Déclaration des personnes affectées par la centrale à charbon de Bargny-Minam

Projet financé au Sénégal par la Bad

La Bad a adopté, en décembre 2013, un nouveau Système de sauvegardes Intégrées en s’inspirant largement des normes de la Banque mondiale. Cependant, par défaut d’application effective de ses conclusions et de déficience de notre système national de sauvegardes, au Sénégal, nous sommes meurtries par les impacts du projet de centrale électrique à charbon et réclamons toujours nos droits à la Banque et aux promoteurs.

En réponse à un changement de contexte global à travers le monde, la Banque mondiale est en train de revoir comment ses sauvegardes environnementales et sociales doivent évoluer pour rester en phase avec sa mission principale de réduire l’extrême pauvreté dans le monde.

Lancée en juillet 2012, suite à l’étude ‘’sur les performances des politiques de sauvegardes’’ du Groupe d’évaluation indépendant (Ieg) de la Banque, le présent processus de réforme des sauvegardes risque de passer inaperçu en Afrique et au Sénégal en particulier, alors qu’elle va certainement affecter les comportements des investissements internationaux et les politiques publiques à travers le monde entier.

La Banque entame la seconde phase de ses consultations à Dakar et une équipe spécialement venue de Washington rencontre, lundi 17 novembre, les acteurs gouvernementaux et le mardi 18, les organisations de la société civile.

Nous, représentants des communautés affectées par le projet de centrale électrique à charbon de 125 MW à Bargny-Minam (Ndlr : à une trentaine de kilomètres de Dakar), financée par la Banque africaine de développement (Bad) et devant impacter plus de 36 000 personnes, souhaitons saisir cette opportunité pour partager nos soucis et nos malheurs, et alerter tous les militants du Développement Durable pour qu’ils se mobilisent et se fassent entendre.

La Bad a sans doute adopté, en décembre 2013, un nouveau Système de sauvegardes Intégrées ambitieux, en s’inspirant largement des normes de la Banque mondiale. L’Etude d’impacts environnementale et sociale (Eies) du projet qui est antérieur à cette politique a été totalement élaborée en tenant compte de ces normes, ce qui confirme le leadership de la Banque mondiale dans ce domaine. Cependant, par défaut d’application effective de ses conclusions et de déficience de notre système national de sauvegardes, nous sommes aujourd’hui meurtries par les impacts du projet et réclamons toujours nos droits à la Banque et aux promoteurs.

En effet :
- Le projet empiète sur le site de transformation de poissons des femmes de la localité et va occasionner la perte d’emplois de plus 2000 personnes ;

- Plus de 1000 personnes ont subi des expropriations sans indemnisation juste et équitable et compromet par la même occasion les mesures locales d’adaptation aux changements climatiques de toute une communauté ;

- Les normes minimales sur l’environnement sont violées et l’impact des émissions de gaz à effet de serre et leurs effets sur les changements climatiques sont complètement ignorés ;

- L’écosystème marin et la biodiversité seront détruits et la pêche artisanale est menacée.

Voilà donc ce qui risque d’arriver à toute l’Afrique si les banques de développement ne disposent pas de sauvegardes solides et capables de protéger les personnes vulnérables et l’environnement. C’est pourquoi cette revue des sauvegardes de la Banque mondiale est importante pour nous, et nous exigeons qu’elle adopte des sauvegardes ambitieuses et renforcés pour assurer de véritables protections pour les personnes et la planète.

Ne nous laissez pas à la merci des emprunteurs et des Etats. Vivement pour la protection des communautés et l’environnement !

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** Aly Sagne est président de Lumière, Synergie, Développement/Sénégal ; Fadel Wade est vice-président de l’association Takkom Jerry

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