Journée mondiale de l’industrialisation de l’Afrique : Un tournant pour le continent ?

Depuis la libération des colonies africaines, les mêmes pays industrialisés ont utilisé ou utilisent toutes sortes d’astuces aux niveaux bilatéral et multilatéral de leurs relations avec les nouvelles nations d’Afrique pour leur imposer une autre division internationale qui vise à pérennise les objectifs de la division du passé colonial. Les mesures pour faire avancer dans les faits une Afrique indépendante, puissante, autosuffisante et politiquement intégrée seront prises par les Africains eux-mêmes et par eux seuls.

C’est en application de la Résolution RES/44/44/237 votée par l’Assemblée générale des Nations-Unies que fut instauré cet événement. A cette occasion, la communauté internationale et tout particulièrement ses membres d’Afrique, organisent des activités et des débats autour d’un thème particulier. En tant qu’agence spécialisée de l’Onu pour la promotion de l’industrie, l’Organisation des Nations Unies pour l’Industrie (Onudi) joue le rôle central pour la célébration de cette Journée. Le thème choisi pour l’année 2012 est «Energie durable pour un développement industriel accéléré».

En novembre 2011, le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Louis Paul Motaze, a dit publiquement son indignation face au blocage, par les puissances industrielles, des efforts et des initiatives africaines tendant à développer l’entreprenariat local dans le domaine de l’industrie. Il a cité, entre autres, les cas de la fabrication du bitume et des produits pharmaceutiques pour lesquels son pays dispose de matières premières en quantité. (www.africatime.com/Cameroun/popup.asp?no_nouvelle=635926).

En cette période actuelle de crise économique mondiale et de forte augmentation du nombre de jeunes Africains des deux sexes qui, de plus en plus nombreux, sortent qualifiés à tous les niveaux de divers établissements d’instruction et de formation, la question soulevée par le ministre est d’une très grande importance.

L’on ne peut pas dire que les dirigeants et les professionnels africains ne savent pas ce qu’ils doivent faire pour résoudre cette question. Ils savent. Aussi bien ceux d’aujourd’hui que ceux d’hier. Mais ils sont désavantagés par le rapport de forces au niveau international, par la fragmentation du continent et par la tiédeur des actes d’audace démocratique chez les acteurs politiques et les citoyens. C’est à des réflexions sur cette situation que le présent article est consacré.

UNE DIVISION INTERNATIONALE DU TRAVAIL INEQUITABLE

On sait qu’à l’époque coloniale, la fonction assignée à l’Afrique dans le développement de l’économie mondiale, c’était la fourniture de matières premières agricoles, énergétiques et minérales aux entreprises industrielles des puissances
coloniales et de leurs alliés. Ces matières premières étaient transformées en produits finis et semi-finis qui étaient commercialisés sur les marchés du monde entier. Ce faisant, des millions d’emplois étaient crées, des inventions réalisées et des richesses produites pour servir au bien-être des indigènes des pays industrialisés.

De cette division internationale du travail, l'Afrique sortait plus déréglée, plus désorientée et plus dépendante.

Depuis la libération des colonies africaines, les mêmes pays industrialisés ont utilisé ou utilisent toutes sortes d’astuces aux niveaux bilatéral et multilatéral de leurs relations avec les nouvelles nations d’Afrique pour leur imposer une autre division internationale qui vise à pérennise les objectifs de la division du passé colonial.

De sorte que, sciemment ou forcés, les dirigeants africains ont conçu ou exécuté des politiques qui pourraient être résumées comme suit : tarissement des ressources publiques à cause de la privatisation des sociétés d’Etat et de certains services publics ; paiement d’intérêts excessifs sur leurs dettes extérieures ; affaiblissement du pouvoir régulateur des Etats dans les secteurs stratégiques de leurs économies et des relations extérieures ; cantonnement des gouvernements à l’exercice des seules responsabilités de maintien d’un ordre mis à mal par le chômage et la pauvreté ; exécution de certains projets de la Banque Mondiale et le FMI qui favorisent l’assistance technique à travers laquelle ils privilégient la création d’emplois dans les pays donateurs; destruction des classes moyennes locales et des groupes capitalistes africains en voie de formation, etc.

Malgré ces dysfonctionnements imputables en partie à des ingérences extérieures, mais aussi à des actes de malversations financières locales, beaucoup d’observateurs expriment un certain optimisme quant à l’évolution de l’économie africaine. Andrew Burns , Responsable du groupe des perspectives de développement de la Banque mondiale, a écrit récemment : « L’Afrique subsaharienne sera la seule région du monde à accélérer sa croissance en 2012 avec un PIB en hausse de 5.3% contre 4.9% en 2011.»

