Les scandales cachés des industries extractives
De certains pays africains, on a pu dire qu’ils sont des scandales géologiques. Mais que ce soit la bauxite de la Guinée, l’or du Mali, le diamant de la Rd Congo, le cuivre de la Zambie ou l’uranium du Niger, les richesses du continent ont plus nourri des scandales et conduit à des drames multiformes, que favorisé le développement de ses populations. De sorte que les industries extractives passent pour faire le malheur des peuples plutôt que leur bonheur, alors que les richesses profitent à des intérêts bâtis dans l’opacité.
Dans une opacité entretenue par un réseau de complicités et de corruption, mais aussi du fait de l’incapacité des gouvernants à mettre en place des politiques respectueuses de l’intérêt national, des multinationales pillent le continent. Une situation que leur facilite des Etats déliquescents, mais surtout une opinion publique pas assez informée des scandales qui se perpétuent pour pouvoir se mobiliser dans la défense des intérêts nationaux. Et les pillages se perpétuent impunément jusqu’à ce que les drames commencent à éveiller les consciences. C’est avec la rébellion touarègue qu’on a commencé à ouvrir les yeux sur les conditions d’exploitation de l’uranium au Niger. On sait que guerre au Libéria a été longtemps nourrie par les «diamants du sang». Ailleurs, sous d’autres formes, les populations africaines souffrent de vivre sur des terres «trop riches pour elles» et qui assouvissent des appétits peu soucieux de leurs intérêts.
Pour permettre «l’accès et la diffusion d’une information fiable et indépendante, destinée aux citoyens en général et aux communautés affectées en particulier, à chaque étape du processus d’exploitation des ressources naturelles (exploration, mise en exploitation, gestion et redistribution des revenus)», l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO) a organisé, du 6 au 10 octobre, un atelier de formation de journalistes sur les industries extractives. Quinze journalistes du Mali, du Niger et du Sénégal y ont pris part. L’activité s’inscrit dans le cadre d’un programme de promotion de l’information sur les industries extractives. Elle va se prolonger par une campagne médiatique destinée à informer davantage et mieux sur le sujet, à poser les enjeux liés à ce secteur dont l’importance économique n’a d’égal que les effets déstabilisateurs multiformes dans les pays où il se développe.
Cette campagne prend en charge un thème qui sera sans doute un des axes phares dans les débats qui seront soulevés à l’occasion du prochain Forum social africain (FSA) prévu au Niger, du 20 au 25 novembre 2008. Le débat a souvent été agitée à l’occasion du FSA, mais il devrait prendre cette fois une dimension plus importante, au regard du niveau de mobilisation de la société civile nigérienne sur la question des industries extractives.
Pour les besoins de la formation des journalistes, des experts sur les questions relatives aux industries extractives ont fait différentes communications et mis à la disposition des journalistes des documents devant les aider à avoir une meilleure compréhension des enjeux, afin mieux informer les opinions publiques. Cette édition de Pambazuka News vous propose quelques textes présentés à cette occasion. Notamment sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux de ces industries.
* Tidiane Kassé est le rédacteur en chef de l’édition française de Pambazuka News
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