Emploi et politiques raciales au Brésil : Une attention particulière pour la sphère sociale
Ce n’est que récemment que les autorités brésiliennes ont pris des mesures positives pour corriger les politiques raciales pratiquées pendant de nombreuses années et qui ont causé un accès limité à l’emploi pour la plus importante population noire du pays. Reste à voir si ces initiatives vont réussir.
L’objectif principal de cet article est de réfléchir aux politiques raciales et aux politiques d’emploi au Brésil en se focalisant sur la sphère sociale, prenant en considération l’expérience de "la diversité du sceau" (Selo da diversidade) ainsi que de Planseq (le plan sectoriel de qualification) afro-descendante, en vigueur dans la municipalité de Salvador dans l’Etat de Bahia depuis le deuxième semestre 2008.
L’accent mis sur ces politiques, proposées et créées afin de générer des emplois et un revenu pour la population d’origine africaine, est le résultat du fort engagement de feu Dr Edialeda Salgado Nascimento (première femmes noire à avoir occupé le poste de secrétaire d’Etat au Brésil) [1], la principale avocate pour l’introduction de telles politiques dans la société brésilienne.
L’emploi et le revenu pour la population d’origine africaine au Brésil sont des sujets quelque peu délicats, parce que pendant plusieurs siècles les Etats du Brésil ont maintenu l’esclavage, marquant ainsi, socialement et historiquement, tout un peuple, du stigma de l’esclave : la personne qui travaille sans droit à un salaire compensatoire.
Ce fait poursuit la population des esclaves jusqu’à nos jours. Lors de la quête d’emploi, les stigmas de l’apparence ont été un obstacle au travers des siècles de mépris et de traitement au rabais infligé à la population noire, traitement qui va du déni motivé par la race à la diabolisation de ses pratiques culturelles.
L’attitude de l’Etat envers la population d’origine africaine a contraint celle-ci à des postes subalternes dans la division sociale du travail, la justification étant sa scolarisation sommaire, sa pauvreté ou le fait qu’elle vit dans les quartiers les plus marginaux des villes.
Depuis l’institution, en 1988, de la Constitution fédérale du Brésil, l’Etat brésilien a entamé le processus de réparation, en reconnaissant les indices d’injustice historiques, à commencer par la loi 7.716/88, la célèbre loi Caó, qui définit le racisme comme un crime qui ne peut bénéficier d’une libération sous caution. Cette loi a été développée par l’adjonction des lois 10.639/03 et 11.645/08, du décret 6.040/2007, par la création de secrétariats municipaux et secrétariats d’Etat et d’un ministère ainsi que par les Statuts pour l’Egalité raciale.
Dans le contexte de ces mesures et politiques pour l’inclusion des Afro-brésiliens, les politiques publiques d’actions positives [2] ont vu le jour qui visent l’inclusion positive des Afro-brésiliens des deux sexes dans le monde du travail
Comme nous l’avions dit initialement, ce document entend se focaliser sur la diversité du sceau" (Selo da diversidade) ainsi que PLANSEQ Afro-descendente, et nous voulons donc décrire les débuts de ces politiques de l’emploi et pour le revenu.
Planseq Afro-descendente est issue de Planseq du ministère du Travail et de l’Emploi du Brésil. Ce plan vise à réunir, sur un plan transversal et concerté, les demandes urgentes, structurelles ou sectorielles de qualification, identifiées par des initiatives gouvernementales, les syndicats, les compagnies que les organes fédéraux ou municipaux ne pouvaient prévoir au cours de leur préparation de leur Plan territorial (basé sur la région) de qualification : Planteq.
En 2008, un groupe de dirigeants afro-brésilien a commencé un processus d’envois de requêtes au ministère du travail et de l’emploi pour la création d’un Plan sectoriel de qualification de la population afro-brésilienne. La même année, une commission pour combattre la discrimination a vu le jour au sein du ministère du travail et de l’emploi. En 2009, la première session consultative pour l’approbation du premier Planseq Afro-descendente a eu lieu à Brasilia avec la participation de plusieurs artistes brésiliens, comme Mateus Aleluia, ainsi que des dirigeants locaux, régionaux et nationaux, pour l’établissement d’une première ébauche du plan.
