Les femmes ne doivent plus être juste des bénéficiaires de programmes»

L’implication des femmes doit devenir effective dans tout ce qui est politique, programme ou projet les concernant. Une implication en amont, au niveau de la réflexion et des orientations, défend Hélène Diouf. Et après des décennies de mobilisation pour les causes des femmes, il importe, pour elle, de faire l’état des lieux.

Dans les activités de soutien menées pour les femmes, il est important de s’arrêter un moment pour faire l’état des lieux afin de mieux maîtriser les besoins qui se font jour ; ceux qui sont exprimés comme ceux qui sont en latence. Il faut aussi mesurer les acquis et les difficultés auxquels les acteurs font face aux niveaux économique, social, culturel, etc. Tous ces éléments doivent être analysés pour mieux cerner les types de formation, de renforcement des capacités et d’accompagnement dont les femmes devraient bénéficier pour mieux se positionner comme citoyennes et actrices du développement.

Les activités génératrices de revenus, les questions liées à l’accès à la terre, la valorisation des activités des femmes en général, etc., doivent être continuellement discutées quant à leur orientation et leur finalité, dans une approche participative pour les principales concernées. Après des décennies de débats et de batailles pour le respect des droits des femmes et leur affirmation dans les espaces de production et de décision, des progrès existent. Mais il faut réfléchir aux moyens et méthodes à mettre en œuvre pour que les acquis deviennent réalité.

Cette réflexion a au moins un préalable : elle doit se faire avec l’implication effective des femmes dans tout ce qui est politique, programme ou projet. Au Sénégal, par exemple, nous avons une Constitution et des lois qui prennent en charge la question des droits des femmes, mais des manquements notoires demeurent dans l’application effective des dispositifs juridiques et réglementaires. Il en est sans doute de même ailleurs. C’est à ce niveau que nos combats doivent se situer. Il faut qu’on cesse de faire des femmes juste des bénéficiaires de programmes.

Dans cette dynamique, les femmes ont un défi à relever. C’est celui de la synergie dans la réflexion et dans les actions, dans la solidarité agissante pour porter les nôtres dans les sphères de décision. Quelles que puissent être les limites des unes et des autres, il faut qu’on soutienne les femmes qui émergent et s’affirment pour les porter dans les sphères où elles peuvent agir et impulser des processus de changement. Il s’agit d’une solidarité nécessaire pour nous permettre de mener en ensemble les combats de lobbying et de plaidoyer, en vue de faire avancer les causes qui nous importent. Les choses ne changeront réellement que quand nous aurons des femmes qui prennent la décision, qui ont la décision, qui font la décision.

* Hélène Diouf est secrétaire générale Convergence nationale pour la valorisation des activités de femmes au Sénégal

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