Hiroshima et Nagasaki: Le temps de la raison et de la guérison
En août il y a eu 65 ans depuis que les Etats-Unis ont lâché leurs bombes atomiques sur les villes de Hiroshima et Nagasaki, tuant des centaines de milliers de civils japonais sans arme. Bien que les livres d’histoire américains disent que la vie de milliers de soldats a été épargnée grâce aux bombes, la réalité était différente, souligne Horace Campbell.
Le vendredi 6 août 2010, le Syracuse Peace Council a organisé une manifestation silencieuse à Syracuse (New York), afin de commémorer les pertes en vies humaines suite au bombardement de Hiroshima, le 6 août 1945. Cette manifestation était une action de plus des forces de justice et de paix aux Etats-Unis, pour rappeler à la raison une société qui a un besoin urgent de guérison, suite aux crimes perpétrés contre l’humanité voici 65 ans.
Le bombardement de Hiroshima, le 6 août, et de Nagasaki, le 9 août 1945, ont été parmi les pires actes de barbarie et ont tué des centaines de milliers de civils, en particulier des civils sans armes. Le Syracuse Peace Council et d’autres mouvements pacifistes dans le monde estiment que le carnage qui a eu lieu en 1945 ne doit pas être oublié de ceux qui veulent un monde meilleur. Ces protestations n’avaient pas seulement pour objet les bombardements ; elles ciblaient également la mentalité d’une société prête à dépenser des trillons de dollars pour une guerre nucléaire, une forme de guerre qui exterminerait l’humanité. E.P. Thomson a correctement nommé cette forme de guerre ‘’exterminisme’’.
Hiroshima et Nagasaki ont été le premier pas vers une période de dépenses militaires et de subornation de la communauté scientifique afin que celle-ci collabore à un système d’armement qui engloutiront des trillons de dollars. Un des aspects constants de la tragédie de l’usage de la bombe atomique est l’existence de militaristes qui envisagent une nouvelle fois l’utilisation d’armes nucléaires. Sous l’administration de Georges W. Bush, il y a eu un abaissement du seuil de tolérance pour l’utilisation de l’arme atomique. Dick Cheyney et Donald Rumsfeld ont été les représentants stratégiques des militaristes qui planifient perpétuellement la guerre, peu importe le coût en vies humaines. La dépression capitaliste allant en empirant, les dirigeants vont de plus en plus vouloir avoir recours à la guerre pour résoudre les crises économiques et politiques.
Alors que Hiroshima et Nagasaki représentaient un saut quantitatif dans une nouvelle dimension de destruction massive, nous pensons que les forces de paix et de justice ont besoin plus que jamais d’‘’Ubuntu’’, psychologiquement et moralement, pour réparer la planète Terre et se distancer de la mentalité qui continue de justifier l’usage des armes nucléaires. Les vieilles idées concernant la paix et la justice doivent être renforcées par de nouvelles idées de réparations et de guérison.
Hiroshima et Nagasaki
Le 6 août 1945, à 8 h.15 du matin, un bombardier des forces aériennes américaines a lâché une bombe atomique sur Hiroshima, une ville japonaise avec une population estimée à 250 000 personnes. La bombe atomique, appelée ‘’Little Boy’’, a explosé au-dessus du centre de la ville, tuant sur le coup 80 000 personnes - 30% de la population - immédiatement ou dans les heures qui ont suivi l’explosion.
Trois jours plus tard, le 9 août, un bombardier similaire transportant une arme plus puissante a bombardé une autre ville japonaise, Nagasaki. Une ville très industrialisée où vivaient 270 000 personnes environ. Il est estimé qu’environ 40 000 personnes ont péri immédiatement. Ce dernier outrage de la Deuxième Guerre Mondiale a mis en évidence la totale brutalité de la guerre, alors que les Etats-Unis continuent de justifier l’usage de ces armes et la barbarie de la guerre continue d’affliger toute l’humanité. La population du Japon, elle, continue d’être à l’avant-garde des campagnes internationales de désarmement nucléaire et de paix.
On ne sait toujours pas combien de personnes ont péri à cause des deux bombes atomiques lâchées sur le Japon, mais les estimations vont jusqu’à 500 000 victimes. Hormis ceux tués sur le coup, il y a ceux qui ont développé des cancers des poumons ou de la thyroïde qui ne sont apparus que dix ou vingt plus tard, au cours des années 1950 et 1960. Même en 2010, quelque 65 ans plus tard, les effets des irradiations font toujours des victimes. Le nombre de cas de leucémie est toujours dix fois plus élevé à Hiroshima que dans le reste du Japon.
