Sénégal : Une radio pour défendre l’identité de la minorité seereer

Ethnie carrefour au Sénégal, marquée par une forte migration interne qui conduit les jeunes filles et garçons de ce groupe vers les centres urbains du Sénégal, les Seereer connaissent une perte rapide de leur identité. Les valeurs culturelles se dissolvent en même temps que la langue. A tel point que les chercheurs prédisaient, il y a quelques années, la disparition de ce groupe ethnique d’ici 2050. Parmi les initiatives prises pour parer à cette tendance, figure une radio communautaire mise en place en 2001. Babacar Diouf en est le directeur. Il explique comment Ndef Leng Fm travaille depuis lors pour promouvoir l’ancrage de l’identité et l’épanouissement des Seereer.

Les Seereer constituent 17% de la population sénégalaise (1). Ainsi, ils forment le troisième groupe ethnique au niveau du pays derrière le Wolof et le Pulaar. Ils occupent les régions du centre et particulièrement le bassin arachidier qui, depuis la grande sécheresse des années 1970, constitue une zone de forte émigration avec Dakar la capitale comme principale destination. L’identité Seereer qui était harmonieusement organisée autour de valeurs éducatives, sociales, matérielles, morales et spirituelles stables et efficaces est aujourd’hui en péril en raison du mouvement de l’Histoire. Ces bouleversements ont même amené des scientifiques sénégalais à prédire la disparition du parler Seereer dans les grands centres urbains du Sénégal à l’horizon 2050. Car entre les recensements successifs, le nombre de locuteurs Seereer était décroissant.

Le groupe ethnique Seereer, au Sénégal, ne manque pas de frapper l’observateur par les diversités qu’il porte en son sein. Ces diversités constituent, l’une de ces richesses et il faut convenir qu’elles vont bien au-delà des subdivisions habituelles qui fractionnent les entités ethniques en sous groupes régionaux différenciés. Dans le cas présent, l’aspect qui retient le plus l’attention est médiatisée par des parlers multiples et l’absence d’une intercompréhension entres locuteurs de certains de ces parlers ; ce qui fait douter jusqu’à leur appartenance effective à la même entité ethnique. Le colloque scientifique de la troisième édition des Journées Culturelles Seereer organisé à Thiès en 2001 par Ndef Leng, une organisation qui travaille à la promotion de la culture sereer, a essayé d’apporter des réponses à travers une recherche objective à la question « Diversités et Unité Culturelles Seereer ? »

S’agissant de la régression du parler, il découle de plusieurs facteurs parmi lesquels l’islamisation qui se développe avec comme langue de propagation le Wolof qui est la langue de communication par essence des Sénégalais, la perte d’identité culturelle dans l’environnement urbain, les mariages mixtes car le métissage est une donnée constante et permanente dans nos communautés. Pour atténuer les effets négatifs de cette marche de l’Histoire et résoudre les problèmes des perturbations de l’action éducative, de la production et du renouvellement de la spiritualité les dirigeants du mouvement associatif Seereer ont crée une structure d’unification et de coordination de leurs activités : l’Union des Associations Culturelles Seereer « Ndef Leng » qui signifie l’union en Seereer.

(…) Dans le cadre du renforcement des capacités d’organisation, en techniques de production et de gestion des groupements socioprofessionnelles, l’ONG favorise l’émergence d’un tissu économique en mobilisant les ressources existantes et en renforçant le volet formation. Les différentes réalisations de Ndef Leng, dans une démarche partenariale, ont eu un impact communautaire certain. Aussi la perception qu’en ont les bénéficiaires directs, indirects, les autorités administratives et les collectivités locales est positive. Cet état de fait est illustré par le nombre croissant de demandes d’adhésion tant au niveau de l’Union que de l’ONG.

Pour appuyer la dynamique des cibles, élargir les initiatives endogènes et libérer les énergies créatrices, la radio communautaire Ndef Leng FM a été implantée. Elle permet de promouvoir la participation des communautés dans le processus de développement.

(…) Dans un contexte de crise mondiale où les médias publics et les médias privés commerciaux ont tendance à s’orienter vers des campagnes de communication élaborées à des fins politiques ou commerciales, au détriment de la stricte information, la radio de proximité, dite communautaire, peut et doit s’ériger en outil de développement et en vecteur de la citoyenneté active. Elle permet à la communauté de conquérir de nouveaux espaces d‘intervention dans les processus de décision politique au niveau local. L’information de proximité intéresse en effet les groupes vivant au-dessous du seuil de pauvreté, souvent marqués par l’analphabétisme et surtout la culture de l’oralité.

