Une autre vérité historique !
‘’Cuba, (en 1975), lança une massive intervention en Angola, dont la toute jeune indépendance était menacée par l’Afrique du Sud et les Etats-Unis. On peut aujourd’hui affirmer que cette opération était totalement désintéressée malgré la richesse en matières premières de l’ancienne colonie portugaise. Cuba ne demanda rien en contrepartie de son intervention. Seul le partage d’une idéologie commune et la solidarité révolutionnaire motivaient son engagement. De même, c’est avec l’aide et le soutien de Cuba à l’Anc de Nelson Mandela et à la Swapo de Sam Nujoma que les pays d’Afrique Australe, de l’Angola à la Namibie, en passant par l’Afrique du Sud, ont remporté leur lutte de libération’’ - Sanou Mbaye, in "l'Afrique au secours de l'Afrique"
En 1991, Nelson Mandela, qui venait de passer 27 ans en prison au nom d’un combat pour la liberté de son peuple, a pris l’avion et a choisi d’atterrir, non pas dans la « plus grande démocratie du monde (Usa), non pas dans « la patrie des Droits de l’Homme » (France), non pas dans « la seule démocratie du Moyen-Orient » (Israël, complice jusqu’au bout de l’apartheid), mais à Cuba. Et il y a prononcé, le 26 juillet 1991, le mémorable discours que voici où il explique comment et pourquoi la lutte doit se poursuivre dans son pays et ce qu’il doit au peuple cubain. Le Grand Soir rappelle ce voyage et donne à lire ce discours de peur que les médias oublient de le faire.
Premier secrétaire du Parti communiste, président du Conseil d’État et du gouvernement de Cuba, président de la République socialiste de Cuba, commandant en chef, le camarade Fidel Castro ;
Internationalistes cubains, qui ont tant fait pour libérer notre continent ;
Peuple cubain, camarades et amis,
C’est un grand plaisir et un honneur d’être présent ici aujourd’hui, surtout pour un si grand jour dans l’histoire révolutionnaire du peuple cubain. Aujourd’hui Cuba commémore le trente-huitième anniversaire de la prise de la Moncada. Sans Moncada, l’expédition du Granma, la lutte dans la Sierra Maestra, la victoire extraordinaire du 1er janvier 1959, n’auraient jamais eu lieu.
Aujourd’hui, voici la Cuba révolutionnaire, la Cuba internationaliste, le pays qui a tant fait pour les peuples d’Afrique.
Nous avons longtemps rêvé de visiter votre pays et d’exprimer les nombreux sentiments que nous éprouvons pour la révolution cubaine, sur le rôle de Cuba en Afrique, en Afrique australe et dans le monde.
Le peuple cubain occupe une place particulière dans le cœur des peuples d’Afrique. Les internationalistes cubains ont apporté une contribution à l’indépendance, la liberté et la justice en Afrique sans précédent de par ses principes et son caractère désintéressé.
Dès les premiers jours, la Révolution cubaine a elle-même été une source d’inspiration pour tous les peuples épris de liberté. Nous admirons les sacrifices du peuple cubain pour préserver leur indépendance et souveraineté face à une campagne impérialiste féroce orchestrée pour détruire les avancées impressionnantes réalisées par la Révolution cubaine.
Nous aussi nous voulons contrôler notre propre destin. Nous sommes convaincus que le peuple d’Afrique du Sud construira son avenir et qu’il continuera d’exercer ses pleins droits démocratiques après la libération de l’apartheid. Nous ne voulons pas que la participation populaire cesse avec la disparition de l’apartheid. Nous voulons que la libération ouvre la voie à une démocratie toujours plus profonde.
Nous admirons les acquis de la révolution cubaine dans le domaine de la protection sociale. Nous apprécions la transformation d’un pays d’une arriération imposée à l’alphabétisation universelle. Nous reconnaissons vos progrès dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la science.
Il ya beaucoup de choses que nous apprenons de votre expérience. En particulier, nous sommes émus par votre affirmation du lien historique avec le continent et les peuples de l’Afrique.
