Protestations au Soudan : Censure et arrestations à grande échelle
A l’insu du monde extérieur, les autorités soudanaises ont fait preuve d’une extrême brutalité pour réprimer les protestations qui ont balayé le pays, en réaction au coût élevé de la vie et en opposition croissante à la dictature de Al Bashir.
INTRODUCTION
A la mi-juin, une série de protestations ont jailli dans différentes régions du Soudan, devant la hausse du coût de la vie et les difficultés économiques aggravées par l’abolition des subventions sur le carburant. Les manifestations, appelant à la chute du régime, ont été décrites par les Soudanais comme étant la 3ème Intifada. Elles surviennent une année après la séparation du Sud Soudan, le 9 juillet 2011, épisode qui a gravement affecté l’économie du Soudan.
Khartoum a perdu environ 75% de sa production pétrolière et 65% de ses revenus totaux. Les deux gouvernements n’ont pas encore réussi à se mettre d’accord sur le coût du transport du pétrole à travers les oléoducs soudanais, depuis la région de production dans le sud. La situation s’est même dégradée au point que le Sud Soudan a arrêté sa production de pétrole. De plus, en avril, un violent conflit a éclaté dans les champs pétrolifères de Hijlij.
Le budget du Soudan a aussi été affecté par la violence dans le Nil Bleu et le Kordofan du Sud, après que le président a rejeté un accord signé par Nafie Ali Nafie, son assistant, et Malik Aggar, dirigeant du SPLM-Nord. L’accord prévoyait que le SPLM-N s’établisse et soit enregistré comme parti politique et clarifiait les arrangements militaires et sécuritaire dans les deux régions.
La violence a aussi coûté cher au gouvernement, affectant l’élevage et la production agricole dans ces régions en plus d’un déplacement massif de population. Le budget s’en est retrouvé chargé d’un fardeau économique additionnel.
En mai, le taux d’inflation a atteint son plus haut niveau, passant de 28,6 en avril à 30,4. Le marché a vu les prix de l’alimentation et des boissons grimper. Le déficit du budget national a été compensé par l’annonce d’un paquet de mesures d’austérité, dont la plus importante est l’abolition de la subvention sur le carburant qui a entrainé l’augmentation des prix à la pompe et pour nombre d’autres biens de consommation.
Une autre mesure qui a également contribué à l’augmentation des prix a été la hausse des impôts. Des mouvements de jeunesse et des mouvements estudiantins ont organisé des manifestations, après que le mot d’ordre a été donné sur les médias sociaux pour demander un changement pacifique du régime. L’élément déclencheur est venu des étudiants de l’université de Khartoum qui protestaient pacifiquement dans les établissements hôteliers entourant le campus central, le soir du samedi 16 juin. Elles manifestaient contre la hausse des prix et les difficultés économiques au Soudan. Les protestations se étendues aux alentours de l’université pour gagner la ville et le voisinage de Khartoum State, avant de se répandre dans des localités comme El Jazeera, Kosty, El Gadarif, Kasala, Port-Soudan et El Obeid. Ce qui montre bien qu’une grande partie des citoyens soudanais est mécontente de la situation actuelle.
Ce texte documente les mouvements de protestation conduits par les étudiants, les jeunes, les militants politiques et d’autres citoyens. Il couvre la période du 16 au 28 juin et fournit un résumé de la montée des mouvements de protestation ainsi que des différentes violations commises par les forces régulières du gouvernement soudanais ou par les milices à sa solde.
PROTESTATIONS
Les protestations du 16 juin ont commencé le soir dans un foyer hébergeant des étudiantes au campus central de l’université de Khartoum. Le mouvement estudiantin condamnait l’abolition des subventions sur le carburant et la hausse des prix. Le lendemain matin, les protestations se sont étendues à d’autres campus, les manifestants scandant des slogans comme "Non à la hausse des prix" ou "Les gens veulent des prix plus bas".
Peu après, de nombreuses autres universités et d’autres secteurs ont rejoint les manifestants à Khartoum, parmi lesquels l’Université du Soudan et l’Université d’Omdurman Al Ahleya. Les protestataires ont tôt fait d’établir le lien entre la détérioration économique et le régime politique. Les slogans ont alors changé et du "Non à la hausse des prix" on est passé à "Changez, changez El Bashir", "Les gens veulent renverser le régime", "Citoyens ! Exigez vos droits" et "Proteste Khartoum, nous ne serons pas gouverné par le voleur de Khafori".