La définition du projet de radio associative ou communautaire part du besoin exprimé de réinventer la participation des populations dans la gestion de la radio comme un bien communautaire et de production de contenus. Il s’agit de libérer la parole et d’œuvrer pour une culture radiophonique où chacun se reconnaît pour ainsi mieux s’exprimer. A travers des langues de diffusion et la nature des contenus traités, la radio communautaire lutte contre les inégalités d’accès à l’information. Elle facilite ainsi l’expression citoyenne des populations qu’on entendait peu, voire pas du tout, et qui peuvent désormais acquérir une nouvelle conscience de leurs droits et de leurs responsabilités.

La radio communautaire est d’abord une propriété collective à but non lucratif qui répond à des besoins d’information mais aussi de culture, d’éducation, de loisirs et de divertissement permettant de stimuler une dynamique interne de développement. Au-delà du traitement de l’information locale, elle permet de développer les conditions de la bonne Gouvernance notamment un de ses fondements, à savoir la participation.

Les radios communautaires suscitent aujourd’hui beaucoup d’intérêt au niveau des populations et elles peuvent diffuser régulièrement des programmes dans des zones éloignées dans l’arrière pays et dans toutes les langues locales contrairement aux médias privés commerciaux qui assurent leurs productions dans la langue officielle et dans une langue locale dominante au niveau des zones urbaines, le wolof. Média de proximité par essence, les radios communautaires ou associatives assurent, incontestablement donc, une mission de service public. Mais la réussite de cette mission est entravée car, les radios communautaires qui en sont les vecteurs tardent encore à être valorisée au Sénégal.

Là où la radio communautaire ou associative n’existe pas, on remarque qu’il y a une simple transmission d’informations par les radios classiques (publiques et privées commerciales) sans qu’elles se soucient in fine de l’action ou des effets de la masse d’informations transmises sur les populations. Par ailleurs, l’accent est mis sur le divers et le sensationnel, au détriment d’une information à caractère éducatif, porteuse de germes d’un changement qualitatif dans les comportements. Tout cela se traduit par l’absence d’une communication participative qui n’incite pas les populations à s’exprimer, à bien appréhender les problèmes de leur communauté et à participer activement à la recherche de solutions. Il faut noter, enfin, que la très large utilisation du français, que plus de 70% de la population ne comprend pas, fait que l’essentiel de la cible ne reçoit pas l’information.

Le lancement de la radio Ndef Leng FM

Dans le domaine de la communication, la radio implantée offre des alternatives à la population qui obtenait difficilement des informations en raison de son faible niveau d’instruction, de son statut social et surtout de sa mobilité. (…) Ndef Leng FM peut se concevoir comme l’appropriation d’un espace de dialogue par les communautés organisées à travers un groupe, une association ou un groupe d’associations. Les émissions produites prennent en charge les préoccupations de toutes les composantes de la communauté qui, à son tour, supporte la radio à travers ses différentes contributions. Ainsi, la radio se présente comme la voix de la communauté.

Il en découle donc que cette nouvelle façon de faire de la radio, dans ses objectifs principaux, rencontre les aspirations de la communauté de base en terme de développement local ou d’auto promotion dans le domaine agricole, pastoral, sanitaire, éducatif, social, économique, culturel, etc.

Ndef Leng FM œuvre pour l’enracinement de la démocratie locale, l’appropriation des principes de la bonne gouvernance, l’autonomisation de groupes vulnérables ou marginalisés et assurent la promotion des langues locales comme outil d’émancipation et de développement endogène. Elles peuvent ainsi être perçues comme des instruments de renforcement de la participation des populations dans la gestion de leurs cités. Par leur proximité et leur accessibilité, elles permettent l’instauration et la promotion de la culture de la participation des communautés dans l’élaboration et la gestion des politiques de développement de leur terroir, faisant d’elles de véritables actrices du développement local.

