Ethique et responsabilité sociétale des entreprises : Quel rôle pour les Osc africaines
Avides d’investissements directs étrangers, les Etats africains se soucient peu des conditions dans lesquelles interviennent les multinationales, notamment dans le domaine des industries extractives. Or des contraintes existent en matière de responsabilité sociale et environnementale.
L’Afrique possède d’importantes ressources minières, soit un tiers des réserves mondiales et 16,6% de la production mondiale. Elle possède 89% de la production mondiale du platine, 81% du chrome, 61% du manganèse, 60 % du cobalt, 21% de l’or, et 46% du diamant. Pour les mettre en valeur, les multinationales sillonnent l’Afrique à la recherche de profits, face à des Etats avides d’investissements directs étrangers, au prix de faveurs exorbitants en faveur des entreprises étrangères. C’est ainsi que Shell monopolise 50% du pétrole au Nigeria, alors qu’Elf est omniprésent au Congo, au Gabon et au Cameroun, avec 2/3 de leur production pétrolière.
Cependant, à la lecture de la situation actuelle de l’Afrique (pauvreté, conflits armés alimentés par l’exploitation illégale des ressources naturelles, corruption, pollution des ressources en eaux et autres dégats écologiques, etc.), nous sommes en droit de nous poser la question de savoir ‘’ A qui profitent réellement ces richesses ‘’ ? En effet, la mondialisation et la crise économique et financière ont exacerbé chez les multinationales, la culture du profit au détriment l’éthique et de la société. Malheureusement, il n’existe aucun moyen coercitif au niveau international pour stopper cette monstruosité du monde des affaires et contraindre les multinationales à agir de façon responsable, en intégrer dans leur politique et culture d’entreprise, des considérations écologiques et sociales.
En réalité, les Multinationales sont économiquement plus puissantes que la plupart des États africains qui ne disposent d’aucun instrument juridique permettant de réguler leur implantation ou leur mode de gouvernance. D’autre part, les Etats se font concurrence et n’osent pas imposer des normes élevées en matières environnementales et sociales. Ainsi, les multinationales profitent de la faiblesse ou de l’absence de normes sociales et écologiques, choisissant par exemple de s’installer dans des pays où il y a moins de contraintes en matière de Responsabilité Sociétale (RSE).
Après plus de 20 ans de mondialisation, les normes et standards se décident toujours au Nord, tandis que les impacts se font subir au Sud. Face à ce mutisme et à la complicité des dirigeants africains, des interrogations s’imposent :
- Y-a-t-il des moyens légaux pour imposer plus de justice dans les opérations des multinationales ?
- Quel rôle peut jouer les Organisations de la Société Civile africaines pour promouvoir l’éthique et la responsabilité sociétale des entreprises ?
Pour répondre à ces questions, l’Association LSD/ Sénégal et OECD WATCH organisent un atelier de renforcement de capacités les jeudi 24 et vendredi 25 mai 2012 à Dakar à l’Hôtel Ndiambour à l’intention d’OSC francophones et anglophones africaines à l’effet de promouvoir un meilleur comportement des entreprises et davantage de redevabilité en Afrique. En plus d’analyser les contextes nationaux et internationaux de la RSE, l’atelier se propose de former les OSC sur les Principes Directeurs de l'OECD à l’intention des Entreprises Multinationales. Ces derniers représentent un instrument juridique unique de promotion de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) dans le monde, soutenus par des gouvernements et le seul disposant d’un mécanisme de règlement de conflits entre les parties prenantes.
A titre de rappel, les 42 gouvernements adhérents de l’OECD ont adopté un nouveau document révisé des Principes Directeursen mai 2011, avec des mises à jour importantes dans des domaines comme les droits de l’homme, la diligence raisonnable, et la chaîne d'approvisionnement.
OECD WATCH est une coalition internationale composé par plus de 80 organisations de la société civile, œuvrant pour la promotion de la RSE. Elle a comme objectifs de promouvoir et de tester l’effectivité des Principes Directeurs. Elle travaille également sur d’autres instruments juridiques et des questions relatives à la RSE.
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** Aly Sagne est président de l’Association LSD/Sénégal
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