Nos Terres, notre Business ! 180 organisations du monde entier demandent à la Banque Mondiale de mettre fin à ses activités de classements.
Les classements « Doing Business » de la Banque Mondiale notent les pays en fonction de la « facilité d’y faire des affaires ». Ils ont poussé de nombreux dirigeants de pays en développement à déréglementer leurs économies dans l'espoir d'attirer les investissements étrangers. Cependant, ce que la Banque Mondiale considère bénéfique pour les entreprises étrangères est très souvent l'exact opposé de ce qui l’est pour les communautés locales.
Alors que les réunions de printemps de la Banque mondiale vont s’ouvrir à Washington Dc, 180 groupes, Ong, syndicats, organisations paysannes et de consommateurs originaires de plus de 80 pays demandent que la Banque mette fin à ses classements Doing Business et à ses activités soutenant l’accaparement des terres et des ressources naturelles. Le phénomène touche les populations les plus pauvres dans le monde, parmi lesquelles les paysans, éleveurs et communautés autochtones qui sont les garants de la production alimentaire pour l’ensemble de la planète.
Pour Anuradha Mittal, directrice exécutive de l'Oakland Institute, « la Banque Mondiale facilite l'accaparement des terres et sème la pauvreté en favorisant les intérêts des investisseurs étrangers au détriment de ceux des populations locales ».
« Les paysans sont les premiers investisseurs et employeurs dans le secteur agricole dans les pays en développement. Au lieu de les soutenir, la Banque mondiale encourage le pillage de leurs ressources par des sociétés étrangères et des hommes d'affaires locaux », rapporte Alnoor Ladha, directeur exécutif de /The Rules.
Les classements « Doing Business » de la Banque Mondiale notent les pays en fonction de la « facilité d’y faire des affaires ». Ils ont poussé de nombreux dirigeants de pays en développement à déréglementer leurs économies dans l'espoir d'attirer les investissements étrangers. Cependant, ce que la Banque Mondiale considère bénéfique pour les entreprises étrangères est très souvent l'exact opposé de ce qui l’est pour les communautés locales.
« Le classement Doing Business et le nouveau Benchmarking the Business of Agriculture que la Banque est en train d'élaborer poussent les gouvernements à sacrifier leur pays aux intérêts privés. Ils devraient plutôt soutenir les exploitations familiales et leur garantir un accès durable à la terre, crucial pour l'avenir économique, social et environnemental de nos pays », alerte Ibrahim Coulibaly, président de la Coordination nationale des organisations paysannes du Mali (Cnop) et vice-président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'ouest (Roppa).
Dans le secteur agricole, les classements « Doing Business » ont encouragé les gouvernements à faire de la terre une marchandise - et à la vendre ou à la louer à des investisseurs étrangers, indépendamment de l'impact social ou environnemental de telles politiques. Les paysan-ne-s, les éleveurs et les peuples autochtones sont victimes de l’étroite collaboration des gouvernements et sociétés étrangères qui travaillent main dans la main pour les déposséder de leurs terres, et par là même obtenir le soutien de la Banque mondiale.
Les conséquences sont dévastatrices. Par le biais des réformes et des politiques préconisées par la Banque, la Sierra Leone a pris 20 % des terres arables aux populations rurales du pays pour les louer à des producteurs de canne à sucre et d'huile de palme étrangers. Au Libéria, des géants de la production d'huile de palme britanniques, malaisiens et indonésiens ont obtenu des baux sur plus de 600 000 hectares de terres qui appartenaient traditionnellement aux communautés locales. Aux Philippines, 5,2 millions d'hectares ont été acquis par des entreprises depuis 2006, faisant du pays la troisième destination au monde pour les investissements fonciers étrangers.
Amadou Kanouté, Directeur exécutif de Cicodev Afrique explique que « le classement Doing Business est une épée de Damoclès au-dessus de la tête de nos dirigeants qui veillent sur sa prochaine sortie pour se glorifier ou se justifier devant les institutions financières internationales, celles qui prescrivent leur modèle développement à nos pays, au lieu de rendre des comptes aux citoyens qui les ont élus. Nous voulons préserver notre autonomie pour décider du futur de nos politiques foncières, alimentaires et agricoles. »
Le problème de l'accaparement des terres est maintenant sur le point de s'aggraver. Sous la pression du G8 et avec le soutien financier de la Fondation Gates, la Banque clone la méthodologie de son classement fétiche pour l’appliquer à un nouveau projet appelé le « Benchmarking the Business of Agriculture » (Bba). L’objectif explicite du Bba est de promouvoir « l’émergence d'un secteur agricole commercial fort ».
« Le Bba va limiter la capacité des gouvernements à poursuivre leurs propres politiques et objectifs alimentaires, et va permettre aux entreprises de jouir encore plus des terres et ressources naturelles des pays, réduisant la protection des travailleurs agricoles qui souffrent déjà du grand déficit d’emplois décent dans leur secteur » a déclaré Ron Oswald, secrétaire général de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation et de l’agriculture, l'Uita.
« Nous faisons front avec les paysan-ne-s, les éleveurs et les peuples autochtones des pays en développement qui aujourd’hui sont en passe d’ëtre écrasés sous le rouleau compresseur des politiques de la Banque Mondiale », a ajouté Anuradha Mittal. «Des initiatives comme les classements Doing Business de la Banque encouragent les gouvernements à voler les pauvres pour donner aux riches. Cela doit cesser. »
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REFERENCES
- Pour lire le rapport, « Aveuglement volontaire - Comment le Doing Business de la Banque mondiale note appauvrissent les paysan-ne-s » ainsi que des fiches pays sur les mauvaises affaires de la Banque Mondiale dans les pays en développement, visitez www.ourlandourbusiness.org
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- Pour la liste des signataires de la déclaration commune : http://bit.ly/Q40h4i