Viols correctifs : stop !
Les viols haineux sont une violation des droits humains généralement commise par des hommes qui ont des points de vue tordus et sont souvent extrémistes dans leurs attitudes. Afin de réaliser la justice sociale, il est nécessaire d’aborder ces questions d’un point de vue féministe qui dissèque les hommes et la masculinité, parce que les viols haineux sont propagées par des constructions sociales dominantes, patriarcales et normatives de la manière dont la sexualité se définit dans une société.
Une blessure à l’un est une blessure à tous
Crimes haineux, homophobie et discrimination contre les homosexuels, aussi affublés de noms nettement péjoratifs, sont un phénomène global communément répandu. Cette situation est particulièrement vraie en Afrique et au Moyen Orient où des législations dures et punitives sont autorisées et adoptées. Le manque de démocratie ou sa non protection de celle-ci, perpétue aussi les violations de droits humains qui prennent souvent la forme de violences physiques. L’Afrique du Sud est un cas de figure où l’avènement de la démocratie a généré la protection des droits des citoyens, mais où il y a une augmentation des viols haineux, particulièrement des lesbiennes noires et une violence contre des personnes engagées dans une relation avec une personne de même sexe.
Par définition le viol "curatif" ou "correctif " pose problème. Les mots "curatif" ou "correctif" signifient une certaine forme de justification à ce crime haineux. Il y a donc nécessité de s’éloigner de ce terme de référence ou plutôt d’y faire référence comme un « viol de haine », qui sera l’usage préféré dans ce document. Le mot "haine" est aussi un mot contestable, compte tenu que l’on peut dire que la haine et la violence trouvent souvent leur origine dans la haine de soi. Toutefois, l’acte est si détestable qu’il est en effet difficile de trouver des mots qui le décrivent et qui permettent de comprendre comment des personnes peuvent commettre un tel acte.
L’explication c’est que c’est un viol intentionnel, en particulier des femmes, qui doit les "guérir" de leur orientation. Il est affirmé que dans la majorité des cas, ce sont des gangs d’hommes qui s’adonnent au viol. Le fait connait une occurrence globale et semble être devenu une pratique courante en Afrique du Sud. Ce qu’il y a de pire c’est que le gouvernement et la société ferment les yeux et cette pratique n’est toujours pas reconnue comme un domaine prioritaire. Plus répréhensible encore est le fait que familles et amis, y compris les parents, sont connus pour avoir arrangé des rencontres sexuels pour des individus dont ils ont le sentiment qu’il sont "égarés" ou "qu’ils traversent une phase". Ces gens-là croient honnêtement qu’ils ont le droit d’intervenir dans l’espoir que ceci pourrait induire des changements au travers de cet acte effroyable.
Compte tenu de la grave implication de cette forme de crime haineux, le silence global est assourdissant. Comme le remarquait un militant, "c’est une des situations les plus énormes d’insensibilité morale dont j’ai été le témoin au cours de ma vie". Où donc est l’indignation publique tonitruante ? La seule fois où ces choses-là finissent sur la place publique c’est lorsqu’un viol haineux a été commis et que les organisations Lgbt et leurs alliées brandissent leurs pancartes pour condamner ces actes atroces. On note alors une étincelle sporadique de manifestation d’intérêt et pour une courte période la rage s’empare de tous avant de s’évanouir à nouveau. Où sont les voix des féministes ? Où sont les militants du genre ?
DANS UN ARTICLE DE KINOTTI…
"Chaque jour vous avez le sentiment qu’une bombe à retardement attend d’exploser", a-t-elle dit. "Vous n’avez pas de liberté de mouvement, vous n’avez pas d’espace pour faire comme il vous plaît. Vous avez toujours peur et votre vie est toujours restreinte. Comme femme et comme lesbienne nous devons être très conscientes, c’est une réalité existentielle, que nous sommes toujours en danger".