Votre engagement constant à l’éradication systématique du racisme est incomparable.
Mais la leçon la plus importante que vous avez à nous offrir, c’est que peu importe les défis, peu importe les difficultés rencontrées dans la lutte, il ne peut être question d’abandonner ! Il s’agit de choisir entre la liberté ou la mort !
Je sais que votre pays connaît de nombreuses difficultés aujourd’hui, mais nous avons confiance que le peuple résistant de Cuba les surmontera car il a aidé d’autres pays à surmonter les leurs.
Nous savons que l’esprit révolutionnaire d’aujourd’hui est né il y a bien longtemps et que cet esprit fut entretenu par de nombreux combattants de la première heure pour la liberté cubaine, et aussi pour la liberté de tous ceux qui souffrent sous la domination impérialiste.
Nous aussi, nous sommes inspirés par la vie et l’exemple de José Marti, qui est non seulement un héros cubain et latino-américain, mais qui est également honoré à juste titre par tous ceux qui luttent pour leur liberté.
Nous honorons également le grand Che Guevara, dont les exploits révolutionnaires, y compris sur notre propre continent, étaient trop puissants pour pouvoir nous être cachés par les censeurs de la prison. La vie du Che est une inspiration pour tous les êtres humains qui chérissent la liberté. Nous allons toujours honorer sa mémoire.
Nous sommes venus ici avec beaucoup d’humilité. Nous sommes venus ici avec beaucoup d’émotion. Nous sommes venus ici avec le sentiment d’une grande dette envers le peuple cubain. Quel autre pays peut se prévaloir de plus d’altruisme que celui dont Cuba a fait preuve dans ses relations avec l’Afrique ?
Combien de pays dans le monde bénéficient des travailleurs de la santé ou des éducateurs cubains ? Combien d’entre eux se trouvent en Afrique ?
Quel est le pays qui a sollicité une aide à Cuba et se l’est vu refuser ?
Combien de pays sous la menace de l’impérialisme ou en lutte pour leur libération nationale ont pu compter sur le soutien de Cuba ?
J’étais en prison lorsque j’ai entendu parler pour la première fois de l’aide massive que les forces internationalistes cubaines fournissaient à la population de l’Angola, une aide d’une telle ampleur qu’elle était difficile à croire, lorsque les Angolais ont été soumis en 1975 à une attaque coordonnée de troupes d’Afrique du Sud, du Fnla financé par la Cia, de mercenaires, de l’Unita et de troupes zaïroises.
En Afrique, nous sommes habitués à être victimes de pays qui veulent dépecer notre territoire ou saper notre souveraineté. Il n’y a pas de précédent dans l’histoire de l’Afrique d’un autre peuple qui se lève pour défendre l’un d’entre nous.
Nous savons également qu’il s’agissait d’une action populaire à Cuba. Nous sommes conscients que ceux qui ont combattu et qui sont morts en Angola ne constituaient qu’une faible proportion de tous ceux qui s’étaient portés volontaires. Pour le peuple cubain, l’internationalisme n’est pas un mot creux, mais quelque chose que nous avons vu mettre en pratique en faveur de larges secteurs de l’humanité.
Nous savons que les forces cubaines étaient prêtes à se retirer peu après avoir repoussé l’invasion de 1975, mais l’agression continue de Pretoria a rendu la chose impossible.
Votre présence et le renforcement de vos forces lors de la bataille de Cuito Cuanavale fut d’une importance véritablement historique.
La défaite de l’armée raciste à Cuito Cuanavale fut une victoire pour toute l’Afrique !
L’écrasante défaite de l’armée raciste à Cuito Cuanavale a offert la possibilité pour l’Angola de connaître la paix et de consolider sa souveraineté !
La défaite de l’armée raciste a permis au peuple en lutte de Namibie de finalement gagner son indépendance !
La défaite décisive des agresseurs de l’apartheid brisa le mythe de l’invincibilité des oppresseurs blancs !
La défaite de l’armée de l’apartheid fut une inspiration pour tous ceux qui luttaient à l’intérieur de l’Afrique du Sud !
