Fanon et l’histoire africaine : Est-ce possible d’humaniser une histoire déshumanisante ?

Cinquante après la mort de Fanon, les motivations de sa pensée et de son militantisme ardent demeurent à travers la nécessité de libérer les humains. Il reste, pour Jacques Depelchin, que si «beaucoup d’entre nous admirent Fanon, la majorité préfère analyser, disséquer ce qu’il a fait plutôt que de poursuivre l’œuvre qu’il a commencé. Trop de ses adeptes ne sont devenus rien d’autre que des gestionnaires».

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Alors que je lisais Fanon et que je me demandais ce qui l’avait amené à sortir de sa trajectoire pour qu’il se mette à écrire sur le sort des travailleurs et leur valorisation, j’ai rencontré le livre de Markus Rediker (MR), The Slaveship : a human history (les bateaux négriers : une histoire humaine) (1)

Le titre m’a immédiatement perturbé. Est-il possible de raconter le processus de déshumanisation, comme dans la traite des esclaves transatlantique, qui a eu lieu, entre autres endroits, dans des bateaux négriers, et encore parler d’histoire humaine ? MR, sans le formuler explicitement et peut être inconsciemment, est convaincu que l’histoire de l’esclavage contient des éléments qui peuvent être extraits et qui sont les racines de la "civilisation", la même idée qui a par la suite été sous-jacente au colonialisme, à l’Apartheid et à la globalisation. Cette habitude d’embellir des histoires comme celle de l’esclavage (ou de la colonisation ou de la globalisation de nos jours) peut s’expliquer de plusieurs façons. Par exemple par les abolitionnistes qui, entre autres faits, tendent à démontrer que le capitalisme est "essentiellement" bon, démocratique et humanitaire et toujours prêt à corriger ses excès. (2)

L’action humanitaire promue depuis l’abolition de l’esclavage et renforcée depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, véhicule, maintenant comme alors, l’idéologie d’une mission civilisatrice durant la colonisation. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée par les Nations Unies en 1948 par l’Assemblée Générale des Nations Unies, est manipulée afin de servir les intérêts des puissances coloniales, les Etats-Unis d’Amérique, et d’établir leur supériorité politique, économique et morale. (3)

En se présentant comme les défenseurs de l’humanité, ils se sont créés un masque pour cacher les crimes contre l’humanité. Le militantisme de Fanon pourrait être décrit comme des tentatives répétées pour arracher les masques. Il ne m’est pas possible, dans l’espace qui m’est imparti, de passer en revue les pensées qui m’ont traversé l’esprit en lisant "The Slaveship". Ces pensées, ces questions sont l’écho du militantisme de Fanon. N’est-il pas évident que l’usage des bateaux négriers (et toutes les pratiques et torts qui les ont accompagnés), a préparé la scène pour la mentalité nazie de la Deuxième Guerre Mondiale ? N’est-il pas possible de voir le lien de l’impact mental entre les bateaux négriers, sur tous les voyageurs pendant des siècles, et ce qui se manifestera au cours de l’Holocauste ? Le simple fait que la Shoah ait eu lieu au 20ème siècle pourrait être expliqué par le fait qu’un processus d’approbation des crimes contre l’humanité ait été initié longtemps auparavant, sans que personne n’objecte, en toute impunité. Nous l’avons dit ailleurs, les génocides sont spécifiques et génériques. (4)

La question n’est pas de comparer des génocides non certifiés de ceux qui ne le sont toujours pas. Le problème c’est comment le nègre est devenu " propriété privée" (Le Code des Noirs), ce qui a fini par devenir l’attitude inconsciente de toujours penser "propriété privée" lorsqu’il est fait mention de l’Afrique ; et ce jusqu’au 21ème siècle. (5)

Les avocats irréductibles du maintien de cette habitude sont les bénéficiaires de ce système né de l’esclavage et perpétué de nos jours sous d’autres noms. Le plus durable parmi ces processus mentaux est le déni qu’il y a eu crime contre l’humanité. Un crime qui, jusque là, n’a pas été reconnu. Sans vouloir offenser les historiens qui préfèrent compartimenter, l’histoire humaine ne peut être découpée en tranches. L’objectif non explicite de cette division est de prétendre que l’histoire européenne n’est pas entachée par des crimes contre l’humanité. Récemment, Pierre Nova affirmait que l’histoire européenne est pure. (6)

