Ronald W. Walters : un combattant de l’Apartheid global s'en est allé

Ronald W. Walters, universitaire, militant dévoué au panafricanisme, est décédé le 10 septembre 2010. Horace Campbell se souvient de l’homme qui a contribué à construire le mouvement panafricaniste et qui a mobilisé des générations de Noirs américains contre le racisme

Notre frère Ronald Walters(1938-2010) a rejoint les ancêtres le 10 septembre 2010. Au cours des cinquante dernières années, il a été un érudit et un militant dans tous les domaines du mouvement panafricaniste. Dès ces premières années au Kansas, aux Etats-Unis, il a été impliqué dans les manifestations et les sit-in contre le mouvement de Jim Crow.

Walters s’est présenté comme un fervent avocat de la réparation, de la paix et de la justice sociale. Il était aux premières lignes des campagnes, des comités de soutien à la libération de l’Afrique au début des années 1970 et a participé à la conférence sur le racisme de Durban, trente ans plus tard. Il écrivait avec passion contre le mouvement de l’Apartheid et a travaillé à établir des mouvements de base d’opposition à l’Apartheid dans toute l’Afrique.

Etant l’un des militants dans la lutte contre l’Apartheid, il était au premier rang pour constater comment le système réagissait aux activités de Charles Diggs, membre du Congrès américain, qui luttait contre l’Apartheid à partir des salles du Congrès. Etant le principal conseiller de Diggs, Walters a permis une compréhension plus affûtée des régimes de ségrégation de l’ancienne Rhodésie et de l’Afrique du Sud. Il était à l’origine de la mobilisation des Noirs pour revendiquer leur participation dans le système politique aux Etats-Unis et a abondamment écrit à ce sujet.

Etant l’un des moteurs du Rainbow Coalition (coalition Arc en Ciel) et des campagnes de Jesse Jackson en 1984 et en 1988, Walters voulait poursuivre la lutte jusqu’à l’obtention de la totalité des droits démocratiques. Bien qu’il soit mieux connu pour ses écrits académiques comme, par exemple, ‘’Black presidential politics in America : a strategic approach’’, Walters était aussi engagé dans les luttes contre le racisme institutionnel et l’eugénisme. Il a développé cet aspect dans son livre ’’White nationalism : Black interest, conservative public policy and the Black community’’. Ce livre contribue à notre compréhension du féroce mouvement raciste qui persiste à vouloir dominer l’espace public aux Etats-Unis.

Walters était opposé à la suprématie et au nationalisme blanc et a travaillé durement pour éveiller ses étudiants aux réalités du système étatique américain. Son objectif était une société nouvelle dans laquelle tous les humains pouvaient vivre dans la dignité. Son soutien aux droits des minorités l’a amené à formuler une forme de panafricanisme qui soutenait les droits des Noirs et des peuples indigènes opprimés dans le monde entier. Par exemple, il soutenait le droit à l’autodétermination des Palestiniens. Son activité académique et son militantisme sont un phare pour ceux qui veulent comprendre le mot engagement. Il a lutté durement pour briser le monopole conservateur du courant dominant en science politique.

LA LUTTE A L’UNIVERSITE

Les notes biographiques des travaux de Walters racontent l’histoire d’un érudit qui a lutté pour le changement dès l’adolescence. Que ce soit dans son activité de président du Youth Chapter of the national Association for the Advancement of coloured people (NAACP) ou comme jeune universitaire, Walters a montré le chemin de la lutte depuis qu’il était étudiant à l’université de Fisk. Durant les fructueuses années qu’il y a passé, il a été amené à travailler étroitement avec Diggs, qui a aussi étudié à Fisk. James Turner, un ami proche, a souligné l’engagement de Walters dans la lutte pour la libération des Noirs. Longtemps avant que les sit-in des jeunes à Greensboro en Caroline du Nord ne fassent la une de la presse nationale et internationale, Walters organisait la résistance au racisme dans le Sud. Turner, très affligé par la perte de son ami et collègue, a aussi témoigné de son humilité.

Dr John Johnson, un collègue de l’époque où Walters enseignait à l’université de Syracuse en 1969, a fait état de sa passion pour les jeunes et de son travail avec eux, aussi bien sur le campus qu’en dehors. Pour Walters, il était clair qu’une responsabilité particulière incombait aux étudiants noirs des campus blancs et Johnson se souvient des présentations électriques sur la question de la prise de conscience des Noirs en ce qui concerne l’éducation supérieure. C’était la période du soulèvement des Noirs dans les campus des universités de Cornell et de Syracuse dans l’Etat de new York.

A l’instar de Clarke, Walters a travaillé en fusionnant le savoir africain avec l’enseignement formel des universités occidentales. Grand communicateur, Walters a continuellement travaillé, voyagé, parlé, défendu, lutté et a proposé la paix et la réparation.

