Ces changements incontournables pour les femmes

La femme est au cœur de mutations politiques et économiques, dans des sociétés africaines encore entièrement dominées par le masculin jusque dans ses centres de prises de décision, jusque dans son vocabulaire, jusque dans ses imaginaires. Mais les temps changent et les identités de femmes avec.

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Le 2 mars dernier, toute jeune Africaine a pu avoir une source d’inspiration dans son combat quasi quotidien pour le changement de sa condition d’existence. Toutes celles qui se disent que rien n’est donné et que les acquis les plus déterminants dans une vie sont ceux qui relèvent des luttes et des conquêtes, ont pu avoir une illustration à même de renforcer leur détermination. Ce 2 mars, à Los Angeles, Lupita Nyang’o a brandi son « Oscar » de la meilleure actrice, pour un second rôle à travers l’incarnation de Patsey dans « Twelve Years a Slave ». Une première pour une Africaine.

Deux jours auparavant, lors d’une cérémonie organisée par le magazine « Black Beauty Essence », la jeune actrice d’origine kenyane affirmait avec force, parlant des standards de l’image et du bonheur : «Ce qui est fondamentalement beau c’est la compassion pour vous et ceux qui vous entourent. Ce genre de beauté enflamme le cœur et enchante l'âme ». Autrement dit, on peut franchir toutes les barrières possibles dans sa vie lorsqu’on a autour de soi des gens qui vous inspirent et vous font croire que tout est possible.

En cette Journée internationale de la femme, dont le thème est «Inspirer le changement », on ne peut avoir meilleure illustration que la distinction accordée à Lupita Nyang’o et la philosophie qui a guidé celle-ci vers son affirmation personnelle.

Le 8 mars est toujours, pour les défenseurs des droits des femmes, un moment privilégié pour se poser d’abord, et poser ensuite la lourde question à savoir « ou en est-on sur le respect des droits de la femme de par le monde ? ».

Année après année, c’est un exercice à la fois exaltant et angoissant. Exaltant parce que, jour après jours, des gains considérables sont obtenus. Angoissant parce qu’à l’aune des gains (et des pertes) enregistrés au quotidien, le chemin qui reste à parcourir est encore long et plein d’embûches.

La femme est au cœur de mutations politiques et économiques, dans des sociétés africaines encore entièrement dominées par le masculin jusque dans ses centres de prises de décision, jusque dans son vocabulaire, jusque dans ses imaginaires. Mais les temps changent et les identités de femmes avec. Marginal, il y a encore quelques années, le pouvoir féminin (ou au féminin) s’est transformé de sorte que son observation transcende l’objet sociologique pour tutoyer les mouvements de la société globale.

Naturellement, des citadelles devront être prises. Au cœur de cet exercice, un concept revient sans cesse : « changement » ! Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qu’il faut changer ? Comment changer ?

Cela va donc s’en dire qu’hier, aujourd’hui et demain le défi est de changer la condition de la femme. Un meilleur être, un meilleur vivre pour la société toute entière, au-delà de l’être générique qu’est la femme. A regarder autour de nous, les sources d’inspiration ne devraient point manquer.

On en trouve sur le plan culturel, à l’instar de Lupita Nyang’o, sur le plan socio-économique comme en témoigne la présence de toutes ces brillantes femmes africaines à la tête d’importantes institutions internationales telle que Phumzile Mlambo-Ngcuka de ONU Femmes, sur le plan politique où le leadership féminin ne cesse de s’affirmer en Afrique et a vu l’Africaine gravir des échelons insoupçonnés durant ces dernières années.

Ces femmes, et d’autres encore moins connues qui bravent au quotidien les innombrables obstacles qui se dressent sur leur chemin pour trouver la pitance quotidienne à leurs familles, ces filles qui parcourent des kilomètres chaque jour pour se rendre à l’école, devraient confirmer à tous ceux - et surtout celles - qui en doutent encore, que l’on peut rêver et réaliser un monde meilleur en Afrique. Par les femmes.

La question économique ne saurait être éludée. En milieu rural, les problèmes sociaux tiennent souvent au fait que les femmes sont souvent au foyer et dans les champs, pour ne pas dire ouvrières agricoles. En ville, celles qui parviennent à échapper à la dictature de la conjoncture gèrent le quotidien des familles dans un contexte de marasme économique partout décrié. Les autres seront des « naufragées » de la vie…

Les raisons qui fondent l’engagement et la lutte interpellent de partout. Interpellation pour que l’on ne refuse plus à la petite fille née dans une contrée reculée la présentation à l’examen d’Entrée en 6e par défaut d’existence légale, parce n’ayant pas été enregistrée à la naissance. Interpellation encore pour qu’aucune fille ne décède plus au lendemain de sa nuit de « noces », parce qu’elle a n’a que 11 ans. Ou encore pour qu’aucune femme ne subisse plus un traitement barbare et humiliant parce qu’ayant eu le malheur (oui le malheur) d’être veuve. Pour que les femmes qui, en Afrique subsaharienne, font pousser près de 90% de la nourriture pour l’alimentation familiale, ne possèdent plus moins de 2% des terres agricoles. Pour qu’il n’y ait plus un taux de mortalité infantile de 106 pour 1 000 naissances, et un taux de mortalité maternelle de 540 pour 100 000 naissances au Mali par exemple (les pourcentages les plus élevés en Afrique de l’Ouest).

Pour que, pour que…

Pour que rien ne soit plus comme avant et que les sociétés africaines progressent dans le sens de la prise en charge du plus grand nombre : les femmes comme on semble trop souvent l’oublier. Plus qu’une célébration, cette commémoration de la Journée de la femme est donc à chaque fois une invite à nos sociétés, nos Etats, notre communauté internationale, à une introspection. Un plaidoyer planétaire pour que chaque fille, chaque femme – de par le monde - bénéficie effectivement de tous ses droits.

Une invite à avoir cette compassion et à nous adosser moralement et mentalement a toutes celles qui nous inspirent pour continuer à braver les obstacles multiformes pour nous inscrire dans cette quête sans fin.

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** Hawa Bâ est administratrice du Programme Sénégal à Open Society Initiative for West Africa (Osiwa.org)

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