Cette logique découle directement de l’idéologie civilisatrice, base de la colonisation et pétrie de bonnes intentions. L’implication du colonialisme était de civiliser les colonisés qui, un jour, voudraient faire partie du monde idéal des colonisateurs. Le succès de cette idéologie peut se vérifier non seulement en Afrique, mais aussi au Brésil où, pour beaucoup de Noirs, il est bon d’être aussi près que possible des Blancs et des caractéristiques qui les définissent. Si on transfère cette analogie de blanchissement de la peau à celle du blanchissement de l’histoire, une chose est nécessaire. Dans le cas de Haïti, par exemple, il est préférable de se prononcer en faveur de Napoléon (qui a restauré l’esclavage) plutôt que d’être du côté de Toussaint L’Ouverture. L’universalité des révolutions, la fin de l’esclavage en Haïti (1791-1804), pèse peu dans les souvenirs des Africains concernant la France de 1789. (7)

En général la pratique des historiens qui traitent du crime de l’esclavage reste inchangée. On peut résumer ainsi et imaginer un nouveau subconscient : " Nous avons tous profité du capitalisme. Les abolitionnistes ont montré que le système pouvait se rectifier lui-même. Notre travail (celui des historiens) est de démontrer que le système n’est pas criminel". (8)

Par la pratique (politique, médicale, sociale et culturelle) Fanon a cherché à transformer la relation héritée de l’esclavage et de la colonisation, en s’orientant vers un libérateur de l’environnement humain. Pour Fanon, il était nécessaire de libérer l’Homme. Même s’il parlait en sa qualité de psychiatre, ses idées et pratiques ont été formées par la conscience dont les racines sont toujours difficiles à comprendre, dans l’hypothèse que l’impulsion émancipatrice émanant de la vie d’une personne peut être généralisée à tous les humains de façon diverse et d’intensité variable.

Tout en acceptant que Fanon, sa pensée, sa vision, ses motivations demeurent d’un militantisme élusif parce que toujours en mouvement, il n’en reste pas moins que 50 ans après sa mort nous retrouvons une situation similaire : la nécessité de libérer les humains. Cette nécessité est bien ressentie différemment par les geôliers et tous ceux responsables de la détention d’autres humains. Du point de la libération des humains, on peut dire que l’indépendance (et la fin de l’Apartheid) est survenue comme un coup de tonnerre. Beaucoup d’entre nous admirent Fanon, mais la majorité préfère analyser, disséquer ce qu’il a fait plutôt que de poursuivre l’œuvre qu’il a commencé. Trop de ses adeptes ne sont devenus rien d’autre que des gestionnaires.

De la Martinique à l’Afrique, sa carrière rappelle un livre qui relate le retour de Césaire, une auto-analyse individuelle et collective formulée comme un poème. La singularité de la trajectoire de Fanon, l’adulte (juste après la Deuxième Guerre Mondiale en 1961), consiste à toujours stimuler et encourager les consciences. (9)

Comme Césaire, Fanon se sentait à l’étroit à la Martinique. Il a quitté Paris pour Lyon, afin de mettre de la distance d’avec d’autres ressortissants des Caraïbes concentrés à Paris. Pour sa thèse en psychiatrie, il a pensé à "Peau Noir Masque Blanc" (PNMB) mais a eu à se soumettre aux exigences de la Faculté (à l’instar de Cheik Anta Diop lorsque la Faculté a rejeté ses travaux qui, par la suite, sont devenus la référence culturelle de l’Afrique). (10)

Nommé à la clinique de Blida-Joinville, en Algérie, Fanon se sent à l’étroit et estime que ses patients méritent un traitement meilleur que celui imposé par les bien-pensants de la Faculté. Lorsqu’il rejoint les rangs du FLN, il est de nouveau poussé par sa conscience vers les pauvres, plutôt que vers la "garde prétorienne", rejoint par un compagnon, Abane Ramdane, qui a été assassiné en raison de son insistance à vouloir favoriser la politique au détriment du militaire (voir note 6 ci-dessous). La conscience de Fanon se manifestait en-dehors de lui-même, alimentée par la conscience d’autres autour de lui, en quête d’émancipation, indépendamment du lieu où il se trouvait. Quelques mois avant son trépas, il dit à un ami qu’il a deux morts sur la conscience : celle d’Abane Ramdane et celle de Patrice Lumumba.

Lumumba et la conscience politique congolaise.