Sans la défaite de Cuito Cuanavale nos organisations n’auraient jamais été légalisées !
La défaite de l’armée raciste à Cuito Cuanavale a rendu possible ma présence ici aujourd’hui !
Cuito Cuanavale fut un jalon dans l’histoire de la lutte pour la libération de l’Afrique du Sud !
Cuito Cuanavale fut le point tournant dans la lutte pour libérer le continent et notre pays du fléau de l’apartheid !
L’Apartheid n’est pas quelque chose qui a commencé hier. Les origines de la domination raciste blanche remontent à 350 ans, au moment où les premiers colons blancs ont entamé un processus de déstabilisation et ensuite de conquête des Khoi, San, et d’autres peuples africains - les premiers habitants de notre pays.
Le processus de conquête a dès le début suscité une série de guerres de résistance, qui à leur tour ont donné lieu à notre lutte de libération nationale. Dans un rapport de forces extrêmement défavorable, les peuples africains ont essayé de s’accrocher à leurs terres. Mais les conditions matérielles et la puissance de feu conséquente des agresseurs coloniaux ont condamné les chefferies et royaumes tribaux, divisés, à la défaite.
Cette tradition de résistance vit encore et est une source d’inspiration pour notre lutte actuelle. Nous honorons toujours les noms du grand prophète et guerrier Makana, qui est mort alors qu’il tentait de s’échapper de la prison de Robben Island en 1819, Hintsa, Sekhukhune, Dingane, Moshoeshoe, Bambatha, et autres héros de la première résistance à la conquête coloniale.
Ce fut dans le contexte de cette saisie de terres et de conquête que l’Union de l’Afrique du Sud fut créée en 1910. À l’extérieur, l’Afrique du Sud est devenue un Etat indépendant, mais en réalité le pouvoir avait été remis entre les mains des conquérants britanniques blancs qui s’étaient installés dans le pays. Dans la nouvelle Union d’Afrique du Sud, ils ont pu officialiser l’oppression raciale et l’exploitation économique des Noirs.
Suite à la création de l’Union, l’adoption de la Loi sur les terres, qui prétendait légaliser les saisies de terres du XIXe siècle, a donné une impulsion au processus menant à la formation du Congrès national africain (African National Congress – Anc, NdT), le 8 janvier 1912.
Je ne vais pas vous raconter toute l’histoire de l’Anc. Qu’il suffise de dire que les quatre-vingts dernières années de notre existence a vu l’évolution de l’Anc depuis ses débuts visant à unir les peuples africains, pour devenir une force de premier plan dans la lutte des masses opprimées pour mettre fin au racisme et à la création d’un État non-sexiste, non-racial et démocratique.
Sa composition s’est transformée depuis ses débuts lorsqu’il était un petit groupe de professionnels et de chefs, etc., en une véritable organisation de masse.
Ses objectifs ont changé, de la recherche de l’amélioration du sort des Africains à la recherche d’une transformation fondamentale de toute l’Afrique du Sud en un Etat démocratique pour tous.
Ses méthodes employées pour réaliser ces objectifs de plus grande envergure ont au fil des décennies pris de plus en plus un caractère de masse, ce qui reflète l’engagement croissant des masses au sein de l’Anc et dans les campagnes menées par l’Anc.
Parfois, les gens se réfèrent aux objectifs initiaux de l’Anc et de sa composition initiale pour laisser entendre qu’il s’agissait d’une organisation réformiste. La vérité est que la naissance de l’Anc a dès le début eu des implications profondément révolutionnaires.
La formation de l’Anc a été la première étape vers la création d’une nouvelle nation sud-africaine. Cette conception a été développée au fil du temps, trouvant son expression claire il y a trente-six ans dans la déclaration de la Charte de la Liberté (Freedom Charter) selon laquelle « l’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, noir et blanc. » Il s’agissait d’un rejet sans équivoque de l’Etat raciste qui avait existé et une affirmation de la seule alternative que nous trouvions acceptable, celle où le racisme et ses structures seraient définitivement éradiqués.