Dans les conditions mouvantes de la crise aux causes multiples qui a frappé les Etats-Unis d’Amérique et les pays de l’Union Européenne, beaucoup de dirigeants et d’experts africains en sont venus à proclamer que l’Afrique devrait désormais briser ses liens de dépendance vis-à-vis des forces extérieures et compter sur ses propres forces dans le cadre d’une coopération internationale équitable.

Cette vision stratégique nouvelle d’une Afrique indépendante et autosuffisante caractérise la phase actuelle de transition dans le développement du continent. Elle comprend trois composantes majeures.

UNE AFRIQUE CREATRICE D’EMPLOIS ET DE RICHESSES

La première composante consisterait à mettre fin au statut d’une Afrique uniquement exportatrice de matières premières et son remplacement par un continent transformateur, en Afrique même, de ses richesses naturelles en produits finis et semi finis pour satisfaire avant tout son marché intérieur d’un milliard et plus de consommateurs. Et ce faisant, à créer des emplois par millions pour sa jeunesse.

Des responsables politiques africains ont exprimé cette exigence de plusieurs manières.

Mme Ngozi Okonjo Iweala, ministre de l’Economie du Nigeria, a déclaré en janvier 2012, au Forum économique mondial de Davos en Suisse : « Il y a une nouvelle génération de leaders qui sont très conscients du fait que l’Afrique ne peut pas rester le continent des matières premières. Qu’il faut la transformer ».

Ahmed Hamid, le Commissaire de la Commission Economique des Etats d’Afrique Occidentale (CEDEAO) chargé du Commerce, de l’industrie, de la douane et de la libre circulation, a affirmé récemment à Dakar : «Rien ne nous empêche de mettre nos efforts ensemble et créer, avec des critères de gestion, des unités industrielles communes, équidistantes dans la sous-région… On constate qu’il y a rien dans le domaine de la transformation, de l’industrialisation, de la création des ressources… L’Afrique a des choses à transformer, rien ne nous manque. Les progrès scientifiques et technologiques sont ouverts à tout le monde. »

Dans son discours de prestation de serment, suite à son élection à la présidence de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila a annoncé «l’interdiction progresse de l’exportation des mines à l’état brut et la promotion en conséquence d’une industrie locale de transformation. »

En remontant en amont dans l’histoire, on trouve des dirigeants politiques africains qui ont exprimé la même exigence stratégique avec davantage plus de force. Au Cameroun, le président de la République Paul Biya écrivait en 1987, dans son livre-programme de philosophie politique : « Le fait d’accorder la priorité à l’agriculture ne signifie nullement que nous militons avec moins de force pour une industrie progressive du Cameroun. L’Afrique est le continent le moins industrialisé du monde et nous devons travailler avec détermination pour sortir de cette division internationale du travail héritée de la colonisation. » (Paul Biya, Pour le libéralisme communautaire, Ed. Pierre-Marcel Favre, Lausanne, 1987).

Plus loin, le président camerounais souligne avec une force trouvée nulle part ailleurs : « Nous voudrions le dire sans ambiguïté : le Cameroun ne saurait rester un pays exclusivement agricole. Nous devons dés à présent jeter les bases d’une industrie industrialisante. Cela ne peut se faire qu’en programmant à moyen et à long terme le développement d’une industrie lourde ».

En 1981, le Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OUA tenu à Lagos reconnaît que « les Etats membres ne sont pas encore en mesure d’exercer une souveraineté réelle et permanente sur leurs ressources naturelles. » (voir Le Plan d’Action de Lagos, page 51). Cette Conférence adopte en conséquence la position suivante :

« Octroi d’un rang élevé de priorité à la création d’industries multinationales dans la région africaine, notamment dans les domaines de base tels que la métallurgie, la fonderie, l’industrie chimique, etc., qui sont caractérisés par des coûts d’investissement élevés ; élargir la coopération industrielle bilatérale entre les Etats membres par le biais d’instruments tels que les entreprises communes. » (voir le Plan d’action de Lagos, page 47)

En remontant plus loin, l’on peut lire dans le Programme de l’Union des Populations du Cameroun, un mouvement de libération nationale : « Quand nous aurons, sur une grande échelle, développé notre administration et nos possibilités d’exploiter nos ressources naturelles, alors nos efforts de développement accorderont la priorité à l’industrie lourde.