Pour ceux qui ne l’ont pas connu, il est maintenant possible d’apprécier sa stature d’érudit à travers les entretiens pour « Oral History » avec Ronald W. Walters. Conscient de l’importance de la transmission orale dans la préservation de l’histoire et de la culture africaine, Walters a produit une vidéo en huit parties qui relate l’histoire de sa vie.

L’empreinte de Walters sur le panafricanisme

Dans la préface de son livre ‘’Panafricanism in the African diaspora’’, Walters décrit ses débuts d’étudiant et de militant. Sa prise de conscience du panafricanisme remonte à 1963, alors qu’il était étudiant à l’université de Fisk et qu’il a écrit un essai dont le titre, ‘’Les Noirs’’, lui a valu le prix de Readers Digest lors d’une compétition nationale d’essais.

Son livre détaille ses associations avec le mouvement panafricaniste et son travail avec Jimmy Garret, Stokely Carmichael (Kwame Ture), Amiri Baraka, Courtland Cox, Howard Fuller (Owusu Sadauki) et William Strickland. Walters a aussi écrit à propos de ses activités avec l’African Heritage Studies Association (AHSA). L’AHSA représentait les efforts des opposants à la domination de l’association par ceux qui avaient des intérêts dans les empires. Walters a travaillé avec des panafricanistes comme James Turner, John Henrik Clarke, Ron Karenga, Leonard Jeffries, Molefi Asante et de nombreux autres.

Bien qu’il ait été formé par le système universitaire américain, il a rompu avec la tradition qui met le savoir au service de l’oppresseur. Il a été un membre fondateur de la National Black Political Science Association (NBPSA) et il était l’un des rares spécialistes en sciences politiques à défier les fondations et gardiens des universités qui s’efforçaient de marginaliser le panafricanisme. Ceci a été une bataille majeure, compte tenu du fait que c’était l’époque où le département d’Etat, conjointement avec les fondations universitaires, s’appliquait à déformer la signification véritable du panafricanisme.
Avant la deuxième guerre mondiale, des savants comme C.L.R James, Georges Padmor, W.E.B du Bois et d’autres, ont associé le panafricanisme à la lutte globale contre le racisme. Cette variété de panafricanisme était anti-impérialiste et anti-fasciste. Les Britanniques ont toléré ces panafricanistes pendant leur guerre contre Hitler et Mussolini, mais ont ensuite œuvré pour miner le panafricanisme après la guerre. Les universitaires britanniques sont entrés dans la ronde et ont essayé d’influencer l’orientation des recherches et de son militantisme. Certains ont introduit la différence entre le panafricanisme avec un P majuscule et celui avec un p minuscule.

Aux Etats-Unis, le panafricanisme était directement lié au vécu des populations d’origine africaine. Par conséquent le pouvoir en place a fait de son mieux pour redéfinir le panafricanisme et l’inscrire à l’agenda des batailles idéologiques de la Guerre Froide. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des érudits en vue dans le domaine des sciences politiques, comme Joseph Nye ou David Apter, ont été impliqués dans la recherche et ont écrit sur le panafricanisme. Melville Herskovits a introduit chez les libéraux l’idée selon laquelle les Africains ne pouvaient pas être des chercheurs sérieux sur la question de l’Afrique et du panafricanisme, en raison de leurs relations affectives avec ce continent. Herskovits a traité William du Bois de propagandiste et de militant politique et a mis en cause ses qualités de savant. Ainsi les libéraux blancs pouvaient dominer la recherche et occuper l’espace de l’enseignement dans les universités les plus en vue du pays.

Walters est entré dans le domaine des sciences politiques une génération après du Bois, lorsque les philanthropes et les institutions gouvernementales s’appliquaient à financer des institutions qui perpétueraient l’hégémonie blanche dans les universités blanches. Le panafricanisme a dû se réfugier dans les collèges et universités noires afin de survivre aux attaques idéologiques des oppresseurs.

Apter écrivait sur le Ghana, Nkrumah et le panafricanisme tout en mettant sur pied une organisation : the American Society of African Culture. Plus tard il s’est avéré que cette organisation était lourdement financée par les services de renseignement et les fondations. Walters appartenait à cette frange d’érudits, Blancs et Noirs, qui s’opposaient à l’utilisation des sciences politiques à des fins militaires. La recherche par les penseurs de l’empire était tendancieuse et s’efforçait de déformer l’histoire du panafricanisme. Sous la direction de diplômés en science sociale comme Apter et John Marcum, une étude majeure – Panafricanism reconsidered- a été publiée. Nye a écrit sur le panafricanisme et l’intégration de l’Afrique de l’Est au moment où le projet de Nkrumah pour l’unité africaine était toujours d’une actualité internationale.

