Les médias alternatifs, moyen de lutte contre le système capitaliste

Dans le torrent des médias du système libéral qui balaye le monde pour consolider un système d’exploitaiton et d’asservissement, Bernard Bokodjin trouve en Pambazuka news «un de ces médias qui éclaire les peuples africains et du monde sur le système de gouvernance en Afrique », qui « milite pour sortir l’Afrique du joug colonialiste et de la domination des mafias de la françafrique»

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« Les capitalistes appellent « liberté de la presse » la liberté de corruption de la presse par les riches, la liberté d’utiliser la richesse pour fabriquer de toute pièce et falsifier la supposée « opinion publique ». Les défenseurs de la « démocratie pure » se manifestent aussi dans ce cas comme des défenseurs du plus immonde et vénal système de domination des riches sur les médias de masse, et en deviennent des menteurs qui trompent le peuple et qui, avec des phrases belles mais fausses jusqu’à la moelle, le détournent de la tâche historique concrète de libérer la presse de sa soumission au capital ».

Ces mots du président du Costa Rica révèlent la place que les médias occupent dans le monde actuel pour que les « riches du monde » déploient tout leur arsenal financier pour les contrôler. Depuis quelques décennies, les Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) ont pris une importance capitale dans le quotidien de toute la population mondiale. Toute initiative, projet ou action ne peut connaitre de réussite s’il n’y à pas une communication adéquate autour du sujet. Internet, Télévision, presse écrite, radio… tous diffusent à longueur de journée des informations sur les divers sujets qui alimentent l’actualité du monde. Et, la population, dans la plupart des cas, prend pour « vérité biblique » les informations véhiculées par les médias.

Or la plupart des « grands médias » sont au service d’un système qui a pour principal objectif, la domination des pays du sud pour une appropriation de leurs ressources minières, financières et humaines. Les médias qui voudraient montrer une résistance dans la mise en application du plan austère des capitalistes sont rapidement submergés par des dollars, et tombent dans le piège bien affiné des financiers du monde.

En 1880, à New-York, le journaliste John Swinton confessait que « le travail des journalistes consiste à utiliser le mensonge pur et simple, pervertir, diffamer et adorer le « Mammon » (l’argent) à leur pieds, pour détruire la vérité, et pour vendre son pays et son humanité pour manger chaque jour. Cela vous le savez et je le sais, mais quelle est cette illusion de célébrer une presse indépendante ? Nous sommes les instruments et les vassaux de ces riches qui se cachent dans les coulisses. Nous sommes des marionnettes pour ceux qui en tirent les ficelles, et nous dansons. Nos talents, nos potentiels et nos vies sont propriétés d’autres hommes. Nous sommes des prostitués intellectuels ».

Dans ce paysage hautement corrompu, quelques médias s’efforcent encore de ne pas succomber à la tentation et luttent pour une distribution équitable des ressources de la planète, l’avènement des Etats de droit et une véritable démocratie adaptée au contexte africain, avec une justice équitable. D’autres encore sont engagés pour la cause des dominés et arrivent à constituer un contre pouvoir réel des dirigeants. Pambazuka news est l’un de ces médias qui, de par ses articles, son espace d’expression, éclaire les peuples africains et du monde entier sur le système de gouvernance en faveur de quelques dirigeants au pouvoir en Afrique. Il montre par les analyses de ces correspondants partout dans le monde, les voies et moyens empruntés par les « riches » du monde pour imposer une domination accrue sur les « pauvres ».

Il est clair que les peuples ne sont pas assez informé, ou sont mal informés sur le système de fonctionnement érigé en loi par les néolibéraux et qui sont respectés à la lettre par des dirigeants africains à la solde de ce système. C’est là toute l’importance des médias libres ou alternatifs qui œuvrent pour une éducation dites « citoyenne », car le pouvoir véritable appartient au peuple. L’existence de ces médias constitue un problème pour « les mercenaires » africains, car ils donnent des informations jugées sensibles par les pouvoirs en place.

Pambazuka news milite pour sortir l’Afrique du joug colonialiste et de la domination des mafias de la francafrique. Les articles en trois langues différentes offrent une opportunité unique, un atout considérable pour des milliers de lecteurs à travers le continent, qui arrivent à saisir le sens véritable des actions posées par leurs gouvernants. Mais le plus important réside dans la possibilité que Pambazuka donne à des mouvements sociaux, ONG, associations, artistes militants et activistes des droits de l’Homme, que les grands médias ignorent, de vulgariser leurs actions ou activités menées dans le sens du véritable développement de l’Afrique. Pambazuka constitue une tribune unique où, des quatre coins du monde, parviennent un regard d’acteurs et de militants qui nous confortent dans notre droit de demander des comptes aux avides du pouvoir.

La révolution au Maghreb et dans le monde arabe a montré que seul le peuple peut choisir son dirigeant ; et ce pouvoir est inaliénable. Mais, pour que ce peuple arrive à montrer sa détermination dans le choix de son dirigeant, il faut qu’il soit informé et formé pour revendiquer ses droits. Ce défi peut être relevé. Il faut de l’abnégation de la part de militants du monde. Les médias alternatifs qui se développent ainsi constituent des espaces riches d’analyses sans discrimination, pour impulser la renaissance du continent. Cette tendance que perturbe l’asservissement entretenu par les médias mainstream doit être maintenue.

L’uruguayo-vénézuélien Aram Ahoronian, un des fondateurs de teleSUR, met en garde : « il ne sert à rien d’avoir de nouveaux médias, de nouvelles télés, si nous n’avons pas de nouveaux contenus, si nous continuons à copier les formes dominantes. Il ne sert à rien d’avoir de nouveaux médias si nous ne croyons pas à la nécessité de nous voir avec nos propres yeux. Parce que lancer des médias nouveaux pour répéter le message de l’ennemi, c’est être complice de l’ennemi ». D’où la nécessité d’avoir un Forum social mondial des médias libres pour vulgariser les actions et consolider les acquis. Chaque édition suscitera le partage d’expériences et d’idées qui permettront à chaque structure d’agir et de développer d’autres initiatives. Amener les Africains à penser par eux-mêmes pour agir sur le présent et construire un autre futur reste ne nécessité. L’avenir de l’Afrique en dépend.

* Bernard Dodji Bokodjin est sociologue et journaliste indépendant, Membre d’Attac-Togo et activiste des Droits de l’Homme

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