Notre pays doit rapidement produire non plus seulement des matières premières, mais encore fabriquer:

- une gamme de produits énergétiques : pétrole, essence, gaz et sous-produits;

- des machines de toutes sortes, servant à fabriquer d’autres machines, à développer toutes formes de transport, à réaliser toute espèce de travaux publics, à mécaniser intégralement l’agriculture, etc.

- des produits chimiques extrêmement variés : engrais, produits pharmaceutiques, colorants, explosifs»
(Bureau du Comité Directeur de l’UPC, La Révolution kamerunaise : ses objectifs, sa signification et ses répercussions dans le continent africain, Le Caire, 1960).

Les revendications des dirigeants africains en matière industrielle ne visent donc pas la seule production de jus de gingembre, de farine de manioc, de fritures de plantains ou de savon artisanal. Ils veulent se mettre à l’industrie lourde qui, pour Wikipedia, « désigne en général les activités nécessitant, pour exister, l'emploi d'outils et de capitaux très importants. Il n'existe pas de liste officielle des activités considérées comme faisant partie de l'industrie lourde. On peut cependant considérer les secteurs liés à la production ou à la transformation de matières premières comme les mines, la métallurgie, la papeterie et la chimie de première transformation comme étant des exemples de ce que l'on classe couramment dans l'industrie lourde. Certaines activités à dominante mécanique ou électrique comme la construction navale ou la production d'électricité sont également de bons exemples. »

L’exploitation du gisement de minerai de fer transfrontalier de Nabemba en République du Congo et de Mbalam au Cameroun pourrait être un exemple d’entreprise industrielle commune entre les deux Etats, non seulement pour l’extraction du minerai de fer, mais aussi pour la production locale d’acier.

UNE CONFEDERATION DES ETATS-UNIS D’AFRIQUE (CEUA) PUISSANTE

Des luttes politiques pour la prise du pouvoir se déroulent dans chacun des cinquante quatre Etats membres de l’Union africaine. Les politiciens qui participent à ces luttes, croient, à quelques exceptions près, qu’ils réussiront leurs progrès dans le cadre de leurs frontières actuelles tracées par la Conférence de Berlin en 1884-1885.

En même temps et depuis des décennies, ils rêvent d’une Afrique économiquement unie et commercialement ouverte en une zone de libre échange. Mais avec la mondialisation, ils prennent de plus en plus conscience qu’une telle unité ne pourrait fonctionner avec efficacité sans une gestion en commun, par un Exécutif continental, de certains domaines stratégiques de leur développement (la défense, les relations extérieures, les finances, les matières premières, par exemple). C’est pourquoi la deuxième composante de la vision d’une Afrique indépendante et autosuffisante est l’intégration politique du continent.

En juillet 2007, au terme des travaux de sa neuvième session ordinaire, l’Assemblée des chefs d’Etat et de gouvernements africains a rendu publique une déclaration dans laquelle, collectivement et de façon exhaustive, elle pose les problématiques de l’édification d’une Confédération des Etats-Unis d’Afrique et d’un gouvernement continental de l’Union. A cette occasion, les Chefs d’Etat et de Gouvernement africains ont approuvé un très important document désormais connu sous le nom de Déclaration d’Accra, dans lequel, après avoir rappelé :

- «… que l’objectif ultime de l’Union africaine est la réalisation des États-Unis d’Afrique avec un Gouvernement de l’Union tel qu’envisagé par les pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité africaine et en particulier par le dirigeant visionnaire, le Dr. Kwame Nkrumah du Ghana ;

- « … la nécessité d’apporter des réponses communes aux principaux défis de la mondialisation auxquels l’Afrique fait face et soucieux de renforcer les processus d’intégration régionale à travers un mécanisme continental efficace » ;

Ils ont reconnu :

«…Que l’ouverture des marchés intérieurs étroits à des échanges commerciaux et des opportunités d’investissement plus grands à travers la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux, contribuerait à l’accélération de la croissance, réduisant ainsi la faiblesse excessive dont souffrent beaucoup de nos Etats membres ».