Son ancrage communautaire, constitue un cadre idéal d’un apprentissage collectif, d’une mise en responsabilité de tous les acteurs, d’une gestion transparente du patrimoine matériel et immatériel de la communauté et de résolution des problèmes concrets identifiés par la communauté dans des domaines aussi variés que la santé, l’éducation, la gestion de biens communautaires et l’intégration des composantes marginalisées.

Les attentes des différentes composantes de la communauté

Dans le processus de mise en place de la radio, pour rappel, le focus group avaient permis aux populations d’exprimer leur vision de la radio dans les termes suivants, pour la formulation de leurs attentes :

Pour les femmes employées de maisons
- les sensibiliser sur l’éducation pour la santé et le bien-être familial (planification familiales, MST, réhydratation par voie orale, Programme Elargi de Vaccination, hygiène…)
- Les sensibiliser sur l’éducation des filles, la scolarisation, l’alphabétisation et l’économie familiale
- Les sensibiliser sur les dangers de la capitale
- Ecouter le folklore, redécouvrir et valoriser la culture Seereer
- Informer sur les droits des femmes de ménage et les recours possibles

Pour les jeunes
- Mieux connaître la langue Seereer,
- Mieux connaître l’histoire des Seereer et leur culture
- Promouvoir les bons comportements et informer sur la vie en ville différente de celle du village

Pour les cadres
- Meilleurs encadrement des Seereer à Dakar
- Vulgarisation de la culture, de l’histoire et de la tradition
- Débat sur les questions de l’heure, informations sur l’actualité et nouvelles du monde Seereer
- Ouvertures aux autres ethnies
- Promouvoir le cousinage entre Seereer et entres ethnies du Sénégal
- Diffusion de conférences sur des thèmes de développement.

La contribution de la radio dans la communauté

Pour mesurer la contribution de la radio dans la communauté nous pouvons analyser les réponses qu’elle a pu apporter à des besoins à satisfaire comme le dialogue entre les différents acteurs, la concertation, les échanges d’informations, la mise en synergie des acteurs, le suivi participatif des programmes de lutte contre la pauvreté au niveau de la base, la coordination des actions de développement dans les zones touchées par le projet.

Dans le domaine de la gouvernance locale
Considérant toutes les attentes des différentes composantes de la communauté, la production de la radio en langue nationale a permis l’amélioration de la situation de la participation des auditeurs à la décentralisation et à la gouvernance locale par une connaissance :

- des textes de la décentralisation,
- des textes législatifs,
- de la loi sur le domaine national,
- du budget participatif
- et des techniques de planification locale.

Les magazines d’informations thématiques contribuent à coup sûr au renforcement du niveau d’information et de participation des acteurs locaux ciblés par rapport à la mise en œuvre des politiques publiques de développement initiées par l’Etat au profit des populations à la base. La radio a beaucoup renforcée la dynamique de concertation et de dialogue des acteurs du développement local et elle est devenue progressivement un cadre de concertation qui assure la coordination d’actions de développement dans les communautés émigrantes de Dakar.

Dans le domaine de l’économie

Ndef Leng FM a développé un programme de micro finance par le renforcement de l’intermédiation financière à Dakar grâce à la mise en place d’un Groupement d’Epargne et de Crédit (GEC) initié par les « Fan’s clubs d’auditeurs » de la radio. Le micro crédit peut contribuer à l’autonomisation des femmes et à une meilleure égalité entre les genres car la crise du logement à Dakar de manière générale, combinée à la faiblesse des revenus est à l’origine des conditions d’habitat et d’hygiène déplorables dans lesquelles vit une partie de la communauté plus particulièrement les femmes : chambres surpeuplées, maisons en construction, hangars et autres abris de fortune. En outre, Certaines de leurs activités sont exercées en pleine rue.

Les femmes constituent la cible privilégiée de la micro finance car elles sont plus touchées par la pauvreté, cependant elles respectent mieux leur engagement en matière de remboursement de crédit et en général, les crédits contractés par les femmes sont destinés à augmenter le bien être familial (alimentation, santé, habitat et éducation). C’est dans cet esprit que le GEC Mbog Fop, qui signifie en Seereer « Mutualiser » a vu le jour sous l’initiative du mouvement des auditeurs constitué autour de la radio Ndef Leng FM. L’esprit qui sous tend la création du GEC, c’est la promotion de la radio à travers l’épanouissement des communautés cibles par le développement de la solidarité et l’entraide.

