Commerce et droits des femmes au Cameroun
Odile ASIM soutient que l’analyse genre été relevé à travers les études et recherches féministes sous les auspices des agences bi et multilatérales des différentes approches de développement l’intégrant les femmes à tous les niveaux. En Afrique, les femmes ont été les premières à ressentir les effets néfastes de la libéralisation. Le commerce international ne recherchant déjà pas d’égalité dans les bénéfices entre les pays du Nord et du Sud, il est inévitable de penser à une restriction des inégalités de genre et donc un gain particulier pour les femmes.
Les femmes étant de façon générale victime de discrimination, dans le continent que ce soit dans la vie familiale ou professionnelle, une façon d’acquérir une indépendance économique est de se livrer au commerce notamment informel qu’il est plus difficile de contrôler dans un système patriarcal et qui leur donne plus de pouvoir dans ce type de communauté.
Les pays africains occupent la position inférieure dans le commerce mondial en d’autres termes ils ne sont que fournisseurs de matières premières et, malgré le fait qu’ils appartiennent au groupe des pays ACP, ils n’influencent pas les politiques commerciales en vigueur. En effet, les deux dernières réunions des l’organisation mondiale du commerce que ce soit à Cancun ou à Hong Kong n’ont pas modifié la hiérarchie mondiale du commerce à par rapport à la position des pays africains.
Cependant, La chine et l’Inde s’imposent de plus en plus dans les marchés qu’a ouvert la mondialisation et le démantèlement des subventions agricoles promis par les pays riches en 2013 est un espoir. En effet, ces pays émergents inquiètent de plus en plus les pourvoyeurs du néolibéralisme. Tant que les échanges ne concernaient que les pays du Nord, il n’avait pas d’inquiétude pour les travailleurs appartenant à la classe ouvrière des pays occidentaux voire aujourd’hui même les cadres. Lorsque l’on considère en plus le Brésil, on a finalement des producteurs de biens agroalimentaires, et de produits similaires à ceux exportés vers les pays en développement à savoir, les biens manufacturés et de services.
Ces acquis et compromis acceptés dans le passé, posent problème en spécifiant certains pays d’exportateurs net et d’autres d’importateurs. On constate la volonté d’élargissement des marchés des entreprises qui n’ont plus la totalité des parts de marché dans ces domaines et la multiplication des multinationales qui se rabattent à des secteurs autrefois réservés aux entreprises nationales et étatiques où la main d’œuvre féminine était bien occupée. Les délocalisations deviennent la mode avec la remontée des interrogations sur le problème de l’emploi des femmes nationales pour la majorité pas très qualifiées.
Dans le monde actuel, règne le néolibéralisme. La règle sur toute la planète est la maximisation des intérêts privés. Dans le tiers monde la question se pose avec plus d’acuité car les pouvoirs impériaux continuent de piller les ressources humaines et naturelles afin de remplir les poches des capitalistes transnationaux. Initié par Reagan et Tchather pendant les deux dernières décennies, le néolibéralisme est devenu la tendance dominante du point de vue politique et économique. La globalisation fait référence à l’interdépendance accrue des économies dans le monde à la suite de la fin de la guerre froide, la chute de la majorité des barrières commerciale et la frénésie de la libéralisation du commerce et de l’investissement.
À la fin des années soixante dix et au début des années quatre vingt, le principal objectif de l’accord de l’Uruguay round était d’accélérer cette tendance. Cependant, nous devons garder à l’esprit que l’Afrique est un joueur marginal dans le marché mondial ; il compte pour moins de 2% du commerce mondial. L’explication vient de la faiblesse structurelle du continent tôt et de l’impact des politiques d’ajustement qui ont estropié la plupart des économies africaines et amené vers les exportations des biens et matières dont les prix ont brusquement ou fortement fluctué sur les vingt dernières années.
Ainsi, on continue de considérer que l’exportation des biens comme principale source des échanges extérieurs va aggraver la marginalisation des économies africaines. Malheureusement, la division du travail actuelle confine l’Afrique au rôle de fournisseur des biens et matériaux de base qui est accentué par la mondialisation. La globalisation néolibérale affecte tous les domaines de la société pour atteindre la flexibilité du travail uniquement pour les intérêts du capital international ou transnational.
L’industrialisation capitaliste a entraîné une augmentation des femmes dans le prolétariat et la globalisation néolibérale a plus tôt accru la discrimination par le genre et effectivement, les valeurs patriarcales traditionnelles continuent d’exploiter les femmes.
