Cabral : Extirper les racines du cancer de la trahison

L’assassinat d’Amilcar a ouvert une sinistre boite de pandore d’impunité insupportable. Fratricide, pogroms, guerre civile et règlements de compte au sommet de l’État, corruption et narcotrafic ont défiguré le pays si historiquement libéré par Cabral. Il n’empêche, Cabral reste au dessus de tout cela et son esprit transcende nos luttes et éclaire l’horizon panafricain.

Le 13 mai 1972, à Conakry, dans un discours (1) en hommage à Kwame Nkrumah, qu’il a élevé « Kilimandjaro » de la révolution africaine, Amilcar Cabral s’écrie : « Le président Nkrumah c’est le stratège génial, celui qui a crée le positivisme africain, l’action positive, l’ennemi déclaré du néocolonialisme… Toutes les monnaies ont deux faces, toute réalité a une action positive et une action négative... Jusqu’à quel point le succès de la trahison du Ghana est lié aux contradictions de classe, au rôle du parti et autres institutions y compris l’armée ? Nous pleurons de haine à l’égard de ceux qui ont été capables de trahir Nkrumah au service ignoble de l’impérialisme.»

Amilcar Cabral se questionne sur les raisons de la trahison qui permet la liquidation de tant de martyrs de la liberté en Afrique.

Cette interrogation ne date pas de la mort de Nkrumah, elle taraude Cabral depuis longtemps, et singulièrement au moment même de son éloge funèbre sentant, depuis quelques mois, l’haleine fétide de traitres autour de lui. La culture d’impunité qui s’est installée de façon systémique sur le continent autorise la poursuite perfide de la trahison même après l’ère coloniale. Mais comment l’extirper se demande t-il ?

«Le succès de la trahison est il lié ou non à une définition correcte de cette entité historique qu’est le peuple ? Ou n’est ce pas lié au problème majeur du choix des hommes de la révolution ?»

De sa naissance à Bafata, sous le nom d’un illustrissime Carthaginois, puis son enfance et son adolescence où la perfidie de l’œuvre coloniale construit l’aliénation et la tentation permanente des trahisons, il sait de quoi il parle. Son nom clandestin de lutte, Abel Djassi, lui sert de couverture contre la trahison, mais très vite d’emblème auprès de ses camarades. Certains qui le révèrent aussi au nom O Homem Grande - le grand homme - sont néanmoins des traitres, la fourberie humaine étant souvent insondable. Cabral est conscient du risque qu’il court, rien qu’à voir la constellation de morts de martyrs de la décolonisation africaine, qu’il respecte. Ben Barka, Mondlane, Moumié, Um Nyobé, Rwagasoré, Lumumba, Olympio,…, La liste est longue et se prolongera après l’assassinat de Cabral avec Ngouabi, Sankara, Machel ou Chris Hani…

Pour tous ces martyrs, seuls les proches, souvent les meilleurs amis, connaissaient les secrets et aussi, à l’avance, leur dernière journée. C’est de la confiance que naît la trahison, dit l’adage. Cabral ne se laisse pas pour autant envahir par la paranoïa de la félonie. Au contraire, son sens de la tolérance et sa volonté d’unir plutôt que de diviser le caractérise, mais aussi le perdra.

Ce sens de l’unité l’amènera à participer à la conférence internationale de solidarité avec les peuples en luttes, La Havane 1966. Elle a été un front de résistance qualifié de « tricontinentale ». Les résolutions hardies de la tricontinentale ont été combattues ou progressivement se sont essoufflées malgré leur pertinence actuelle. Ses secrétaires exécutifs, Mehdi Ben Barka, Ernesto Che Guevara, et Amilcar Cabral seront tour à tour assassinés. (2) Il n’y a pas de coïncidence là non plus !

Dans un stade meurtri par la mort de Nkrumah, Cabral s’écrie : «Nous Africains, nous croyons fermement que les morts continueront vivants à nos côtés, nous sommes des sociétés de morts et de vivants. Nkrumah restera chaque aube dans le cœur et dans la détermination des combattants de la liberté, dans l’action de tous les véritables patriotes africains. Nous mouvements de libération, nous ne pardonnerons pas à ceux qui ont trahi Nkrumah, le peuple de Ghana, l’Afrique ne pardonnera pas, l’humanité progressiste ne pardonnera pas»

L’attentat contre Cabral est un imbroglio qui a des racines profondes.