Nombre d’organisations de jeunesse et estudiantines, des partis et des organisations politiques (l’un d’entre eux étant le National Consensus Forces qui inclut les partis et mouvements d’opposition) se sont ensuite lancés dans la mouvance, à travers des déclarations soutenant les étudiants et demandant la chute du régime. La police a réagi en réprimant les manifestations, le Central Reserved Police Unit et le Anti Riot Police (police anti-émeute) faisant usage de gaz lacrymogène et de bâtons pour réprimer des manifestants dont certains ont été incarcérés et d’autres poursuivis en justice.
Malgré tout, les manifestations ont pris une tournure populaire plus grande, les résidents de Khartoum Bahri City (El Sayid Ali Str.) se joignant aux manifestants. Des protestataires ont ainsi surgi d’Omdurman Al Ahleya pour se diriger vers la région de Umbadda, qui est parallèle à la région de Hamad el Neil. On comptait jusqu’à deux mille étudiants mobilisés qui, après une "Discussion corner" (endroit du campus où les étudiants discutent de questions politiques), se sont dirigés vers le rond-point de El Mansoora, en direction de Umbadda Street, où ils ont été rejoints par d’autres manifestants.
Au quatrième jour des manifestations, les forces de sécurité ont commencé à demander du renfort pour faire face aux protestations. Des civils s’y sont mis, portant des armes rudimentaires (des barres de fer, des épées, des hachoirs et des tubes à eau), pour participer à la répression.
Le 20 juin, les manifestions se sont étendues après que le Parlement soudanais se soit prononcé en faveur du discours du président exposant les mesures d’austérité. Ce même jour apparaissent les premières déclarations de la communauté internationale concernant les manifestations. Le gouvernement américain exprime alors sa grave préoccupation face à la répression de protestations pacifiques par le gouvernement soudanais et à la censure de la presse. Ce jour-là, les manifestations se sont poursuivies à l’université de Khartoum Al Ahleya et devant Institutions for Banking Studies. A quoi s’ajoute une manifestation lancée au terme d’un symposium public qui a eu lieu dans les bâtiments de la Umma Party à Omdurman, suivie d’une courte manifestation dans la région de Ryadh tard ce soir-là.
La violence policière à l’encontre des manifestants s’est alors accrue. La police a arrêté nombre de membres de la Umma et des participants au symposium restés à l’intérieur jusqu’à trois heures du matin. Ils ont détruit le pare-brise de la voiture d’un membre de la Umma et des agents de sécurité ont jeté des gaz lacrymogène à l’intérieur du bâtiment du parti et battu les participants.
Au 6ème jour, le jeudi 21 juin, la sécurité s’en est prise aux blogueurs et aux journalistes dont les activités, au cours des six premiers jours des manifestations, ont aidé à augmenter la prise de conscience sur ce qui se passait au Soudan. Mais de nombreux groupes avaient appelé à de grandes manifestations pour le lendemain vendredi, désigné sous le nom de "Kataha Friday" (le vendredi de la tempête de sable). Le mouvement s’est ainsi élargi et a gagné en soutien public, avec de nombreux quartiers de la capitale qui se sont joints aux manifestants : El Diem, El Geref West, El Fetehab, El Haj Yousif et d’autres. Des manifestions ont aussi éclaté dans d’autres villes comme Sinnar, Port Soudan (la capitale de l’Etat de la mer Rouge) et El Gadarif. La police réprimait les contestataires en faisant usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. Le type de gaz lacrymogène devenait plus puissant à chaque manifestation et les arrestations se multipliaient, parmi lesquels des militants politiques, des photographes et des journalistes.
La plus grande des protestations a eu lieu le dimanche 24 juin, avec des manifestations à l’université de Khartoum, Shambat, Centre et au complexe d’Omdurman. Des manifestations ont également eu lieu à El Diem, Eid Hesein, El Safia, El Masalma (à Omdurman), Arkaweet, El Mamoora, Umbadda et Soba. Et d’autres encore à Port Soudan et à El Dowem. La répression s’est accentuée à l’encontre des photographes, deux d’entre eux étant arrêtés alors qu’ils photographiaient lors de la manifestation à El Diem. L’un a été relâché le même jour et l’autre gardé en détention pendant quatre jours. Son nom, Mohamed El Toum. La vague d’arrestation visait également des membres du Popular Congress Party, de l’Umma party et du parti communiste. Une trentaine de personnes, tant des femmes que des hommes, ont été arrêtés pendant cette seule journée. Certains ont été relâchés.