La Deuxième Guerre Mondiale est maintenant réputée être l’une des plus barbare de l’histoire. Le carnage de cette guerre impériale est maintenant bien connu et l’holocauste nazi et les camps de la mort sont de notoriété publique. Mais ce qui est moins connu sont les réalités de l’expérience des populations japonaises et l’extermination massive de personnes innocentes. Etant les ‘’vainqueurs’’ de la guerre, les dirigeants américains clament que le bombardement étaient nécessaires afin de sauver des vies. Les livres d’histoire, écrits par ceux au pouvoir aux Etats-Unis, disent que la vie de milliers de soldats a été épargnée grâce aux deux bombardements. Mais la réalité est différente.
En mai 1945, l’Allemagne avait capitulé et le Japon était en quête d’un traité de paix. Le Japon comme l’Allemagne avaient été militairement vaincus vers juin 1945 et presque rien ne restait de la puissante flotte impériale et des forces aériennes qui avaient été presque entièrement détruites. En l’absence de véritable opposition, les avions de guerre ont survolé tout le pays et les bombardiers américains ont fait pleuvoir inlassablement la dévastation sur les villes japonaises, les réduisant à des tas de gravas.
Nombreux étaient ceux qui, dans l’Etat-major américain, étaient opposés à l’usage d’armes atomiques. Nous savons maintenant que le général Dwight Eisenhower faisait partie de ceux qui croyaient qu’il n’était pas nécessaire de larguer les bombes pour sauver des vies. Ce Eisenhower qui, plus tard, a condamné la croissance du complexe industrielle militaire aux Etats-Unis. La décision de l’administration Truman d’utiliser l’arme atomique à l’encontre du Japon était motivée par la situation qui prévalait à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, au cours de laquelle l’armée soviétique a joué un rôle décisif dans la défaite du fascisme. En prévision des luttes à venir, les considérations d’ordre politique et stratégique ont justifié l’usage de la bombe atomique.
En effet, les dirigeants politiques américains ont fait tous les efforts possibles pour établir une hégémonie incontestée des Etats-Unis dans la période qui a suivi la guerre. Cet acte brutal et inhumain a été camouflé par la propagande, la désinformation, les mensonges et les mythes de toutes les bonnes actions américaines au Japon. En fait, les dirigeants américains sont tellement conscients de leur rôle dans ces actions d’inhumanité, que 65 ans après la Deuxième Guerre Mondiale le Japon est toujours un pays occupé.
Les armes nucléaires et l’exterminisme
Dès le moment où la bombe a été lâchée sur Hiroshima, les plus réfléchis ont compris qu’un grand crime avait été commis contre l’humanité. L’humanité était tombée dans un nouvel abysse. Dans son essai ‘’Bomb and civilisation’’, le scientifique et philosophe britannique, Bertrand Russell, commente cette nouvelle étape dans l’histoire humaine. Il écrit :
‘’Les perspectives pour la race humaine sont sombres au-delà de tout ce qu’elle a connu. L’humanité est confrontée à des alternatives claires : soit nous périssons tous, soit nous acquérons un minimum de raison. Il est nécessaire de repenser fondamentalement la politique si un désastre total doit être évité.’’
Les humains s’efforcent encore et toujours d’éviter ce désastre. Un autre écrivain britannique, E.P. Thomson a également vu le danger des systèmes d’armes nucléaires et a inventé le terme ‘’d’exterminisme’’ pour désigner les ‘’ caractéristiques d’une société, exprimées à des degrés divers dans l’économie, la politiques et l’idéologie, qui la pousse dans une direction dont l’aboutissement est inévitablement l’annihilation des multitudes.’’
Le livre ’’Exterminism and Cold War’’, de la plume de E. O. Thompson et d’autres, mérite toujours d’être lu, 25 ans après sa publication, parce qu’il exprime l’opposition à l’investissement massif dans un armement destiné à tuer des millions de personnes. A l’instar de Bertrand Russell, Thompson défend la thèse selon laquelle les armes nucléaires sont tellement destructrices que leur usage est irrationnel pour toute l’humanité et ne sert les intérêts d’aucune classe sociale. ‘’L’exterminisme n’est pas une affaire de classe sociale ; elle concerne toute l’humanité.’’ Dès lors, l’objectif n’est pas d’organiser la lutte des classes afin d’éliminer un système générateur de guerres mais bien de convaincre tous les secteurs de la société, de haut en bas, de la nécessité d’une ‘’logique alternative’’.
La nécessité de concevoir une société au-delà du capitalisme est plus urgente que jamais dès lors que le capitalisme se trouve dans une profonde dépression. Un ‘’audit atomique’’ a eu lieu aux Etats-Unis en 1998 qui montrent que les Etats-Unis ont dépensé plus de 5.5 trillons US$ entre 1940 et 1998 dans la poursuite du développement d’armes nucléaires.