La mission principale du GEC dont la gestion est confiée aux femmes, est de promouvoir l’épargne et le crédit à travers les activités génératrices de revenus menées par les membres. Le GEC vise ainsi à collecter et à promouvoir l’épargne, à octroyer des crédits aux membres, promouvoir la solidarité et la coopération entre les membres, à promouvoir l’éducation économique et sociale et développer un esprit mutualiste.

Dans le domaine de la santé

Ndef Leng FM produit beaucoup d’émissions sur la composante sensibilisation sur les MST/ Sida et sur la composante dépistage volontaire. A travers ces programmes secondaires de sensibilisation la radio organisent des formations pour le renforcement de capacités de responsables d’Associations membres de l’ONG pour disposer de groupes de formateurs relais. Pour développer une communication de masse et une information en direction des femmes et des jeunes migrants Seereer du secteur informel la radio propose, au-delà des productions de studios, des émissions publiques décentralisées et de grands fora.

Aujourd’hui cette cible représente une proportion importante de notre population. Un grand nombre d’entre elle ignore l’infection au VIH/SIDA et a ainsi besoin d’être sensibilisé afin de pouvoir se protéger et protéger les autres. Cette contribution est d’une importance capitale pour l’aboutissement des initiatives visant à combattre l’exclusion et surtout à donner à cette cible les moyens de s’informer et d’échanger sur le VIH/SIDA. L’action de Ndef Leng, à travers ces campagnes de sensibilisation, vise sur le plan qualitatif à informer et à communiquer avec les jeunes et les femmes migrants Seereer qui pourront désormais s’engager au niveau de leur responsabilité individuelle pour se protéger et protéger les autres. Cet engagement pouvant même les amener à accepter le dépistage volontaire, anonyme et gratuit lancé par le gouvernement sénégalais.

L’ONG Ndef Leng avec la radio réussira avec un peu de détermination et d’efficacité à informer et à sensibiliser cette population migrante et cette population rurale à comprendre qu’elle peut se protéger et protéger d’autres personnes sur l’infection au VIH/SIDA. La radio organise aussi d’autres campagnes comme la sensibilisation sur le paludisme et l’utilisation et la distribution de moustiquaires imprégnées.

Au total la radio permet aux jeunes, aux femmes ayant migré vers les centres urbains, travaillant au niveau des métiers peu rémunérateurs et sans perspectives d’avenir, d’utiliser de manière adéquate, les informations qu’elles reçoivent en matière de santé communautaire ainsi que les techniques qui leur permettront de prendre des décisions nécessaires à leur propre protection et à celle de toute leur communauté contre l’infection du SIDA.

Dans le domaine de la Culture

(…) Avec l’avènement de la radio communautaire, beaucoup de jeunes talents et d’artistes qui revendiquent désormais leur identité, produisent de la musique traditionnelle ou moderne alors qu’ils évoluaient en marge des maisons de production. Avec la radio ils ont trouvé un espace d’expression et de promotion. Cette volonté de vivre pleinement notre culture, dans une période très marquée par la globalisation, a été déterminante dans la contribution de l’Union des Associations Culturelles Seereer « Ndef Leng » et elle invite à rester dans le sillage des interrogations sur la manière dont la culture Seereer pourra féconder une économie moderne et faire de l’homme Seereer un agent dynamique de progrès économique et social, dans le cadre d’une société sénégalaise harmonieuse et insérée dans la modernité

Le leadership communautaire

De par ces différentes activités le leadership de Ndef Leng a fini de s’installer au niveau national et Ndef Leng représente aujourd’hui la communauté dans toute sa diversité culturelle et linguistique Seereer. Généralement considérée comme « l’ethnie carrefour », le Seereer est culturellement et historiquement liés à toutes les autres ethnies du Sénégal.

Ndef Leng FM n’est nullement une radio ethnique. Elle est largement ouverte aux autres communautés linguistiques du pays à qui la station a accordé des tranches d’émission dans le cadre bien compris de la convivialité entre ethnies. Ainsi, par le biais de la plaisanterie, le sérère entretient des relations de cousinage avec les Diolas et les Pulaar. Un thème unificateur tel que « la parenté plaisante » est largement exploité dans le contenu de ses programmes.