En 1969, les Portugais libèrent Aristides Barbosa et Momo Touré, deux anciens combattants du Paigc, et les exfiltrent vers Conakry. Se mêlent plus tard à eux d’autres déserteurs prétendus de l’armée coloniale, et d’autres corrompus qui se présentent dans les zones libérées comme des repentis reconvertis au nationalisme, ou de nouvelles recrues. Ils ont comme objectif de semer la zizanie chez leurs anciens camarades, et disposent d’un encadrement de la Pide-Dgs (Police internationale de défense de l’État - Direction générale de la sécurité), mais aussi vraisemblablement des instructions des services français, allemands et italiens. Agents provocateurs, ils sèment la discorde, vilipendent les cadres cap-verdiens qui effectivement au nombre plus disproportionnés dans la hiérarchie du Paigc, écartèlent les différences et jouent sur les complexes de supériorité et d’infériorité entre métis « assimilados » et négro-africains (Balantes, Foulas, Mandingue, Mandjacks, etc..). Malgré l’ancrage populaire du Paigc, jusque dans les moindres « Tabancas-ces » petites cellules de base et d’organisation dans les zones libérées, le virus se propage insidieusement.

L’opération de perfidie est bien structurée et elle s’articule sur un processus plus pernicieux.

Les portugais avaient déjà attaqué, le 22 novembre 1970, la Guinée. Sous l’ordre de Spinola, l’opération « Mar verde » (mer verte) est lancée. (3) Quelques 400 assaillants dont plus du tiers sont Portugais, le reste des mercenaires européens et d’autres africains incluant des opposant guinéens à Sékou Touré, attaquent Conakry. Ils se dispersent autour d’objectifs stratégiques pour libérer des pro-portugais et amoindrir le Paigc. Ils tentent d’assassiner autant Cabral que Sékou Touré et aussi libérer des conspirateurs contre le régime de ce dernier emprisonnés depuis un an déjà. Certains des Guinéens sont libérés, le palais présidentiel est attaqué et Sekou Touré est porté disparu. Le camp du Paigc, bien défendu par les Bissau-Guinéens, est détruit. Cabral, en visite en Roumanie, n’est donc pas inquiété. Bien des Portugais rembarquent dans leurs bateaux convaincus que l’opération a réussi et que leurs partenaires africains ont saisi la capitale. Longtemps caché, Sékou Touré est sauvé par son peuple en arme, qui répond à son appel d’autodéfense depuis la clandestinité. Sont ensuite arrêtés quelques dizaines de supplétifs Bissau-Guinéens.

En 1972, au mois de novembre, un attentat qui visait plusieurs cadres supérieurs du Paigc échouait de nouveau. Cabral est indemne. En mars 1972, il dénonce les tentatives pour l’assassiner, orchestrées par la Pide et la Dgs. Il dit : « Si quelqu’un m’atteint, ce sera un des nôtres. Personne ne peut détruire le Paigc, excepté nous mêmes».

Le 8 janvier 1973, à l’issue des élections tenues dans les zones libérées, Amilcar annonce l’avènement de l’assemblée nationale populaire. C’est elle qui officialisera l’indépendance. Il faut en finir avec lui, son intention de proclamer l’indépendance effraie au plus haut point Lisbonne qui a virtuellement a perdu la bataille alors que la troupe répugne de plus en plus à mener la sale guerre.

L’élimination ciblée de Cabral est de nouveau décidée, par le général Spinola et par Marcelo Caetano. Un dénommé Néné, responsable au services de communication du Paigc, convoie le message au commando assassin, alors qu’Amilcar a une rencontre avec des membres du Frelimo en visite à Conakry. Amilcar se rend ensuite à une réception à l’ambassade de Pologne à Conakry, puis rentre tard dans la nuit chez lui, en cette soirée du 20 janvier 1973, en compagnie de son épouse Maria Helena Rodriguez. Muni de l’agenda précis de Cabral fourni par Nabonia, un de ses proches, des personnes barrent la route alors qu’il s’approche de son domicile. Il sort de sa voiture, car ces gens lui semblent familiers. Les assaillants veulent apparemment l’enlever. Il se débat et une rafale de mitraillette déchirant la nuit l’atteint à l’abdomen. Il a eu le temps de parlementer avec ses assassins qui l’achèvent. La trahison a eu finalement raison de lui.