Et ils ont déclaré :

« Nous sommes convenus d’accélérer l’intégration économique et politique du continent africain, à travers, notamment la formation d’un Gouvernement d’Union pour l’Afrique, l’objectif ultime de l’Union africaine étant la création des Etats-Unis d’Afrique… »

Tant que cette vision sera soutenue par les seuls chefs d’Etat et de gouvernement, elle ne sera mise en œuvre ni dans les plus brefs délais ni dans la perspective d’une juste distribution des richesses. Il importe donc que les peuples africains, leurs représentants sur le continent et outremer se l’approprient. Les partis politiques, les syndicats, les dirigeants des associations diverses doivent se prononcer en faveur de la CEUA et intégrer sa création dans leurs programmes de développement. Car l’édification de la CEUA se fera avant tout dans l’intérêt des populations. Avec ses 30 millions 65 000 km² de superficie, son milliard d’habitants et un leadership unique dans les domaines essentiels à convenir au niveau continental, l’Afrique parlant d’une seule voix, sera respectée, recherchée, en raison de ses matières premières immenses, de ses produits finis et semi-finis bon marché, de sa main d’œuvre qualifiée peu chère et de son immense marché de consommateurs qui ira croissant.

COOPERATION POUR LES INTERETS D’UNE AFRIQUE INDEPENDANTE, AUTOSUFFISANTE ET PUISSANTE

En conclusion de son livre sur « L’Occident : du déclin au défi », Edem Kodjo, ancien Premier Ministre du Togo et ancien Secrétaire général de l’OUA, a écrit : « L’Occident a la puissance, mais c’est dans l’hémisphère Sud que se joue son destin.» Une Afrique politiquement intégrée se présentera donc aux tables de négociations avec des atouts dont les autres parties devront tenir compte.

A la fin de la Guerre froide, on avait prédit l’avènement d’une ère de paix, de prospérité, de démocratie et de justice pour tous et partout. Or voici qu’une grave crise financière a éclaté aux Etats-Unis d’Amérique d’abord et en Europe ensuite. Elle s’est développée pour devenir une crise économique mondiale. Les révélations sur les niveaux des dettes souveraines de ces Etats ont amené des observateurs de pays en développement et d’Afrique à se demander si ces démocraties avancées vivaient au-dessus de leurs moyens ; si leur puissance reposait sur ces dettes, et si l’aide publique au développement provenait aussi de ces dettes.

L’aggravation de la situation économique, politique et sociale dans certains pays de l’Union européenne est telle que la Banque mondiale en est venue à élaborer pour eux des plans d’ajustement structurel réservés jusqu’alors aux seuls Etats défaillants du Tiers monde. Afin de réussir son admission dans la zone Euro, la Grèce a falsifié ses statistiques afin de camoufler les fraudes et les incohérences d’une gestion financière calamiteuse.

Aux Etats-Unis d’Amérique, dont la dette publique s’élèvait en avril 2011 à 14 251 milliards de dollars, des comtés, dans certains Etats fédérés, sont aujourd’hui menacés de faillite. Il y en a qui se trouvent déjà en cessation de paiement de salaires et de pensions de retraite. Et le Gouvernement fédéral déclare ne pas disposer de moyens pour aller à leur secours.

Certains experts prétendent que cette crise serait le résultat de quelques dérèglements techniques passagers du système. Ils seront, pensent-ils, vite résolus grâce à des ajustements. D’autres analystes, par contre, sont de l’opinion que c’est tout le système capitaliste qui est touché à mort.

Quant aux pays émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ils sont devenus d’une part, des concurrents redoutables des Etats-Unis d’Amérique et des pays de l’Union Européenne, et d’autre part des modèles que des pays en développement voudraient reproduire. Les pays occidentaux sont donc en train de perdre leur statut de modèles à reproduire.

Le poids des exigences vitales du milliard d’Africains et l’urgence à les satisfaire sont tels que tous les gouvernements d’une Afrique fragmentée, ou d’un Gouvernement d’Union continentale n’ont d’autre choix que de changer de mode de coopération aussi bien avec le monde occidental qu’avec les pays émergents. Les principes de base d’une nouvelle coopération que les dirigeants Africains politiquement unis devraient adopter pourraient être les suivants :

- renforcement des relations avec les pays qui contribueraient à une industrialisation respectueuse de l’environnement et à grande échelle du continent ;
- rupture des relations avec ceux des partenaires qui viseraient à diviser l’Afrique et à tenter d’opposer les intérêts des pays confédérés à ceux de la Confédération ;
- rejet de la position suivante définie dans le Plan d’Action de Lagos en 1980 : « .. les Etats membres considèrent comme leur dû la contribution massive et appropriée que les pays développés doivent apporter à l’œuvre du développement du continent africain, dont le succès constitue la condition même de la poursuite du développement des pays avancés et de la préservation de la paix dans le monde. »
.
Les propos que Kwame Nkrumah tint le 24 mai 1963, à la Conférence constitutive de l’OUA à Addis Abeba, restent plus que jamais significatifs pour le continent. Il prononça à cette occasion la mise en garde suivante : « Aucun Etat qfricain indépendant n’a aujourd’hui, par lui-même, la puissance de suivre une voie indépendante de développement économique, et plusieurs d’entre nous qui s’y sont efforcés ont été presque ruinés ou ont dû se laisser ramener au bercail de leurs anciens maîtres coloniaux. Cette situation ne changera pas tant que nous n’aurons pas une politique unifiée opérant sur le plan continental ».

