Elections américaines : Cinq raisons qui font que Romney est mauvais pour l’Afrique
Les promesses faites par l’équipe Romney-Ryan, prévoyant une résurgescence de la domination globale des Etats-Unis, auraient un impact négatif pour la diaspora africaine. Le dialogue que le duo poursuivre avec la diaspora africaine ressemble plutôt à un monologue dans lequel les Etats-Unis causent pendant que les Noirs américains, les Latino-américains, les ressortissants des Caraïbes et l’Afrique acquiescent.
Lors de la soirée finale de la Democratic National Convention, le président Barack Obama a mis en garde le public américain à propos des projets de politique étrangère préconisés par les candidats républicains Mitt Romney et Paul Bryan : "Mon adversaire et son compagnon de route sont nouveau venus dans le domaines de la politique étrangère. Après tout ce que j’ai vu et entendu, ils semblent vouloir nous entraîner dans la mentalité régressive qui a prévalu lors de la Guerre Froide".
Le président américain fait là référence à une initiative de politique étrangère si profondément ancrée dans les valeurs conservatives de l’ère Reagan qu’elle pourrait aussi bien être la réalisation du testament de feu le président. Et bien que les promesses formulées au cours de la campagne fassent état d’une résurgescence de la domination globale des Etats-Unis qui lui permettrait de diriger le monde pendant le 21ème siècle, la réalisation de cette promesse aurait un impact négatif sur la diaspora africaine.
A l’instar de son héros (le président Reagan), dont les politiques ont paralysé l’Amérique Noire qui a endossé les invasions en Amérique Latine et dans les Caraïbes, mais aussi embrassé l’Apartheid en Afrique du Sud, la vision du candidat Romney pour des Etats-Unis qui mène le monde verrait les Africains de la diaspora contraints à une soumission affligeante. Ci-dessous les cinq raisons pour lesquelles le gouverneur Mitt Romney et le Représentant Paul Ryan seraient un choix nuisible pour les Noirs de façon globale :
1) LA REVOCATION DU DODD-FRANK ACT.
Le Dodd-Frank Act est la réforme financière instaurée dans le sillage de la crise générée par les emprunts sub-primes et qui vise à protéger les consommateurs des prêteurs agressifs. Cette loi qui a profité aux victimes des prêteurs prédateurs (parmi lesquelles de nombreux Noirs) est attaquée par Mitt Romney et les milieux des affaires qui exigent sa révocation. Toutefois, la Loi de Dodd-Frank ne fait pas que protéger des prédateurs. La section 1052 exige aussi des compagnies qu’elles révèlent l’acquisition des minerais comme l’or, le zinc, le tantalum et le tungsten, dans des de zones de conflits. Ces métaux précieux, requis pour l’électronique de tous les jours, financent les guerres dans la République Démocratique du Congo, le conflit global le plus meurtrier depuis la Deuxième Guerre mondiale. Bien que la deuxième guerre du Congo se soit formellement terminée en 2003 avec 5,5 millions de vies perdues, quelque 2,5 millions de réfugiés continuent de vivre dans une culture de violence si grave que 48 femmes sont violées chaque heure.
2) LA COMPETITION AVEC LA CHINE FAIT DE L’AFRIQUE UN CHAMP DE BATAILLE.
Bien que le continent africain soit absent de la section concernant la politique étrangère du site web de Mitt Romney, ceci ne signifie aucunement que son impact ne serait pas perçu en Afrique. En fait, lui et son candidat à la vice-présidence révèlent leur position par rapport à l’Afrique au travers de leur position par rapport à la Chine.
A l’instar de Reagan dont les politiques ont paralysé les Noirs américains, Reagan qui a endossé les invasions de l’Amérique latine et des Caraïbes et embrassé le régime Apartheid en Afrique du Sud, la vision de Romney verrait les Noirs américains suivre le mouvement dans une soumission affligeante. "La question cardinale pour les politiciens américains est de savoir si on se met en compétition contre le leadership chinois du système international ou si l’on conteste la nature fondamentale de ce système", a récemment déclaré Paul Ryan,, lors d’un discours à la Alexandre Hamilton Society.
La guerre idéologique avec la Chine, à laquelle se réfère Ryan, rappelle les confrontations passées entre les Etats-Unis et l’Union soviétique mais suggère aussi que les Etats-Unis doivent gagner la compétition contre la puissance financière asiatique qui investit énormément en Afrique.
3) THE CAMPAIGN FOR ECONOMIC OPPORTUNITY IN LATIN AMERICA (CEOLA)
Dans sa stratégie de politique étrangère, Romney prévoit d’établir le CEOLA dans la région afin de promouvoir la démocratie et le libre échange. Dans sa description, le texte se lit comme une version mise à jour du Washington Consensus de Ronald Reagan. Rassemblant les principales institutions financières comme le Fond Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale et le Trésor américain, le Washington Consensus est un organe qui servait de tête de pont aux politiques économiques en Amérique latine, a augmenté les investissements et le commerce du secteur privé. Toutefois, les initiatives du Washington Consensus qui ont guidé les économies d’Amérique latine dans les années’80’ a fini par mener à une crise financière dévastatrices dans les années’90’
4) LA GUERRE CONTRE LE NARCOTRAFIC
Au Etats-Unis la guerre contre la drogue a généré un système d’incarcération massive, sans équivalent dans aucun autre pays - avec les Afro-américains pour principales victimes de sa sévérité. Les intentions du candidat Romney de créer un Hemispheric task Force on Crime and Terrorism, qui serait une ardente plateforme anti-drogue ne ferait qu’aggraver la surpopulation des prisons américaines déjà surpeuplées. De plus, la position antidrogue sans compromis du duo Romney /Ryan est en vive contradiction avec les nations latino-américaines et des Caraïbes dont plusieurs ont décriminalisé l’usage de la drogue et vont en direction d’une légalisation générale
5) LA REDUCTION DE L’EFFORT DIPLOMATIQUE ET HUMANITAIRE INTERNATIONAL.
Enfin, dans son "Path to Prosperity", (communément appelé le budget de Ryan et adopté par Romney), Paul Ryan prévoit des coupes sombres dans le budget des affaires internationales américaines et priverait le State’s Department et l’USAID d’environ 5 milliards de dollars. Toutefois, dans ses économies 6 trillons pour les 10 premières années, on remarque l‘absence de coupe dans les dépenses militaires. La volonté de ne pas sabrer les dépenses militaires pourrait avoir un grand impact sur la diaspora africaine et conduire à une augmentation du recrutement des soldats afro-américains qui sont éternellement ciblés à des fins de recrutement. Mais pour l’Afrique, cela signifie une expansion potentielle sur tout le continent des attaques meurtrières de drones qui ont actuellement cours en Afrique de l’Est. Il semble que le dialogue que Romney/Ryan souhaitent poursuivre avec la diaspora africaine soit en fait un monologue, un monologue lors duquel les Etats-Unis causent cependant que les Noirs américains, les Latino-américains, les ressortissants des Caraïbes et l’Afrique acquiescent.
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** Jamila Aisha Brown est un écrivain freelance, une commentatrice politique et un entrepreneur social. Son entreprise, HUE LLC, fournit des consultations pour des projets de développement à toute la diaspora africaine. Son adresse sur Twitter : @MsjamilaAisha ou à http// :www.hueconnect.com. Cet article a été publié en premier par Ebony.com - Traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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