Il est bien connu que la réponse de l’État à nos exigences démocratiques légitimes était, entre autres, d’accuser nos dirigeants de trahison et, au début des années 1960, de recourir à des massacres aveugles. C’est ainsi que l’interdiction de nos organisations ne nous a pas laissé d’autre choix que de faire ce que toutes les personnes qui se respectent, y compris les Cubains, ont fait, c’est-à-dire prendre les armes pour arracher notre pays des mains des racistes.
Je dois dire que lorsque nous avons voulu prendre les armes nous avons contacté de nombreux gouvernements occidentaux pour demander de l’aide et que nous n’avons jamais été en mesure de rencontrer plus que des subalternes. Lorsque nous avons visité Cuba, nous avons été reçus par les plus hauts responsables qui nous ont immédiatement proposé tout ce que nous voulions et avions besoin. Ce fut notre première expérience avec l’internationalisme cubain.
Même si nous avons pris les armes, ce n’était pas notre préférence. C’est le régime de l’apartheid qui nous a forcés à prendre les armes. Notre préférence a toujours été pour une résolution pacifique du conflit de l’apartheid.
La combinaison de la lutte de notre peuple à l’intérieur du pays avec la lutte croissante au niveau international contre l’apartheid dans les années 1980, ont créé les conditions d’un règlement négocié du conflit de l’apartheid. La défaite décisive de Cuito Cuanavale a modifié l’équilibre des forces dans la région et sensiblement réduit la capacité du régime de Pretoria à déstabiliser ses voisins. Ceci, en combinaison avec les luttes de notre peuple à l’intérieur du pays, a été crucial pour que Pretoria réalise qu’il devait engager la discussion.
C’est l’Anc qui a initié le processus de paix actuel qui nous espérons aboutira à un transfert négocié de pouvoir au peuple. Nous n’avons pas entamé ce processus pour d’autres objectifs que ceux que nous avions pendant la lutte armée. Nos objectifs sont toujours d’aboutir aux exigences énoncées dans la Charte de la liberté, et nous n’accepterons rien de moins.
Aucun processus de négociation ne pourra aboutir tant que le régime de l’apartheid ne comprendra pas qu’il n’y aura pas de paix s’il n’y a pas de liberté et que nous n’allons pas négocier l’abandon de nos justes revendications. Ils doivent comprendre que nous allons rejeter tout régime constitutionnel qui vise à préserver les privilèges des blancs.
Il y a des raisons de croire que nous n’avons pas encore réussi à le faire comprendre au gouvernement, et nous les avertissons que s’ils n’écoutent pas, nous devrons utiliser notre pouvoir pour les convaincre.
Ce pouvoir, c’est le pouvoir du peuple, et, au final, nous savons que les masses non seulement exigeront, mais obtiendront leurs pleins droits dans une Afrique du Sud non raciale, non sexiste et démocratique.
Mais nous ne sommes pas simplement à la recherche d’un objectif précis. Nous proposons également un chemin précis pour l’atteindre, et c’est un chemin qui tout au long implique le peuple. Nous ne voulons pas d’un processus où un accord serait conclu par-dessus la tête des gens dont le rôle se résumerait à applaudir. Le gouvernement résiste à tout prix parce que la question de comment une constitution est bâtie, comment des négociations se déroulent, est indissociable à une issue démocratique ou pas.
Le gouvernement actuel veut rester au pouvoir pendant tout le processus de transition. Notre point de vue est qu’une telle situation est inacceptable. Ce gouvernement a des objectifs de négociation précis. Il ne peut être autorisé à utiliser ses pouvoirs en tant que gouvernement pour servir sa propre cause et celle de ses alliés et d’utiliser ces mêmes pouvoirs pour affaiblir l’Anc.
Et c’est exactement ce qu’ils font. Ils ont levé l’interdiction de l’Anc, mais nous fonctionnions dans des conditions sensiblement différentes de celles d’autres organisations. Nous n’avons pas la même liberté de nous organiser comme le fait l’Inkatha et d’autres organisations alliées au régime de l’apartheid. Nos membres sont harcelés et même tués. Nous sommes souvent interdits de tenir des réunions et des manifestations.