A partir de là, on a noté un plus fort déploiement de la sécurité et de la "Rabbata" (sécurité à la solde de l’Etat) présente sur le terrain depuis le 18 juin, avec une augmentation du nombre de voitures avec des vitres fumées qui circulaient à l’intérieur de Khartoum ainsi qu’une augmentation de la concentration d’agents de sécurité dans les quartiers et les zones résidentielles. A partir des voitures blindées, les forces de sécurité s’employaient à répandre des gaz lacrymogènes et à tirer des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants, occasionnant de nombreuses blessures. Un rapport médical du Dr Hala Abuzed, le chef des services d’urgence de l’hôpital de Khartoum, précise : "Nous avons reçu jusqu’à 17 heures aujourd’hui (le 24 juin) plus de 20 blessés". Tous étaient des étudiants de l’université de Khartoum.
Les manifestations ont pris de l’ampleur les 25, 26 et 27 juin, de plus en plus de localités se joignant au mouvement révolutionnaire, comme Port Soudan, El Gadarif, Kasala et Atbara. Le 28 juin, un groupe d’avocats s’y est mis en organisant une marche de solidarité devant le complexe de la Cour d’Omdurman, en guise de protestation contre les politiques de répression du régime à l’égard de manifestations pacifiques. Ce même jour, les forces de sécurité ont dispersé les protestataires et des volontaires qui travaillent avec des enfants malades du cancer devant la tour El Amal, dans l’Etat de Khartoum. Ces derniers demandaient des médicaments anti-cancéreux pour les enfants, mais les autorités en ont arrêté quelques-uns.
LA MILICE INFORMELLE (RABBATA)
Au cours des récentes manifestations, on a vu apparaître de nouveaux types de violations soutenus par le gouvernement soudanais. A l‘université de Khartoum et dans les rues avoisinantes, lorsque les manifestations ont commencé, des membres du NCP (aile estudiantine) ont attaqué d’autres étudiants avec des barres de fer, des épées, des hachoirs et des bâtons. Des témoins oculaires confirment que de nombreux étudiants ont été grièvement blessés dans l’attaque perpétrée par la Rabbata. Cette milice à la solde de l’Etat, a aussi attaqué des étudiants à Omdurman, à l’université Al Ahleya, à l’université de Khartoum et au complexe d’Omdurman. Des témoins confirment que des membres de la Rabbata ont agressé des étudiants sans que la police intervienne.
Dans son discours du 24 juin aux étudiants du NPC, dans le Friendship Hall, le président Al Bashir déclarera : "Nous sommes capables d’envoyer de véritables combattants, des moudjahiddines de la rue, pour repousser les contestataires, mais nous ne l’avons pas fait parce que nous sommes un gouvernement responsable". Et d’ajouter : "Nous sommes capables d’envoyer un million de moudjahiddines dans la rue". Pour les analystes, ce discours était la confirmation que le NCP préparait et entraînait ses cadres pour repousser et réprimer les manifestants.
Suite aux manifestations, de nombreuses arrestations de manifestants ont été opérées par le NISS, la police et la Rabbata, utilisant cette détention pour réprimer et intimider des protestations pacifiques. Cela avait commencé immédiatement après le début des manifestations et s’est poursuivi. Les détenus n’ayant pas le droit de communiquer avec leur famille ou d’obtenir leurs médicaments.
ARRESTATIONS
Les arrestations ont eu lieu dans différents localités : Khartoum, de Kasala, El Gadarif, El Obied, la Mer Rouge, Atbara, le Nil Bleu, Madani et Kamlien. Mais surtout à Khartoum, quartier général des partis politiques et des mouvements de jeunesse. Un précédent a même été établi lorsque les forces de sécurité ont arrêté des avocats qui défendaient des détenus. Selon nos informations, le jour où ce rapport a été établi, le nombre de détenus était entre 800 et 1000.
TORTURES
Les forces de sécurité ont fait usage de différentes formes de torture en cours de détention : violence physique et verbal, principalement de nature sexuelle à l’égard des femmes. La torture a été utilisée pour terroriser et intimider les détenus afin de décourager leur participation aux manifestations et pour les contraindre à incriminer d’autres personnes impliquées dans l’organisation des manifestations.
