La résistance de nos agricultures !
Votre campagne, qui est désormais nôtre, est basée sur la confiance et la détermination, lance Yoro Dia, aux associations de femmes qui ont lancé la campagne «Nous sommes la solution : Célébrons l’agriculture familiale africaine». Et de poursuivre : «Que de mérites pour l’agriculture familiale africaine qui a su perpétuer notre espèce, malgré les aléas climatiques, malgré la fragilité de nos éco systèmes, malgré les contraintes de l’organisation sociale et l’instabilité des marchés.»
Les agricultures ne peuvent être valorisées que dans le cadre du développement global, lequel développement est lié à la base culturelle et cultuelle de nos sociétés. Notre combat est de faire de l’agriculture une composante essentielle de l’environnement écologique et social, une base de l’autosuffisance alimentaire et une source de bien être et de richesse pour toutes les populations.
Je voudrais profiter de cet auditoire pour lancer un appel pour la formation de formatrices du monde rural. Dans le monde rural, les hommes sont pratiquement seuls à apporter l’appui-conseil aux exploitations agricoles. Beaucoup de thèmes ont été mal vulgarisés parce que la femme ne peut pas tout dire à l’homme. Je donne l’exemple des foyers améliorés qui n’ont pas connu le succès escompté dans certaines zones parce que la mystique qui consolide l’entente du couple est sous les trois pierres ! Dans certains villages soninké les femmes ne cultivent pas le piment et préfèrent donner les semences aux femmes peulh et acheter la production après ; la raison est simple : dans la croyance soninké la culture du piment déstabilise le ménage. Des exemples de ce genre foisonnent dans la vulgarisation agricole au sens large.
Pour combler cette distorsion, il y a de cela 23 ans nous formions la première promotion de Conseillère en Promotion Féminine (CPF) dans la vallée du Fleuve Sénégal. Elle est malheureusement la dernière promotion. Je lance un appel pour la formation de nouvelles promotions de CPF dans tous nos pays. Le contenu de cette formation aurait comme fil conducteur les principes de durabilité, d’équité, de stabilité et de productivité.
Je lance un second appel cette fois-ci pour la domestication de nos produits locaux, surtout de nos fruits qui sont exploités dans le cadre d’une économie de cueillette. Si nous continuons à laisser nos plantes à l’état sauvage, nous n’apporterons pas grand-chose au rendez-vous du donner et du recevoir !
Célébrer l’exploitation familiale Africaine c’est avant tout célébrer la femme africaine ! La femme africaine, en effet, a la redoutable charge de l’alimentation de la famille : des enfants, du mari et des hôtes. Elle s’est toujours comportée en capitaine du bateau familial ! Qui parmi vous, représentantes d’organisations de femmes d’Afrique, n’a pas dormi la faim dans le ventre après avoir servi le repas aux enfants, aux invités et au mari ?
Femmes d’Afrique vous avez une attitude de capitaine ! Ce n’est pas un hasard si les femmes s’occupent de la production, de la transformation et de la conservation des aliments.
Célébrons donc la Femme Africaine ! Célébrons l’agriculture familiale africaine pour son passé glorieux fait de combat contre la famine, contre les changements climatiques et les guerres tribales. Célébrons l’agriculture familiale africaine pour son présent laborieux parce que concurrencé par les multinationales et l’agro business. Célébrons l’agriculture familiale africaine pour son avenir que nous souhaitons radieux.
C’est sur cette note d’espoir que je déclare lancée officiellement, la campagne : « La solution est en nous ! » Célébrons l’Agriculture familiale africaine.
* Yaya Dia est sénateur sénégalais, président de la Commission du Développement rural du Sénat – Ces propos sont extraits du discours qu’il a prononcé à l’occasion du lancement de la campagne «Nous sommes la solution : célébrons l’agriculture familiale africaine».
* Veuillez envoyer vos commentaires à [email protected] ou commentez en ligne sur www.pambazuka.org