Occupation du Nord Mali : Favoriser une culture de la paix
D’abord frileux sur la question malienne, le Sénégal se retrouve à devoir jouer un rôle plus dynamique dans la recherche de solution au conflit qui secoue le nord de ce pays. Car il y a là des responsabilités géopolitiques et autres que le président Macky Sall ne peut plus esquiver.
Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations-Unies (Onu) pourrait donner sous peu le... feu vert pour la guerre au Mali aux pays participants, de la Cedeao au Sud de l’Afrique.
Cette force de la Mission des Nations-Unies au Mali (Micema) pourrait mettre du temps à se mettre en place puisque les objectifs sont encore flous pour le moment. Une diplomatie de la paix pourrait alors se mettre en branle pour éviter une guerre qui se terminerait fatalement autour d'une table, mais aux conséquences sociales désastreuses pour la région ouest-africaine.
Trois mille hommes, en majorité des militaires, mais aussi des policiers du Nigeria, du Togo, du Niger, du Sénégal, du Cap-Vert, mais aussi de l'Afrique du Sud et du Tchad constitueront la force de frappe de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest désireux de libérer le Mali. Ils se mettront progressivement en place d'ici quelque temps.
Dans l'euphorie générale actuelle née de la rencontre de l'Onu sur le Sahel durant la session de septembre, la tendance globale est au conflit armé pour éviter un Etat islamique au Mali. Les Maliens eux-mêmes ont mandaté Ousmane Tanor Dieng du Sénégal dans ce sens, dans une note de 21 pages datée du 21 septembre, en souhaitant l'implication plus poussée et plus ouverte du Sénégal, à la place d'un comité de médiation sans culture pour ceux qui veulent déstabiliser l'Ouest africain.
D'abord réticent, le nouveau président sénégalais a fini par s'impliquer de manière dynamique, après New-York (Ndlr : au cours de la session de l’Assemblée générale de l’Onu, en septembre), lui qui, pour des raisons historiques, avait d'abord refusé d'envoyer des troupes dans la coalition de la communauté ouest-africaine. Mis devant ses responsabilités géopolitiques en Amérique, Macky Sall a fini par céder.
Il est possible, pour le socialiste sénégalais (…) de réussir son mandat sur un double plan diplomatique et militaire ; mais c’est sur l'aide à la solution sans coup férir qu'il est attendu. D'autant qu'Ousmane Tanor Dieng du Sénégal verrait alors sa stature internationale fortement rehaussée. Surtout que l'Amérique elle-même déroule un chronogramme assez long où le "politique" devrait prévaloir, sans rejeter le volet militaire (général Carter Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique - Africom) . Pour ce faire, il doit intervenir auprès du président Amadou Toumani Touré (qui devrait, à l’occasion, jeter "l’opprobre" sur un ancien chef d’Etat). En interrogeant aussi sur le fond Alpha Omar Konaré et le dernier ministre des affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maïga, il lui serait possible de comprendre l'espèce de bande d'Aouzou qui a permis l'occupation rapide du Nord Mali.
Idriss Deby attendu en octobre en France serait perçu comme un recours stratégique dans l'optique d'une intervention au Mali. Ce que "La Lettre du Continent" ne précise pas dans ce numéro 643 du septembre, c'est que l'imbroglio malien ressemblerait fort, selon certaines sources, à l'affaire de la bande d'Aouzou avec François-Ngarta Tombalbaye et la Libye de Khadaffi.
En faisant intervenir l’Algérie, le Qatar et le Royaume d’Arabie Saoudite principalement, une nouvelle alternative pourrait s’offrir à l’Afrique et au monde de régler la crise malienne sans une guerre qui est certes un élément de dissuasion, mais qui finit toujours par une négociation autour d’une table.
La crise ivoirienne, en vigueur depuis 2002, a eu des incidences économiques et sociales importantes au Sénégal, en particulier dans les secteurs du logement et de l’enseignement, surtout privé, avec des hausses asses sérieuses. Le trafic entre le Sénégal, le Mali, la Guinée et la Gambie dans le secteur céréalier est un poids assez sérieux pour le nouveau régime de Macky Sall, confronté à de sérieuses difficultés économiques. Le poids de la guerre au Mali reposerait principalement sur Dakar, Abidjan étant dans une agitation sans fin avec Ouattara et les Maliens refusant dans leur grande majorité la médiation du groupe de contact avec le plus grand déstabilisateur de l'Afrique de l'Ouest. C'est ce qui expliquait peut-être les atermoiements de Dakar dans ce panier à crabes malien.
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** Pathé Mbodje est Journaliste, sociologue
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