des aquifères, l’électrification de l’Afrique et une infrastructure de canaux attendent l’Afrique en 2025 lorsque l’Afrique rompra avec l’hégémonie intellectuelle et politique.
Il y a plus de 2500 ans que la Chine a démontré que l’unité du pays était renforcée par le système des canaux qui reliaient les différentes régions et contribuaient à une société intégrée. Que l’on soit nationaliste ou socialiste, en Chine il est compris que l’exploitation de l’eau est centrale pour la transformation de la vie des gens. C’est donc le nationaliste chinois Sun Yat Sen qui a envisagé le transfert de l’eau des régions méridionales vers les régions du nord, autour de Beijing, qui connaissaient des pénuries d’eau. C’est la planification centrale (pas le marché libéralisé de l’eau) qui a fourni les conditions pour l’accumulation des ressources qui perpétuent le rêve de Sun Yat Sen. La Chine va dépenser des milliards de dollars pour ces systèmes de transfert de l’eau au cours de la prochaine décennie.
Il y a près de deux cents ans, les Etats-Unis ont ouvert le canal de Erie afin d’ouvrir les régions à l’ouest et pouvoir acheminer des biens depuis l’intérieur. Alors que nous avons les exemples du Grand Canal en Chine et le Erie Canal, les jeunes doivent puiser dans l’histoire africaine et s’inspirer des grands travaux hydrologiques de l’ancienne Egypte.
RECONSTRUCTION PLANIFIEE ET TRANSFORMATION DE L’AFRIQUE
Que ce soit en Chine, au Vietnam et dans d’autres sociétés asiatiques qui sont des conceptualisations autonomes et planifiées de transformation de leur société, la gestion de l’eau et des ressources hydriques continue d’être le sujet prédominant dans six ou huit domaines de la reconstruction. La santé, l’électrification et l’énergie, la démocratisation des ressources hydriques, les infrastructures (des routes, des ponts, des rails, des canaux et des aéroports), l’éducation, l’agriculture et l’aquaculture, le logement et des constructions avec des technologies de l’information et l’informatique, sont autant de domaines où concentrer les forces qui doivent rompre avec les anciennes formes de "développement" et d’industrialisation qui ont détruit la planète Terre.
Il est maintenant possible de prévoir la mobilisation des énergies spirituelles de la population et, avec ces ressources abondantes, de créer un monde nouveau. Le monde nouveau se fera par la lutte pour atteindre une nouvelle conscience politique. Il y a non seulement les leçons négatives des vieilles formes du capitalisme, mais nous avons aussi les nouvelles leçons du gaspillage obscène des Sheikh des Emirats qui construisent des méga projets basés sur la salinisation de l’eau. Ces dirigeants riches et opulents sont tellement imbus des idées du capitalisme occidental et bien qu’ils affirment être musulmans sont bien les enfants de la domination du capitalisme occidental. Ce n’est pas un hasard si ces dirigeants hébergent les compagnies militaires privées des Etats capitalistes et dont l’armée de terre a mis un terme à la grande rivière créée par l’homme en Libye.
La politique de transformation de l’Afrique requiert de nouvelles politiques et des relations démocratiques entre les peuples. Maintenant que la vérité a été révélée aux sages et aux prudents, les peuples africains remobilisés peuvent concentrer leur énergie pour le rapatriement de milliards de dollars qui ont été siphonnés hors de l’Afrique. L’initiative « the stolen assets » des Nations Unies n’est pas un organe des Nations Unies que les dirigeants africains actuels sont entrain de promouvoir. Si les estimations sont de 10 milliards de dollars siphonnées hors de l’Afrique, alors la vision pour la reconstruction doit être liée à un plan concret pour mettre un terme à cette fuite du capital.
La semaine dernière nous réfléchissions à la planification de la BRICS Development Bank. Le défi était que cette banque travaille à la fin de la domination des institutions de Bretton Wood tout en mettant un terme au pillage de l’Afrique. Nous avons aussi attiré l’attention sur les vieilles conceptions linéaires de développement des "forces productives". Les degrés de pollution sont si graves que "près de 500 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable". Il n’est pas excessif de dire que la Chine suffoque sous son succès et que sa population a besoin d’eau claire et d’air pur. Ceci ne peut être acheté avec de l’argent mais doit être construit sur la base d’une nouvelle vision des objectifs de société.
Le continent a des ressources abondantes en eau et en énergie. Dans sa projection des bases économiques et culturelles pour une Afrique des Etats fédérés, Cheikh Anta Diop a exposés les diverses ressources en Afrique. Parmi les différentes sources d’énergies il y avait l’énergie hydraulique, l’énergie solaire, l’énergie atomique, l’énergie thermonucléaire, éolienne, thermale de la mer - liée aux marées et aux volcans. Diop concluait que "ce sont là les ressources énergétiques de l’Afrique noire. L’utilisation par les Africains eux-mêmes - ne pas créer des industries qui fournissent celles en Europe mais transformer les matières premières - pourraient faire de l’Afrique un paradis".
Le colonialisme a transformé l’Afrique en un cauchemar pour les Africains et en un paradis pour les colons. La fin de la colonisation et de la domination des colons requiert une nouvelle forme de politique. Nous savons maintenant que de nombreux dirigeants de la lutte anticoloniale ont intériorisé les idées de suprématie européenne. Sur un plan politique, la jeunesse égyptienne a créé de nouvelles formes de lutte avec de nouvelles idées pour s’organiser. Sur un plan philosophique, ces jeunes veulent appréhender les énergies spirituelles afin de dépasser la cupidité et l’individualisme et aller au-delà des différences entre Musulmans et Chrétiens. D’un point de vue philosophique, Ubuntu est vue comme le moyen vers ces nouvelles politiques.
La philosophie de Ubuntu cherche à enlever les barrières entre l’humain rationnel et irrationnel, entre l’espace et le temps, entre l’objectivité et la subjectivité et ces idées de la "science" qui dénigrent la dimension spirituelle de la vie. Au cœur du leadership de l’Union Africaine on trouve de nombreux dirigeants et intellectuels qui sont pleinement d’accord avec la Banque Mondiale et le point de vue que l’eau doit être une marchandise vendable aux plus offrants. La constitution actuelle de la politique internationale défie l’opprimé de conceptualiser une lutte populaire prolongée et de ne pas se faire leurrer par le capital social de ceux qui oppriment la vaste majorité. Les révélations sur les ressources hydriques ne sont qu’un des éléments de l’information à opposer à la domination impériale occidentale.
Ceux qui luttent contre la marchandisation de l’eau luttent aussi contre la marchandisation de la vie au siècle de la biotechnologie
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** Horace Campbell est professeur à l’université de Syracuse. Il enseigne les sciences politiques et African American studies. Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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