Nous croyons que le processus de transition doit être contrôlé par un gouvernement qui est non seulement capable et désireux de créer et maintenir les conditions de la liberté politique, mais qui doit aussi agir en vue de s’assurer que la transition s’effectue vers la création d’une véritable démocratie et rien d’autre.
Le gouvernement actuel s’est montré tout à fait réticent ou incapable de créer un climat propice à des négociations. Il renie des accords pour libérer les prisonniers politiques et permettre le retour des exilés. Ces derniers temps, il a permis la création d’une situation où règnent la terreur et le déchaînement de violence contre les communautés africaines et l’Anc en tant qu’organisation.
Nous avons eu 10 000 personnes assassinées dans cette violence depuis 1984 et 2000, rien que cette année. Nous avons toujours dit que ce gouvernement qui se vante de sa force de police professionnelle est parfaitement capable de mettre fin à cette violence et de poursuivre les auteurs. Non seulement ils sont réticents, mais nous avons désormais des preuves concluantes, publiées dans des journaux indépendants, de leur complicité dans cette violence.
La violence a été utilisée dans une tentative systématique pour favoriser l’Inkatha en tant qu’allié potentiel du Parti national. Il y a maintenant des preuves concluantes de fonds fournis par le gouvernement - c’est-à-dire l’argent des contribuables - à l’Inkatha.
Tout cela indique la nécessité de créer un gouvernement intérimaire d’unité nationale pour superviser la transition. Il nous faut un gouvernement jouissant de la confiance de larges couches de la population pour diriger cette période délicate, et veiller à ce que les contre-révolutionnaires ne soient pas autorisés à perturber le processus et veiller à ce que la refonte de la Constitution se déroule dans un climat exempt de répression, d’intimidation ou de peur.
Nous croyons que la Constitution elle-même doit être rédigée de la manière la plus démocratique possible. Pour nous, ceci ne peut être réalisé que par l’élection de représentants à une Assemblée constituante ayant pour mandat la rédaction de la constitution. Il y a des organisations qui remettent en question l’affirmation de l’Anc d’être l’organisation la plus représentative du pays. Si c’est vrai, qu’ils le démontrent par les urnes.
Afin de s’assurer que les gens ordinaires soient inclus dans ce processus, nous faisons circuler et discuter nos propres propositions constitutionnelles et le projet de Déclaration des droits (Bill of Rights). Nous voulons que ceux-ci soient discutés dans toutes les structures de notre alliance, à savoir l’Anc, le Parti communiste sud-africain, le Congrès des syndicats sud-africains, et parmi le peuple en général. De cette façon, lorsque les gens voteront pour l’Anc pour les représenter à une assemblée constituante, ils sauront non seulement ce que représente l’Anc en général, mais aussi quelle constitution nous voulons.
Naturellement, ces propositions constitutionnelles sont soumises à révision sur la base de nos consultations auprès de nos membres, de nos alliés, et le public en général. Nous voulons créer une constitution qui bénéficie d’un large soutien, de loyauté et de respect. Cela ne peut être réalisé que si nous allons vraiment vers les gens.
Afin d’éviter ces justes revendications, diverses tentatives ont été faites pour affaiblir et déstabiliser l’Anc. La violence est la plus grave, mais il existe d’autres méthodes plus insidieuses. À l’heure actuelle, il y a une obsession dans la presse, parmi nos adversaires politiques, et de nombreux gouvernements occidentaux sur notre alliance avec le Parti communiste sud-africain (Sacp). Les journaux ne cessent de spéculer sur le nombre de communistes au sein de notre exécutif national et prétendent que nous sommes dirigés par le Parti communiste.
L’Anc n’est pas un parti communiste mais un large mouvement de libération, qui comprend aussi bien des communistes que des non-communistes. Toute personne qui est un membre loyal de l’Anc, toute personne qui respecte la discipline et les principes de l’organisation, a le droit d’appartenir à l’organisation.