A Salvador, le premier Planseq a été organisé en 2010 par le secrétariat pour la science et la technologie, pour la qualification des populations d’origine africaine pour le marché du travail, avec une attention particulière sur des sujets requérant la mobilisation des populations noires.
Lorsqu’on discute de Planseq afro-descendente, il ne faut pas occulter l’expérience du Sceau de la diversité dans la ville de Salvador. Le début de cette politique est lié à un conflit résultant de la démolition du temple religieux de Onipó Neto de la nation africaine de Jorge Amdao Avenue in Imbui, dans la municipalité de Salvador et la taxation abusive de Casa Branca, l’un des plus anciens temples du Brésil
Le Sceau de la diversité ethnique et raciale est une politique qui vise à l’intégration des Noirs, hommes et femmes, dans le marché du travail. Les compagnies qui rejoignent le Sceau s’engagent à procéder à un recensement racial et ethnique et aussi de faire des propositions d’actions pour surmonter la sous-représentation des Afro-brésiliens aux différents échelons de la hiérarchie. Avant qu’elles ne puissent être mises en œuvre, ces actions doivent être acceptées par un comité de gestion composé d’organisations représentant le gouvernement, le secteur privé et la société civile
Le Sceau est valable une année et au cours de cette période la compagnie doit mener à bien le plan accepté lors de son acceptation dans le Sceau.
Le Sceau de la diversité raciale et ethnique dans le marché du travail a été établi par le décret no 17.918, le 12 novembre 2007, comme initiative qui vise à reconnaître publiquement les actions qui promeuvent l’égalité des humains dans les politiques de ressources humaines dans les compagnies publiques et privées et dans le secteur tertiaire de la ville de Salvador.
En obtenant le Sceau, les compagnies s’engagent à mener des actions qui combattent le racisme dans l’environnement du travail, à présenter des propositions qui seront analysées par le comité de gestion composé de représentants du secteur gouvernemental et de la société civile.
Le Sceau de la diversité ethnique et raciale est un exemple de politique qui vise à la stimulation de la prise de conscience institutionnelle pour la promotion de la diversité comme une valeur qui engendre la compétitivité et génère et redistribue des revenus dans la société.
L’intention du Sceau est très positive. Il y a toutefois des limitations structurelles à son progrès et garantir l’intégration de la population d’origine africaine reste, à ce jour, un défi.
Des initiatives comme Planseq afro-descendente et le Sceau pour la diversité sont clairement des politiques d’avant-garde pour l’inclusion des populations d’origine africaine dans le monde du travail. Afin d’être un processus d’implantation effectif pour la réparation en faveur de ce secteur de la population, ces initiatives requièrent une plus grande visibilité et de meilleurs investissements de la part du gouvernement
Les actions positives nécessitent aussi une plus grande objectivité afin que dans l’ensemble elles puissent garantir que la population d’origine africaine soit effectivement incluse dans les villes et dans la citoyenneté.
Notes
[1] Une obstétricienne, elle a été secrétaire pour l’Action sociale de l’Etat de Rio de Janeiro au cours des années 1980
[2] Une politique publique de préférence qui vise à donner l’accès au pouvoir, au prestige et à la richesse pour les membres d’un groupe historiquement discriminé. Connu en Inde sous le nom de "action compensatoire" La constitution fédérale du Brésil de 1988, cette pratique garantit des places au parlement, les législatures de l’Etat et le service civil pour des groupes et des tribus historiquement désavantagés. Aux Etats-Unis ces principes ont d’abord été introduits en 1964. Le nom a été donné à une initiative de mouvements noirs dans différents pays et cherchent à obtenir des compensations pour tous ceux affectés par l’esclavage européen. Equivalent au montant du dommage subi.
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** Sandro dos Santos Correia, un géographe et conférencier à Uneb, a été, en 2008, le secrétaire pour les Réparations dans la vile de Salvador
Jorge Luis dos Santos est un juriste spécialisé dans le droit du travail et est le coordinateur au secrétariat de la Science, de la technologie et de l’innovation de l’Etat de Bahia – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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