Le président nigérien jugé non grata au Bénin
Le Bénin a accueilli le président nigérien, au cours d’un sommet international pour se mobiliser contre le marché des faux médicaments. Pour une organisation de la société civile béninoise, cette présence de Mamadou Tandja sur le sol béninois sonne comme un déshonneur, après les manipulations constitutionnelles et le coup de force politique qu’il a perpétré pour perpétuer son pouvoir. Social Watch Bénin rappelle ainsi qu’il n’y a pas plus coupable que le silence indifférent face à « la logique de confiscation des pouvoirs » qui s’installe au Niger.
Dans le cadre de l’Appel de Cotonou contre les faux médicaments, notre pays a accueilli ce 11 Octobre 2009, plusieurs chefs d’Etats africains et l’ancien Président français Jacques Chirac, avec les membres du Comité d’honneur de la mobilisation internationale contre les faux médicaments.
Notre pays peut s’enorgueillir d’avoir abrité cette importante rencontre au cours de laquelle les chefs d’Etat et de gouvernements présents se sont engagés à éradiquer la production et la vente illicites de faux produits pharmaceutiques, à soutenir la lutte contre les faux médicaments, à renforcer et harmoniser le contrôle de qualité des médicaments et à sensibiliser leurs populations à cette priorité mondiale.
Si le Bénin peut s’honorer de la présence de ce parterre de personnalités de toutes catégories venues de tous horizons, il est à déplorer qu’au nom de l’hospitalité légendaire du peuple béninois et de l’amitié entre les peuples, l’Appel de Cotonou a permis d’accueillir un hôte de marque qui s’est illustré ces derniers mois dans son pays par la violation des règles démocratiques et constitutionnelles.
En effet, son Excellence Monsieur Mamadou Tandja, président de la République sœur du Niger qui achève normalement son second et dernier mandat en décembre 2009 a réalisé un coup de force en s’adjugeant des pouvoirs exceptionnels qui l’ont conduit à la dissolution de l’Assemblée nationale et à la suspension de la Cour constitutionnelle de son pays. Dans sa logique de confiscation des pouvoirs, de tripatouillage de la Constitution nigérienne, de passage en force illégal et illégitime par l’adoption d’une nouvelle constitution en août 2009, et l’organisation dans quelques jours de controversées élections législatives, le président Mamadou Tandja, s’est mis aux antipodes des dignes leaders du continent africain comme Nelson Mandela.
Son régime s’est lancé dans des dérives antidémocratiques et dans des atteintes répétées à la liberté d’expression et d’opinion chèrement acquises par le Peuple nigérien ainsi que dans des menaces attentatoires à la liberté des organisations de la société civile, de la presse nigérienne et des violations des droits syndicaux.
L’arrivée sur la terre du Bénin après s’être rendu coupable d’acte de parjure à l’égard de la Constitution du peuple frère du Niger, constitue une offense aux populations de notre pays considéré comme le « laboratoire de la démocratie » en Afrique.
Devant le silence coupable des autorités béninoises sur la situation d’usurpation de pouvoirs au Niger et l’accueil réservé à Mamadou Tandja, président en fin de mandat du Niger, Social Watch Bénin demande au gouvernement et au Parlement béninois de faire montre de véritables défenseurs des valeurs démocratiques et rappelle au président nigérien que le sens élevé d’hospitalité du peuple béninois ne peut être interprétée comme un acquiescement de ses dérives dictatoriales. Social Watch Bénin invite les acteurs de la vie sociopolitique de notre pays à lancer un message fort de désapprobation au président Mamadou Tandja. Comme l’a dit l’un des valeureux Noirs américains, Martin Luther King, « Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants ; c'est l'indifférence des bons. »
* La Coordination nationale de Social Watch Bénin
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