Quelques semaines avant l’élection présidentielle dans la République démocratique du Congo, des militants comme Fanon et Lumumba ont-ils toujours cette conscience de la quête de la libération ? A quel degré et avec quelle intensité ? Conscient de ses propres limites, il prédisait la continuation du soutien aux défis des prochaines générations. Ceci s’est sans aucun doute produit parce que l’émancipation de l’humanité, en contraste avec l’humanitaire, aspirera toujours à la liberté. L’humanitaire, un produit dérivé de l’abolitionnisme, sert à reproduire une fausse moralité militante alimentée par la charité. Cet humanitaire (la gestion de l’ordre établi) provient des ONG afin de combattre la pauvreté, un produit dérivé de l’expansion incontrôlée et incontrôlable du capitalisme, anciennement la civilisation coloniale. L’abolition de l’esclavage et des pratiques apparentées nous apparaît aujourd’hui comme le processus de blanchissement de l’histoire africaine, l’évacuation d’un crime contre l’humanité. (11)

Oui l’héritage de Fanon est vivant et parfois très vibrant. En même temps, il ne serait pas juste de ne pas reconnaître que cet héritage est bien en-dessous des exigences justifiées des "Damnés de la Terre". En terme de production et de reproduction de l’histoire africaine, Fanon a été reconnu (1957-1960). L’histoire africaine a débuté. Si Fanon avait été un historien, il aurait pu prédire que les écrivains "africanistes" suivraient les traces des maîtres à penser européens, que la seule histoire africaine qui ne peut être dite est celle de derrière les masques. Le masque s’assurerait, d’une part, que ce soit une discipline reconnue et d’autre part ferait en sorte que l’histoire ne sorte pas de sa boîte ou, plus précisément, l’histoire africaine soit pensée et écrite de par delà les mers, avec des limitations imposées par la colonisation. L’Afrique et son histoire ne pouvaient pas exister en Europe, donc pas au-delà des cinq siècles d’esclavage préalables à la colonisation. En terme d’histoire, quelle que soit la narration, les colonisateurs ont tenté de dicter l’approche de l’histoire.

Face à ces contraintes de l’époque de " Peau Noir et Masques Blancs " et des "Damnés de la terre", il y a eu l’unique et retentissant refus de Cheikh Anta Diop de se soumettre à la mascarade proposée. Il serait futile, au moment où l’on a le sentiment que la mascarade a triomphé, de se demander lequel des deux héritages est prépondérant, celui de Fanon ou celui de Diop. Parce que tous deux étaient des pionniers de l’émancipation de la conscience de l’humanité et non seulement de celle des Africains. A une époque formatée par les Lumières mais où l’humanité est en train de sombrer dans les ténèbres, il est important de se souvenir des libérateurs universels comme Cheikh Anta Diop et Fanon dont l’influence s’étend bien au-delà de la limite des colonisateurs universels que sont les Lumières.

Ceci pour mettre en garde contre la collision de l’histoire racontée depuis "en-bas", comme proposé par MR et celle racontée de "l’intérieur" par Fanon.

Par exemple, un historien comme David E. Stannard qui a écrit sur le génocide des Premiers Américains (The American Holocaust, Oxford University Press. 1992), montre qu’il est possible d’illustrer l’histoire de l’humanité en refusant d’humaniser une histoire qui doit être désignée sous le terme de génocide. Le refus des historiens (et des sociologues) d’accepter la nature génocidaire de l’histoire de l’esclavage (Atlantique et oriental) en Afrique ne peut que renforcer le refus de déconstruire la mentalité induite par le Code des Noirs et d’autres codes qui ne sont pas nommés mais opèrent selon les mêmes prémisses, les mêmes préjugés qui toujours déshumanisent les Africains. Fanon n’était pas un gestionnaire de l’ordre établi. La pratique de l’enseignement et de la recherche de l’histoire africaine sont dominés par un désir de gérer une narration qui maintient l’obligation, consciemment ou inconsciemment, d’humaniser le capitalisme et son histoire.

La quête continue d’une humanisation d’un système construit sur la déshumanisation d’une partie de l’humanité n’est pas le seul fait des historiens et d’experts dans d’autres disciplines sociales. Elle participe aussi à l’accommodement inconscient qui dicte un comportement de soumission, en lieu et place de la révolte de la conscience défendue mais oubliée dans le premier article de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

A notre époque, ne devrions-nous pas voir l’impunité dont bénéficie les rois, les princes et autres dictateurs de la finance, l’un des héritages les plus visibles de l’accommodement à l’humanisation d’un système réputé pour son inhumanité dans son traitement des Premiers Américains, des Africains et de tous ceux qui sont aujourd’hui considérés comme quantité négligeable : les chômeurs, les violés, les intouchables, les Pygmées, les enfants des rues, les enfants soldats, les pauvres sans terre ? La colonisation de l’Algérie, combattue par Fanon, est née d’un système déshumanisant. Non seulement de par son impact direct mais aussi par ses retombées, en encourageant l’acceptation de crimes contre l’humanité lorsque ces crimes ont été commis par les puissances qui ont le plus profité de l’esclavage et de la colonisation en Afrique et ailleurs.