Afin de développer et de rester à la pointe de la technologie des armes nucléaires, l’Etat américain a mobilisé toutes les ressources de la science au profit des militaires. Des milliards de dollars ont été déversés dans le système universitaire et presque chaque université s’est trouvée captive des fonds déboursés par les différentes agences dépensant des trillons de dollars. Directement ou indirectement, la plupart des physiciens réputés aux Etats-Unis ont été pris dans ces filets de réflexions et de planifications destructives. Cette gigantesque mobilisation de toutes les ressources scientifiques à des fins belliqueuses est une caractéristique générale du système universitaire américain et de son intégration dans le complexe industriel militaire.
Ce que les auteurs de ‘’Atomic audit’’ n’ont pas relevé, c’est l’état d’esprit qui permet de continuer de déverser des milliards - si non des trillions- de dollars dans le développement d’armes nucléaires. Alors que la menace d’une guerre nucléaire a évité la confrontation totale entre les possesseurs d’armes nucléaires (les Etats-Unis et l’URSS, les puissances nucléaires dominantes), cette menace n’a pas empêché l’expansion de nombreuses formes de guerres qui ont coûté des millions de vies en Afrique, en Asie et en Amérique latine. En 1962, lors de la crise des missiles cubains, en pleine Guerre Froide, le monde a été très près d’une guerre nucléaire. Depuis la période de la Guerre Froide, au moins huit Etats ont acquis des armes nucléaires (Les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde, la Grande Bretagne, la France, Israël et le Pakistan).
Aux Etats-Unis, une partie des dirigeants économiques et politiques croient qu’il est possible de gagner une guerre nucléaire. Le seuil de tolérance pour l’usage d’armes nucléaires s’est abaissé au cours de l’administration Bush. Des articles dans des journaux comme le Washington Post ont fait état de plans du Pentagone pour l’usage d’armes nucléaires. Un article rapportait ce qui suit :
‘’Sous l’administration Bush, les fonctionnaires du Pentagone semblent avoir franchi un pas vers la possible utilisation limitée d’armes nucléaires en recherchant des formes nouvelles et utilisables. Il y a un an, des fonctionnaires du ministère de la Défense, passant en revue la politique nucléaire, mettaient l’accent sur des bombes de moindre intensité qui pourraient s’enfoncer profondément dans la terre et permettraient de détruire des complexes souterrains y compris des stocks d’armes chimiques et biologiques. Ceci a généré la question de savoir si l’administration est devenue moins restrictive quant à l’utilisation d’armes nucléaires.’’
Cette diminution de la restriction de l’utilisation d’armes nucléaires était déjà dans l’air en raisons des planificateurs de la guerre aux Etats-Unis. Au milieu de la Guerre Froide et suite à la défaite des Etats-Unis au Vietnam, ceux dans le système politique qui proposaient une orientation plus agressive et une course aux armements ont eu le vent en poupe. Lorsqu’en 1981, Ronald Reagan a été élu président, ceux qui voulaient une expansion des capacités des armes et des missiles américains ont gagné du terrain et ainsi la course aux armements a pris un nouvel essor. C’était la période pendant laquelle les Etats-Unis ont mis les bouchées doubles pour obtenir une supériorité nucléaire, en particulier, en développant le bouclier anti-missiles (connu sous le nom de Programme de la Guerre des Etoiles), objet même du traité sur les missiles anti-balistiques de 1972 dont le but était de limiter leur multiplication. Estimant qu’ils pourraient contrer toute action de représailles, leurs pensées tordues leur faisaient croire qu’un bouclier anti-missiles efficace permettrait aux Etats-Unis d’attaquer les premiers avec des armes nucléaires.
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, les militaristes américains ont décidé que les Etats-Unis seraient la super puissance du monde, laquelle serait basée sur des attaques préventives et l’affirmation unilatérale des intérêts américains par la force armée.
Attaquer l’Iran
Il y a plus de quatre ans depuis que le journaliste Seymour Hersch a exposé les plans des Etats-Unis pour attaquer l’Iran. Ecrivant à ce propos dans le New Yorker, en avril 2006, Hersch notait : ‘’L’administration Bush, tout en préconisant publiquement la diplomatie pour empêcher l’Iran de poursuivre sa recherche pour des armes nucléaires, a augmenté les activités clandestines à l’intérieur de l’Iran et a intensifié ses préparations pour une possible attaque aérienne. D’anciens et actuels fonctionnaires militaires et du renseignement ont dit que des groupes appartenant aux forces aériennes sont en train d’établir des listes d’objectifs et des troupes de combats ont reçu l’ordre de récolter clandestinement les informations relatives au sujet des objectifs (à attaquer) et d’établir des contacts avec des groupes ethniques minoritaires anti- gouvernementaux’’
Ces planifications, par certaines factions militaires, se heurtent à l’opposition des mouvements pacifistes globaux ainsi qu’à d’autres factions militaires. Il est connu qu’il y a de profondes divisions à l’intérieur de l’armée américaine, ainsi que dans les milieux du renseignement, quant à l’issue d’une attaque de l’Iran. Depuis l’élection de M. Obama, ces divisions se sont aggravées du fait des exigences israéliennes demandant l’approbation des Etats-Unis pour des attaques israéliennes de l’Iran. Presque chaque semaine il y a une déclaration d’un secteur de l’armée ou des milieux du renseignement, déclarant qu’une attaque sur l’Iran est maintenant plus probable que précédemment.