LA VOIX DES MILITANTS ET DES RESPONSABLES GOUVERNEMENTAUX
"Il n’y a pas de prise de conscience concernant les crimes haineux et les viols correctifs… Nous avons besoin de programmes d’actions, nous avons besoin d’interventions et de recherches, un budget pour découvrir les problèmes auxquels les femmes lesbiennes sont confrontées." (Funda)
"De New York à l’Afghanistan et aux Balkans, dans toute l’Afrique, l’Amérique latine, j’ai été à de nombreuses conférences… (Le viol curatif) est un phénomène global et ce sont souvent la famille et les amis… Cela a toujours été ainsi depuis l’avènement du patriarcat et a été utilisé comme moyen de contrôle de la sexualité de la population, des femmes en particulier mais aussi des hommes. De très nombreuses femmes de mes amies et camarades sont elles-mêmes des survivantes du viol curatif" (Muthien, Engender)
" La police et le procureur refusent d’enquêter en raison de leur haine, le système de justice pénale est généralement lent et nous vivons dans une société violente. Pour chaque meurtre, il y a d’innombrables victimes." (Craven, JWG)
"Nous avons une compréhension insuffisante de la constitution, en particulier de l’égalité des droits. Chacun a une dignité intrinsèque… Nous devons inclure ces questions dans les programmes scolaires, aborder les questions relatives au genre et à la sexualité que nous avons évitées depuis beaucoup trop longtemps." (Madladla-Routledge)
Les viols haineux sont une violation des droits humains généralement commise par des hommes qui ont des points de vue tordus et sont souvent extrémistes dans leurs attitudes. Afin de réaliser la justice sociale, il est nécessaire d’aborder ces questions d’un point de vue féministe, qui dissèque les hommes et la masculinité parce que les viols haineux sont propagées par des constructions sociales dominantes, patriarcales et normatives de la manière dont la sexualité se définit dans une société.
Il est évident qu’il est nécessaire d’élargir le débat sur les viols haineux au sein d’une communauté plus large, en particulier sur le continent africain et les régions du Moyen Orient. Créer le dialogue au travers de différentes stratégies médiatiques sera ainsi très utile.
La socialisation de la société s’enracine dans la religion et souvent dans des communautés conservatrices. Le plus souvent les textes religieux sont cités à tort et à travers et sont utilisés comme justification pour discriminer et exclure ceux dont la sexualité est autre que l’hétérosexualité.. Par conséquent, il est nécessaire de fournir des perspectives religieuses alternatives qui incluent la compassion, les attitudes qui ne jugent pas, la dignité et les droits humains pour tous, sans considération des orientations sexuelles.
L’actuelle récession économique aggrave la pauvreté, ce qui engendre une augmentation de la religiosité de ceux en quête de réponse, renforçant ainsi l’orthodoxie. Ces attitudes influencent lentement la politique en Afrique, comme, par exemple en Ouganda et au Rwanda où il y a une multiplication des lois homophobes. De plus les questions de genre et d’autres questions sociales disparaissent lentement des agenda et il semble qu’il y a une mise en œuvre des législations opprimantes, des politiques et pratiques discriminatoires, en particulier dans les contextes africains.
Un exemple de cette évolution a été noté lorsque 79 Etats africains, dont l’Afrique du Sud, lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, en 2011, ont initialement voté en faveur d’un amendement qui retire l’orientation sexuelle d’une résolution bannissant les exécutions. Ce qui signifie que les droits des Lgbt ne sont pas considérés comme suffisamment importants et la protection contre la mort et d’autres punitions sévères n’est pas jugée comme étant de mise. Indirectement ces facteurs contribuent à l’escalade des crimes haineux.
Comme nous l’avons dit précédemment, la mobilisation contre les viols de haine fait partie d’une lutte plus générale des Lgbt et des genres et sont considérés comme un plaidoyer réactif lorsque quelqu’un a été violé. En Afrique du Sud, la société civile a déjà tenté de lancer des campagnes contre ces viols. Toutefois, elles étaient perturbées par des luttes de pouvoir et pour un contrôle de direction ainsi que par des confrontations au plan des perspectives et des idéologies individuelles et organisationnelles. Des questions de politiques politiciennes ont souvent surgi et ont réduit l’impact de la lutte. Souvent, elles se concentraient sur les retombées d’un viol plutôt que sur sa prévention. Ceci a donné naissance à une autre campagne, principalement dans le secteur des Lgbt. Mais elle a été perturbée de façon similaire par des conflits internes. Il y a donc besoin d’injecter une nouvelle vie dans une campagne plus représentative, coopérative et inclusive.
Il est temps de mettre les crimes de haine, particulièrement les viols de haine, dans l’agenda principal des droits humains en en faisant un problème qui requiert une stratégie préventive afin de l’éliminer. L’Afrique du Sud et le monde a besoin d’une voix forte pour contrer les menaces qui planent et qui résultent des viols de haine. Il y a besoin d’une organisation intervenant de façon stratégique dans différents secteurs afin de s’unir pour faire du lobbying et plaider pour un changement dans la couverture médiatique.
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** Pepe Hendricks a grandi en Afrique du Sud, à l’époque de l’Apartheid. Depuis lors, il aspire à l’intégrité et à la dignité, et la résilience qui s’exprime en lui le porte vers une lutte constante pour la promotion de l’égalité, de la dignité et des droits humains. Il a publié un livre Hijab : Unveiling queer Muslims lives – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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