Afin d’humaniser l’esclavage, MR a recours à une description détaillée de la possible résistance et aux insurrections sur les bateaux négriers. Comme tous les historiens des conquêtes, l’auteur tente de trouver des aspects positifs à l’esclavage, comme d’apprendre une nouvelle langue (l’anglais), une nouvelle solidarité, un nouveau langage de résistance comme si, avant les bateaux négrier, les Africains n’avaient pas démontré leur qualité d’humains assoiffés de liberté. Les lecteurs qui lisent MR peuvent se demander si les Africains et leurs compagnons ont acquis leur conscience de leur humanité au contact des Européens. Loin de moi de vouloir comparer les Bush, père et fils, lorsqu’ils se présentent comme les inventeurs de la liberté. Toutefois, il est possible que les Africains ont appris la liberté sur les bateaux négriers : le concept n’existait pas avec l’arrivée de l’homme blanc. Néanmoins nous retrouvons là un thème favori des apologistes du colonialisme qui préfèrent ne voir que le positif et prétendent que la violence a été l’exception. (12)

MR ne fait aucune mention des bateaux négriers français. Serait-ce parce que son projet d’humaniser une histoire inhumaine n’a été possible qu’en se concentrant sur les archives des militants de l’abolition en Angleterre ? Comme l’ont démontré Primo Lévi et d’autres survivants des camps de concentration, là où il y a des humains on racontera des histoires mais de là à raconter l’histoire de la vie de tous les jours dans les camps, sa gestion quotidienne, il y a un pas qu’il n’y a pas lieu de franchir à moins d’être un négationniste.

MR est surpris que les historiens aient préféré aborder l’histoire de l’esclavage par le biais des statistiques. Mais à son insu, il suit le chemin en refusant d’abandonner le schéma qui consiste à réduire des humains à des pièces de mobilier. L’auteur tente d’y remédier, mais n’a pas vraiment réussi à identifier le biais qui amène des historiens invités à préparer la mentalité européenne à la discrimination contre les Premiers Américains ou les Africains. Curieusement, MR n’essaie pas de questionner le manque d’intérêts des historiens à l’égard des bateaux négriers et en particulier de ce qui passait à l’intérieur de ces navires. Ceci n’est pas un effet de la fiction. Un écrivain ghanéen, Ayi Kwei Armah, l’a écrit dans son livre Two thousand Seasons. D’autres l’ont fait. Est-ce si difficile pour des historiens de chercher à analyser l’impact des effroyables tortures physiques et mentales sur les passagers qui savaient être, et n’ont pas arrêté de répéter, qu’ils étaient humains ? Tôt ou tard, les gens, préparé par Fanon, entreront dans la cale du bateau et diront comment, subitement, il y a eu un bras enlaçant une taille et les conséquences qui en ont rejailli au travers des siècles. Cette analyse requiert donc, à l’instar de Fanon, de considérer son impact et ses conséquences. Une confrontation sans compromis enracinée dans la croyance que les humains doivent être libres.

Il s’en suit, que nous devons une fois et pour toute, nous débarrasser de cette notion que l’Afrique ne savait rien de la liberté avant le contact avec les Européens ou qu’elle ne connaissait pas les différents modes de résistance à l’oppression et à l’exploitation de toute nature.

L’espoir c’est qu’au travers de cette lecture les historiens finissent par reconnaître que la conquête des Amériques, la traite des esclaves transatlantiques sont des crimes imprescriptibles contre l’humanité. Les gens qui ont une conscience seront confrontés à la question de savoir s’ils acceptent d’être autre que ce que leur dicte leur conscience. Le devoir de mémoire des gens de conscience doit permettre de répondre positivement à Pierre Nora, et à d’autres qui doutent que la colonisation est un crime dont l’envergure leur échappe. L’énormité du crime nous échappera aussi longtemps que nous refuserons d’entendre les Africains terrifiés murmurer pour eux-mêmes et probablement pour la plupart des visiteurs "comment pouvez-vous faire cela (ce crime contre l’humanité) et être humain ?"