Walters a refusé le lien entre les services de renseignements et les professeurs de l’American Political Sciences Association (ASA). Il y a eu une rupture majeure au sein de l’ASA lors d’une réunion à Montréal en 1969. C’est à cette époque que l’AHSA a été fondée, afin de recentrer le panafricanisme sur sa base qui consiste à s’opposer au racisme, au colonialisme et à l’apartheid. C’est à cette même époque, en 1969, que Walters a rejoint les Noirs qui dans les sciences politiques ont formé le NBPSA.

Suite à la rupture de 1969, le sujet du panafricanisme a été abandonné par les courants dominants des sciences politiques (bien que Andrew Apter ait marché sur les traces de son père lorsqu’il a écrit le livre ‘’ The panafrican nation : oil and the spectacle of culture in Nigeria). L’étude du panafricanisme est tombée sous la rubrique des ‘’Etudes noires’’ et la tendance dominante dans les sciences politiques était de reléguer le sujet au fond du tiroir. A cette époque, écrire et parler de la lutte du panafricanisme global n’était pas à la mode. Mais Walters, indompté, a refusé de se soumettre à ce diktat et a poursuivi avec passion le débat intellectuel pour la justice.

Le financement de la recherche par les principales fondations s’est tari de même que celui provenant du département de l’Education. Il y avait peu de centres où les étudiants pouvaient conduire des recherches doctorales dans ce domaine. Walters a été le directeur d’un tel centre alors qu’il était professeur de sciences politiques à l’université de Howard à Washington DC. A partir de là, il a formé une nouvelle génération de penseurs et de militants capables de faire le lien entre le local et le global.

LE PANAFRICANISME ET LE COMITE AFRICAIN SOUTIEN À LA LIBERATION (ALSC)

Etant un intellectuel engagé, Walters n’est pas resté confiné dans le campus de l’université de Howard. Il a été l’un des maîtres penseurs du comité électoral noir pour le Congrès. Il a servi de conseiller au membre du Congrès, Charles Diggs, qui a bataillé sans relâche contre le soutien des Américains au gouvernement illégal de Ian Smith en Rhodésie. C’était pendant qu’il travaillait avec Diggs, Shirley Chisholm, Charles Rangel, Louis Stokes et d’autres que la lutte menée par les panafricanistes pour parvenir au boycott du chrome en provenance de Rhodésie a fini par attirer les feux des médias aux Etats-Unis.

Walters a aussi écrit sur la bombe de l’Apartheid. Son livre ‘’South Africa and the bomb : responsibility and deterrence’’ est devenu une référence dans les campagnes anti-apartheid et il a écrit des articles savants et des Op-Ed (écrit qui s’oppose à une ligne éditoriale, Ndlt) concernant le soutien du gouvernement américain à l’oppression des Noirs en Afrique. (Aujourd’hui, le gouvernement américain s’applique, en Afrique, à brouiller la ligne entre action humanitaire et la dite Guerre contre le terrorisme afin de mieux déguiser ses efforts de militarisation du continent. Il y a établi un commandement américain mené par un général noir qui se pavane à travers toute l’Afrique sous prétexte de soutenir la paix et la bonne gouvernance.)

Walters a publié plus de cent articles savants et la période la plus fructueuse se situe au dans le temps où il combattait l’Apartheid aux Etats-Unis et en Afrique. A ce moment il était organiquement lié aux mouvements de libération noirs.

Ce travail académique, Walters l’a conduit en parallèle avec son militantisme dans le cadre de ALSC. Au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle et grâce à l’ALSC, l’organisation de la libération panafricaine a atteint un de ses points culminants. L’énergie et l’esprit des gens étaient manifestes dans les protestations, les livres, les films et autres formes de prise de position politique dans la lutte en Afrique et celle des Africains de la diaspora. Walters a été de ceux pris dans la vague de l’explosion idéologique générée par ce moment très dynamique. Nombreux sont ceux qui n’y ont pas survécu pour poursuivre les mouvements de libération. Les divisions d’ordre idéologique ont obscurci des divisions plus profondes entre ceux qui travaillaient pour les besoins à long terme de la libération. Walters a usé de toutes les ressources disponibles pour soutenir l’ALSC et s’est trouvé au milieu des délibérations.

L’entière histoire de l’ALSC reste à écrire et Walters lui-même a fourni quelques éclairages sur cette période dans son livre ‘’Panafricanism in the African diaspora’’. Ceci était la période où les représentants politiques noirs comme Diggs faisaient le lien entre l’opposition à l’Apartheid en Afrique du Sud et la ségrégation qui avait cours aux Etats-Unis. A cette époque ceux qui occupaient l’espace politique noir dominaient l’actualité de l’opposition à l’Apartheid et au colonialisme. Diggs a utilisé sa position au Congrès pour collaborer avec l’ALSC et les forces pour la liberté afin de dénoncer l’exploitation de la main d’œuvre noire par les multinationales américaines. Les forces dominantes aux USA en ont été si enragées qu’elles ont travaillé dur afin de faire taire Diggs et de lui faire quitter le Congrès.

