La société civile trace un chemin aux Etats

Un nouveau jour devrait se lever le 4 juillet, au lendemain du 9e sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine, sur le continent. Seulement, il n’est pas dit que le gouvernement fédéral attendu à cette échéance verra le jour. Pour la société civile africaine le processus a été mal enclenché. Et au-delà des critiques, elle offre des pistes.

A quelques jours de l’ouverture du Sommet des chefs d’Etats de l’Union africaine à Accra (1er – 3 juillet), il n’est pas certain que la mise en place d’un Gouvernement de l’Union puisse connaître des avancées notables. Les observateurs s’attendent plutôt, au vu de la manière dont les débats sont posés jusqu’à présent, à ce que l’on aboutisse à une solution hybride. Elle consisterait à accroître les pouvoirs de la Commission de l’Union africaine… en attendant. Une solution transitoire qui colle au vœu de chefs d’Etat qui souhaitent un audit de cette institution après quatre ans de fonctionnement, avant de passer à une phase supérieure.

Le fait est que si certains dirigeants affichent une volonté de voir les Etats du continent africain se doter d’institutions communes solides, pour gérer certains domaines, l’engagement ne dépasse pas souvent le stade du vœu pieu. Les membres de la société civile qui ont investit Accra une semaine avant le sommet de l’Ua, pour débattre de la mise en place d’un gouvernement fédéral africain, ont pu en faire le constat. Mais derrière le doute qui les anime, l’espoir subsiste de convaincre les dirigeants du continent de s’accorder sur un «minimum acceptable par tous». Ceci afin que le processus fédérateur ne soit pas uniquement porté par les discours et connaisse un début de réalisation.
Les discussions des chefs d’Etat auraient pu avoir une base plus légitime, si les étapes préalables décidés lors de leur dernier sommet, à Banjul, avaient été respectées. Entre autres, les consultations qui devaient être organisées au niveau de chaque pays, impliquant les communautés de base, la société civile, les intellectuels, etc. Mais seuls le Ghana, l’Ethiopie, le Nigeria, la Libye, le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et le Kenya ont respecté cet engagement. Et même pour ce qui est du Sénégal, on note que c’est dans les dernières semaines avant ce sommet que le ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, a multiplié les initiatives pour poser le débat avec les universitaires, la société civile, le secteur privé, etc. Cette approche tardive a été critiquée, mais en dehors du Ghana, des iniatitives de consultations déconcentrées, impliquant la base, n’ont pas été annoncées pendant les discussion nourries par la société civile.

Faute de quoi, la société civile réunie les 22 et 23 juin à Accra, autour du thème «Accélérer l’intégration africaine et le développement au 21e siècle – Perspectives et défis pour un Gouvernement de l’Union» a tenté de baliser la voie avec des recommandations faites aux chefs d’Etat attendus pour le sommet.

Dans le communiqué final en vingt-deux points qu’ils ont publié, les préoccupations soulevées posent la nécessité d’un «processus participatoire et démocratique», la prise en compte des normes en vigueur en matière de droits et de gouvernance politique, une souveraineté partagée et des institutions exécutives à dimension continentale, ainsi que le renforcement des organisations régionales et des institutions locales. Mais surtout, une citoyenneté africaine au-dessus des citoyennetés nationales.

Le président en exercice de l’Ua, le Ghanéen John Kuffuor, se serait engagé à porter ces recommandations au niveau de ses pairs.