Mandela, le parrain du néo-apartheid sud-africain

Tandis que Mandela agonise, son testament de parrain du néo-apartheid sud-africain est plus solide que jamais.

Aujourd’hui, en Afrique du Sud, de nombreuses gens vivent dans des conditions presque aussi peu sûres et indignes qu’il y a 20 ans, lorsque le président Mandela prêta serment pour la première fois. Ce que l’on peut dire de plus pertinent de l’Afrique du Sud « moderne », c’est qu’elle est soumise à une nouvelle forme d’apartheid.

Mais attendez un peu : après l’élection de Mandela, premier président noir sud-Africain n’a-t-on donc pas rendu à ses premiers propriétaires la terre volée par les colons blancs du régime de l’apartheid ? Non, les masses de sans-terre sud-africains n’ont bénéficié d’aucune réforme agraire. En revanche, Mandela a veillé à octroyer aux entreprises minières transnationales toutes les nouvelles terres qu’il leur fallait. Et tandis qu’on cultive en Afrique du Sud d’énormes quantités de la céréale alimentaire nationale de base, le maïs, dont le pays est un des premiers exportateurs, le peuple doit encore se battre chaque jour pour pouvoir acheter le maïs nécessaire à l’alimentation familiale.

Et à propos des entreprises minières, qui constituent la base de l’immense richesse du pays, Mandela n’avait-il pas un jour promis de les nationaliser et d’utiliser leur fabuleux potentiel de richesse en faveur du peuple sud-africain ? Oui, il l’avait promis, mais non, il n’a pas tenu sa promesse. Bien au contraire, il a levé toutes les restrictions pesant sur les propriétaires des mines, afin qu’ils puissent délocaliser leurs sièges sociaux dans d’autres pays pour éviter l’impôt.

Et sa promesse de garantir à tous les Sud-Africains la fourniture d’une eau potable de qualité ? Non, cette promesse non plus n’a pas été tenue. En revanche, sous la présidence de Mandela, les firmes minières ont obtenu la permission de continuer à polluer les nappes phréatiques de nombreuses régions du pays.

Mandela n’avait-il pas promis à son peuple le libre accès à une éducation publique et universelle ? Les mineurs ont fait grève l’an dernier parce qu’ils ne pouvaient pas payer les frais de scolarité de leurs enfants : voilà la meilleure réponse à cette question.

Les Sud-Africains ne sont-ils pas plus aisés, n’ont-ils pas plus d’argent en poche et un meilleur niveau de vie ? Selon le président Zuma le Pib d’Afrique du Sud a augmenté de 20% depuis la fin de l’apartheid il y a 20 ans. Sauf que l’accroissement du coût de la vie depuis 20 ans a dévoré les augmentations salariales, ce qui pour les classes populaires a entraîné dans les faits une baisse du niveau de vie.

Et qu’en est-il d’une manière générale de l’espérance de vie et de la santé dans le pays ? Les Sud-Africains ne vivent -ils pas plus longtemps que jamais auparavant ? Une fois de plus la réponse est négative : sous Mandela et ses amis, l’espérance de vie a fortement baissé et il va falloir que le pays s’en relève. Ce fait est à imputer en partie à l’incapacité de Mandela et de ses copains à prendre au sérieux la pandémie du sida. Et aujourd’hui les hôpitaux où sont traités les malades du sida n’ont aucun des médicaments indispensables, parce que le gouvernement de l’Anc a réduit les subventions.

Il fut un temps où la ballade de la liberté que chantait l’Anc sous Mandela avait pour refrain « Un colon, une balle». Aujourd’hui, d’aucuns suspectent les multinationales qui pillent l’Afrique du Sud de chanter dans leur Conseils d’administration « Un mineur, une balle », depuis que la police sud-africaine, sur l’ordre des propriétaires de mines, a rouvert le feu sur les mineurs en grève.

La vie ne s’est donc guère améliorée pour la majorité des Sud-Africains ; mines et terres sont toujours la propriété des Blancs. Eau, nourriture, éducation, soins de santé sont toujours insuffisamment assurés, quand ils ne font pas tout à fait défaut. Mais ce qui ne fait pas défaut, c’est la corruption ; on en trouve à foison chez les dirigeants gouvernementaux de l’Anc. Il semble que tous les chefs de l’Anc, de toutes ses fractions, soient accusés de corruption, parce qu’ils se sont rempli les poches sur le dos du peuple. Et ce sentier très fréquenté mène à la porte de Mandela. Mais aucun journaliste, pas plus que leurs rédactions, n’ont eu jusqu’ici le courage d’ouvrir cette porte et de faire connaître la vérité au monde.

Il y a 20 ans, Nelson Mandela a tenu sur les fonts baptismaux ce qui est devenu le néo-apartheid sud-africain et aujourd’hui, sur son lit de mort, il a bien mérité le titre de « parrain » du néo-apartheid. Comment appeler autrement le système social officiellement le plus inégalitaire du monde actuel - le « post-apartheid » sud-africain moderne ?

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** Thomas C. Mountain est un activiste politique révolutionnaire de longue, éducateur anti-raciste - Source http://www.countercurrents.org/mountain090713.htm (traduit par Michèle Mialane pour http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=10356)

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