Togo : 51 ans d’indépendance, à quand le bout du tunnel ?
Les festivités des Cinquantenaires des indépendances sont passées d’une années, engageant l’Afrique sur chemin de son centenaire. Après les fastes, la dure réalité des aspirations de justice sociale et de développement trahies par les gouvernants est là. Le Togo des 50 ans + 1 est un cas désespérant que brosse Bernard Bokodjin.
27 avril 1960-27 avril 2011. il y a 51 ans le Togo accédait à la souveraineté internationale ! Pourtant la plupart de nos concitoyens vivent toujours dans une pauvreté abjecte. Les trois repas quotidiens pourtant une évidence sous certains cieux demeurent un mythe chez de nombreux Togolais.
Les centres de santé trop chers dans les milieux urbains sont pratiquement inexistants dans les zones rurales. Phénomène récurrent, la corruption est devenue un véritable fléau. Le gouvernement a déclaré avec fanfaronnade la gratuité de la scolarité au cour primaire et pourtant des parents d’élèves sont toujours obligés de payer des frais parallèles qui reviennent plus chers que les écolages elles-mêmes. Des contrats sont toujours passés de gré à gré dans plusieurs domaines.
Les proches du pouvoir vivent dans un luxe ostentatoire tandis que le peuple survit dans la disette. Des cas de corruption avérés, pourtant dénoncés par plusieurs médias, sont restés non élucidés : la gestion du Fonds d’entretien routiers, l’affaire Sam Bikassam à Togo Telecom, pour ne citer que ces exemples.
Sur le plan démocratique le Togo est toujours à la traîne. La liberté d’expression n’est toujours pas acquise. Pour preuve, plusieurs radios locales, à l’instar de Radio X solaire, Métropolys, etc., sont fermées pour des raisons fallacieuses.
Le pouvoir qui devrait être pour le peuple est pris en otage par une minorité d’individus. Des élections entachées d’irrégularités sont légions. Les éventuels contestataires sont maltraités et parfois tués. Les opposants sont devenus des pestiférés et sont la cible des milices du pouvoir. La justice, garante de l’équité, dans certains pays est à la solde du pouvoir et rend des verdicts au gré de ce dernier. Les prisonniers politiques peuplent les prisons sans aucune forme de procès.
Dans le domaine éducatif, les programmes enseignés datent des lustres et ne sont pas prêts d’être changés ; les salles d’université sont bondées et surchauffées et pourtant c’est le bastion des futurs cadres de la République.
Cinquante et un après notre indépendance, tout reste encore prioritaire; les infrastructures routières sont dans un état lamentable. Le SMIG est le plus bas de toute la sous-région et pourtant nous avons assez de richesses: le phosphate de très bonne qualité, le clinquer, le fer, etc. En outre, le Togo détient le premier port en eau profonde de toute la sous-région !
Les jeunes diplômés sans emplois sillonnent les rues de Lomé comme conducteurs de taxi moto. Leurs sœurs, elles, faute de moyens, s’adonnentallégrement au plus vieux métier du monde. Leurs parents eux, désespérés de toute cette misère, se noient dans l’alcool perdant ainsi toute autorité sur leurs enfants. Les valeurs familiales sont ainsi bafouées.
Pour calmer toute cette colère qui gronde au sein du peuple cloué au pilori par quarante et huit années de gestion du clan Gnassingbé, Faure le successeur du feu Eyadema a enclenché des réformes. Mais quelques années après son accession au pouvoir, il est désormais évident que ce ne sont que des simulacres de réformes dans le dessein d’éblouir le peuple. Or il est désormais évident que le peuple n’est plus dupe et qu’il réclame plus de justice.
A l’heure ou les mouvements de révolte sont aux portes de l’Afrique subsaharienne Faure Essozimna Gnassingbé, l’héritier du « trône » de son père doit prendre conscience de ces réalités flagrantes et se défaire des pachydermes du Rassemblement du peuple togolais, pour qui il constitue un parapluie, en vue de mener de réelles réformes pour un meilleur devenir du peuple togolais.
* Bernard Bokodjin est membre d’Attack Togo
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