Retirer Diggs du Congrès était l’aboutissement d’un effort pour réduire au silence les forces anti-ségrégationnistes du cœur de l’organisation nationale. Le système n’a pas cherché seulement à humilier Diggs, mais bien l’entière force de libération dans le but de soutenir la suprématie blanche dans le pays et à l’étranger.

Tout au long des années 1970, Walters a travaillé sans relâche sur la situation politique en Rhodésie et a été l’un des fondateurs du Forum TransAfrica. La classe dirigeante américaine s’est sentie menacée par ce militantisme et a fait de son mieux pour discréditer et frustrer ceux impliqués dans ces formations. C’est dans ce climat que Diggs a été accusé de corruption en 1978.

Walters était lucide et a redoublé d‘effort pour trouver les moyens d’affronter le racisme. En 1980, il a été un proche conseiller de la campagne de Jesse Jackson.

LE COMBAT CONTRE LE RACISME DE L’INTERIEUR ET DE L’EXTERIEUR DU SYSTÈME POLITIQUE

Alors qu’il était immergé dans la politique électorale, Walters décrivait les limites du système tel que vécues par les Noirs. Il a souligné le besoin d’une lutte multiforme dans son livre ‘’Freedom is not enough : Black voters, Black candidates and American Presidential Politics’’. Après avoir été engagé dans le système politique en place, Walters a écrit à l’intention des jeunes générations afin de leur montrer qu’au-delà de la façade démocratique des élections, il y a des défis cachés plus importants pour la société.

Je me souviens de sa venue à Syracuse, en 2007, pour parler du phénomène Obama. Nous avons passé des heures à réfléchir au besoin d’un mouvement dont l’objectif serait de travailler à l’intérieur et à l’extérieur du système. Walters écrivait des articles hebdomadaires sur la nécessité de formes diverses de lutte. Il nous a préparé à développer les stratégies nécessaires pour combattre le néofascisme qui est en train de prendre forme sous la bannière du Tea Party. Son érudition nous a enseigné que le Tea Party n’est qu’une des manifestations d’un racisme profondément enraciné dans cette société. Son livre ‘’White Nationalism et Black interest’’ souligne les formes institutionnalisées de racisme et ses dangers pour l’homme noir et de couleur. En cette période de dépression du capitalisme, il est urgent pour les universitaires et les militants engagés de comprendre les dangers que représente le populisme du Tea Parti. Raison pour laquelle Walters, sur son lit de mort, a retrouvé sa voix pour s’insurger contre le commentateur conservateur Glenn Beck qui manipule la mémoire et les sens du Dr Martin Luther King Jr.

LE MOUVEMENT DE REPARATION

Walters a travaillé durement pour les droits du peuple haïtien, des peuples du Brésil et les opprimés du monde entier. Au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle, il s’est efforcé de démontrer qu’il ne doit pas y avoir de différence entre la théorie et la pratique. Il a collaboré avec ceux qui ont fait campagne pour de la justice réparatrice aux Etats-Unis et à fustiger les membres du Congrès représentant la communauté noire qui se sont mis en retrait face aux demandes de la conférence des Nations Unies contre le racisme. Lors du suivi de la conférence de Durban, qui a eu lieu à Genève en avril 2009, il a de nouveau défendu son programme d’action.

Pendant que des sections de la classe moyenne noire oeuvraient pour le Parti Démocrate et pour l’empire, Walters travaillait plus durement encore pour la paix et la justice dans le monde entier.

WALTERS A AMELIORE LE MONDE

Je l’avais informé que je commençais à écrire mon livre ‘’Barack Obama and the 21st century politics’’. Il m’a soutenu et encouragé et était toujours plein d’un optimisme qui trouvait sa source dans son expérience concrète de la lutte. Je lui ai demandé d’écrire une préface pour le livre et il a facilement accepté en m’envoyant des mots de solidarité qui maintenant font honneur au livre. Je ne savais pas qu’il était au stade terminal de la maladie parce qu’il n’y pas partagé sa douleur avec nous. Il a travaillé jusqu’au dernier moment de sa vie. Ronald Walters voulait réparer la destruction des vies humaines. Il voulait que la société comprenne le crime de l’esclavage et du racisme. Le monde est meilleur parce qu’il a été avec nous

* Horace Campbell est l’auteur de ‘’Barack Obama and the 21st century politics: a revolutionary moment in the USA’’ – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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