Le mélange des genres en Namibie
La raison pour laquelle ceci est une révolution, et non juste une promesse électorale, est que la Swapo est déjà entrain de mettre en œuvre cet engagement en faveur de l’égalité des genres.
Une tranquille révolution est en cours en Namibie. Du jamais vu en Afrique australe et peut-être ailleurs dans le monde. Le parti au pouvoir, la Swapo s’est non seulement engagée à octroyer la moitié des sièges du parlement aux femmes, mais s’est également engagée dans ce qu’ils appellent le "zebra system" dans lequel si un ministre est une femme alors le vice-ministre doit être un homme et vice-versa. Plus ambitieux encore, il implique que les rôles soient inversés au cours d’élections successives. Cela signifie que la nomination probable d’un homme à la présidence en 2014, est considérée par de nombreux décideurs comme un engagement de la Swapo de nommer une femme à la présidence en 2019
La raison pour laquelle ceci est une révolution, et non juste une promesse électorale, est que la Swapo est déjà entrain de mettre en œuvre cet engagement en faveur de l’égalité des genres. Déjà en 2002, la Swapo s’était déjà engagée en faveur d’une plus grande égalité des genres demandant que 50% des postes dominants au parlement, au gouvernement et dans les entreprises étatiques soient occupés par des femmes. Lors de la plus récente conférence de la Swapo, il a été agréé que cette politique serait opérationnelle lors des élections de novembre 2014 que ce partir est presque certain de remporter. Actuellement 25 membres du parlement sur 72 sont des femmes, ce qui signifie que si cette politique est mise en œuvre jusqu’à 11 membres masculins du parlement perdront leur siège, si 36 sièges vont à des femmes.
La réponse de la Swapo a été de proposer l’extension du parlement afin d’éviter que la peur de perdre un siège soit un obstacle majeur pour réaliser cette nouvelle politique du "zebra system".
Le mois dernier, l’exécutif du gouvernement namibien a pris les premières mesures pour augmenter le nombre de sièges au parlement national qui passera de 72 à 100 députés. Cette question a été discutée en Cabinet le 27 juin 2014 et la presse rapportait qu’une loi était en préparation pour consultation. La réunion avait été convoquée à un haut niveau, présidée par le Premier ministre Hage Geingob, montrant que la Swapo est sérieuse sur ce sujet. Elle a déjà envoyé des directives aux exécutifs régionaux concernant les élections de candidats au parlement. Dans le vote du collège électoral de juillet 2014, la directive demande que la liste/zèbre soit appliquée. Le futur secrétaire général de la Swapo sera un homme et son adjoint sera une femme avec les 20 autres postes alternant entre homme et femme.
Soyons clair ! Ceci n’est pas entièrement motivé par l’engagement généreux en faveur de l’égalité des genres. Il n’a pas échappé aux sceptiques que la Swapo, à l’instar de l’Anc, est dominée par des membres qui sont d’anciens militants en exil, généralement plus âgés que ceux restés au pays. Ainsi l’actuelle constellation politique est menacée dans un avenir proche par des dirigeants qui vont se retirer ou mourir. Les femmes vivant plus longtemps et les épouses des actuels dirigeants tendant à être plus jeunes, la démarche en faveur de l’égalité des genres pourrait signifier le maintien de l’actuelle constellation politique.
Les dirigeantes en Namibie tendent à être associées aux aspects les moins difficiles de la gouvernance. Alors que trois des cinq comités permanents du parlement sont présidées par des femmes, les ministres de ministères stratégiques comme le Transport, l’Agriculture et ceux qui gèrent l’économie sont généralement des hommes. Ceci est l’origine de la perception populaire selon laquelle les femmes membres du Parlement ne feront pas de vagues se consacrant à des questions féminines comme demander des services sociaux et des services de santé meilleurs.
Cette perception s’avérera fausse. Si les femmes obtiennent davantage de pouvoir, elles seront mieux à même de lutter pour des positions stratégiques. Les hommes sont en compétition pour le leadership de ministères stratégiques en raison des motivations économiques et politiques qu’ils représentent. Les femmes seront aussi en compétition. Après tout, toutes les femmes qui ont défié un homme l’ont fait malgré les suppositions contraires. Et c’est là qu’il y a le nœud : la promotion namibienne de légalité des genres est moins le signe de progrès que le signe d’un leadership aveuglé par vingt ans au pouvoir.
La véritable politique qui forge les politiques ne se fait pas dans la confrontation, elle est toujours négociée, basée sur le respect de l’élite politique présente. La poussée en faveur de l’égalité des genres a été lente et constante à l’intérieur du parti, se concentrant sur la fabrication de la notion qui veut que les femmes qui entrent dans le système cherchent ce que les hommes veulent aussi. Cette notion est un expédient politique. Les femmes ne veulent pas de la continuation du statu quo. Les femmes de Namibie, comme dans la plupart des pays africains, ne sont que trop consciente que l’attention du gouvernement est de plus en plus centré sur les besoins et intérêts d’une cabale fermée d’hommes dont l’objectif est la création de richesse et de projets massifs qui contribuent essentiellement à renforcer le pouvoir de quelques-uns plus que de la majorité.
Comme en Afrique du Sud, le leadership actuel est plus intéressé à dépeindre la Namibie comme un pays riche, plutôt que de promouvoir l’équité et de garantir des services significatifs. Comme en Afrique du Sud, une classe moyenne noire et urbaine croissante masque une pauvreté rurale endémique, creusant les inégalités et créant des obstacles structurels qui empêchent la mobilité sociale. Comme en Afrique du Sud, une instruction rurale combiné à une économie de pays développé signifie que si vous parents n’ont pas eu les ressources pour compenser le déplorable système d’instruction de l’Etat, vous, vos enfants et les enfants de vos enfants demeurerez pauvres.
Le talon d’Achille, autant de la constellation politique actuelle de l’Afrique du Sud que de la Namibie, est que le système politique est vu de plus en plus comme étant soucieux uniquement des intérêts particuliers de quelques-uns et ces quelques-uns, à la tête rapidement grisonnante, vont soit vers la retraite soit vers la mort.
Les jeunes et les femmes ne font pas parties de l’équation politique. Pendant que ceux qui assurent le leadership évoquent le fait d’un acteur international, de devenir un pays industrialisé et accusent l’héritage du colonialisme ou de l’Apartheid pour leurs échecs, les jeunes et les femmes parlent de violence contre les femmes, d’emploi, d’alcoolisme, de services sociaux de base, et de l’accès à l’eau et à la nourriture.
Comme un parti politique frère de celui de Julius Malema, l’Economic Freedom Fighters en Afrique du Sud, le Namibian Economic Freedom Fighters (Neff) a été fondé. Il se positionne clairement pour incarner une narration alternative. Comme l’Anc, la Swapo a échoué à intégrer ses ligues de jeunesse, étouffant ainsi une relève de jeunes dirigeants pour perpétuer le système actuel. Mais le cadre actuel est menacé simplement par la démographie. Si les femmes et les jeunes devaient unir leurs forces, ce qui est fort possible, il y a alors une véritable occasion de renverser le système actuel.
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** Alexander O’Riordan est un chercheur sur l’Efficacité de l’aide et du financement des donateurs. (Source : http ://sacsis.org.za/site/artcile/2061) – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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