Une lutte pour la dignité de la femme

Depuis toujours, les réalités culturelles dans les sociétés patriarcales africaines ont représenté un frein, une limite à la reconnaissance sociale et la valorisation de la gente féminine. Plutôt objet que sujet de droit, la femme souffre de maux bien connus et encore existants. Leurs luttes pour la dignité de la femme produit un impact qui commence à se faire sentir de façon considérable et multiforme, le défi est de rester dans cette dynamique d’amélioration continue.

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« … jusqu’à nos jours et malgré tout, la femme sénégalaise et africaine n’est pas au bout de ses peines… »

La femme, est encore à l’honneur aujourd’hui, 8 mars 2014. Depuis 1921, ce jour est pour toute femme de tout pays et de tout peuple, une occasion de revendiquer l'égalité sous toutes ses formes et de faire un bilan sur la situation des femmes dans les sociétés respectives.

Il est donc opportun de s’arrêter un peu, comme chaque année et de tâter le pouls afin de voir si la condition de la femme en général, si farouchement défendue et valorisée et depuis ces longues années, s’est réellement améliorée.

Depuis toujours, les réalités culturelles dans les sociétés patriarcales africaines ont représenté un frein, une limite à la reconnaissance sociale et la valorisation de la gente féminine. La société sénégalaise n’est pas du tout épargnée. Elle a pendant longtemps fait l’objet d’un retard considérable à ce sujet, et ce malgré les lois nationales touchant aux droits des femmes et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits des femmes auxquels le Sénégal est partie ou a ratifiés. Dans pratiquement toutes les ethnies sénégalaises, la femme a toujours été reléguée au second plan. Plutôt objet que sujet de droit, la femme souffre de maux bien connus et encore existant, entre autres, les mariages forcés, les mutilations génitales, les violences conjugales, le non accès des jeunes filles aux structures scolaires, etc.

Qu’elle soit Al Pulaar ou Sérère (Ndlr : ethnies du Sénégal), originaire du Centre ou du Sud, la femme sénégalaise a toujours été consignée à la gestion du foyer et des enfants, aux corvées ménagères sans avoir son mot à dire dans les instances de prise de décision, même pas dans le cercle familiale au sein duquel elle constitue le noyau dur, encore moins aux affaires de la cité, ce qui était exclusivement du ressort des hommes. Une situation bien paradoxale. Car, si la femme est ‘’inferieure’’ à l’homme, ce dernier admet qu’elle est l’auxiliaire et la compagne indispensable à son existence, l’homme la consulte en toute chose mais seulement dans l’intimité de la chambre. Dans la vie publique, il redevient le tout puissant maître.

Cependant, la situation semble s’être bien améliorée, ne dit-on pas que derrière chaque grand homme, il y a une grande dame?

Pendant ces dernières années, les femmes se sont engagées, non sans subir des injustices, dans des projets de développement social, culturel et politique. Leur participation, du reste considérable, a contribué fortement à amoindrir voire éviter leur exclusion de toutes ces activités ayant trait à la bonne marche du pays dans un sens large. Cet engagement a, d’une façon ou d’une autre, émancipé les femmes et leur a donné plus de prestige au sein la société. Par conséquent, les femmes sénégalaises commencent maintenant à occuper des postes de responsabilité dans un contexte professionnel de plus en plus exigeant, tant au niveau politique, économique et social. Pour preuve, au mois de mai 2010, le gouvernement du Sénégal d’alors institua une loi sur la parité absolue homme-femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives.

Force est de reconnaitre que ce fut jusque-là, l’un des plus grand pas en avant, un atout majeur pour le rehaussement du statut de la femme sénégalaise.

Et puisque nous parlons cette année du changement, encore faudrait-il en avoir une définition claire. D’un point de vue sociologique, le changement vise à maîtriser une mutation ou une évolution des structures et du fonctionnement de l'organisation sociale affectant les rapports sociaux (modes de vie, mentalités...). Les transformations ne sont pas censées être provisoires ou éphémères, mais doivent modifier la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une collectivité donnée, ce qui, par conséquent, influence forcement le cours de l'histoire.

Par contre, il est important de souligner que jusqu’à nos jours et malgré tout, la femme sénégalaise et africaine n’est pas au bout de ses peines. L’impact de cette lutte pour la dignité de la femme ne se fait sentir de façon considérable que dans les grandes capitales et villes modernes. C’est une tâche bien difficile mais pas impossible que de rester dans cette dynamique d’amélioration continue.

Il est nécessaire que les activistes des causes de la femme pensent à élargir leurs champs de vision et d’action afin de toucher toutes les couches de population urbaines comme rurales. Une sensibilisation massive et régulière des femmes sur leurs droits et prérogatives est aussi un outil incontournable à cette noble mission.

Il serait aussi et surtout très utile de prendre exemple sur les moyens qui ont été déjà mis en œuvre par nos ainées, les mamans de l’indépendance, afin de catalyser le changement, en les adaptant aux différents contextes.

En définitive, pourquoi ne pas s’inspirer des modèles de réussite féminin de notre époque, comme pour reprendre la célèbre actrice Kenyane Lupita Nyong’o : « peu importe d’où vous venez, vos rêves sont valables ».

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** Aissata Ly est Associée aux Ressources humaines à Open Society for West Africa (Osiwa)

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