Congolais contre Congolais, ce mal qui nous cloue!

Le Congolais est un vrai cas d’école. On le dit amateur de trois choses : femme, ambiance et commérage. Mais, ce que l’on ne dit pas souvent de lui : c'est un pur produit de la psychanalyse. Il est malléable à souhait et son étude donne le reflet d’un enfant gâté qui a mal ‘’à la démesure’’.

De ‘’l’élite’’, si vraiment elle existe, ou du bas peuple, il est le même : il se distingue par un manque criard de foi, de conviction, de discernement et surtout ne sait ni faire usage du temps ni jauger les événements. Tous collabos ? Je me suis posé cette question à juste titre. En somme, elle découle d’un constat amer que j’ai fait en analysant la nature ‘’congolaise’’. Un constat qui est venu après une longue période d’observation des liens, du dialogue et de la pratique politique sur la scène nationale, dans la diaspora et, surtout dans les réseaux sociaux.

Le Congolais est tout sauf responsable dans son engagement à faire et a difficile à maintenir le cap lorsqu’il initie. Car là où d’autres citoyens du monde réussissent à créer une dynamique, le Congolais, lui, étale sans fin ses états d’âme et s’illustre par un narcissisme qui ne laisse guère la place à l’altruisme.Là où l’intérêt général doit être absolument privilégié, le Congolais se vouera corps et âme pour faire paraitre son moi et, pire encore, imposer son ego. En réalité, il s’aime trop au point de se haïr lui-même. Il est sado-maso. Une double personnalité qui n’est pas sans rendre ses actions de réalisations laborieuses. Il se voue lui-même à l’échec. Il initie plus pour impressionner que pour parachever. Ceci explique donc sa grande misère d’aujourd’hui et sa peine à se libérer de l’asservissement mystico-spirituel dans lequel il s’est embourbé. Et les autres d’en tirer profit !

Alors que son pays est en proie à l’apocalypse et que la désolation est le lot quotidien de son être, le Congolais dit et se dédit quand il ne médit. Au lieu de se souder dans l’initiative, il fait et s’évertue à défaire. Il veut et ne veut pas. Bref, il est ‘’radicalement’’ embourbé dans une quête permanente du ‘’bien paraitre’’ tout en oubliant que le ‘’bien faire’’ seul est source des résultats probants ! C’est ce qui explique qu’il s’est engagé dans un combat pour sa propre survie, mais que lui-même torpille chaque jour en jouant à se faire hara kiri.

Au départ, il s’est dit combattant pour changer la face hideuse que donnait son pays : la dictature. Mais, très vite, il s’est empêtré dans des contradictions et des querelles intestines. Résultat de course : son action a connu un parcours en dent de scie, avec de nombreuses dissidences qui lui ont dépouillé d’une certaine crédibilité. Les autres en ont profité et l’ont infiltré au point de prendre les commandes de son espace social et politique. Mais, cette cruelle désillusion est loin de l’assagir : il en est encore à chercher ses marques auxquelles il se démarque au gré des situations. Après avoir perdu le contrôle de son autonomie – dirigé par d’autres- il a juré de se racheter en entrant en résistance.
Mais, comme dans son premier combat, il s’est vite fourvoyé. Il s’est pris à jouer à se tirer sur lui-même plutôt que de viser objectivement son adversaire. Avec rage, il s’est mis à décrédibiliser sa propre initiative. Il s’est mis à s’indexer lui-même sans discernement. Il s’est mis à se traiter lui-même de tous les noms d’oiseaux et, pour meubler son temps, à chercher sans cesse le diable en lui au lieu de se focaliser sur le diable en face de lui, beaucoup plus visible. Misère! De combattant et résistant, il s’est mis à se nommer collabo. Tshisekedi, Ngbanda, Monsieur X et Madame Y, tout le monde à ses yeux a pris le portrait du collabo.

Un portrait qu’il a d’ailleurs du mal à cadrer tant sa compréhension de ce vocable relève de la maladie : tellement terre-à-terre et fantaisiste. Il s’est donc perdu en voulant imiter une révolution que les autres ont réussi avec brio car cohérente et déterminée. Parce que, simplement, il a voulu axer son action sur l’unanimisme et la pensée unique, tout le contraire du fondement qui justifie son propre combat. Avec des antivaleurs, le Congolais évolue. Il combat la dictature tout en s’imposant une ligne messianique qui traque la liberté d’expression et le droit à la différence. Il veut être uni tout en se particularisant et en se distinguant en son propre sein. Pour renforcer ses lignes, il distend en écartant tout celui qui ne reflète pas. Tout le monde doit être assujetti à sa logique sinon il voue aux gémonies. Il est lui-même et son contraire, mais il en raffole. Surtout n’essayez pas de l’amener à la raison.

Et, donc, comme une malédiction, il avance chaque jour et inexorablement vers la voie de sa chute. Et tant qu’il ne cessera pas de se combattre, il est fort à parier qu’il sera prisonnier à jamais de ses propres pulsions.

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** Mohamed Mboyo Ey'ekula est journaliste congolais

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