Cette parenté plaisante a permis à Ndef Leng de participer efficacement au processus de recherche de la paix en Casamance, car l’Abbé Diamacoune Senghor, le leader du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) qui à engagé une rébellion depuis décembre 1982 dans la région Sud du Sénégal, consacrait aussi un ancrage affirmé dans nos valeurs les plus sacrées qui l’amenait à demander l’intégration officielle de ses cousins Seereer dans le processus de négociation de la paix en Casamance.

Les principaux défis de développement de la radio

Malgré tous les efforts déployés et les résultats probants engrangés des problèmes à résoudre demeurent encore et c’est pourquoi les objectifs de la station restent encore de :

- développer, dans les milieux Seereer, le sentiment d’appartenance à la collectivité nationale,
- vulgariser les objectifs de développement et les contenus techniques y afférents,
- développer une formation de base à caractère utilitaire ou novatrice,
- organiser le dialogue entre les populations et les pouvoirs,
- valoriser les patrimoines, comportements et savoir locaux,
- permettre l’expression de l’ensemble des composantes de la population,
- appuyer et accompagner les initiatives et activités de développement socio économique au niveau local et régional en mettant cet outil de communication à la disposition de toutes les organisations oeuvrant en faveur du développement,
- valoriser le savoir traditionnel et le patrimoine culturel des communautés concernées
- promouvoir l’utilisation de la langue Seereer dans le processus de développement local et régional,
- susciter la participation des populations locales à la gestion de la radio, à son fonctionnement, à son financement et à son développement,
- informer, animer et de divertir par la réalisation de programmes adaptés,
- susciter un dialogue fécond entre les collectivités décentralisées et les populations.

Conclusion

L’ONG Ndef Leng, porteuse du projet de radio communautaire, après une longue expérience d’encadrement des populations et la mise en œuvre de plusieurs projets de développement, a entrepris de disposer d’une station pour mieux informer l’importante communauté Seereer des régions de Dakar, Fatick, Kaolack Diourbel et Thiès. Le projet de radio communautaire est alors un acte de foi, un moment de communion entre les différentes composantes de la communauté mais aussi avec l’ensemble des autres groupes ethno culturels pour le renforcement de la cohésion nationale.

La radio Ndef Leng est un moyen de divertissement, de promotion du patrimoine matériel et du patrimoine immatériel du terroir, un lieu d’échanges et de partages entre les différents acteurs mais aussi un moment de réflexion dans le cadre des débats pour la promotion d’un développement harmonieux. Son principal objectif est de promouvoir la langue et la culture Seereer en s’appuyant sur une conscience identitaire positive qui permet à l’homme de mieux connaître sa propre culture pour accepter l’autre avec toutes ses spécificités et ses différences culturelles. La radio Ndef Leng a aussi pour objectif la promotion de la force des convergences culturelles du Sénégal.

Près d’une décennie de fonctionnement de la radio, exécutée par l’ONG Ndef Leng avec une démarche partenariale, dans une approche participative, ont eu un impact communautaire certain. Média de proximité par essence, Ndef Leng FM assure une mission de service public, car le projet offre ainsi une opportunité d’approfondir des contacts avec les deux composantes de la communauté répartie en un groupe rural resté au village et un autre groupe de migrants que nous retrouvons dans les zones périurbaines de la capitale.

L’initiative, portée par NDEF LENG, est sous-tendue par la volonté de conservation de notre patrimoine culturel traditionnel et progressivement elle a évolué vers une conception de la culture comme une condition et un moyen de développement politique, économique et social. Secteur devenu très dynamique au Sénégal, la culture occupe une grande partie de la population active. Aujourd’hui le commerce et les activités artistiques constituent les deux mamelles de l’économie populaire sénégalaise encore appelée secteur informel.

Comment alors, conserver notre patrimoine culturel traditionnel, encadrer les acteurs et les opérateurs culturels Seereer pour une production de qualité, apte à structurer l’immense potentiel économique de la culture Seereer, riche de son unité au-delà de sa diversité puisqu’une même langue, comme en francophonie, n’unit pas les différentes composantes géographiquement éparpillées et linguistiquement différenciées que sont les Kaamè, Noon, Ndut, Saafen, Lekhar et Paloor ?

NOTE
(1) Source Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie recensement de 1988

* Babacar Diouf est consultant, Directeur de la radio Ndef Leng FM, ancien Conseiller de la République pour les Affaires Economiques et Sociales

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