Le mobile souvent retenu, celui de Bissau-Guinéens qui contractent une alliance avec le colon portugais pour une indépendance sans les Cap-Verdiens, est le plus souvent invoqué. Ils auraient bénéficié de complicités locales y compris du leader Sekou Touré, comme le veut une rumeur persistante. Ce dernier s’en défend avec zèle et indexe l’impérialisme et les Portugais qui ont débauché des cadres du parti responsable de la conspiration. Les services de Touré cernent les conspirateurs : Innocente Camil (Inociencio Cani), Momo Mamadou Touré, Coda Nabonia, Carlos Pereira (Valentino Mangana, Aristides Barboza, Joao Tomaz, Soares de Gama et Momo qui avaient été expulsés du parti des mois plus töt pour comportements anti-révolutionnaires), Lansana Bangura, Ansoumane Camara, Aleino Egora, Raphael Barbosa – ex-president du parti devenu agent de la Pide.

Dans ses aveux, Valentino Mangana détaille la trahison : éliminer le Paigc et son leader, hériter du parti et de l’indépendance, sauvegarder, pour le Portugal, le Cap-vert comme poste stratégique ; mais éliminer de Guinée-Bissau l’influence de ses métis.

Un autre, Isidor Lima, plus tard absous et indexé par une autre piste d’enquête, rentrera des années plus tard d’exil en Sierra Leone. Une vaste chasse aux sorcières déchire le parti, alors que Camil avoue aux forces guinéennes son forfait. Otelo Saraiva, un agent du Pide, admet plus tard, à la fin de son mandat outre-mer, que ce fut une bavure, car la mission était de ramener Cabral vivant à Bissau et que ses gars avaient dépassé les bornes.

Pendant ce temps, la zizanie s’empare du camp du Pdg de Sékou Touré et des actes fratricides ont lieu entre combattants bissau-guinéens et cap-verdiens se rejetant la responsabilité de la trahison. Cette situation ne se résorbera jamais et continuera de façon larvée ou explicite à empoisonner le sommet de l’État. La présence de cadres métis cap-verdiens, plus éduqués, à tous les échelons des postes de Guinée Bissau, provoque un ressentiment des négro-africains. Mais tout est vite en place pour une criminalisation de l’État et sa compradorisation. Ceci est peut être la cause de phénomènes revanchards qui culmineront avec le coup d’État de Nino Vieira en 1980, contre Luis Cabral, demi-frère d’Amilcar, et l’assassinat plus tard de Nino.

Mais revenons à notre affaire. La commission révolutionnaire d’enquête, sous l’égide de diplomates algériens, cubains et de cadres du Parti démocratique de Guinée, fut ensuite complétée de délégués du Sénégal, du Frelimo, de l’Égypte, du Sierra Leone, de la Zambie, de la Tanzanie, du Nigeria.

Sékou Touré a–t-il pris ombrage de son hôte et de son aura révolutionnaire qui éclipse le sien. Y a-t-il un lien, dans les tentatives d’annexion de l’espace maritime, potentiellement contesté au Portugal dès 1962 et où la Guinée explore avec des multinationales les fonds marins et y fait même des expériences sismiques l’année de la mort de Cabral ? Qu’en est-il des rumeurs du rêve d’une grande Guinée, que caresserait le leader de Conakry. Pourtant, magnanime, Sékou entend au début des années 80 être disposé à une exploitation conjointe et panafricaine de la zone pétrolière litigieuse .