"J’ai été détenu suite à l’une des manifestions qui ont eu lieu dans les rues de Khartoum. Avec un collègue photographe et un ami journaliste, nous avons été pourchassés et avons eu un horrible accident qui a causé la destruction complète de la voiture du photographe. Nous avons été violemment extraits de la voiture et battus au visage, à la tête et sur toutes les parties de nos corps, avec des poings et des bâtons. Ensuite nous avons été jetés au fond d’un pick-up. Nos visages sur le sol, il nous était interdit d’ouvrir les yeux. Ils ont continué à nous battre tout au long de la route jusqu’au bureau de la sécurité. Ils ont confisqué nos téléphones mobiles, nos clés de voiture et tout ce que nous avions. Mais je n’ai pas vraiment vu parce que j’étais couché face contre terre. Lorsque nous sommes arrivés dans les locaux de la sécurité, ils nous ont interdit d’ouvrir les yeux et nous avons été brutalement poussés hors de la voiture. Nous avons été battus et insultés, en particulier nous les femmes. On nous a dit que nous étions des personnes immorales qui n’avons pas de famille, que nous sommes de mauvaises personnes (saaleeg) tout en nous regardant dans les yeux et répétant sans cesse : "Si vous appartenez à une famille qui vous a bien élevé, qu’est-ce qui vous a amenée à participer aux manifestations ?"
Ce témoignage a été publié en ligne par une détenue au cours des manifestations à Khartoum. Son nom est Karima Fathalrahman.
Les manifestations ont été suivies par les procès des militants arrêtés par la police et accusés "d’atteinte à la paix". Ils se sont déroulés dans différentes villes comme Omdurman, Khartoum, Khartoum Bahri et El Balafon ainsi que dans d’autres localités soudanaises. Certains avocats, qui préfèrent garder l’anonymat ont dit que les juges ont ignoré les conditions d’un procès équitable. Les sentences varient d’un condamné à l’autre, allant jusqu’à 20 coups de fouets pour un manifestant. L’intention est d’humilier, de porter atteinte à la dignité des manifestants qui exerçaient leur droit constitutionnel de manifester. D’autres manifestants ont été condamnés à des peines de prisons de 3 à 6 mois. Créant un étrange précédent, les juges ont ordonné aux accusés reconnus innocents de signer un engagement de ne plus participer à des manifestations à l’avenir. Dans un tribunal de Kharoum North, un juge, du nom d’Ibrahim, a condamné deux jeunes à 20 coups de fouets sur la base du seul témoignage d’un policier. Certains des accusés étaient mineurs
Les forces de sécurité, au cours des manifestations, ont ciblé les quartiers généraux des partis politiques en violation du droit à des rassemblements pacifiques et du droit à la liberté d’organisation garantis par la Constitution. Les forces de sécurité ont attaqué de nombreux quartiers généraux de partis politiques ainsi que les domiciles de certains dirigeants politiques, dans la capitale aussi bien qu’en province. Certains dirigeants et membres de partis politiques ont été arrêtés et pour la plupart n’ont pas été libérés.
Le NISS a eu à entrer dans le quartier général du New Democratic Forces (HAQ) dans la région de Khartoum 2, le soir du 18 juin. Tout le monde a été arrêté y compris des dirigeants comme M. Ahmed Shakir (vice-président du parti) et des administrateurs, ainsi que des invités qui participaient à une célébration pour l’annonce de la mise sur pied de Youth Alliance for Change. Selon des témoins oculaires, il y a eu plus 50 personnes détenues parmi lesquelles : Ahmed Shakir, Mohamed Mahjoub, Hasabo Ibrahim Abdallah, Kamal Gasm El Sied, Rashida Shams El Dien
Elles ont également pris d’assaut les locaux du Sudanese Congress Party à Abbaseya à Omdurman et ont arrêté le secrétaire politique du parti, Mastor Ahmed, ainsi que huit autres membres. Les dirigeants du Sudanese El Ba’ath Party (Sate’e Mohamed El Haj et Mohamed Dia El Dien) ont aussi été arrêtés ainsi qu’un groupe de jeunes. Les forces de sécurité ont même pénétré dans les locaux de National Unity Parti.
