Le massacre cautionné par l’Etat aggrave l’insécurité dans la région du delta du Niger
La Coalition de la Société Civile du Delta du Niger Delta (NDCSC) a été choquée, au-delà de tout ce qu’on peut dire, en apprenant le massacre et l’éradication des communautés du Delta du Niger par le régime « démocratique » du président Yar’ Adua. Un gouvernement fou, impotent et illégitime, qui n’a pas fait progresser le Nigeria d’un iota en terme de développement humain visible, mais a démontré, en autorisant ce dernier massacre qui a rendu orphelins des milliers d’enfants dans la région du royaume de Gbaranmat, ce nouveau brasier, qu’il y a un plan et une stratégie pour les régimes nigérians qui ne reculent devant rien – même pas un génocide- pour se débarrasser des communautés de la région, effacer leur moyens de survie, afin de permettre que le pétrole coule sans obstacle, pour qu’eux-même puissent s’enrichir.
Le bombardement indiscriminé et le massacre des femmes, des enfants et des vieillards impuissants de la communauté par des mercenaires de l’armée fédérale a sans doute fini de déconsidérer l’exercice de relation publique dérisoire dans lequel le président s’est lancé une entreprise d’amnistie et de rétablissement de la paix dans la région.
La stratégie de nettoyage adoptée lors de la dévastation des localités d’Odi, d’Odioma, d’Agge, d’Umuechem a été répété au royaume de Gbaranmatu, les militaires s’assurant que le nombre de ceux qui ont été violés, massacrés, mutilés et maltraités ne soit jamais connu afin de ne pas heurter la conscience du monde. Le degré de violations des Droits de l’Homme dans la région, par le gouvernement et les militaires, a atteint de telles proportions qu’il mérite d’être porté à l’attention du monde afin que des mesures soient prises et que ce régime autoritaire soit mis sous pression pour l’amener à réagir de façon humaine aux requêtes légitimes des peuples de la région.
Pour le NDCSC, et nous le disons avec force, le conflit du delta du Niger est le résultat de violations graves et attestées des droits culturels, sociaux, économiques, politiques et environnementaux de citoyens minoritaires et l’accaparement du pétrole. Elle n’a donc rien à voire avec une criminalité orchestrée, argument utilisé pour nier la lutte que mène la communauté pour plus de justice sociale. La théorie de la criminalité orchestrée et de la cupidité, qui passe sous silence les membres du régime qui entretiennent la prolifération des armes et poussent le complexe industriel ayant fait main basse sur le pétrole à punir, permet au gouvernement fédéral et aux multinationales de faire bonne figure au milieu de la dévastation humaine qui frappe la région.
N’oublions pas que le cycle actuel de violence a commencé suite à la violence structurelle de l’Etat. Une violence à laquelle il faut ajouter les procédures opérationnelles inhumaines des multinationales. La réponse criminelle de l’Etat, à ce qui était une manifestation pacifique emmenée par feu Ken Saro-Wiwa, a entraîné un changement de stratégie chez une population qui croit véritablement qu’un gouvernement imposé n’offre aucune sécurité quant à leurs moyens de subsistance. Ceci a inévitablement conduit à la multiplication des prises d’otages et des actes de destruction des installations pétrolières.
Le NDCSC souhaite attirer l’attention de la communauté internationale et des mouvements démocratiques frères sur le fait que les aspirations humaines fondamentales sont continuellement frustrées à grande échelle par un gouvernement illégitime et les régimes étatiques dans le delta du Niger. L’expérience de ces dernières décennies montre que l’arbitraire règne en maître dans la région pour éviter que débordent les manifestations liées à l’impuissance et à la frustration qui tendent à s’exprimer face aux richesse et à une gouvernance infernale. Nous craignons que le massacre par les militaires ne fassent pas taire les revendications pour plus de justice sociale, mais plutôt que de cette humiliation et de ces pertes additionnelles jaillissent des manifestations extrêmes afin que le monde, qui continue de tolérer le régime autocratique du Nigeria, prenne conscience que ce régime a des caractéristiques incompatibles avec la justice et la dignité humaine, inacceptable pour les peuples et qui méritent qu’on meurt en les combattant.
Par conséquent, le NDCSC réitère sa requête auprès des peuples de la région afin qu’ils l’aident à trouver une paix juste au travers d’un développement durable qui leur a été refusé jusqu’ici. Il demande que les pauvres et les vulnérables soient au centre du processus de développement de leur communauté, ainsi que la protection des ressources vitales, pour les générations futures et les systèmes naturels dont toute vie dépend.
Une fois encore le NDCSC en appelle à tout le monde civilisé et aux mouvements démocratiques, afin qu’ils prennent leurs responsabilités dans la protection d’êtres humains n’importe où dans le monde et qu’ils prennent les principes démocratiques au sérieux, en sommant le régime autocratique du Nigeria - en passe de détruire l’énorme investissement dans la construction de la démocratie - de donner suite de toute urgence aux demandes justes des peuples du delta du Niger, en particulier parce que la répression va certainement mener à la catastrophe déjà en préparation dans cette partie du monde et qui est pourtant évitable.
* Anyakwee Nsirimovu est le président de la Coalition de la Société Civile du Delta du Niger
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