Comme le disait Cabral aux funérailles de Nkrumah en évoquant le choix des hommes de la révolution : «Mon idée sur cette question nous permettra de mieux comprendre la grandeur de l’œuvre de Nkrumah, la complexité des problèmes qu’il a dû affronter, combien de fois seul. Des problèmes qui nous permettront de comprendre que tant que l’impérialisme existe, l’État indépendant en Afrique doit être un mouvement de libération au pouvoir, ou il ne sera pas. Que l’on ne vienne pas nous affirmer que Nkrumah est mort d’un cancer de la gorge ou d’une quelconque maladie. Non, Nkrumah a été tué par le cancer de la trahison, dont nous devons extirper les racines en Afrique si nous voulons liquider définitivement la domination impérialiste. »

Sankara, inspiré par l’œuvre de Cabral, n’était pas dupe de l’ampleur de la tâche à accomplir et que les ennemis du peuple - des fractions bourgeoises et rétrogrades - ne renonceraient jamais à saborder : « Les classes parasitaires qui avaient toujours tiré profit de la Haute-Volta coloniale et néocoloniale sont et seront hostiles aux transformations entreprises par le processus révolutionnaire entamé depuis le 4 août 1983. La raison en est qu’elles sont et demeurent attachées par un cordon ombilical à l’impérialisme international. Elles sont et demeurent les fervents défenseurs des privilèges acquis du fait de leur allégeance à l’impérialisme. Quoique l’on fasse, quoique l’on dise, elles resteront égales à elles-mêmes, et continueront de tramer complots et intrigues pour la reconquête de leur « royaume perdu ». De ces nostalgiques, il ne faut point s’attendre à une reconversion de mentalité et d’attitude. Ils ne sont sensibles et ne comprennent que le langage de la lutte, la lutte des classes révolutionnaires contre les exploiteurs et les oppresseurs des peuples. Notre révolution sera pour eux la chose la plus autoritaire qui soit ; elle sera un acte par lequel le peuple leur imposera sa volonté par tous les moyens dont il dispose et s’il le faut par ses armes.»

Sankara, le dernier chef d’Etat africain du 20e siècle qui essaya avec succès, sans passer par la lutte de libération nationale, la voie de Cabral, a été stoppé par la trahison de son frère Blaise Compaoré et la Françafrique. Compaoré, expression sophistiquée de la trahison, responsable du pré-carré français et de sinistres desseins dans toute la région règne en maître et en toute impunité. Ayant eu le culot, comme ministre de la Justice, de faire dire que Sankara est mort de mort naturelle, en même temps que onze de ses collaborateurs, il s’oppose jusqu’à présent à ce que la vérité soit connue sur sa trahison. La trahison perdurera tant que règnera l’impunité et que l’impérialisme le cautionnera.

«L’impunité se définit par l'absence, en droit ou en fait, de la mise en cause de la responsabilité pénale des auteurs de violations des droits de l'homme, ainsi que de leur responsabilité civile, administrative ou disciplinaire, en ce qu'ils échappent à toute enquête tendant à permettre leur mise en accusation, leur arrestation, leur jugement et, s'ils sont reconnus coupables, leur condamnation à des peines appropriées, y compris à réparer le préjudice subi par leurs victimes».

Lutter contre l’impunité c’est de comprendre ce phénomène de façon holistique. Il y a une impunité dans tous les domaines aujourd’hui en Afrique. Les droits civils et politiques, les droits humains, économiques, sociaux, culturels, de genre et écologiques. C’est aussi saisir que l’humain doit respecter les autres vivants sur cette terre qui ne disposent pas de droits.

Cette question est centrale. Par exemple, le Congo a perdu récemment, dans l’indifférence du monde, quelques 6 millions de ses citoyens. Ils ont été sacrifiés sur l’autel des modes de consommation de la mondialisation, parce que l’impunité y a été érigée en système et que des circuits transnationaux sont toujours au dessus des lois. Ces lois permettent pourtant le bradage de nos ressources et l’érosion de nos souverainetés. Ailleurs au Maghreb, malgré les révoltes démocratiques, la poursuite de l’impunité empêche les audits et surtout permet la contre-révolution. Des forces obscurantistes compatibles avec l’ordre néolibéral et sécuritaire mondialisé évincent les avancées populaires et trahissent leur espérance.

Mon frère Demba Dembelé, qui comme moi a une dette à l’égard de Cabral, nous dit : «Quarante ans après son assassinat, les idées et l’exemple de Cabral restent plus actuels que jamais. Sa disparition prématurée a privé le mouvement révolutionnaire africain de l’un de ses théoriciens les plus éminents et les plus originaux. Cabral était un leader qui était étroitement lié aux masses et profondément imbu des valeurs fondamentales de son peuple. C’était un visionnaire et un ardent panafricaniste. Il symbolise le type de leadership qui manque cruellement à l’Afrique en ces temps de menaces grandissantes de recolonisation du continent. En effet, les évènements en cours au Mali et ceux de Libye et de Côte d’Ivoire en 2011 avaient mis à nu l’impuissance de l’Afrique officielle et le manque de vision stratégique des dirigeants du continent dont certains ne sont que de vulgaires marionnettes au service des puissances impérialistes».