NOTES
1. Dans l’édition que j’ai lue (Penguin Books, 2008), les accolades ont été nombreuses de personnes bien connues : Robin Blackburn, Alice Walker, etc. L’un de ceux qui font l’éloge comparent Marcus Rediker à Herman Melville.

2. L’abolition de l’esclavage a été un grand pas dans la libération de l’humanité mais avait aussi un objectif politique qui était de prévenir la libération des esclaves par des esclaves. L’abolitionnisme comme l’humanitaire vise à imposer une défense de l’humanité telle que comprise dans des pays où ont été commis, et ou l’on continue de commettre, des crimes contre l’humanité.

3. Excepté que cet article est ignoré puisque apparemment il ne stimule pas la révolte

4. Jacques Depelchin : Silences in African History: Between the syndrome of discovery and abolition. Dar Es Salaam: Mkuki na Nyota 2005
5. Sur la question de l’intégration mentale de l’esclavage vu du côté des bénéficiaires, le meilleur livre est celui de Louis Sala- Molins. "Le Code des Noirs ou la plainte de Canaan" (PUF Paris. Quatrième éditions "Quadriga" 2007)

6. Ceci est la façon dont je comprends le dernier article de Pierre Nora : "La question coloniale, une histoire politisée", publiée dans « Le Monde » du 15 octobre 2011 http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/15/la-question-coloniale-une..

7. Pour prendre conscience des déséquilibres, lisez seulement l’article de Serge Halimi "In Praise of revolutions" dans le « Monde Diplomatique » (Edition française et brésilienne. Mai 2009) Il n’y a pas un mot sur ce qui s’est passé en Haïti entre 1791 et 1804. Comme si l’abolition de l’esclavage, en tant que révolution, n’intéressait que les détenteurs d’esclaves.

8. Comme Fanon le rappelle lui-même dans son essai "Medecine and colonialisme", tout n’était pas négatif, mais le contexte imposé exigeait d’une part une soumission inconditionnelle et d’autre part une autorité non disputée. (Voir Frantz Fanon : A dying colonialism. New York : Grove Press 1967 p. 121-145)

9. Alice Cherki dans Frantz Fanon. Des portraits fournissent une description puissante de cette singularité et comment Fanon, médecin gestionnaire de la pensée politique a surmonté les obstacles.

10. Pour satisfaire aux exigences de la Faculté, Fanon écrit sa thèse à Lyon en 1961 sur le sujet " Syndrome mental et psychiatrique de la dégénérescence cérébrospinal héréditaire : le cas d’un patient qui souffre de délire de possession par Friedrich". Pour sa part Cheikh Anta Diop propose une thèse de doctorat à la Sorbonne en 1951, sous la supervision de Gaston Bachelard mais se retrouvera dans l’impossibilité d’assembler un jury. Ses travaux seront publiés en 1954 sous le titre de "Nations nègres et culture : Les problèmes de la culture nègre de l’Egypte ancienne à l’Afrique noir d’aujourd’hui". Le 9 janvier 1960, Anta Diop défend finalement sa thèse principale "Etude comparative des systèmes politiques et sociaux européens et africains : de l’antiquité à la formation de l’Etat moderne". Selon Marcel Griaule, qui a été le promoteur de la première thèse, celle-ci complète les domaines du patriarcat et du matriarcat. (Voir M’Backe Cheikh Diop : Cheikh Anta Diop : l’homme et ses travaux. Paris : Présence africaine. Deuxième édition. 2003, pp.32-6)

11. Belaïd Abane, "Frantz Fanon et Abane Ramdane : brèves rencontres pendant la révolution algérienne", p. 42 dans l’excellent ouvrage collectif , assemblé par Nigel. C. Gibson : "Fanon Living, Global Perpsective". (Palgrave mcMillan, New York City. ISBN 978-0-230-11497-5 (pbk) 2011)

12. Sur ce sujet, les rugissements des historiens belges lors de la parution du livre d’Adam Hochschild "The ghost of Leopold II" méritent d’être mentionnés. On peut y lire, dans ce livre d’histoire destiné aux lycéens du Congo (alors le Congo belge) : "Le roi Léopold II a sacrifié sa fortune pour donner une colonie à la Belgique". A cela on peut ajouter un titre évocateur du livre de Jean Stengers "Combien le Congo a-t-il coûté à la Belgique ?" (Académie royale des sciences coloniales, Bruxelles, 1957,II,1)

* Jacques Depelchin - ce texte a été traduit par Elisabeth Neffennegger.

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