Le samedi 23 juin, deux officiers du NISS ont fait savoir au secrétaire général du parti Umma que toutes les activités politiques du parti étaient suspendues. Le quartier général du Popular Congress Party à Khartoum - Ryadh - étaient encerclé et certains des cadres du parti arrêtés. La police a attaqué des participants à un symposium qui se tenait dans le quartier général du parti le 25 juin et a fait usage de gaz lacrymogène afin de disperser les manifestants qui demandaient la chute du régime.
REPRESSION DE LA LIBERTE D’EXPRESSION
Les autorités ont violé la liberté d’expression de diverses façons. Elles ont continué à exercer leur censure les journaux, à arrêter des journalistes et toute personne parlant avec des médias internationaux. Certains détenus ont raconté que la police leur avait demandé leur nom d’utilisateur et leur mot de passe pour le compte Facebook et leur courrier électronique, en les avertissant que s’ils en changeaient ils pourraient être à nouveau arrêtés. Ils ont également dit que leurs téléphones portables ont été contrôlés et que la police a effacé les photos prises pendant les manifestations.
La samedi 16 juin, le NISS a fermé le journal El Tayar qui avait publié un certain nombre d’articles sur la corruption et une critique d’un entretien télévisé avec le président. L’auteur de cet article a été détenu. Le journal El Midan n’est pas paru plus de deux mois et 13 numéros ont été confisqués sur ordre du NISS. Des informations provenant de la presse disent que le NISS a envoyé une circulaire aux journaux et agences de presse le dimanche 17 juin, leur enjoignant de ne pas publier d’info concernant les manifestations et les protestations pacifiques résultant de l’annulation des subventions sur le carburants et la hausse continue des prix.
Le 17 juin, les autorités ont confisqué trois journaux indépendants sans préavis : El Ahdath, El Watan, et El Mustaquilla. Le journal Al Tayar, lui, a été suspendu pour une durée indéterminée. Le 19 juin, les forces de sécurité ont arrêté Martelli, le correspondant de l’agence française AFP. Sa licence lui a été retirée et il a expulsé du Soudan.
Depuis le 21 juin, le NISS a ciblé des blogueurs et des journalistes. Les forces de sécurité ont arrêté Maha El Sanosi, une militante du mouvement Girifna et une blogueuse et journaliste égyptienne du Bloomberg Network, Selma El Wardani. Elle a été expulsée vers le Caire le 26 juin, parce qu’elle couvrait les évènements à l’université de Khartoum.
Le blogueur Ousama a été arrêté pour avoir publié des infos sur Twitter et avoir envoyé des images à l’édition anglaise de Al Jazeera . Ousama Abdallah, qui était une des blogueuses les plus éminentes pour avoir utilisé #Sudan Revolts est devenu une sources importantes d’infos pour les médias extérieurs. Le 25 juin, les autorités ont fermé des sites web comme El Rakoba, Sudaneseonline et Hurryat qui publiaient des infos concernant la révolution. Elles ont arrêté les journalistes Khalid Ahmed et Ibtihaj Motwakil, qui tous deux travaillaient pour le journal El Sudani, alors qu’ils couvraient les manifestations à Khartoum. Le NISS a confisqué leurs caméras.
Les autorités ont arrêté toute personnes possédant une caméra disant que ceci affectait la sécurité nationale. La journaliste Najlaa Sid Ahmed a été convoquée au bureau de NISS et a été menacée afin qu’elle cesse de couvrir et de documenter les violations. Le NISS a aussi détenu nombre de journalistes photographes lors des manifestions. Parmi eux : Mohamed Toum, Mohamed Sukki et Sari Dafa-Allah.
Les rapports qui nous sont parvenus font part de l’intrusion des forces de sécurité dans la maison de Yasir Fathi, un militant du parti Umma et l’ont arrêté. Le gouvernement a clairement fait fi du respect de la sphère privée des militants et des citoyens, qui est pourtant garanti par des conventions internationales signées par le gouvernement et intégré dans la constitution soudanaise.
CONCLUSION
Les forces de sécurité ont systématiquement étouffé les voix de la rue et muselé les médias. Ils ont monté une immense campagne d’arrestations à l’encontre des militants, des membres de partis politiques, des journalistes, des photographes, des groupes de jeunes et des contestataires. Certains ont été détenus pour de longue période et n’ont pas encore été libérés. Des détenus ont été soumis à différentes formes de torture.
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** Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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