J’écris ces lignes au moment où on commémorera 20 ans, jour pour jour, l’assassinat de Chris Hani. Il m’avait clandestinement accueilli quelques minutes, à l’insu de mes camarades de délégation, à sa base de Lusaka. Comme tous les autres leaders charismatiques, il savait sa tète mise à prix et se méfiait de tout, et avec raison. Dans la lutte que nous menons contre l’impunité nous nous sommes exposés. Par contre, combien de nos intellectuels, sont prêts à la compromission pour quelques vils avantages. Comment la compradorisation de nos élites a-t-elle atteint cette profondeur qui fait que nos peuples tétanisés ne parviennent même plus à défendre les acquis des luttes menés par nos martyrs ?

Nous avons besoin d’une profonde repolitisation démocratique de notre jeunesse, basée sur des règles éthiques panafricaines et des valeurs profondément humaines. Mais pour cela, il faut une vaste mobilisation pour éradiquer la culture d’impunité qui cautionne et couvre la trahison. Une plus grande menace que celle contre laquelle luttait le mouvement de libération nationale est devant nous. C’est le contrôle militaro stratégique de notre continent. Mon film Africom go Home base étrangère hors d’Afrique ne mentionne pas Cabral pour rien, comme icône (http://www.youtube.com/watch?v=2Wu8vC9MLoU). Le film retrace l’histoire et l'évolution de la présence militaire impérialiste et néocoloniale en Afrique sur les 50 ans, l'avènement de l'Africom, son décryptage et celui des rivalités et visées impérialistes sur le continent, mais aussi leur surveillance réciproque et leurs contradictions dans la lutte contre le terrorisme. Et encore, la dénonciation de l'extension rampante et faussement humanitaire de l'Africom en Afrique et sa position en Allemagne ainsi que dans toute une série de bases.
Tout comme les contradictions des Africains et leurs organisations à se défendre contre les conflits liés au pillage des ressources et l'accès au territoire, voire la nécessité de la résistance panafricaine et internationaliste et la repolitisation démocratique de notre jeunesse.

Je suis convaincu que ce sont des enjeux pour lesquels Cabral aurait combattu aujourd’hui encore.


L’assassinat d’Amilcar a ouvert une sinistre boite de pandore d’impunité insupportable. Fratricide, pogroms, guerre civile et règlements de compte au sommet de l’État, corruption et narcotrafic ont défiguré le pays si historiquement libéré par Cabral. Il n’empêche, Cabral reste au dessus de tout cela et son esprit transcende nos luttes et éclaire l’horizon panafricain. Son hymne est et restera un étendard impérissable, plus fort que la trahison :

Sol, suor e o verde e mar, / Soleil, sueur, verdure et la mer,
Séculos de dor e esperança: / Des siècles de douleur et d'espoir,
Esta é a terra dos nossos avós!/ C'est le pays de nos ancêtres...

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** Aziz Salmone Fall est Coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara, membre du Grila et président du Centre Internationaliste CIRFA

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NOTES

1) http://www.youtube.com/watch?v=rLo3Y2IG-iY
2) Aziz S. Fall, La solidarité internationaliste des périphéries africaines et latino- américaines : renaissance de la Tricontinentale et riposte par l’autocentrage et l’autonomie collective contre le supraimpérialisme. http://www.azizfall.com/files/solidarite-latino.html
3) IAN/TT, Arquivos da PIDE, Processo 7477-CI, Operaçao Amilcar Cabral
4) Thomas Sankara, Discours D’orientation politique, Octobre 1983
5) Définition des rapporteurs Me Joinet sur la Question de l'impunité des auteurs des violations des droits de l'homme (civils et politiques) et du juge El Hadj Guissé sur la question de l'impunité des auteurs des violations des droits de l'homme, (droits économiques, sociaux et culturels)