Gambie : l’exigence du respect des droits humains honorerait le Sénégal
Pour les organisations de défense des droits humains du Sénégal et de la Gambie, le président Macky Sall ne doit pas sacrifier, sur l’autel d’une diplomatie d’apaisement, l’espoir de justice des centaines de victimes de violations graves et massives des droits humains en Gambie. Il se doit d’exiger la lumière et la restitution des corps des Sénégalais exécutés sur l’ordre du président Jammeh.
La Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho), Article 19, Amnesty International Sénégal, la Coalition, pour le changement en Gambie (Ccg) et l’Association des organisation de la société civile gambienne (Csag) expriment leur préoccupation quant à la motivation de l’invitation du président gambien, Yahya Jammeh au président de la République du Sénégal, Macky Sall, à la 48e fête d’indépendance de la Gambie, célébrée le 18 février.
Comme si le président Yahya Jammeh jouait la carte de décrispation et de l’endormissement de l’Etat sénégalais pour faire oublier l’exécution des sénégalais Tabara Samb et Djibril Bâ en août 2012 dont les corps ne sont, jusque là, pas encore restitués à leur famille. Nous demandons au président Macky Sall de ne pas sacrifier l’espoir de justice des centaines de victimes de violations graves et massives des droits humains en Gambie sur l’autel d’une diplomatie d’apaisement et d’exiger la lumière et la restitution des corps des Sénégalais exécutés sur l’ordre du président Jammeh.
Aujourd’hui des centaines de personnes sont illégalement détenues dans les geôles gambiennes, après des procès politiques iniques, certains sont torturés à mort et ceux qui ont la chance de survivre subissent des atrocités. Parmi ces détenus on peut noter Imam Babah Leigh, arrêté depuis le 3 décembre 2012 par les services d’intelligence et dont on est sans nouvelles. D’anciens ministres, des journalistes et agents de sécurité sont régulièrement arrêtés et emprisonnés sur des bases sordides.
Nous organisations signataires de ce communiqué, rappelons à son excellence monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal que les exécution de Dawda Bojabg, Malang Sonko, ex-lieutenant Lamine Jarjou, ex-sgt Lamine F. Jammeh, Tabara Samba, Buba Yarboe, Lamin B. S. Darboe et Gebe Bah sont encore fraiches dans l’esprit des Sénégambiens et de tous les hommes et femmes épris de justice. Au moment ou il est invité à se rendre en Gambie, Iman Babah Leigh et Omar Bun Mbye sont encore emprisonnés sans avoir accès ni à leurs avocats ni à leurs familles et beaucoup d’autres Gambiens sont dans la même situation. Aussi le jeune Sénégalais Saliou Niang est en attente d’une exécution.
Les organisations internationales dont le comité international de la Croix n’ont pas été autorisées à rendre visite aux détenus comme le prévoit le droit international humanitaire. Siège de la Commission Africaine des Droits humains, la Gambie viole de manière impunie toutes ses obligations internationales et régionale et a refusé systématiquement de respecter les décisions de la Cour de la Cedeao, de la Commission africaine et autres instances de veille des droits humains.
Le Sénégal a une responsabilité particulière dans la promotion de la Charte et de la Commission Africaine des Droits de l’homme et des peuples car le président Léopold Sédar Senghor a été un des tous premiers initiateurs de la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples et le Sénégal a toujours joué un rôle prééminent dans le respect des droits et de la dignité de la personne humaine. C’est pourquoi le Sénégal doit rappeler sans cesse que les droits humains sont sans frontière et que l’impunité et les violences du régime sur les citoyens gambiens pourraient menacer la stabilité de la sous région.
Au vu de tout ce qui précède La Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho), Article 19, Amnesty International Sénégal, la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme (Lsdh) et la Coalition pour les droits humains en Gambie, la Coalition pour les Droits Humains en Gambie, la Coalition, pour le Changement en Gambie (CCG) et l’Association des Organisation de la Société Civile Gambienne (CSAG):
- invitent le président Macky Sall, s’il se rend à Banjul d’exiger la lumière sur les Sénégalais exécutés et la restitution de leur corps
- demandent au président Sall à ne pas se laisser embobiner par les promesses de Jammeh sur sa volonté et capacité à aider le Sénégal à résoudre le conflit casamançais;
- demande au président Macky Sall à mettre sur son agenda des droits humains en Gambie.
- appellent les pays respectueux des droits de l’Homme à demander à abriter la prochaine session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ou mieux à loger la Commission
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** Ont signé:
- La Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho),
- Article 19,
- Amnesty International Sénégal
- La Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme (Lsdh),
- La Coalition pour les droits humains en Gambie
- la Coalition pour le changement en Gambie (CCG)
- L’Association des organisation de la société civile gambienne (Csag)
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