Afrique : Une gouvernance parlementaire pour impulser le développement
Après 50 ans d'indépendance, le continent africain n'a pas encore assis un vrai modèle de gouvernance démocratique. La faute à la dépendance envers l’Occident, souligne le politologue sénégalais Abdou Aziz Diop, qui animait un débat durant le FSM.
La question essentielle, pour cet atelier, était de savoir si l'on peut trouver, pour l'Afrique, un modèle de gouvernance. Pour Diop, la tache est difficile. Si l'Afrique n'est pas autonome sur le plan économique, note-t-il, tout modèle de gouvernance pour elle serait fatalement dicté de l'extérieur. Or les pesanteurs qu’elle subit sont nombreuses. Une première contrainte économique reste l'obstruction qui l’empêche d'écouler ses produits sur le marché international. L'autre défi a trait aux subventions des pays occidentaux à leur propre agriculture, qui rend les producteurs africains non compétitifs. Un troisième facteur réside dans le dérèglement environnemental dû au réchauffement climatique, qui est à la base de pertes énormes en terres cultivables.
Pour relever ce gap économique global, Abdou Aziz Diop prône une « compensation financière substantielle permettant à l'Afrique de relever la tête ». De même que le continent a droit à invoquer le principe des droits fondamentaux de l'homme pour assurer sa survie, et que les dits droits soient inscrits dans la balance des pays membres de la Banque Mondiale. Il exhorte, dans ce sens, que le Forum social mondial se concentre sur un objectif pour en faire son cheval de bataille : le « développement durable ».
Pour Aziz Diop, cette perspective est davantage compatible avec un modèle de gouvernance centré sur le Parlement, amené à dépassé le présidentialisme et couper court aux modèles dictés par l'Occident. «Après les indépendances, ils nous ont demandé d'instaurer le Parti unique, pensant que c'est ce qui allait assurer le développement du continent. Ensuite ils ont imposé le multipartisme à partir du sommet de La Baule, en 1990. Mais dans tous les cas, un modèle de gouvernance pour le continent africain ne verra le jour que si un autre monde est édifié, pour reprendre le slogan du Forum social mondial», note Aziz Diop.
Aliou Ngamby Ndiaye
Des gestes forts attendus du nouveau pouvoir guinéen
La délégation guinéenne au Fsm a saisi cette opportunité pour partager son expérience à l’aune de l’évolution démocratique dans ce pays. Car si la Côte d’Ivoire sombre dans une crise post-électorale grosse de tous les dangers, la Guinée a pu sortir d’un processus qui pouvait mener à des dérives tout aussi graves.
Il reste que pour la société civile guinéenne ceci n’est qu’un début et qu’il importe de consolider les acquis pour édifier un système démocratique à l’abri des remises en cause et des tourmentes. Du président Alpha Condé il est exigé un chronogramme pour l’organisation des élections législatives, mais aussi l’instauration d’une véritable justice pour la manifestation de la vérité et le rétablissement des gens dans leurs droits bafoués durant de longues années. « Il faut faire attention, car le climat actuel est si fragile que tout retard dans l’exécution d’un droit peut déboucher sur un conflit social», avertit Dr. Alpha Abdoulaye Diallo, un des responsables de la société civile guinée. « Aujourd’hui, il faut des gestes forts pour ramener la paix en Guinée», note-t-il
Par Bineta MANE
Le Brésil des oubliés réclame justice
La Maison du Brésil reste une des attractions du Fsm 2001. Les visiteurs arrivent au compte goutte dans la grande tente qui sert de cadre, mais leur nombre croît parfois jusqu’à créer des embouteillages. Tous attirés par un Brésil en miniature, qui se présente sous différents aspects.
A l'entrée du stand, l’accueil est assuré par un couple dans une cabane. Le mari est vêtu d'une chemise bleue ouverte sur la poitrine, une houe à la main. Derrière lui, sa femme d'un âge avancé est coiffée de foulard blanc. Elle tient une petite branche d'herbe. L'image est représentative du Brésil des pauvres venu réclamer l'équité au Forum social mondial.
Des écriteaux renseignent que grâce au programme d'approvisionnement agricole, les coopératives ont déjà reçu 70 millions de dollars. Une manne qui bénéficie à 66 000 familles. Comme cette image, elles sont nombreuses les affiches qui appellent à une justice sociale. Elles représentent toutes les démunis du pays de Lula.
Sur l’une d’elles, des enfants tiennent des manuels scolaires et sont tout sourire. A côté, on tombe sur une autre avec des adultes en pleine concentration, sous la surveillance d'un professeur. Comme un appel à tous pour contribuer à l'éradication de l'analphabétisme. Un idéal qui réunit organisations sociales, mouvements populaires, syndicats et gouvernements.
Aucune doléance n'est oubliée. De l'alimentation pour tous matérialisée par une famille en joie à la promotion des femmes en passant par la reconnaissance des minorités et la promotion de leur culture, Le Fsm est pour eux un espace ouvert le temps d'un afin d’inviter les capitalistes et leurs alliés à s'unir avec eux pour bâtir un monde ou les nécessités primaires de toutes les personnes seront assurées.
Babacar Willane
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