Kanere, un journal indépendant pour réfugiés cherche soutien
«Ce sera une bougie dans ce camp de réfugiés », déclare un réfugié dans la nouvelle presse libre du camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya. «Kakuma News Reflector», plus connu sous le nom de Kanere, est un journal indépendant des réfugiés consacré aux rapports sur les droits de l'homme et la vie des camps. Les réfugiés regroupés à Kakuma y ont vécu pendant presque deux décennies, sans voix. Aujourd’hui, Kanere cherche à changer cette réalité. Mais les moyens financiers lui manquent.
Camp de réfugiés de Kakuma. A l'instar de nombreux autres dans le monde, il est administré par le HCR. Bien que cette organisation des Nations Unies publie occasionnellement des rapports sur le camp, il n'y a pas de couverture médiatique sur ses aspects de la vie courante. Kanere est aujourd’hui un des premiers journaux de camp de réfugiés à atteindre un public international.
Bien que ces emplacements sont des espaces d'aide humanitaire, les conditions de vie y sont misérables. Les 50.000 réfugiés de Kakuma dépendent du HCR pour la nourriture, l'eau, le logement, l'éducation, les autorisations de circuler, la protection juridique, etc. En retour, ils n'ont presque rien à dire dans les politiques qui affectent leur vie. Il y a peu de suivi indépendant des droits de l'homme dans les camps.
Dans l’animation d’une presse libre pour le réfugié, leur vision s’exprime ainsi : «Nous parlons dans le respect des Droits de l'homme et la primauté du droit afin de créer une société plus ouverte dans les camps de réfugiés et de développer un forum pour un débat public sur les réfugiés. »
Ce n'est pas la première fois que les réfugiés de Kakuma prennent la parole. Depuis 1993, le «Kakuma News Bulletin» a servi de moyen d'expression locale pour les réfugiés du camp. Il a perdu son élan en 2005, ne laissant qu'un petit groupe de journalistes continuer de faire vivre l'esprit d’un reportage indépendant.
Quand un chercheur Fulbright est arrivé à Kakuma en octobre 2008, les journalistes ont suggéré l’instauration d’une collaboration. Les germes d’un journal de réfugiés ont alors vu le jour. Aujourd’hui, en janvier 2009, Kanere est une équipe de 15 membres, avec des représentants des communautés de tous les grands camp.
Le premier numéro en ligne de Kanere a été publié le 22 décembre 2008. Le tirage du journal, prévu pour 1000 exemplaires, n'a pas encore commencé à cause d'un manque de fonds. Or peu de réfugiés sont en mesure d'accéder à la publication en ligne.
Tous les journalistes y travaillent actuellement sur une base volontaire, sans accès à des ordinateurs, à Internet, ou à des fournitures de bureau. Le groupe cherche des soutiens financiers auprès des organisations internationales et de l'ambassade américaine. Kanere veut publier aussi bien une version imprimée qu’une version en ligne du mensuel.
Le blog d'information en ligne, vise à informer les réfugiés, à servir de forum pour des débats publics sur leurs conditions, à les sensibiliser sur les Droits de l'homme afin qu’ils puissent veiller plus efficacement à leur propre situation et de demander réparation des torts qui leur sont faits.
Pour de nombreux réfugiés qui se sentent emprisonnés dans le camp de Kakuma, Kanere représente un espoir de changement. Comme l’a déclaré l’un deux, "les défis sont toujours là dans ma vie, mais aucune réponse n'est donnée par le gouvernement du Kenya ou le HCR... Maintenant, nous pouvons commencer à prendre en charge nos problèmes quotidiens de manière démocratique, quand il s'agit d’aller à une prise de décision."
* Le blog de Kanere peut être consulté à l’adresse suivante : www.kakuma.wordpress.com
* Veuillez envoyer vos commentaires à [email protected] ou commentez en ligne sur www.pambazuka.org