Le Canada en Afrique : « la super puissance minière! »
L’époque où la présence du Canada sur le continent africain était perceptible en premier lieu par le nombre de ses missionnaires et par ses dons alimentaires est bien révolue! Dans des pays miniers comme le Congo, le Mali ou la Tanzanie, lorsqu’on apprend que vous êtes du Canada, on vous demande maintenant si vous travaillez pour le « mining ». Cette perception concorde avec la réalité. Le Canada est maintenant une superpuissance du secteur minier africain, position qu’il entend conserver et développer en usant des moyens à sa disposition.
La présence marquée des minières canadiennes est relativement récente en Afrique ; elle a correspondu aux programmes de libéralisation du secteur entrepris à partir du début des années 1990. Ces programmes ont été impulsés par la Banque Mondiale qui, à partir de 1992,(1) a défini le secteur extractif comme moteur principal du développement pour de nombreux pays.(2) La privatisation des entreprises d’État, pour permettre l’entrée des investissements étrangers a ouvert la porte aux entreprises étrangères; parmi celles-ci, les Canadiennes vont prendre la position de tête, particulièrement les petites entreprises d’exploration, mieux connues sous le nom de « juniors ». Ces dernières sont une marque de commerce du Canada : sur les 1 223 entreprises minières inscrites à la Bourse de Toronto, la plus importante au pays, plus de 1 000 sont des juniors!(3)
UNE EXPANSION FULGURANTE
Aujourd’hui, selon le ministère des Ressources naturelles du Canada (RNC), seule la République d’Afrique du Sud avec plus de 35% des actifs et investissements dans l’industrie minière africaine, devance de peu le Canada. Mais comme ses actifs sont concentrés sur son propre territoire, le Canada domine sur le reste du continent.
Les données compilées par RNC démontrent la rapidité avec laquelle la valeur des actifs miniers canadiens s’est développée en Afrique depuis les vingt dernières années : 233 M$ en 1989; 635 M$ en 1995; 2,8 milliards$ en 2001; 6,08 milliards$ en 2005; 14,7 milliards$ en 2007; et pour 2010(4), les prévisions atteignent 21 milliards$. www.pambazuka.org
(1) World Bank, Strategy for African Mining, World Bank Technical Paper no. 181, Africa Technical Department Series, Mining Unit, Industry ands Energy Division, Washington D.C., World Bank, 1992
(2) Pour une analyse approfondie de cette orientation des politiques de la Banque Mondiale, prière de consulter les travaux du Groupe de recherche sur les activités minières en Afrique (GRAMA) lié à l’Université du Québec à Montréal http://www.unites.uqam.ca/grama/
(3) Sauf exception, la majorité des statistiques mentionnées dans cet article, proviennent de Ressources Naturelles Canada et sont tirées de : Les sociétés minières canadiennes d’exploration et de développement du secteur de l’or ; les impacts de leurs activités en Afrique de l’Ouest, Fode-Moussa Keita, Mémoire de maîtrise en Science politique Université du Québec à Montréal (UQAM) septembre 2009.
(4) Estimation de septembre 2008.
(5) Fode-Moussa Keita, op. cit. p. 123.
(6) Référence dans Fode-Moussa Keita, op.cit. p. 125.
(7) Paula Butler : Canada’s 21st Century Colonial Interests in the ‘’Good Governance’’ of African Minerals; 2003, pp 24-30.
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