CONCLUSION : L’URGENCE D'ACTES D’AUDACE DEMOCRATIQUE

Les mesures pour faire avancer dans les faits une Afrique indépendante, puissante, autosuffisante et politiquement intégrée seront prises par les Africains eux-mêmes et par eux seuls : qu’ils soient actuellement dirigeants au pouvoir ou responsables politiques de l’opposition ; experts indépendants, représentants élus des populations, syndicalistes ; leaders d'opinion laïques ou religieux; dirigeants d’associations africaines d'outremer; chefs et rois traditionnels.

Pour une fois, il ne sera pas besoin d’en appeler aux grandes puissances, à l’ONU ou au Conseil de sécurité. Les sacrifices à assumer seront définis par les Africains eux-mêmes et en toute conscience. Il faudra aussi faire appel à des investisseurs africains ; à des entreprises à capitaux africains et étrangers, etc.

Dans l’état actuel des urgences démocratiques qui se posent à l’Afrique sur les plans interne et international, des décisions devraient être prises pour une mobilisation politique des populations africaines en faveur de la Confédération des Etats-Unis d’Afrique.

Les intelligences et les responsables africains devraient promouvoir la culture et la pratique des outils démocratiques, non pour satisfaire les propagandes des dirigeants des démocraties avancées, de leurs médias et de leurs agences de droits humains. Les Africains – dirigeants et citoyens – doivent recourir à l'outil démocratique car c'est la meilleure arme pour défendre leurs intérêts dans leurs espaces national, sous-régional et continental.

L'audace démocratique que beaucoup d'Africains appellent de leurs vœux, est nécessairement continentale aujourd’hui. Les partis politiques et d’autres organisations doivent organiser des campagnes d’explication contre les complexes de pauvres partenaires que sont en particulier les complexes d’infériorité et de mendicité.
(Voir J.M Tchaptchet, Coopération technique en Afrique : les complexes de pauvre
partenaire, D+C Développement et Coopération, Berlin, n°3/1997 mai/juin).

Afin que ce nouvel environnement débouche sur une Afrique indépendante, puissante et autosuffisante, les recommandations suivantes pourraient servir :

1. négocier des « compromis historiques entre tous les acteurs politiques » dans chacun des 54 états africains afin d’assurer une transition harmonieuse et pacifique vers cette Afrique;

2. instaurer à l'Union Africaine le référendum comme outil constitutionnel de validation des décisions majeures aux niveaux continental. ;
3. organiser l’adhésion à l’Union Africaine par référendum mis en œuvre selon une feuille de route claire préparée par une Commission électorale africaine indépendante ;

4. élire au suffrage universel le prochain président ou la prochaine présidente de la Commission de l’Union africaine.;

5. faire revendiquer par l’Assemblée des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine, un siège au Conseil de sécurité de l’Onu avec droit de veto. Ce représentant ou cette représentante serait membre de la Commission de l’Union africaine et non le représentant ou la représentante d’un pays africain donné;

6. organiser, dés que possible, l’élection au suffrage universel des membres du Parlement panafricain, et non plus assurer leur nomination par les parlements nationaux ;

7. accélérer les travaux de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) et des autres institutions appropriées en vue de la mise en place comme déjà décidé, de la Banque centrale africaine au Nigeria, de la Banque africaine des investissements en Lybie, du Fonds monétaire africain au Cameroun; et de la mise en circulation en 2023 de la monnaie commune africaine.

Face aux puissances industrielles, une Afrique politiquement unie servirait de parapluie, pour ne pas dire de bouclier à chacun des 54 Etats actuels membres de l’Union Africaine. Par exemple, l’obstacle à la production industrielle locale soulevé plus haut par le ministre Motaze ne se poserait certainement pas. Car il serait levé par des négociations menées au nom de l’ensemble des pays africains exploitant des ressources pétrolifères.

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** Tchaptchet Jean-Martin est écrivain et consultant en coopération internationale

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