Vers la fin juillet, l’ancien directeur de la CIA a déclaré qu’il était nécessaire que les Etats-Unis attaquent l’Iran. Cette déclaration ne doit pas être prise à la légère.
Les mises en garde de Castro
Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, Fidel Castro, l’ancien Premier ministre de Cuba est sorti de sa retraite pour avertir le monde qu’il était très près d’une guerre nucléaire. Castro, qui a survécu à de nombreux attentats fomentés par la CIA, a fait appel au président Obama pour qu’il empêche cette attaque imminente. Il a déclaré, lors d’un discours au parlement cubain : ‘’Les dirigeants des pays les plus puissants de la terre - alliés et adversaires à l’exception d’Israël - seront d’accord avec moi et demanderont de façon pressante au président Obama d’éviter l’agression.’’ Si le président Obama en donnait l’ordre, ’’il signerait l’arrêt de mort de millions de personnes, sans omettre les multitudes dans son pays et les équipages des flottes navales qui croisent dans les eaux à proximité de l’Iran… Simultanément la guerre éclaterait au Moyen Orient et en Extrême Orient et dans toute l’Eurasie.’’ Castro a encore dit que l’ordre mondial actuel s’effondrerait.
Ces mises en gardes concernant une nouvelle guerre nucléaire ne sont pas à prendre à la légère. La faction la plus militariste du gouvernement américain est embarquée dans une stratégie de guerre continue. Cette faction de la direction politique poursuit une trajectoire qui, à moins qu’il y soit mis un terme, conduira à des catastrophes historiques, en comparaison desquelles les attaques sur Hiroshima et Nagasaki apparaîtront insignifiantes.
Le temps de la raison et de la guérison.
La mentalité responsable du génocide dans les Amériques et qui a réduit en esclavage des millions de personnes continue de dominer la pensée de ceux au pouvoir en Occident. Dans son livre ‘’ The liberal virus’’, Samir Amin a mis en garde contre cette mentalité qui est le fondement du génocide de millions de citoyens. Le capitalisme a atteint un point où la barbarie du système devient tous les jours plus apparente.
C’est cette évidence qui inspire un mouvement global pour la guérison et qui demande la vérité sur les véritables raisons des bombardement atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Au jour d’aujourd’hui, les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki ne sont pas une simple question d’exactitude historique. Avec les trillons de dollars investis dans des armes nucléaires et la diminution de la résistance à leur utilisation, il est urgent d’énoncer les véritables raisons des bombardements. Cette vérité est nécessaire à la promotion du désarmement nucléaire dans toutes les parties du monde.
La mise en garde de Bertrand Russel en 1945 mérite d’être répétée : ‘’On serait tenté de dire que l’Homme est puni de l’emprise de ses funestes passions, pour l’impiété qui l’a mené à regarder de trop près les secrets cachés de la nature. Mais un tel sentiment est trop défaitiste. La science est capable d’extraordinaires bienfaits : elle peut alléger le travail, abolir la pauvreté et énormément diminuer la maladie. Mais si la science doit apporter des bénéfices au lieu de la mort, nous devons appliquer une intelligence au sociétal, à l’organisation et aux relations à l’international, du même niveau que celle qui nous a permis de découvrir les structures de l’atome. Afin d’y parvenir, nous devons nous libérer des anciennes doctrines et penser librement, sans peur et rationnellement, aux nouveaux et consternants problèmes auxquels la race humaine est confrontée en raison de sa conquête du pouvoir scientifique’’.
Le défi de la justice réparatrice dicte que nous ayons un nouveau système de société. Seuls un nouveau mode de pensée et une nouvelle organisation économique peuvent amener nos sociétés à la guérison, à la réparation et au rejet, instinctif et spontané, de l’idée même de lâcher une bombe atomique sur d’autres êtres humains. Cette guérison et cette réparation sont inscrites au cœur des principes de Ubuntu
* Horace Campbell est enseignant et écrivain. Son dernier livre est intituled ’’Barak Obama and the 21st century politics: a revolutionary moment in the USA’’. Il a été publié par Pluto Press.
* Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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