Le marché du travail comme défini aujourd'hui n'existait pas à l'époque pré-coloniale. En effet, l'économie était caractérisée par des systèmes de production organisés pour l'autosuffisance et dans les régions côtières, par les relations commerciales existantes avec l'Europe. Les femmes se sont d’abord concentrées dans l’agriculture de subsistance, le travail rural salarial, le secteur informel et le secteur des services à faibles salaires dans le secteur formel (institutrice, secrétaire…).
La mise en place des politiques d'ajustement structurel a entraîné le désengagement de l'Etat du marché du travail qui vise à donner plus de flexibilité à la gestion de l'emploi et à réduire les coûts de transaction et les rigidités jugées excessives pour les entreprises, en facilitant leurs capacités de réaction et d'adaptation aux lois du marché. Les emplois où les femmes sont prédominantes ont commencé à être transformées à la fin des années quatre-vingt avec le démantèlement de la forme de travail conventionnelles et l’expansion de la généralisation du travail informel.
Cependant, ce processus visait principalement les travailleurs de sexe féminin et les hommes ne lui ont pas accordé beaucoup d’importance dans un premier temps. L’évolution des économies africaines n’a pas amélioré les condition de vie des femmes : elles restent exploitées. En effet, la majorité des femmes commerçantes exercent dans ce secteur. Elles s’adaptent ainsi plus facilement aux difficultés économiques conséquences des politiques économiques en cours. La difficulté d’accès au crédit bancaire, font que très peu d’entre elles sont chefs d’entreprises et restent pour la plus part des revendeuses.
La prolifération des tontines leur permet d’intervenir dans le secteur productif et de se rendre à l’étranger pour choisir les produits en fonction du capital investi qu’elles peuvent revendre. De même, on voit l’activité de transformation de manioc à Pouma réalisée par une vingtaine de femmes qui abouti à des produits agroalimentaires et ménagers que l’on peut exporter.
Dans le cas du Cameroun, la législation n’est pas discriminatoire. Malgré l’existence d’un code coutumier non écrit, les femmes ne rencontrent un frein à l’exercice d’une profession à moins que le mari ne saisisse le tribunal pour montrer les problèmes que pourrait encourir la famille. Ainsi, l’abolition de l’autorisation maritale pour le déplacement des femmes à l’étranger leur permet de réaliser un commerce transnational.
Cependant, malgré le droit à ma liberté d’exercer une activité commerciale, l’article 7 du code du commerce confère au mari le pouvoir de mettre fin à l’activité commerciale de sa femme sur simple notification de son opposition au greffier du tribunal du commerce. De plus, un frein supplémentaire aux activités commerciales des freins et une réduction des bénéfices vient de ce que c’est l’homme qui choisit le lieu de résidence de son épouse indépendamment parfois des intérêts de celle-ci.
Au niveau international, les préoccupations féminines sont mieux intégrées au niveau international. Certaines organisations non gouvernementales de femmes et organisations de la société civile ont de mandé la prise en compte de la promotion de la femme, l’égalité des sexe, de la lutte contre la pauvreté dans les différents accords commerciaux. Effectivement on se rend compte que les femmes et leurs organisations sont souvent absentes des négociations et renégociations. Jusqu’à preuve du contraire ce sont les gouvernements qui les représentent. Lorsque l’on prend en compte que ce sont ces mêmes structures qui appliquent les politiques néolibérales dont pâtissent en majorité les femmes, il y a lieu de s’interroger.
L’aggravation de la pauvreté des plus démunis dont la majorité est constituée de femmes qui fait partie de leur actif inquiète plus que tout autre chose le femmes pou leur avenir dans le commerce mondial. On ne voit jusque là pas définitivement des produits de l’artisanat et des biens de consommation vendus sur le marché local dans lesquels les femmes sont fortement impliquées que l’on pourrait transformer et faire des vendeuses des exportatrices grâce à une formation.
En attendant, la présence importante des produits venant des pays industriels entraînera la disparition progressive des produits des pays pauvres des marchés avec pour corollaire la désindustrialisation des pays africains, des pertes devises, d’emplois provenant des la fermeture des entreprises de ce secteur qui ne peuvent plus faire face à leurs charges, l’asphyxie progressive des économies nationales qui doivent faire face aux obligations des institutions financières internationales, la perte de revenus pour les Etats en raison de la diminution des recettes fiscales liées aux faibles importations et l’élimination progressive des droit de douanes et les pertes de devises qui vont avec.
Le rêve est conforté par l’aide au commerce promise par l’organisation mondiale du commerce promise lors du cycle de Doha alors qu’elle est loin d’être une agence de développement. Les femmes doivent maintenant aller plus loin et s’unir aux peuples dans la lutte contre la globalisation néo libérale et exiger une discrimination positive. Ainsi, on aurait une correction des désavantages que subissent les femmes.
* Odile ASIM est enseignante à l’Université de Doula, au Cameroun.
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