Hausse des prix en Afrique : Un mois d'avril des plus fous

Au moment où se tenait à Accra la 12e CNUCED, les pays africains faisaient face à une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Une flambée des prix à l’origine de manifestations et de troubles dans plusieurs pays du continent. Tour d’Afrique des marchés, pour un mois d’avril qui restera mémorable.

En Guinée, le réajustement des prix des produits pétroliers à la pompe intervenu le 1er avril a eu des effets sur les marchés. Le riz est passé de 140 000 F guinéens à 160 000 F.

Pendant ce temps, en Centrafrique, le prix du sac de farine est passé de 16 000 à 28 000 F CFA, soit une hausse de plus de 60%. Celui d’un morceau de savon est passé de 125 à 200 F, tandis que celui d’un litre d’huile de cuisine a augmenté de 1000 à 2000 F.

Le Bénin n'a pas été épargné par le phénomène. Le kilogramme du maïs vendu à 150 F est passé à 250 F, le riz de 300 à 450 F, le litre de l’huile de palme de 500 F à 900 F, le haricot de 300 à 400 F, la boîte de sardine de 250 à 300 F et le paquet du sucre de 250 à 350 F.

Au Togo, comme dans la plupart des pays africains, l'inflation influe sur l'habitude alimentaire des populations. Confrontés à la flambée des prix des produits de première nécessité, bon nombre de Togolais envisagent de réduire le nombre de repas quotidiens. Le bol de maïs, vendu auparavant à 250 F, est monté à 500 F, soit une augmentation de 100 %. Le kilo de poisson chinchard vendu à 850 F revenait à 950 F. Le litre d’huile alimentaire d’arachide qui était à 500 F est à 700 F.

Le bol de sel vendu à 300 F coûte 1000 F alors que celui de la farine de manioc est fixé à 500 F au lieu de 400 F. Le bol de haricot varie de 1000 à 1200 F au lieu de 750 F. L’huile rouge de palme était vendue à 1500 F contre 700 F
Le carton de lait affichait 12 700 F au lieu de 11 900. Le prix de la baguette de pain oscillait entre 75 et 100 F. Les pâtes alimentaires qui étaient à 350 F sont proposées à 400 F et le sac de riz est cédé dans les marchés togolais à 13500 F au lieu de 11500 F.

En Afrique du sud, l’augmentation des prix des denrées a accéléré de 14,1% en février, dépassant ainsi la prévision d’inflation de 9,4% par an.

Au Ghana, les récentes pénuries de denrées de consommation courante ont porté le taux d’inflation à 14,2%.

En Algérie, L’Office national algérien des statistiques (ONS) a révélé que le niveau moyen d’augmentation des prix à la consommation a atteint 4,4 % sur une année (de février 2007 à février 2008).

Au Burkina, entre décembre 2007 et janvier 2008, les prix des produits ont augmenté de 10 à 67%. Le litre d’huile est passé de 600 F à 900 F, soit 50% de hausse et le sac de 50 kg de riz vendu à 14.500 F a connu une augmentation de 13,8%.
Le litre d’huile s’est vendu entre 850 F et 1000 F contre 650 F auparavant, alors que le kilogramme de la viande est passé de 1400 à 1800 F. Le savon et le lait ont aussi connu une hausse allant de 25 à 80%.

Au Gabon, le prix du sac de riz de 50 kg est passé de 14.000 à 18.000 F en 2007. Le gouvernement gabonais a décidé de mettre sur pied un comité interministériel ad hoc chargé de gérer une éventuelle flambée des prix des produits de première nécessité.

Au Congo, les prix des produits alimentaires ont connu une augmentation sensible dans la capitale, passant de 24 000 Francs congolais (1 dollar = 550 FC) à 26 000 FC soit une hausse de 8 %). Le sac de 50 kg de cossettes de manioc qui coûtait 27.000 FC est monté à 32.000 FC (+18 %) de même que le sac de maïs ; ces denrées constituent deux des principaux produits de grande consommation.

Le prix du riz a également connu une majoration, un sac de 25 kg s’achetant à 13.500 FC contre 12.700 FC (7,8 %) auparavant. L’augmentation des prix concerne aussi la farine de blé, passéd de 25.000 FC à 26.000 FC (4 %).

Au Niger, selon l’Institut de la statistique sur l’indice harmonisé des produits de consommation du Niger, les prix du poisson et des fruits connaissent des hausses de 14,4 % et 2,6 %.
Un sac de 50 kilos de riz précédemment vendu à 15 000 F est cédé entre 17 000 et 20 000 F. Le sac de 100 kilos de mil est à 15 000 F contre 12 000 F, celui de sorgho à 14 000 F au lieu de 11 000 F, le maïs à 16 000 F au lieu de 13 000 F. Pendant ce temps, le sac de niébé se vend à 21 000 F au lieu de 12.500 F, alors que le panier de tomate est passé de 3 000 F à 3500 F.

Selon Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, les prix des denrées alimentaires au niveau mondial ont bondi de 45 % sur les neuf derniers mois et il y a de sérieuses pénuries de riz, de blé et de maïs. Des mesures urgentes lui paraissent nécessaires pour s'assurer que les conséquences négatives à court terme de la hausse des prix des denrées alimentaires n'affectent pas de façon encore plus alarmante les plus pauvres.

* Noel Tadégnon est journaliste togalais, correspondant de l'Institut Panos Afrique de l'Ouest
(Sources : APA News, IRIN, ActionAID, FAO)

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