Notre relation avec le Sacp en tant qu’organisation est fondée sur le respect mutuel. Nous sommes unis avec le Sacp sur des objectifs communs, mais nous respectons l’indépendance de l’autre et nos identités distinctes. Il n’y a eu aucune tentative de la part du Parti communiste sud-africain de subvertir l’Anc. Au contraire, nous tirons une force de cette alliance.
Nous n’avons aucunement l’intention de suivre les conseils de ceux qui suggèrent que nous devrions rompre cette alliance. Qui offre ces conseils que nous n’avons pas demandés ? Pour l’essentiel, ce sont ceux qui ne nous ont jamais fourni la moindre aide. Aucun de ces donneurs de conseils n’a fait les sacrifices pour notre lutte que celles faites par les communistes. Nous sommes fortifiés par cette alliance. Nous allons la rendre encore plus forte.
Nous sommes dans une étape de notre lutte où la victoire est à portée de main. Mais nous devons nous assurer que cette victoire ne nous soit pas arrachée des mains. Nous devons nous assurer que le régime raciste sente un maximum de pression jusqu’à la fin et qu’il comprenne qu’il doit céder la place, que la marche vers la paix, la liberté et la démocratie est irrésistible.
C’est pourquoi les sanctions doivent être maintenues. Ce n’est pas le moment de récompenser le régime d’apartheid. Pourquoi devraient-ils être récompensés pour l’abrogation de lois qui constituent ce qui est reconnu comme un crime international ? L’apartheid est toujours en place. Il faut obliger le régime à le démanteler, et ce n’est que lorsque ce processus deviendra irréversible que nous pourrons envisager la levée de la pression.
Nous sommes très préoccupés par l’attitude adoptée par l’administration Bush à ce sujet. Il était l’un des rares gouvernements à être en contact régulier avec nous sur la question des sanctions, et nous a clairement indiqué que la levée des sanctions était prématurée. Cependant, sans nous consulter, l’administration nous a simplement annoncé que les sanctions américaines allaient être levées. Pour nous, c’est totalement inacceptable.
C’est dans ce contexte que nous apprécions tout particulièrement notre amitié avec Cuba. Lorsque vous, camarade Fidel, avez déclaré hier que notre cause est la vôtre, je sais que cela venait du fond de votre cœur et que c’est le sentiment de tout le peuple de Cuba révolutionnaire.
Vous êtes à nos côtés car nos deux organisations, le Parti communiste de Cuba et l’Anc, se battent pour les masses opprimées, pour veiller à ce que les richesses profitent à ceux qui les produisent. Votre grand apôtre José Marti a déclaré : « Je veux unir mon destin aux pauvres de la terre ».
Nous, à l’Anc, serons toujours aux côtés des pauvres et des sans-droits. Non seulement nous sommes à leurs côtés, mais nous ferons en sorte que tôt ou tard ils gouvernent le pays où ils sont nés, et que selon les termes de la Charte de la Liberté : « C’est le peuple qui gouverne ». Et lorsque ce moment arrivera, il aura été rendu possible non seulement grâce à nos efforts, mais aussi grâce à la solidarité, le soutien et l’encouragement du grand peuple cubain.
Je dois conclure mon intervention sur un événement dont vous avez tous été témoins. Le camarade Fidel Castro m’a honoré de la plus haute distinction que ce pays peut accorder. C’est avec beaucoup d’humilité que je la reçois car je ne pense pas la mériter. C’est une récompense qui devrait être accordée à tous ceux qui ont déjà conquis l’indépendance de leurs peuples. Mais cette reconnaissance que le peuple d’Afrique du Sud est debout et lutte pour sa liberté constitue une source de force et d’espoir. Nous espérons sincèrement que dans les temps à venir nous nous montrerons dignes de la confiance que cette récompense exprime.
Vive la révolution cubaine !
Vive le camarade Fidel Castro !
Nelson Mandela à Cuba, le 26 juillet 1991
(Traduction « souvenirs, souvenirs » par VD pour le Grand Soir)
http://www.legrandsoir.info/discours-historique-de-nelson-mandela-le-26-juillet-1991.html
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** (Traduction « souvenirs, souvenirs » par VD pour le Grand Soir)
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